C est l ange qui poignarde
178 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

C'est l'ange qui poignarde , livre ebook

-

178 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Edouard, Marc et Vincent vivent à Paris leur homosexualité de façon décomplexée. Ils cherchent tous trois "l'homme de leur vie". Edouard, étudiant, est beau et naïf ; Vincent doit passer outre un physique banal ; Marc, ingénieur, plus aguerri mais aussi profondément romantique, rencontre des fortunes diverses. Tout au long du roman, le lecteur suit leur périple, entre rires et larmes, cocasse et tragique, avec tout ce qu'une vie moderne offre de plaisir, de rencontres, de solitude et de désespoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2010
Nombre de lectures 179
EAN13 9782296677999
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

C'est l'ange qui poignarde
 
 
© L'Harmattan, 2010
5-7, rue de l'Ecole polytechnique, 75005 Paris
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr
 
ISBN : 978-2-296-09056-9
EAN : 9782296090569
Frédéric Wagner
 
 
C'est l'ange qui poignarde
 
Scènes de la vie gay
 
Roman
 
 
 
 
 
L'Harmattan
 
Pour P. J.,
En témoignage de profond, tremblant
Amour...
1
 
 
E douard était jeune et beau. Il avait dix-huit ans. Il venait d'arriver à Paris pour faire son droit. Un ou deux ans auparavant il avait pris – lucidement, et presque sereinement : c'est courant de nos jours, non ? – conscience de son homosexualité, et il cherchait le Prince charmant. Pas facile ! Très timide, il n'osait rien entreprendre, dans la rue ou à la fac – et il semblait que, malgré sa fraîcheur, on n'entreprît rien non plus avec lui. Seul, avec de maigres revenus, esseulé à Paris, il se résolut à acheter quelques revues érotiques. Il en avait repéré tout en haut des rayonnages d'un kiosque près de chez lui. Un jour, muni de lunettes de soleil, il se rendit au kiosque et, bégayant, rouge de confusion, acheta trois revues au marchand intrigué, blasé et vaguement rogue et réprobateur. Toute honte bue, il rentra chez lui et se réjouit de feuilleter les magazines.
 
Comme ces corps étaient beaux, tous invariablement musclés et imberbes ! Sexes puissants et frénétiques, fesses excitantes, enlacements de braise. Il s'assit à son bureau, parcourut encore un peu les revues – une puissante chaleur croissait dans le bas de son ventre. Il ouvrit sa braguette et saisit à travers le slip son sexe devenu grand et exigeant. Il mimait vaguement dans sa tête les choses qu'il aurait voulu qu'on lui fît. Il jouit rapidement, abondamment. C'était la première fois qu'il voyait des hommes nus ainsi, aussi sexy. L'érection revenait déjà...
 
Tiens, il y avait des numéros de messagerie sur des encarts publicitaires. Cela faciliterait les rencontres, non ? Bien sûr il recherchait un petit ami, c'était cela qui comptait avant tout. Il composa le numéro. Une voix grave et agressivement virile l'accueillit, l'enjoignant d'indiquer son numéro de département, son âge, la taille de son sexe, et s'il était actif ou passif. Rebuté, il raccrocha. Confusément, il sentit que ce n'était pas là qu'il rencontrerait le grand amour. (Nous avons tous, au moment de faire une grosse bêtise, un message d'avertissement dans la tête, une espèce de prescience. Puis nous l'analysons, ou l'ignorons, le flux des pensées reprend et c'est oublié.) Encore excité par les revues, il décida de recomposer le numéro. De mauvaise grâce, il indiqua les renseignements demandés. Il déposa son message et raccrocha : il avait donné son numéro et attendait donc qu'on l'appelât.
 
Le téléphone ne tarda guère à sonner. Ce fut même un submergement : pensez-vous, une voix nouvelle et charmante, dix-huit ans, de la chair fraîche !
 
– T'as l'air gentil, tu t'appelles comment ?
– Edouard.
– Balladur ?
– Hein ?
– Non, je rigole, mais c'est un prénom un peu ringard pour un jeune comme toi, non ?
– Je n'ai que celui-là !
– Oh tu peux toujours en changer ! Moi je t'appellerai mon Doudou d'amour ! ...
 
Edouard raccrocha brutalement. Cette voix lénifiante et agressive pourtant, ce refoulement d'égouts l'écœuraient.
C'était là son premier contact avec le monde magique et multiple de l'amour humain, songea-t-il...
 
Déjà le téléphone sonnait à nouveau :
 
– Alors comme ça on raccroche au nez des gens ! éructa la voix idiote. C'est du joli ! Oh et puis tant pis pour toi, si ça se trouve t'es même pas mignon, t'es un vieux de vingt-cinq ans ! Connard !
 
 
Puis ce fut un autre genre de voix : une apparente douceur, une certaine suavité – où il ne tarda pas à déceler une molle et grossière sensualité :
 
– Salut mon mignon ! Alors comme ça t'as dix-huit ans ? C'est le bel âge, ça ! C'est la première fois ?
– Oui...
– Ah bon ? Oh t'inquiète pas, j'suis tout doux ! T'es comment ?
– C'est-à-dire ?
– Eh ben taille, poids, tout ça quoi... Tu mesures combien ?
– Un mètre soixante-dix-sept.
– C'est bien, ça ! Et tu pèses combien ?
– Soixante-cinq kilos.
– Oh ça va, t'es mince, oh j'crois qu'tu m'plais ! Bon et alors, t'aimes quoi avec un mec ?
– Je sais pas trop...
– Ben j'sais qu'c'est la première fois, mais tu dois bien avoir une idée quand même, non ?
– Ben...
– Ben c'est quoi tes fantasmes ? Quand tu t' caresses, tu penses à quoi ?
Edouard fit, dans son romantisme, un effort surhumain de sensualité téléphonique :
– J'ai envie d'embrasser, de caresser...
– Et sucer ?
– Oui, oui...
– Et t'faire prendre ? T'aimerais essayer ? Bon moi j'te préviens, j'suis pas vraiment actif, mais j'peux pas trop me faire prendre en ce moment parce que j'viens de m'faire poser un piercing sur l'anus... Ça te dérange pas ? Ça t'excite un peu, non ?
 
Edouard raccrocha à nouveau : il était écœuré.
 
Il fut plusieurs jours sans retourner sur la messagerie. Il regardait les inconnus dans la rue, parfois très beaux, et espérait attirer en retour un peu d'attention sur lui, toujours en vain : Paris était immense et surpeuplée de beaux garçons, et personne ne regardait personne. Il se demandait comment deviner les attirances de ces messieurs qui l'intriguaient si fort...
 
Déjà romantique, il devint follement romanesque. Il se savait beau, le miroir le lui affirmait tous les jours ; il cassa sa tirelire et acheta des vêtements à la mode. Il ne se rasait plus qu'un jour sur deux, pour faire plus viril, genre latin lover... Il comprit que dans certains quartiers il n'y avait rien à espérer : c'étaient des hommes d'affaires bien habillés mais en train de compulser des dossiers, d'additionner ou de soustraire des millions d'euros... Il espérait en une rencontre – car il suffisait d'une rencontre ! il espérait en la rencontre, on l'aborderait bien dans un bar, au sortir d'un cinéma. Mais rien ne venait : si certains êtres de grande espérance sont riches d'imagination, la vie, bien souvent, en a moins...
 
Aussi au bout de quelques semaines il retourna sur le réseau. L'espèce d'avidité taurine et pressée qui semblait attirer beaucoup de garçons vers lui l'écœurait passablement ; mais il se résolut à passer outre et à répondre aux questions dérangeantes, qui étaient d'ailleurs toujours les mêmes : poids, taille, pilosité, fantasmes, fascinante taille du kiki. Il eût espéré en un amour, en une rencontre à Venise ; mais il était travaillé par la chair également, et il comprenait maintenant que les aventures de chair étaient beaucoup plus fréquentes et faciles. Un jour il rencontra un certain Michel, qui l'invita chez lui à Vincennes. Edouard, dans sa jeune naïveté, laissait broder son imagination sur les noms de lieux ou de personnes : Michel, Vincennes, le château de Vincennes...
 
Michel était grand et viril, avec un visage point inoubliable mais quelque chose d'animal qui excita Edouard. Michel fit : « Mes parents ne sont pas là, ils sont partis en vacances, l'appartement est à nous ! Tu veux un whisky ? » Edouard accepta. Il avait à peine fini de le boire que Michel l'entraînait vers la chambre : « Viens, j'ai envie de toi, je bande déjà ! » Edouard s'assit sur le lit et reçut dans sa bouche le sexe énorme du jeune homme. Ils étaient très excités. Mais rien, hormis

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents