Ces jours qui dansent avec la nuit
168 pages
Français

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Ces jours qui dansent avec la nuit , livre ebook

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Description

Une femme décide de dévoiler l'intimité de son existence, à travers un récit polymorphe qui nous entraîne au plus profond de détours de son âme. Chaque phrase de la narratrice nous dévisage, identifiant en nous des personnages plausibles d'un roman qui apparaît comme un jeu d'écritures subtil et vivifiant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2008
Nombre de lectures 224
EAN13 9782296279353
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0087€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur


Romans
L’H OMME AU L ANDAU, (L’Harmattan)
L E C ERCLE DES V ERTIGES, (L’Harmattan)

Nouvelles
L’O UTREMER, illustrée par Loustal, (Casterman)
L ES T RAVAUX D ’A RIANE, (Sépia)

Théâtre
L E C OUP DE V IEUX, en collaboration avec Sony Labou Tansi (Présence Africaine)
L A F ABLE DU C LOÎTRE DES C IMETIÈRES, ( 1ère édition La Chartreuse, réédité chez L’Harmattan) traduit en anglais, tchèque et allemand.
L A D ANSE AUX A MULETTES, (Acoria, 2 e édition)

Poésie
À PLEIN CŒUR, coll. Le buisson ardent, (l’Arbre à paroles – Liège)

Littérature jeunesse
U NE V IE D ’É LÉPHANT, récit (Hachette)
L ES A VENTURES DE K IMBOO, B OUBOU ET A KO, contes (Hachette)
L E V OYAGE I NATTENDU, récit (L’harmattan)
L E V IEIL H OMME ET LE P ETIT G ARNEMENT, récit (Hurtubise – Canada, 3 e édition 2006) traduit en allemand
L’ ENFANT SORCIER, récit, coll. Partage, (Acoria, 3 e édition)
L E D ÉFI, roman, coll. Enquêtes, (Acoria 2 e édition)

Essai
T EXTES ET DRAMATURGIES DU M ONDE, (Lansman)

Ouvrages collectifs
N OUS T INTIN, ouvrage collectif, avec Michel Serres, Erik Orsena, William Boyd, etc. (Télérama/Moulinsart, Paris – Bruxelles 2004)
T HÉÂTRES D ’A FRIQUE N OIRE, n° 48 en collaboration avec François Campana (Alternatives Théâtrales)
Ces jours qui dansent avec la nuit
© Éditions Acoria, Paris 2008

acoriadiffusion@free.fr
www.acoria.net

ISBN 978-2-35572-004-8

Conception graphique de la collection : Ifé Orisha

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Caya Makhélé


Ces jours
qui dansent
avec la nuit

R OMAN
L’acquiescement éclaire le visage.
Le refus lui donne la beauté.
René Char, 1946
L’inspecteur Archie Davis Mabonzo enleva sa veste qu’il posa sur le dossier d’une chaise. Il considéra d’un œil dubitatif la pile de courrier qui traînait sur son bureau, en s’asseyant. Il en fit le tri et se saisit de la seule enveloppe qui ne portait aucune marque officielle. Il l’ouvrit et en sortit un tapuscrit qu’il feuilleta d’un air perplexe.
Ses yeux se posèrent sur le titre.

Abyme (abîme) des jours
qui dansent avec la nuit

Archie Davis Mabonzo, remarqua la coquetterie de la rature. Il se cala dans son fauteuil, croisa les jambes sur le bureau et commença à lire.
« J’aime assez qu’en une œuvre d’art on retrouve ainsi transposé, à l’échelle des personnages, le sujet même de cette œuvre par comparaison avec ce procédé du blason qui consiste, dans le premier, à mettre le second en abyme . »
André Gide, Journal en 1893
Monsieur,

N’allez pas croire à un de ces maraboutages dont on nous imagine si friands. C’est tout simplement l’histoire d’une méprise.
J’exècre faire les courses. Le démerdage des banabanas qui m’assaillent comme des mouches. Vigiler à tout instant sur mon sac. Les travées du marché où l’on ne voit que des femmes qui vivent par anticipation le retour d’un hypothétique mari à la maison, son mépris du bouffement cuisiné pourtant entre deux ou trois turpitudes de marmots. Ces mouches qui volent et se posent sur la viande. Ces poissons morts qui vous regardent l’œil vide de tout espoir. Ces légumes flétris, témoignages implacables du temps. Je déteste.
J’ai commencé l’écriture d’un roman, mille fois remise au lendemain. Mot après mot, les idées se sont carapatées hors de ma plume pour s’égarer dans la pénombre de ma paresse. Je sais que le temps passe, que les années s’accumulent et que mes idées sont de moins en moins claires.
Je viens d’avoir trente ans et ploie sous le poids de deux grands paniers d’où débordent des sachets en plastique de toutes les couleurs. Provisions pour la semaine.
Je les jette négligemment à travers la pièce. Me déchausse d’une main, et de l’autre, dispose deux verres en face de moi. J’ouvre une bouteille de champagne qui ruisselle bruyamment d’avoir été trop secouée.
Mon roman en voici un bout. En vérité le seul bout à ce jour. Passions cannibales. Je l’ai nommé, ainsi. Je sais, ce n’est pas un bon titre. Un autre auteur l’a déjà utilisé. Je ne l’ai su qu’après. J’ai quand même conservé ce titre. En voici le premier chapitre. Peut-être même le dernier. En Palatino, ma police préférée. Qu’importe, j’en ferai peut-être une nouvelle. Sous un autre titre… Peut-être…
Passions cannibales Roman inachevé au titre provisoire…
« Pourquoi aujourd’hui ! Quel gâchis ! » pensa Valérie en se redressant sur son siège. Dire qu’elle s’était levée tôt, qu’elle s’était disputée avec sa garde-robe ne sachant que mettre. Car, ce voyage n’était pas comme les autres. Cette fois-ci, elle allait le retrouver, cette fois-ci, elle ne reviendrait pas sans lui.
Aéroport de Paris. Salle d’attente. Valérie était là, avec plein de bagages autour d’elle. Des cadeaux, et encore des cadeaux. Elle occupait, elle et ses bagages, cinq sièges. Comme une famille nombreuse, excepté que ses seuls enfants étaient des valises pleines à ras bord.
Un homme passa et repassa devant elle, tirant sa valise. Il cherchait visiblement une place. Valérie se recroquevilla de plus belle. Elle ne voulait personne à côté d’elle. Dans l’avion, elle y serait contrainte, mais là, dans la salle d’attente, elle pouvait encore gérer son destin. Surtout qu’elle n’aimait pas le regard de cet homme.
On entendit une annonce : « Chers voyageurs, le personnel de l’Aéroport de Paris a décidé, en réunion plénière et à l’unanimité, de prolonger sa grève. Les passagers qui désirent être remboursés ou hébergés à l’hôtel doivent se présenter au guichet 55. » Valérie changea de posture. Elle commençait, à la longue, par avoir des courbatures. Déjà dix heures d’attente. « Ils ne m’auront pas cette fois-ci. Ils m’ont déjà fait le coup l’année dernière. Je ne bougerai d’ici que pour monter dans ce foutu avion. » s’entendit-elle dire. Sa voix avait porté comme un écho de toutes celles des voyageurs qui n’osaient pas s’exprimer.
L’homme s’arrêta devant Valérie, la regarda avec insistance. Celle-ci ne le remarqua même pas. Enfin, c’est ce qu’il s’imaginait ! Il commençait à avoir mal aux jambes, à force d’arpenter le couloir. Ah, si seulement cette femme savait ce qu’il pensait d’elle ! La pensée de l’homme vagabonda au gré de son humeur. « Encore une qui va certainement nous faire le coup de l’altermondialiste, ou de la spécialiste du commerce équitable. Et que je te prenne quelques autochtones, que je leur fasse fabri quer des paniers en osier. Faudrait surtout pas que la couleur choque les Normands, car son supermarché équitablement établi en bord de mer, ne supporterait pas de perdre ses clients. Ce serait la faillite illico, et une faillite dans un pays avancé ne pardonne pas. Que l’on fasse faillite à Bamako, à Kinshasa, à Dakar ou à Kigali, qu’importe ! Ces gens-là ne subissent pas les dures lois de la mondialisation. Ils ont été mondialisés depuis la conférence de Berlin en 1885. Et que je te donne un bout du Cameroun, et un tiers du Congo, moi je garde l’Oubangui-Chari, pardon ce bout de Côte Atlantique m’appartient. Quelle ignominie ! »
Son regard se fit plus réprobateur. Un regard qui intrigua Valérie. Un regard qui confirmait ce qu’elle s’imaginait.
Pour Valérie, c’en était un, encore un qui cherchait à marquer son territoire. « Regardez-le se pavaner en bougeant du croupion et de la crête ce coq sans basse-cour ! » Le macho de service était en marche pour une nouvelle conquête. « Là, mon pote, tu te goures. Je ne suis pas une de ces blanches qui sautent sur le premier homme de couleur venu. » Elle était prête à simuler une crise de nerf, si celui-ci s’avisait à lui adresser la parole. Sa crise, elle l’aurait eue, une vraie celle-là, si seulement elle savait lire dans les pensées de l’homme, lequel, en la regardant fixement, comme pour la narguer se disait : « Si elle veut vraiment être équitable, qu’elle commence par laisser un peu d

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