Au secours! Ma femme s’est envolée!
101 pages
Français

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Au secours! Ma femme s’est envolée! , livre ebook

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Description

Comme tant d'autres à la campagne, Édouard, paysan quadragénaire, se retrouve sans femme, sa Berthe venant de s'envoler. Quelle misère ! Un superbe domaine, un joli troupeau de Salers, mais pas même un petit bout de femme à mettre dans son lit, le soir, pour se réchauffer. Une de perdue, dix de retrouvées. Tu parles ! Ces sacrées femelles ne se bousculent pas au portillon quand il s'agit de passer leur existence dans le fumier, loin des lumières de la ville. Comment va se débrouiller le malheureux pour dénicher l'âme soeur, alors qu'il vit dans une ferme isolée, dressée au sein des monts du Cézallier, entourée de toutes parts d'immenses pâturages se perdant dans des lointains brumeux ? S'il n'y avait pas la lancinante petite musique de l'eau s'écoulant indéfiniment d'une fontaine dans un vaste abreuvoir de pierre noire, ce serait le grand silence ; un silence brisé seulement, de temps à autre, par le meuglement d'une vache, l'aboiement d'un chien, parfois le bruit d'un tracteur. Eh oui, hélas, tout pour rebuter une dame, absolument rien pour la séduire. Pauvre Édouard !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 décembre 2009
Nombre de lectures 2
EAN13 9791096394081
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0680€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Au secours ! Ma femme s’est envolée !
À propos de l’auteur
Docteur vétérinaire (Maisons-Alfort, 1960), avant de créer le parc zoologique du Bouy, à côté d’Ambert, André L’Héritier a exercé son métier à Massiac, petite ville du Cantal jouxtant la Haute-Loire et le Puy-de-Dôme. Aujourd’hui, il occupe sa retraite à écrire des livres, activité très propice à retarder l’inéluctable processus du vieillissement ; et puis il faut bien faire quelque chose tant que l’on n’est pas complètement gâteux !
André L’Héritier
Au secours ! Ma femme s’est envolée !
Chapitre I
P OUR UNE tuile, c’était une sacrée tuile ! Complètement inattendue en plus. Le ciel serait tombé sur la tête d’Édouard Teissèdre qu’il ne se serait pas montré plus surpris et ennuyé, désespéré même. Le malheureux n’en revenait pas. Ce matin, comme d’habitude, sorti du lit bien avant que le soleil ne se lève, il avait laissé sa femme, la Berthe, dormir encore un peu. Après avoir avalé une tasse de café, rapidement réchauffé sur le gaz, il s’était rendu à l’étable pour s’occuper de ses bêtes – une trentaine de vaches, de belles Salers – : les traire, leur donner à manger du foin et de la farine, puis changer leur litière. Deux bonnes heures de boulot sans traîner. Ce travail accompli, de retour à la maison, il s’apprêtait à prendre un solide casse-croûte, sans aucun doute, déjà tout préparé. Il n’aurait qu’à s’asseoir pour savourer un des meilleurs moments de la journée.
Surpris, il découvrit une salle obscure, silencieuse et froide. Le feu de la cuisinière à bois n’était pas allumé. Il n’y avait rien sur la table.
« Merde alors, qu’est-ce qui se passe ? La Berthe s’est oubliée au lit ! C’est bien la première fois qu’ça lui arrive ! Bon Dieu de bon Dieu, faudrait pas qu’elle soit tombée malade ! »
Extrêmement inquiet, il pénétra dans la chambre. Elle était vide, pas de femme dans le lit fait soigneusement.
« Mais où c’est y qu’elle peut être, c’te garce ? »
De retour dans la salle, ne sachant que penser, il avisa une lettre placée sur la table, il ne l’avait pas vue tout d’abord. La saisir fébrilement, en prendre connaissance ne lui prit que quelques instants.
Édouard, je ne peux plus supporter la vie que tu me fais mener ici. L’endroit est trop désert, je m’ennuie à périr. Je m’en vais, j’espère que tu ne m’en voudras pas trop et que tu trouveras facilement à me remplacer.
Adieu.
Un véritable coup de massue pour l’infortuné qui ne s’attendait absolument pas à cette terrible catastrophe.
« Ah ben ça alors ! Ça alors !»
Il n’en revenait pas, ayant d’autant plus de mal à réaliser ce qui lui arrivait que rien ne le lui avait laissé prévoir, rien, absolument rien. Les jours précédents, sa femme s’était conduite normalement, elle ne lui avait adressé aucun reproche, ne s’était pas plainte de quoi que ce soit. Ils ne s’étaient pas disputés.
D’ailleurs comment se quereller avec Édouard ? Il fallait, en effet, chercher loin pour découvrir un plus brave type, un homme plus facile à vivre. Jamais on ne voyait de la colère au fond de ses yeux, jamais de la rancœur, jamais de la méchanceté. Toujours souriant, il incarnait la joie de vivre ; à le voir même quelqu’un venant d’égarer son porte-monnaie, ou de recevoir sa feuille d’impôts, oubliait tous ses ennuis et retrouvait goût à l’existence. Bien qu’il n’appréciait pas trop d’être dérangé en plein travail, quelle que soit l’heure à laquelle vous veniez lui rendre visite, il vous faisait bonne figure et prêtait une oreille complaisante à vos petits problèmes, sans vous bassiner avec les siens, ni laisser apparaître sa contrariété.
On ne pouvait pas non plus lui reprocher son physique. Si, sur son visage de quadragénaire, commençaient à se lire les marques du temps, tandis que sa chevelure brune se striait de gris, le gaillard gardait encore belle allure : grand, svelte, large d’épaules, musclé, dépourvu de ventre… Sérieux et travailleur, il n’occupait pas ses journées, comme tant d’autres, à fumer, s’enfiler des canons, s’empiffrer tel un cochon, tout en cherchant à séduire les filles de la commune, ainsi que les femmes, de préférence celles en puissance de mari. En un mot : la crème des époux !
Il formait un couple bien apparié avec Berthe, car celle-ci de son côté passait pour une des plus jolies personnes du pays : de taille moyenne, mince, élégante, la démarche si légère qu’elle paraissait à peine toucher le sol, d’épais cheveux sombres traversés de reflets cuivrés, un visage aux traits fins dévoré par des yeux noirs comme la nuit, des seins peut-être pas assez volumineux mais bien fermes, de ravissantes petites fesses pommelées, ni trop grosses, ni trop menues, des jambes fuselées ignorant les varices ; bref une mignonne à inciter un homosexuel à virer sa cuti ! À ces avantages, elle joignait d’autres qualités plus utiles encore : elle se montrait travailleuse, gaie, gentille, d’abord aimable et, si elle ne possédait pas une intelligence à décrocher un prix Nobel, néanmoins elle se trouvait à des annéeslumière d’être sotte à manger du foin.
– La Berthe, elle en a sous le chignon, reconnaissaient ses voisines.
Tous deux avaient arrêté leur cursus universitaire au certificat d’études, mais, à coup sûr, ils seraient allés beaucoup plus loin s’ils n’étaient pas nés dans une ferme. À l’époque de leur jeunesse, à la fin de la deuxième guerre mondiale, seuls les petits bourgeois usaient le fond de leur culotte sur les bancs des lycées, fort peu de monde obtenait le baccalauréat, puis fréquentait les facultés ou cherchait à intégrer une grande école. À Polytechnique, on ne voyait guère de fils d’ouvrier ou de paysan.
Berthe avait donné à Édouard deux enfants, deux garçons, le Paul d’abord, ensuite, un an après, le Jean-Pierre, actuellement au lycée agricole de Bonnefond, non loin de Brioude. Nés à la campagne, élevés au milieu des vaches, ils ne désiraient nullement aller voir ailleurs si le monde est plus beau au-delà de leur horizon familier, au-delà des montagnes qui entouraient leur maison, ils n’aspiraient qu’à exercer le métier de leurs parents, là où ils avaient passé leur enfance. Pour eux, l’air natal était le plus doux que l’on puisse respirer.
La suite se trouvait donc assurée. Seulement il faudrait penser assez vite à notablement agrandir le domaine, certes coquet, mais, cependant, insuffisant à faire vivre plusieurs ménages. L’évolution de l’agriculture montre que les gros parviennent seuls à s’en tirer, les autres sont condamnés à disparaître. Édouard y songeait sérieusement. Il avait déjà quelques pistes en vue, les exploitants agricoles, atteints par l’âge de la retraite et sans enfants pour prendre leur relève, n’étaient pas rares dans le coin, disposés, soit à louer, soit à vendre leurs terres, car, si l’herbe poussait ici que s’en était une bénédiction, en revanche, les arbres venaient mal ; pas question d’envisager de faire fortune en plantant des sapins comme dans la région de La Chaise-Dieu ou de Saint-Germain-l’Herm.
Par conséquent tout se présentait au mieux. L’avenir s’annonçait rose. Et voilà que, patatras, survenait cette catastrophe.
***
Édouard se trouvait dans de beaux draps !
Comment allait-il se débrouiller maintenant ? Comment parviendrait-il à tenir correctement le domaine tout en accomplissant les tâches ménagères indispensables ? Il ne possédait que deux bras. Ses garçons n’étaient là que pendant les vacances scolaires et, une fois leurs études à Bonnefond terminées, il leur faudrait encore effectuer leur service militaire. Par conséquent ils ne seraient pas prêts à le seconder avant deux à trois ans.
« Mais pourquoi donc est-elle partie, cette sacrée garce ? Après plus de dix-huit ans de mariage ! C’n’est pas croyable ! »
Jamais, jusqu’à ce jour, elle ne s’était plainte de son sort, jamais elle n’avait demandé à changer quoi que ce soit à leur mode de vie. Elle faisait son boulot consciencieusement, sans rechigner. Évidemme

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