Ava ou l aigreur
42 pages
Français

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Ava ou l'aigreur , livre ebook

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Description

« Ava est une femme forte. Pute, certes, mais forte. S’il y a une chose qu’Ava Yaroslavivna Tymochenko a gardée de son début d’existence, c’est bien le désir profond d’être et de rester la meilleure. »Mais pour être la meilleure, il faut rester en vie, Ava le sait…Et c’est dans une course poursuite à 200 Km/h dans les rues de Paris, le gang Chinois de Tran Jiabao à ses trousses, qu’elle va se retrouver embarquée dans un western urbain de très haute voltige !Adrénaline, action, et suspense assurés !!!

Informations

Publié par
Date de parution 10 décembre 2011
Nombre de lectures 50
EAN13 9782363150486
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ava ou l'aigreur
Sébastien Gendron
ISBN 978-2-36315-157-5

Décembre 2011
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res

Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4
Episode 5
Episode 6
Episode 7
Episode 8
Episode 9
Episode 10
Episode 11
Biographie
Episode 1
A bien des égards, Ava Yaroslavivna Tymochenko aurait pu avoir une vie tout à fait normale si elle n’était pas née à Karkhov où ses parents s’étaient réfugiés quatre ans plus tôt après avoir quitté Pripiat en catastrophe pour échapper aux remugles de Tchernobyl. La plèvre dévorée par les radiations, son père mourut deux ans après sa naissance, laissant la famille sans un kopeck. Résultat des courses, la vie professionnelle d’Ava commence à seize ans : serveuse dans un bouge de la Moskoski’kyi. C’est une jolie fille qui porte bien la jupe courte, a du caractère, ne rechigne pas sur les mains baladeuses tant que le pourboire est à la hauteur. Les perspectives à Kharkov sont plutôt bouchées, et pour ce qu’elle en sait, le reste de l’Ukraine n’est pas mieux loti. Or, Ava voit les choses en grand. Pariant sur son potentiel qu’elle imagine illimité, à dix-huit ans, elle se laisse photographier sous toutes les coutures par un artiste scrofuleux qui ne profitera qu’une fois de sa plastique impeccable, une monnaie d’échange facile pour une série de clichés qu’il lui promet de transmettre au firmament du monde de la mode : Ava sera mannequin. Elle n’imagine évidemment pas qu’elle vient de mettre le pied dans un piège à loup qui va la mener aussi loin que bas. Lorsque le photographe la recontacte, moins de trois semaines plus tard, pour lui annoncer que la piste aux étoiles s’ouvre à elle, c’est sans réfléchir qu’elle accepte de vider son compte en banque à quatre chiffres pour acquérir un billet d’avion Kiev-Paris en classe éco.
Évidemment, à Roissy-Charles-de-Gaulle, l’homme qui l’attend n’a que faire de son book . Évidemment, il conduit une berline outrageusement cylindrée. Et évidemment, il ne prend pas du tout la direction de l’avenue Montaigne, mais celle de Bagnolet avant de s’enfoncer dans les banlieues. Neuf mois plus tard, les rêves de podium d’Ava ne sont plus qu’un lointain mirage. Elle a accepté d’être traitée comme une pouliche, d’obéir plutôt que de prendre des coups. Désormais, Ava est une femme forte. Pute, certes, mais forte. Car s’il y a une chose qu’Ava Yaroslavivna Tymochenko a gardée de son début d’existence, c’est bien le désir profond d’être et de rester la meilleure. Jean-Claude Morguin ne s’était pas trompé là-dessus.
La famille Morguin a eu sa petite réputation à Livry-Gargan. C’était au temps où l’on parlait encore d’un code de l’honneur dans le grand banditisme, où le braquage de banque se faisait selon les règles d’un art presque ancestral, un temps où, entre deux affaires, on allait au cinéma voir de grands films dont les scenarii étaient directement inspirés de ce monde de loyaux brigands. Et puis, Alain Delon avait tourné casaque pour incarner des flics intègres, et tout avait foutu le camp. C’était du moins ainsi que Jean-Claude Morguin analysait une situation qui l’avait mené d’une jeunesse dorée héritée de son père, à ce fauteuil qu’il ne quitterait plus, relié à une bouteille d’oxygène. De là, il faisait encore des affaires, certes. Mais pour un homme qui avait vu s’empiler les millions en petites coupures sur tout ce que sa demeure comptait de surfaces planes, devoir aujourd’hui faire le mac était vécu comme une sérieuse dégringolade dans la chaîne alimentaire. Même avec un cheptel de dix filles, d’extraction balkanique, slave, ukrainienne, trésors blonds à gros seins. Mais ses filles étaient solidement implantées dans les allées routières du bois de Vincennes, les parcmètres tournaient à plein, ses frères relevaient les compteurs et pourvoyaient au dressage et à la sécurité. Lorsqu’Ava Yaroslavivna Tymochenko entra dans ce sérail, les affaires de la famille Morguin avaient retrouvé un rythme de croisière plan-plan mais enviable.
Ava avait plu à Jean-Claude dès qu’il l’avait vue. Il vit dans cette fille une exception qu’il convenait d’encourager. Ainsi, depuis deux ans maintenant, Ava a la responsabilité du carré des filles Morguin, qui chenillent dans leur camping-car sur l’avenue de Nogent. Exactement ce qu’elle avait planifié en instillant le doute dans le cortex reptilien de son souteneur : quotidiennement elle lui rapportait les manquements des frères Morguin qui passaient plus de temps dans les clubs de Pigalle qu’au bois. L’année dernière, la situation était devenue préoccupante. Les Chinoises. Le phénomène avait pris sournoisement. Des quadragénaires, tout droit sorties des provinces du Nord-Est de la Chine via la Porte de Choisy, avaient commencé à squatter les abords du bois en cassant les prix. Au début, Ava avait trouvé un peu comique de voir arriver des consœurs, elles aussi issues de l’échec communiste. Mais à vingt euros la pipe, quarante la passe, victimes ou pas, ça devenait dangereux pour le petit commerce. Un soir, Jean-Claude Morguin ouvrit une boîte métallique de laquelle il sortit un .38 spécial qu’il tendit à Ava.
Ça lui avait pris trois semaines, elle avait enrôlé les filles de la caravane avec elle, et entre les passes, infatigablement, elles chassaient les Chinoises. Voilà comment Ava était devenue une femme de tête, dirigeant sa clique comme n’importe quelle mère maquerelle de l’avant Marthe Richard. Une année durant, les affaires furent bonnes. Mais dans l’ombre des tours du XII e arrondissement, les Chinois s’organisaient.
La prostitution chinoise devait se professionnaliser. On ne pouvait pas se contenter de ce vivier amateur poussé à la rue par la nécessité. Ces pauvres femmes, qui faisaient les trois-huit entre ateliers de confection le jour et trottoirs de Belleville, de Crimée, de Vincennes ou de Saint-Denis la nuit, devaient être remises dans le droit chemin. Le premier qui eut l’idée de refondre cette prostitution éparse se nomme Tran Jiabao.
Âgé de 52 ans, l’honorable M. Jiabao est un personnage profondément respectueux des lois de la République française. Commerçant irréprochable, il est à ce jour perçu par les autorités comme un interlocuteur majeur de la communauté chinoise de Paris. Fondateur d’une grande surface d’aliments asiatiques, importateur de produits manufacturés et actionnaire majoritaire de quelques bons restaurants de la capitale, Tran Jiabao représente à lui seul l’exemple de bonne intégration : travailleur, discret jusqu’à l’invisible et économiquement viable. Voici donc comment en quelques mois, Tran Jiabao a ajouté à son portefeuille – qui comptait déjà le trafic de stupéfiants et l’exploitation des machines à sous – un département « filles ». À la tête de cette filiale, il a placé son fils aîné qu’il a fait venir de Shanghai. C’est désormais sous la coupe de Robert Rondji que cette affaire est menée. Et Robert Rondji a de grands projets. Notamment celui de phagocyter le bois de Vincennes.

***

Benjamin Dandrieu est une sorte d’exception sociale à lui tout seul. À quarante ans, ce spécimen d’un mètre quatre-vingts pour quatre-vingt-cinq kilos, cadre commercial dans une entreprise de téléphonie mobile, est un homme battu. Évidemment, personne ne le sait : à l’instar des hommes violents, Karine Dandrieu frappe de préférence les endroits du corps de son mari que ce dernier peut masquer sous ses vêtements.
Benjamin sait assez peu de choses sur son épouse. Rien en tout cas qui pourrait lui expliquer le pourquoi du comment. Tout ce qu’il constate c’est que, pesant une fois et demie plus lourd qu’elle, il ne peut pas se permettre de lui rendre ce qu’elle donne.
Les Dandrieu, comme on le dit souvent des couples unis, ont tout pour être heureux. Deux enfants, deux salaires conséquents, un grand appartement dans une villa privative du quartier de la Goutte d’Or et de nombreux amis. Les crises qui agitent fréquemment Karine ont commencé après la naissance de Magalie, pour une raison inexpliquée. Elle avait d’abord prétexté un stress intense suite à u

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