Cinquante ans d amour de l Afrique
214 pages
Français

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Cinquante ans d'amour de l'Afrique , livre ebook

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Français

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Description

Philippe Hémery a vécu près de cinquante ans sur ce continent fascinant. Entre 1955 et 2005, il a assisté aux derniers soubresauts de la période coloniale et aux avatars des premières indépendances. Les récits de l'auteur sont toujours d'une brûlante actualité. Qu'elles concernent des Européens ou des Africains, ses brèves et ses nouvelles dépeignent crûment et avec une précision d'orfèvre ce que son oeil impitoyable et faussement candide savait déchiffrer. Avec force et tendresse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2010
Nombre de lectures 205
EAN13 9782296258280
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cinquante ans d’amour de
l’Afrique
Ecrire l’Afrique
Collection dirigée par Denis Pryen


Dernières parutions

Narcisse Tiburce ATSAIN, Le triomphe des sans voix , 2010.
Hygin Didace AMBOULOU, Nostalgite. Roman , 2010.
Mame Pierre KAMARA, Le festival des humeurs , 2010.
Alex ONDO ELLA, Hawa… ou l’Afrique au quotidien , 2010.
Arthur SCAMARI, Chroniques d’un pays improbable , 2010.
Gilbert GBESSAYA, Voyage dans la société de Bougeotte , 2010.
Gaston LOTITO, Ciels brûlants. Sahel -1985 , 2010.
Marouf Moudachirou, Une si éprouvante marche. Récit , 2010.
Appolinaire ONANA AMBASSA, Les exilés de Miang-Bitola , 2010.
Juliana DIALLO, Entrée dans la tribu , 2010.
Abdoul Goudoussi DIALLO, Un Africain en Corée du Nord , 2010.
Gabriel NGANGA NSEKA, Douna LOUP, Mopaya. Récit d’une traversée du Congo à la Suisse , 2010.
Ilunga MVIDIA, Chants de libération. Poèmes , 2010.
Anne PIETTE, La septième vague , 2010.
Mamadou SOW, Mineur, étranger, isolé. Destin d’un petit Sierra-Léonais , 2010.
Yvon NKOUKA DIENITA, Africain : honteux et heureux de l’être , 2010.
Anne-Carole SALCES Y NEDEO, Ces années assassines , 2010.
Armand HAMOUA BAKA, La girouette, ou l’impossible mariage , 2010.
Aimé Mathurin MOUSSY, Le sorcier d’Obala , 2010.
Telemine Kiongo ING-WELDY, Rire est mon aventure , 2010.
Bernard MOULENES, Du pétrole à la solidarité. Un itinéraire africain , 2009.
Roger SIDOKPOHOU, Nuit de mémoire , 2009.
Minkot Mi Ndong, Les Tribulations d’un jeune séminariste , 2009.
Emilie EFINDA, Grands Lacs : sur les routes malgré nous ! , 2009.
Philippe HEMERY


Cinquante ans d’amour de
l’Afrique

1955-2005
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12032-7
EAN : 9782296120327

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Nadine Bari remercie Bernadette Hémery, sœur de l’auteur, qui a remis bon nombre des écrits utilisés pour ce recueil et Céline Pauthier qui a conseillé et aidé dans le choix des rubriques.

Merci aussi aux frère et sœurs de Philippe Hémery, qui ont renoncé à leurs droits d’auteur sur cet ouvrage au profit de l’association Guinée-Solidarité Conakry, dont leur parent était membre.
« J’aime que le bonheur soit ici comme
une inflorescence sur la mort. »

André Gide
Avant-propos
Je n’ai connu Philippe Hémery que dans sa dernière ligne droite avant la mort, quelque quatre ans auparavant pour être précise. Fraîchement retraité, il venait d’emménager dans sa maison au toit de chaume, posée au bout du bowal sur le mont Kawadou, au cœur du Fouta-Djalon. Une maison toute à sa ressemblance : dure et spartiate en apparence, d’un inconfort certain même, mais au cœur plein de tendresse (bouquets de roses dans les chambres et de lis de Pobeguin sur l’escalier). Une maison où les soirées devant la cheminée, construite de ses mains, avaient un goût de salon littéraire surréaliste, perdu au milieu de nulle part…

J’ai tout de suite aimé l’humour caustique de Philippe. Et les conseils de bon sens de cet homme qui n’avait pourtant guère dû les suivre lui-même pendant sa vie, de ce faux « père tranquille » que l’existence avait sûrement bousculé de belle manière si l’on en croyait son visage nerveux et les tics de son langage, par ailleurs si châtié…J’admirais son esprit d’entreprise et sa persévérance dans un environnement souvent décourageant, et l’obstination placide qu’il empruntait peut-être aux ânes gris qu’il avait voulu réacclimater au Fouta. La mort a surpris en plein travail l’homme qui plantait des milliers de pins, qui creusait des tranchées pour éviter les feux de brousse, qui nourrissait tant de projets pour donner un outil de travail aux jeunes de la région et qui venait de dessiner un alambic pour extraire l’essence de karo-karoundé à Dalaba.

Philippe n’a rien publié durant sa vie Peut-être par modestie. Ou était-ce au contraire de l’orgueil ? La crainte de voir jugé son talent littéraire? Pourtant, parmi tous les démons qui le tourmentaient, celui de l’écriture était l’un des plus furieusement accrochés à ses basques. Chaque jour, il l’obligeait à noircir des pages de billets pointus, de contes acides, de correspondance assidue avec des amis proches ou lointains. Il tenait même ce qu’il appelait de façon désuète son « livre de raison ». Mais jamais il n’avait voulu publier la moindre ligne, prétextant que ce besoin d’écrire n’était pour lui qu’un agréable passe-temps, dépourvu d’intérêt pour un quelconque lecteur.

Sa mort subite a permis de découvrir que, depuis des années, cet homme discret nourrissait les détenus de droit commun à Dalaba, avait légué par testament tous ses biens guinéens à des jeunes démunis ou handicapés et désirait être enterré sans cérémonie, dans un simple linceul, sous l’arbre choisi « parce que la terre y est bien meuble et que les fossoyeurs auront la tâche plus facile ». Sa mort a permis aussi de dénombrer les milliers de pages où il avait fait galoper son écriture nerveuse, en Guinée et ailleurs. Lorsque sa famille, après les funérailles en février 2005, m’eut remis les cahiers de Philippe en me disant de les parcourir, je me suis régalée de lire cette prose si dense, ce style incisif et ces remarques si pertinentes.

J’ai demandé aux siens la permission de choisir, parmi cette luxuriance, ceux des écrits qui concernent l’Afrique tant aimée. Pourquoi ? Parce que je les trouve particulièrement bien venus, percutants et d’une brûlante actualité. Et aussi parce que Philippe n’a jamais été dans la « norme européenne » et que, très jeune, il a eu la certitude qu’en Afrique il ne serait pas jugé pour ce qu’il n’était pas mais admis pour ce qu’il était. Voilà peut être une explication de son attirance pour l’Afrique et de sa capacité à accepter tout des Africains alors qu’il était beaucoup plus critique envers les Européens et sa propre famille (et souvent même assez injuste).

Et sa famille et moi avons décidé de soumettre au lecteur « la force et la tendresse » de Philippe Hémery. Bien sûr, pour la clarté de la présentation, il nous a fallu trier et classer par rubriques – subjectives assurément – la profusion de données en notre possession. Nous espérons que ce classement arbitraire ne dénaturera pas la pensée de l’auteur et nous souhaitons au lecteur d’éprouver le même plaisir que celui qui nous a permis de redécouvrir dans ces pages la force vitale de l’ami Philippe.


Sébhory, le 9 septembre 2008

Nadine Bari
I – LA FORCE ET LA TENDRESSE
Ce sont des Touaregs non diplômés,
mais habiles à saisir dans la langue française,
comme dans la leur,
la force et la tendresse des mots.
Ph. H.
L’HOMME


Dalaba, mai 2000

Plus coton que soie, plus Fontainebleau que Versailles, plus bourgogne que bordeaux, ainsi j’ai grandi. A présent, j’aime dans les villages la senteur âcre du bétail et, aux premières pluies, cette renaissance de l’humus exalté.


* * * * *


L’âge bête va de vingt à cinquante ans.
A quarante-deux, je commence à en sortir.
J’ai toujours été précoce.


* * * * *


Janvier 2005
Dans sa dernière lettre à ses amis C et G, Philippe donnait avec enthousiasme les détails de sa future pompe hydraulique, qui lui causait cependant quelques soucis techniques. Il leur demandait d’interroger un professeur de physique du lycée français pour l’aider à appliquer la loi de Torichelli {1}


LA MERE

La souffrance des autres est toujours supportable, disait ma mère.


* * * * *

Dakar, Les cadeaux des mères

Dans La Rose de Sable , Montherlant dit définitivement l’incapacité des mères à donner à bon escient.

Je reviens sur le sujet. On m’accordera, même si quelqu’autre auteur inconnu de moi a fait aussi un

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