Bleu glycine
158 pages
Français

Bleu glycine , livre ebook

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158 pages
Français

Description

Un drôle de garçon débarque dans la classe de troisième F. Les inséparables Juliette et Liouba sont fascinées par Lou Steiner : pourquoi ces vêtements sombres, ces pulls aux manches trop longues ? Pourquoi se tient-il voûté, donne-t-il l'impression de ne faire que passer, d'être là sans y être ? L'amitié de Juliette et Liouba résistera-t-elle à cette apparition ? L'été sera compliqué pour Juliette et sa sœur Rose : l'amoureux de leur mère semble s'incruster dans la maison sur l'île. Des attentats éclatent aux quatre coins du monde en écho au récit de leur grand-père, seul survivant d'une famille décimée par les nazis

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 décembre 2017
Nombre de lectures 7
EAN13 9782806109279
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

9HSMIKG*badheb+
Françoise Duesberg
Bleu glycine Roman
Bleu glycine
D/2017/4910/57
©Academia – L’Harmatan s.a.Grand’Place, 29 B-1348 Louvain-la-Neuve
ISBN : 978-2-8061-0374-1
Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.
www.editionsacademia.be
Françoise Duesberg
Bleu glycine
Roman
DU MÊME AUTEUR
Le euve et la barrière, Academia, 2015. La valise, Academia, 2015. Pierre papier ciseaux, Academia, 2017.
1. Le cancre
C’était un jeudi en quatrième heure, l’heure où nos estomacs commencent à gargouiller et où ça nous démange de consulter nos smartphones. On avait anglais. La prof est nulle, elle nous oblige à étudier par cœur les temps primitifs au lieu de nous enseigner des trucs utiles, genre commander un Coca à Londres. Ma copine Liouba, qui parle couramment quatre langues – russe, français, anglais et aussi une langue au nom bizarre – dit que cette prof baragouine l’anglais comme un charcutier. Ou un bûcheron. On a frappé à la porte. Le chahut s’est arrêté net. Madame Vandekiste, que nous surnommons Miss Kiss, a pâli. Nous avions reconnu les trois coups secs et rapides du proviseur. De sa haute taille et de sa large carrure, il remplissait toute l’embrasure. Il a fait quelques pas, un garçon le suivait, mince, légèrement voûté, jeans noir, pull noir, mal rasé, cheveux en bataille. « Je vous présente votre nouveau condisciple, a dit le proviseur de sa voix forte, il s’appelle Lou. » Pendant quelques secondes, j’ai eu l’impression que nous nous étions tous transformés en statues, que l’air de la classe s’était épaissi et que nous allions rester comme cela pour toujours, figés, sans respirer. Finalement, la prof, comme si ses pieds pesaient des
tonnes, s’est avancée vers le proviseur et vers le nouveau qui se tenait en retrait, près de la porte, prêt à s’enfuir, me semblait-il. Drôle d’idée de changer d’école au mois de mai, moi, à sa place, j’aurais eu la trouille. Le proviseur a chuchoté quelques mots à l’oreille de Miss Kiss et est sorti avec sa pile de dossiers sous le bras. Aussitôt, un garçon a criéaouououh, presque toute la classe a hurlé au loup, j’ai trouvé ça con et c’est alors que j’ai réalisé que le nouveau allait devoir s’asseoir à côté de moi vu que la prof m’avait séparée de Liouba à cause de nos bavardages : elle m’avait mise seule au dernier rang à la place de Geoffroy qui, du coup, s’était installé à côté de Liouba d’un air triomphant. Ce mec se prend pour un séducteur. Miss Kiss a crié : « Shut up everybody ! » puis a susurré trop doucement : « Lou, tu peux aller t’asseoir avec Juliette Dorandeu », ce qui a déclenché un fou rire général : « Juju, fais gaffe au loup, il a de grandes dents pour mieux te manger. » Et dans un concert deaouououh, debêêê et de glous-sements d’ados boutonneux, le nouveau s’est assis à ma droite, tout au bord de sa chaise, comme s’il allait se lever et partir. Le calme est revenu. Miss Kiss a continué à écrire au tableau les temps primitifs. Le nouveau n’avait rien, ni papier, ni stylo, comme s’il ne faisait que passer. Je
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l’observais du coin de l’œil : il regardait ses mains posées à plat sur la table, ses mains que recouvraient en partie les manches trop longues de son pull bien trop épais pour une chaude journée de mai. La prof en était àput put put, il y en a toujours que ça fait se marrer, quand la sonnerie a retenti. La classe s’est levée d’un bloc et s’est ruée dans le couloir. C’était le jour des frites. Je me suis levée aussi, j’ai rattrapé Liouba qui était déjà dans les escaliers, j’aurais dû attendre le nouveau, lui expliquer où était le réfectoire mais j’avais peur que les autres se moquent de moi, je l’ai planté là, je ne me suis pas retournée. Lorsque nous sommes rentrées en classe, Liouba m’a demandé avec un drôle d’air : « Juliette, tu veux revenir t’asseoir avec moi ? Geoffroy n’a qu’à retourner à sa place, avec le nouveau. » J’ai dit : « Non, non, ça ira. » Elle a insisté : « Alors, veux-tu que je te remplace à côté du nouveau ? Ça ne me dérange pas, tu sais. » Je n’ai pas répondu et suis allée m’asseoir à côté de Lou qui regardait toujours ses mains. J’ai chuchoté : « Tu as mangé au moins ? » Il a fait oui de la tête.
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