Au sortir des forêts est un récit qui nous emmène de Chamonix à Marseille, de la montagne effrayante aux rivages accueillants de la Méditerranée. On y suit l'histoire d'une fillette qui est arrachée à son lieu de naissance, Marseille, pour être envoyée en sanatorium dans les Alpes, puis qui revient, adolescente, dans sa ville. Elle fait l'expérience de la vie au travers de moments difficiles aussi bien en collectivité qu'au sein de sa famille, mais aussi de relations fortes, d'amitiés. Les liens affectifs et son amour des livres l'aident à surmonter les épreuves ainsi que l'attachement à la nature autour d'elle. « Il lui semblait que cette nature, que cette beauté que les poètes chantaient dans leurs vers, la réconciliait avec la vie. »
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Extrait
rêts
Isabelle Guyon
Au sortir des forêts
Au sortir des forêts
Récit
collection Amarante
Au sortir des forêts
Amarante Cette collection est consacrée aux textes de création littéraire contemporaine francophone. Elle accueille les œuvres de fiction (romans et recueils de nouvelles) ainsi que des essais littéraires et quelques récits intimistes.
La liste des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Chapitre I J’avançais, entourée d’ombres glacées. Le bruit né du moindre de mes gestes, de mon poignet agitant ma minuscule valise et de mes jambes passant l’une devant l’autre, résonnait aussi fort que si je brisais un vase de verre dans le silence désertique qui semblait s’être répandu de chaque côté de la route. L’étroite bande bitumée sur laquelle je progressais paraissait seule exister, passerelle suspendue, environnée par le néant. Comme un pont au-dessus du vide, le ruban de la chaussée flottait devant moi, et je pensais que j’allais chavirer d’un moment à l’autre de ce chemin ténu qui allait probablement s’évanouir, s’évaporer, emporté par le vent de l’hiver. Dans le souvenir de mon arrivée à Chamonix, à 6 ans, il fait toujours nuit, même si cela me paraît étrange. Peut-être était-ce une fin d’après-midi d’hiver ? Chamonix. Ce nom évoque pour la plupart des gens, je l’ai découvert plus tard, un lieu de vacances où l’on a envie de se rendre. Ce nom et celui du « Mont Blanc » me remplissent d’effroi, encore aujourd’hui. On m’y avait envoyée, depuis Marseille, pensant que j’avais contracté la tuberculose. En réalité, il n’en était rien, mais, probablement ébranlé par les derniers événements survenus dans ma famille, mon corps était seulement devenu chétif et affaibli. J’arrivai donc de nuit à Chamonix. J’avançais vers une immense bâtisse aux murs sombres, marchant vers l’inconnu, dans cette nuit nue qui m’étreignait de ses bras d’acier serrés autour de moi, désertée par les miens, ne connaissant plus rien, ni les lieux, ni les personnes.