Ciels brûlants
102 pages
Français

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Ciels brûlants , livre ebook

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Description

1984-1985. La longue sécheresse, qui brûle le Sahel depuis des années, atteint son paroxysme. En Ethiopie, la famine dévore les enfants. Les échos de cette désolation parviennent en Occident. Un immense élan planétaire de solidarité mobilise les jeunes autour de leurs idoles. La générosité et les dévouements n'ont pas manqué, les bonnes affaires non plus. Deux journalistes, Charlotte et Gino, que la vie avaient séparés depuis vingt ans, se retrouvent à l'occasion d'une mission dans le contexte de la grande sécheresse du Sahel et s'engagent à rebours du Charity Business.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 212
EAN13 9782336266497
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen

Dernières parutions
Marouf Moudachirou, Une si éprouvante marche. Récit , 2010. Appolinaire ONANA AMBASSA, Les exilés de Miang-Bitola , 2010.
Juliana DIALLO, Entrée dans la tribu , 2010.
Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Corée du Nord , 2010.
Gabriel NGANGA NSEKA, Douna LOUP, Mopaya. Récit d’une traversée du Congo à la Suisse , 2010.
Ilunga MVIDIA, Chants de libération. Poèmes , 2010.
Anne PIETTE, La septième vague , 2010.
Mamadou SOW, Mineur, étranger, isolé. Destin d’un petit Sierra-Léonai s, 2010.
Yvon NKOUKA DIENITA, Africain : honteux et heureux de l’être , 2010.
Anne-Carole SALCES Y NEDEO, Ces années assassines , 2010.
Armand HAMOUA BAKA, La girouette, ou l’impossible mariage , 2010.
Aimé Mathurin MOUSSY, Le sorcier d’Obala , 2010. Telemine Kiongo ING-WELDY, Rire est mon aventure , 2010.
Bernard MOULENES, Du pétrole à la solidarité. Un itinéraire africain , 2009.
Roger SIDOKPOHOU, Nuit de mémoire , 2009.
Minkot Mi Ndong, Les Tribulations d’un jeune séminariste , 2009.
Emilie EFINDA, Grands Lacs : sur les routes malgré nous ! , 2009.
Chloé Aïcha BORO et Claude Nicolas LETERRIER, Paroles d’orphelines , 2009.
Alban Désiré AFENE, Essola , 2009.
Daniel GRODOS, Les perles noires de Gorée , 2009.
Ciels brûlants

Gaston Lotito
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296118225
EAN : 9782296118225
Sommaire
Ecrire l’Afrique Page de titre Page de Copyright I - Bon anniversaire ! II - Transit III - La conférence de presse IV - Le long du fleuve V - Dissidence VI - Détresses VII - En suivant les nuages… VIII - Nouba IX - Le Rezzou Épilogue
1984. La longue sécheresse, qui brûle le Sahel depuis des années, atteint alors un paroxysme. On n’en prévoit pas la fin. Les êtres les plus vulnérables, c’est-à-dire les enfants et les vieillards succombent par milliers. La peau des animaux se tanne sur leur squelette, les troupeaux disparaissent. Des familles, des clans entiers, s’exilent dans l’espoir d’atteindre les centres de distributions de l’aide alimentaire internationale et de trouver, peut-être, un petit boulot, là-bas, en ville. Dans les villages et les campements, il n’y a plus que des survivants autour de quelques femmes encore debout et qui font ce qu’elles peuvent.
Les ondes de cette désolation parviennent en Occident et déclenchent un élan de solidarité. Les jeunes se mobilisent. Ils se rassemblent autour de leurs idoles à l’occasion de concerts gigantesques organisés au profit des victimes. Bob Geldof est leur Gourou, “Band’Air”, leur totem.
I
Bon anniversaire !
Le Sahel ! Le Sahel ! Y’en a plus que pour lui ! On l’entend partout ce mot. On ne voit que ça, à la télé, sur les murs, dans la presse, partout, partout !
Moi aussi j’ai mes problèmes de survie ! Bon, c’est pas tout à fait les mêmes, d’accord. D’abord cette sinistre nouvelle, là, aujourd’hui, j’ai cinquante ans ! C’est écrit sur tous mes papiers, je n’y coupe pas : Charlotte Périer, dite Lolote, née le 26 décembre 1934 à Mende, Lozère, de… etc., etc.
Adrien, mon fils, 27 ans, que je continue à subventionner, a bien voulu me téléphoner depuis le Maroc, qu’il visite avec des amis à l’occasion des vacances de fin d’année ! Farid, lui non plus n’est pas là. C’est mon chéri, mon copain, l’escroc de ma vie, un chorégraphe-de-talent-qui-percera-un-jour. Il se déclare en fuite pour se cacher, dit-il, pendant ces immondes orgies consuméristes qu’on appelle “les Fêtes”. Il a sans doute pris le maquis, du côté d’Epinay où vit sa famille et où il doit traîner avec ses copains et les copines qui vont avec. “Si tu le vois, ramène-le-moi.”
Cette semaine, où s’allument et brillent toutes les constellations de Paris, où, irrésistiblement, la joie déferle, moi je suis là, recluse, solitaire dans mon misérable appart de Denfert-Rochereau, mon quartier, avec ce nom de pénitencier. Je voudrais m’essayer à l’humour mais ça ne marche pas, surtout devant le miroir de la salle de bain, où je m’applique aux travaux de maintenance…
Et puis, merde ! T’as toujours tes beaux yeux verts, Lolote chérie et quand tu sors de chez Mauricette, l’esthéticienne, ou même après un simple brushing… Et puis regarde tes formes, ton allure pas du tout bobonesque, une femme mûre, voilà, encore bien appétissante, non ? Ça va, ça va. Quand c’est Farid et le regard des hommes qui me disent tout ça, c’est plus facile d’y croire.


Ah ! Le téléphone ! On ne m’a pas encore complètement effacé ! Mais c’est peut-être les “Petites sœurs des pauvres”. Ou un truc genre appel d’EDF, non, pas possible que ces gens-là bossent le lendemain de Noël et même pendant la semaine entière. Je saisis le combiné en tremblant.
« Allô ! Lolote, c’est Callixte !
— Salut Cal. Tu m’invites au resto pour…
— Non ! Je veux que tu rappliques, aussi sec et avant 11 heures tu es devant moi. C’est importantissime pour toi et j’attendrai pas. Vu !
— Je…
— Je te dis de t’affoler, compris ! »
Et il raccroche. Il sait me faire baver, l’enfoiré.
Callixte Santini c’est mon boss, le rédacteur en chef du service Grand reportage du “Globe de Paris”, le canard où je travaille depuis plus de dix ans. Dès qu’il m’adresse la parole il a besoin de hurler, de m’humilier, de me “traiter” comme dit Farid. Devant lui je perds mes moyens, il me déstabilise, je dévisse, il le sait bien, il adore. C’est pas à lui que je confierais mes états d’âme. Quel bonheur je lui ferais ! Il pourrait pas s’empêcher de me piétiner encore plus et il me cracherait dessus. Il aurait raison d’ailleurs. Cal, c’est mon ami, il me secoue, il me fait du bien. Comment s’oublier dans l’introspection à côté d’un type pareil, toujours dans l’action, le mouvement, le projet, l’après, le futur ? Pourtant il ne bouge pas de son bureau où des tas de boîtes et de fils le relient au reste du monde. Il est l’impatience même, la secousse perpétuelle, l’impulseur. Merci Cal, tu me sors de ma mélasse. Je cours vers toi pour me faire battre, j’en ai besoin, et je sens que je vais bondir sur l’os que tu vas me jeter.


Ventre à terre, je m’engouffre dans l’immeuble du journal et, comme un automate, je me retrouve devant la porte du bureau du chef Santini. Je tape, toc, toc, j’entre.
« Ah ! Te voilà enfin ! Bon, assieds-toi et écoute. Mais, t’as un faciès à faire peur, ma pauvre Lolote ! Et moi qui trépigne pour t’annoncer la très formidable exquise bonne nouvelle de ta vie, ma chérie ! »
J’en peux plus. Il le voit bien, ce salaud, que je bave, que je suffoque, que je m’étrangle. Il attend que je clamse, ou quoi, pour la sortir sa nouvelle, ce sadique ? Et voilà qu’il me bassine encore avec une dissert sur ma position au journal qu’il faudrait consolider parce qu’il paraît que je n’apporte plus grand-chose de neuf, d’insolite, d’inconnu. La découverte c’est pourtant là le métier de grand reporter, le jamais visité. Lui, bien sûr, il me soutient, la vache, mais, c’est un fait, je me fragilise, je m’estompe, c’est plus ça et patati et patata.
Alors, ça vient ordure, oui ? Tu as gagné, tu vois bien, tu m’as écrasée, je te lèche les pieds, je t’en prie achève-moi.
Enfin, il me fait d’une voix de papa-gâteau :
« Je suis autorisé à t’envoyer, dans les plus brefs délais, disons fin janvier, au fin fond de l’Afrique pour voir s’il y a encore un chameau qui tient sur ses pattes sur les bords du Niger, du côté de Tombouctou, au bout du monde. Qu’est-ce que tu dis de ça ? C’est moi le Père Noël, ma Lolote adorée. Allez, fais-moi risette. Félicitations Madame le grand reporter !
— Ça ne pouvait pas mieux tomber, chef, mais…
— C’est qu’on te cajole ma vieille, pardon, ma mignonne, qu’on est trop bon pour toi. Et toi, tu fais ta boudeuse, tu es dans les minauderies, tu t’enfermes dans les dédains, tu attends les supplications !
— Mais non, mais…
— Bien entendu, tout frais payés : avions, hôtels, les meilleurs du coin où tu auras une tasse d’eau par jour, balades en Toyota climatisée, et, tiens-toi bien, cinq cents balles d’argent de poche per diem, tu entends ! Si tu survis quelques semaines tu auras de quoi te payer une bagnole en rentrant, d’occase bien sûr, la tienne, ton clou, c’est une vraie tentation pour les ferrailleurs.
— Heu, juste…
— Charlotte, je t’ai fait passer devant une meute enragée d’une dizaine de jeunes collègues aux dents très pointues qui m’en veulent à mort maintenant. Ne fais pas ta mijorée, une journaliste qu

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