Barga l invincible
169 pages
Français

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Description

Nous sommes vers 1894. Barga, Maître-chasseur traditionnel de l'ethnie Mawri, au sud du Niger, vient de vaincre des animaux sauvages. Mais il est en butte dans ce deuxième volume d'aventures qui fait suite à Barga, maître de la brousse, à des dangers d'une autre nature : la trahison des siens, la contrainte excessive des coutumes, la menace des féticheurs. Jean Sermaye a doté son héros de qualités qui font de lui un démiurge et un modèle pour l'évolution de l'Afrique noire, montrant ainsi que la véritable portée de ce second roman, publié en 1941, était bien d'ordre idéologique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2010
Nombre de lectures 54
EAN13 9782296258693
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

BARGA L’INVINCIBLE
COLLECTION
AUTREMENT MÊMES
conçue et dirigée par Roger Little
Professeur émérite de Trinity College Dublin,
Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française,
Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc.


Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établissements d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contemporaine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte.

« Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur, les autres, c’est la prolongation de notre intérieur. »
Sony Labou Tansi


Titres parus et en préparation :
voir en fin de volume
Jean Sermaye


BARGA L’INVINCIBLE

Roman de mœurs nigériennes


Présentation de Jean-Claude Blachère
avec la collaboration de Roger Little


L’HARMATTAN
En couverture :
Bois gravé de la collection
Le Livre de demain (D.R.).


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-12068-6
EAN : 9782296120686

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
INTRODUCTION

par Jean-Claude Blachère
Ouvrages de Jean-Claude Blachère

Le Modèle nègre : aspects littéraires du mythe primitiviste au XX e siècle chez Apollinaire, Cendrars, Tzara, Dakar : Les Nouvelles Éditions africaines, 1981
Négritures : les écrivains d’Afrique noire et la langue française, Paris : L’Harmattan, 1993
Les Totems d’André Breton : surréalisme et primitivisme littéraire, Paris : L’Harmattan, 1996
Sony Labou Tansi : le sens du désordre, textes réunis par J.-Cl. B., Montpellier : Centre d’études du XX e siècle : Axe francophone et méditerranéen, Université Paul Valéry, Montpellier III, 2001
Amadou Kourouma, textes réunis et présentés par J.-Cl. B., n° spécial d’ Interculturel Francophonies [Lecce, Italie], n° 6 (nov. -déc. 2004)
Roland Lebel, Le Livre du pays noir : anthologie de littérature africaine, avec une préface de Maurice Delafosse et 14 bois gravés de Jean Hainaut, réédition présentée par J.-Cl. B., avec la collaboration de Roger Little, coll. Autrement Mêmes 16, Paris : L’Harmattan, 2005
Eugène Pujarniscle, Philoxène, ou De la littérature coloniale, réédition présentée par J.-Cl. B., avec la collaboration de Roger Little, coll. Autrement Mêmes 61, Paris : L’Harmattan, 2010
INTRODUCTION : LUMIERES NOIRES
Publiés à quatre ans d’intervalle, les deux volumes des aventures du chasseur mawri peuvent être considérés comme un seul « roman » {1} . Mais roman colonial ? La question pourrait sembler oiseuse, tant il semble aller de soi qu’un auteur ayant appartenu aux troupes coloniales, ayant séjourné en brousse profonde dans les années de l’entre-deux-guerres et prétendant faire connaître à un public français l’âme africaine qu’il aurait réussi à pénétrer ; qu’un écrivain réunissant tous ces critères, donc, ne puisse que ressortir à cette école littéraire. En réalité, la réponse, dans le cas des deux Barga, est plus complexe : il n’y a pas de Blanc dans ces romans, l’Afrique précoloniale qui y est peinte l’est sous des couleurs d’un monde équilibré, policé, organisé, qui n’aurait, à première vue, nul besoin d’un civilisateur quel qu’il soit. Tout se passe en apparence comme si cet auteur « colonial » avait écrit ces ouvrages pour démontrer l’inutilité, sinon la nocivité de la colonisation !
Les apparences étant faites pour être dépassées, on dira cependant que ces deux romans, chacun à sa manière, pourraient bien constituer plutôt des palimpsestes idéologiques. Sous couvert d’une présentation empathique (et sincère, sans aucun doute) des valeurs de civilisation nègres, qui ferait de Sermaye, toutes proportions gardées, un « compagnon de route » de la Négritude ; sous le vernis séduisant d’une peinture paradisiaque du monde de Barga, c’est un tout autre enjeu idéologique qui doit être lu.
Le premier niveau de lecture est donc celui d’une présentation idéalisée du pays Mawri et de ses habitants. La brousse est généreuse, la terre fertile, exempte de ces épidémies que les Européens décriront comme les fléaux du continent noir. Les bêtes féroces ? Il y a des chasseurs professionnels pour protéger les paysans, et des héros comme Barga. Le territoire est sûr : on signale bien de temps à autre des razzias de Touaregs cruels, mais leurs incursions criminelles tournent court, comme on le voit à la fin du deuxième Barga. Quant aux Blancs, les « Farou-Farou », ils sont loin, et pas à craindre : depuis qu’ils ont été rossés par des résistants, ils n’osent plus quitter leurs « pirogues à feu » {2} … Les féticheurs sont redoutables, mais nécessaires à la bonne marche des affaires de la Cité ; un mauvais sorcier trouve toujours sur son chemin un connaisseur des choses cachées qui contrebalancera son pouvoir néfaste. Les sacrifices humains ? Certes, il s’en pratique quelques-uns, mais Sermaye n’y fait que de très discrètes allusions, comme s’il avait voulu désamorcer le haut-le-cœur scandalisé du lecteur {3} . En outre, ce même lecteur était rassuré : au prix d’un peu d’« attention », il comprendra facilement « les réactions de l’homme au sein du monde si particulier où il vit » (Avertissement, BMB, p. 3).
Le pays Mawri est aussi un « État » : il a des princes, une police, une administration avec sa hiérarchie, son protocole ( BMB , 157), un commerce très réglementé et une justice ; les champs ont même des bornes ( BMB , 123) : le simple détail n’est pas anodin, si l’on songe que la « conquête » nia le droit de propriété !
Enfin, les habitants : peuple laborieux, honnête (un seul voleur dépare le tableau, pour un larcin minime). Barga, lui, est naturellement pourvu de toutes les qualités héroïques, auxquelles il ajoute un esprit de prévoyance que l’opinion coloniale ne prêtait d’ordinaire guère aux Noirs ( BMB , 52 et passim). Ses compagnons ne sont pas en reste de politesse, de courage et d’ingéniosité. Et Diagoma, son épouse préférée, est elle aussi un parangon de toutes les vertus féminines, à quoi elle ajoute la maîtrise de son art de griotte. Sermaye en fait même une consœur qui perfectionne « inlassablement » un « poème », « pas encore satisfaite des mots qui ne répondaient pas à ses désirs » ( BMB , 73).
Concluons sur ce point avec Sermaye lui-même :

Ce que l’on a écrit de fantaisiste sur l’Afrique justifiait ces pages. Puisse le lecteur y trouver de quoi chasser les préjugés qui font de l’homme noir un sauvage aux yeux de beaucoup trop d’entre nous. La société noire a sa civilisation, ses lois, son contrat social, sa beauté. (Avertissement, BMB, p. 3)

Et disons, à ce point de notre propos, qu’on est en droit de se demander, au sortir de la lecture du premier roman, ce que la colonisation pouvait bien offrir de plus et de mieux à de tels territoires !
Au contraire, ce serait peut-être même cette Afrique-là qui pourrait donner des leçons à un Occident malade :

Et vo

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