Chêne de Bambou

Liss Kihindou

Description

«­ Je ne pense qu’à ça, je ne rêve que de ça : pouvoir Liss Kihindou me jeter à corps perdu dans ce champ, me mettre à labourer les mots, du matin au soir et du soir au matin. Je voudrais planter, sarcler, arroser les mots, voir comment ils germent, observer leur maturation. Mais parfois je me demande si je ne mets pas la charrue avant les bœufs. Ne devrais-je pas d’abord me nourrir des expériences des autres pour être mieux à même de séparer la bonne graine de la mauvaise­? Inès, peut-on lire et écrire avec la même intensité­ ?­ » Deux amies, Inès et Miya, se retrouvent via Internet après de longues années de séparation. L’une est en Occident, l’autre en Afrique. Elles entament une correspondance électronique qui favorisera les confidences et aboutira à une réflexion sur des questions auxquelles les sociétés modernes doivent répondre : la mode, le mariage, l’homosexualité, le racisme, la prise en charge des personnes du troisième âge… Mais cet échange est surtout l’occasion de s’interroger sur le métier d’écrivain.

Sujets

• Mariage
• Homosexualité
• Société
• Réflexion
• Mode
• Racisme

Informations

• Publié par: Anibwé Editions
• Date de parution: 01 juin 2013
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782916121666
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

DANS LA MÊME COLLECTION Danseur de l’ombre, Evelyne Mankou

Collection Akoma

Collection Akoma

Coordination éditoriale P. Héline

© Anibwe, 2013 ISBN : 978-2-916121-66-6

Éditions Anibwe 1 rue Boyer-Barret, 75014 Paris Tél. [phone] www.anibwe.com

Chêne de bambou

DU MÊME AUTEUR J’espère, Nouvelles, Amalthée, 2005. Détonations et Folie, Nouvelles,L’Harmattan, 2007. L’Expression du métissage dans la Littérature Africaine, Essai, L’Harmattan, ͚͙͙͘.

Liss Kihindou Chêne de bambou Roman

Je suis arrivée très tôt le matin, vers six heures. J’avançaisd’un pas mesuré, prenant le temps de scruter les visages des personnes venues accueillir leurs parents, leurs amis… Autour de moi, ce n’était qu’embrassades, retrouvailles chaleureuses, éclats de rire, souri- res émus ou complices. Pas de Corinne. J’étais sûre de pouvoir la reconnaître. D’ailleurs si ce n’était pas le cas, elle, au moins, aurait pu remarquer cette jeune fille noire jetant son regard comme un hameçon voulant tirer du flot humain de l’aéroport un sourire qui la sortirait de l’anonymat. Mais la pêche s’avé- rait infructueuse. Après l’intense gymnastique de mes yeux, je dus me convaincre qu’elle

n’était pas encore arrivée. Je m’assisun sur siège. Mes bagages posés à côté de moi, me voilà tournant la tête de gauche à droite et de droite à gauche. Lorsque j’eus dépouillé les visages de tous ceux qui occupaient le hall où je me trouvais, mes yeux allaient désor- mais les chercher là-bas, àl’entrée duhall, afin d’identifier à l’avance mon amie.Impatiente, j’ai fait les cent pas. J’allais et venais le long du couloir. Je me suis rassise. Ça faisait une heure que j’attendais. S’était-elle trompée de Terminal ? Dans ce cas il fallait juste être encore un peu patiente.Mais… Et si elle ne venait pas? Si je m’étais trompée sur toute la ligne? L’imagination s’emballe plus vite qu’une voiture de course! En quelques secondes, des scénarios se construisent, se déconstruisent, s’emboîtent dans un processus indigeste à expliciter… J’essayai de colmater les sonnettes d’alarme qui retentissaient dans ma tête. Allons ! U n accident l’aura sûrement empêchée d’arriver à l’heure… ou alors… Mais oui! Comment n’y avais? Elle avait-je pas pensé plus tôt oublié que j’arrivais ce matin! Il fallait que je trouve le moyen de l’appeler. J’avaisson

10