C est donc ça, la fac !
130 pages
Français

C'est donc ça, la fac ! , livre ebook

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130 pages
Français

Description

L'entrée à l'université obsède les élèves de terminale. Certains sont prêts à mourir si échec. Or, la fac n'est pas toujours l'eldorado rêvé. Dès le premier jour, on est estampillé rommchecker condamné à déambuler par rues et ruelles à la recherche d'un logis. De cette désillusion naissent complexes er frustrations.Ce qui n'empêche pas des enseignants véreux de faire valoir leur verset satanique : Tu gagneras ta note à la sueur de tes fesses.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 40
EAN13 9782296494121
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

C’est donc ça, la fac !
Armand Meula C’est donc ça, la fac !
Nouvelles
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99055-5 EAN : 9782296990555
Dédicace
ÀPierre Nader Sawa, soustrait de la vie à l’orée de ses ambitions (in memoriam).
ÀChristelle Chocha, entrée dans ma vie aux confins de la passion(ad vitam aeternam).
Remerciements Je tiens à remercier ceux dont les idées ont nourri ce recueil, en l’occurrence les couples Ngomoni, Njuepam, Menfo et Nouboubo. Ma gratitude s’adresse aussi à Amayang G. et Sigap T.
1.
Mourir si échec
Cette fois, c’est décidé. Ça passe ou je me casse. J’attrape un tabouret de bambou et je grimpe dessus. J’en ai par-dessus la conscience de stagner comme un lac de cratère, au seuil de la gloire. Ils n’ont qu’à se décider à me le donner cette fois, ce maudit parchemin, sinon ils auront mon trépas sur la conscience. Aujourd’hui c’est aujourd’hui ! Pas comme la dernière fois où ma tentative s’était heurtée à l’entrave de ma mère. Depuis hier, heureusement, elle se trouve bien loin, au village, en compagnie de mon père et de mes cadets, pour la traditionnelle réunion de famille. J’ai prétexté un horrible mal de tête pour ne pas effectuer le déplacement. Mais, en réalité, j’étais angoissée ; et le suis encore. La rumeur, qui courait depuis deux jours, a été confirmée ce matin à la radio nationale : les résultats définitifs du baccalauréat de l’enseignement général seront connus ce jour, samedi, à partir de quinze heures. Seule face à mon destin, je me suis enfermée dans ma chambre, à double tour. J’ai réglé mon petit poste récepteur de manière à avoir une assez basse, mais suffisamment bonne qualité d’écoute. Au-dessus de ma tête pendouille une courte corde que j’ai fixée sur une planche de la charpente. Au bout de cette corde, j’ai fait un nœud coulant, comme dans un western, un joli collier que, de temps en temps, je lorgne avec une certaine anxiété, une anxiété certaine j’allais dire, mais pas assez prépondérante pour me détourner de ma résolution.
Trois ans ! Cela fait pratiquement trente-six mois que j’ai gaiement et ambitieusement foulé le sol de la terminale, la dernière classe du lycée. Une toute petite année d’effort suffisait alors pour décrocher la clef magique, celle qui devait m’ouvrir les portes de l’eldorado universitaire, loin de l’enfer du secondaire avec ses contraintes scolaires et parentales. Je reniflais à plein nez l’air de l’autonomie et du libre épanouissement. Cette brise d’espoir avait complètement transfiguré
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ma personne, me rendant méconnaissable aux yeux de mes camarades, de mes enseignants, de ma famille. Autrefois icône de l’indiscipline caractérisée, mon admission en terminale avait fait de moi une tout autre élève. J’avais sans doute été touchée par une météorite tout droit descendue de la planète université. J’avais subi une mutation profonde, passant de la médiocrité à l’excellence. Tout au moins, sur le plan disciplinaire. J’étais devenue assidue aux cours, obéissante, respectueuse. Je coupais mes cheveux à ras ou les faisais tresser, comme l’exigeait l’éthique de l’établissement. J’avais même acheté un écusson pour mon uniforme scolaire. Je faisais mes devoirs – moi-même, sans copier les camarades – et suivais attentivement les corrections du prof, prenant même des notes. Je répondais aux questions de philo, ne bâillais plus au cours de langues, participais aux travaux manuels et signais apte au sport, pour engranger quelques bonus de points. Enjamber clandestinement la barrière de l’établissement lorsque j’étais en retard ? Pas question cette année-là ! C’était l’année de la sagesse, l’année de l’espoir, l’année du défi. Je m’étais fait le pari de décrocher mon bachot en un an. Cela m’aurait, en outre, permis de prendre à contre-pied ceux qui avaient adopté pour théorème que je ne pouvais traverser une classe d’examen qu’après redoublement. Alors, j’avais trimé. Je n’avais pas lésiné sur mes méninges. J’avais bossé dur comme je ne l’avais fait pour aucun autre diplôme auparavant. J’avais mis toutes mes forces dans la bataille, vidant ma chair au profit de mon cerveau, insensible aux afflictions et aux lamentations de ma mère, qui s’inquiétait chaque jour davantage de me voir accorder plus de temps à ma tête qu’à mon estomac. Elle me trouvait amaigrie, mais moi, je me sentais gonflée à bloc, prête à affronter n’importe quelle épreuve au bac cette année-là. La dernière année du lycée. L’année où j’avais enfin, après moult crevaisons dans les classes d’examen, après avoir, à maintes reprises, flirté avec le découragement avant de relever la tête, le plus souvent sans réelle conviction ni motivation, j’avais enfin, disais-je, la possibilité de récolter le plus prestigieux fruit de tant d’années de dur labeur. L’échec ne m’était pas alors permis. Pourtant, j’avais échoué. Aussi illogique, injuste et inadmissible que cela pouvait s’entendre, j’étais recalée au bac. Je devais le refaire,
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