CONTES ET LEGENDES DE LAPONIE
225 pages
Français

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CONTES ET LEGENDES DE LAPONIE , livre ebook

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Description

Les Lapons, ou les Same comme ils se nomment, ne sont que 100.000 aujourd’hui, répartis entre le nord de la
Scandinavie et le nord de la Russie, si près de l’Arctique que les Européens imaginent que Père Noël habite dans
leur pays.Les Lapons ne croient pas au Père Noël. En revanche ils gardent leurs croyances ancestrales et vénèrent l’aurore boréale, le Soleil et la Lune, ainsi que le Dieu du tonnerre qui combat les trolls maléfiques.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 14
EAN13 9782373800364
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0038€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Présents du Soleil Au temps jadis, bien avant que les hommes aient appris à domestiquer les rennes, un jeune Lapon était parti à la chasse. Il avait déjà chassé toute la matinée dans la montagne, quand un épais brouillard se leva, l’empêchant de voir à un mètre devant lui. Mais il entendait des cris de berger appelant ses bêtes, et le son de clo-chettes qui semblait venir d’un nombreux trou-peau. Et quand le brouillard se leva, il aperçut une jeune fille belle comme le jour, revêtue d’une tunique bleue, endormie auprès d’une souche. Un troupeau de rennes domestiques paissait dans l’herbe auprès d’elle. Le jeune homme devina que c’était la Fille du Soleil, dont ses parents lui avaient souvent par -lé. À l’état de veille, elle est invisible, mais quand elle dort, on peut la voir et la faire prisonnière, avec tout son troupeau. Si l’on s’y prend adroi-tement, on peut même la transformer en être humain et la garder auprès de soi. Mais il faut l’embrasser avant qu’elle ne se réveille. Elle est d’une beauté surnaturelle, comme d’ailleurs tous les rennes de son troupeau.
ISBN 978–2–910272-90-6
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Aux origines du mondeLaponie Contes etlégendes de Laponie
Aux origines du monde Flies France
Dans la même collection :
Contes et légendes de France Contes et légendes du Japon Contes des peuples de la Chine Contes et légendes de Flandre Contes et légendes de Centre-Asie Contes et récits des Mayas Contes et légendes du Maroc Contes et mythes de Birmanie Contes et légendes de Turquie Contes et légendes de Suède Contes et légendes de Corée Contes et légendes du Congo Contes et légendes des Comores Contes et légendes d’Allemagne, de Suisse et d’Autriche Contes et histoires pygmées Contes et légendes de Russie Contes et traditions d’Algérie Contes et légendes des Inuit Contes et légendes d’Italie Contes et légendes du Burkina-Faso Contes des Juifs de Tunisie Contes et légendes des Philippines Contes et légendes des Balkans Contes et légendes de Tunisie Contes et légendes de Thaïlande Contes et légendes d’Ukraine Contes et légendes de Kabylie Contes et légendes tziganes Contes et légendes du Vietnam Histoires du roi Salomon Contes et légendes de Madagascar Contes et légendes de Bornéo Contes et légendes haoussa du Niger Contes et légendes du Cameroun Contes et légendes des Amérindiens
Aux origines du monde Contes et légendes de Laponie
traduits par Michèle SIMONSEN
Illustrés par Baptiste HERSOC
Flies France
Collection dirigée par Galina KABAKOVA
Corrections : Anna STROEVA
Conception graphique : Susanne STRASSMANN
© Flies France, 2014 ISBN 978–2–910272-90-6
Introduction
Les Lapons – ou plutôt les Sames ou Saamis, comme ils s’appellent eux-mêmes – sont un peuple autochtone, estimé à environ 100.000 personnes, qui vit dans le nord de la Scandinavie (Suède, Norvège, Finlande) et de la Russie (péninsule de Kola). Ils parlent – ou parlaient – le same, une langue nno-ougrienne, qui compte neuf dialectes assez différents les uns des autres. Les plus an-ciens vestiges d’établissements sames en Scandinavie datent du début de notre ère, mais les Sames ont pu arriver bien avant. Le plus ancien témoignage direct sur les Sames date de 890 et les décrit comme des nomades vivant de chasse et de pêche, mais ayant des rennes domestiqués. À la n du Moyen Âge, l’élevage des rennes était devenu prépondérant, et le mode de vie n’était plus que semi-nomade : habitat en campements de tentes ou de huttes combiné avec la trans-humance en haute montagne pendant l’été. Traditionnellement, les Sames vivaient dans des tentes en peau en période de no-madisme, ou des huttes faites de lichen et d’écorce dans les périodes plus sédentaires, mais les deux types d’habitation portent le même nom et ont la même forme conique. Au centre de l’habitation, un foyer de pierre, avec un trou dans le toit pour la fumée. Le combustible était placé entre le foyer et les parois, et les provisions et les ustensiles de cuisine étaient rangés du côté opposé à la porte. Le long des côtés, des paillasses de lichen et de branches de bouleau servent de
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siège et de couchage. Le mode de vie traditionnel était basé sur la pêche, la capture des oiseaux et l’élevage des rennes. Le renne, pourvoyeur de viande, de lait, de peaux, mais aussi bête de trait, était d’une importance capitale, dans la vie comme dans les récits des Sames. L’ours,guovza, jouait aussi un grand rôle, et de nombreux rituels concernaient cet animal. Lors de la chasse à l’ours, celui qui avait découvert sa tanière avançait le pre-mier, portant un bâton muni d’un anneau de cuivre, métal censé protéger du danger. Pen-dant la chasse, l’ours n’était jamais nommé, mais appelé « grand-père pelu ». Au retour de la chasse, celui qui avait tué l’ours pénétrait dans l’habitation par le boas-su, l’entrée sacrée derrière l’âtre. Les femmes contemplaient le retour des chasseurs à tra-vers un anneau de cuivre, pour se protéger les yeux de la « force » qui émanait de l’ours. Puis elles jetaient sur les chasseurs la sève rouge et l’écorce de l’aulne qu’elles avaient auparavant mâchée. Les femmes ne devaient pas assister au dépeçage ni à la cuisson de l’ours. Hommes et femmes en mangeaient la viande, mais séparément, et pas les mêmes morceaux. Le rituel entourant la chasse à l’ours changeait d’une région à l’autre, mais partout, on devait rassembler les os après le repas cérémoniel et les enterrer. La religion traditionnelle des Sames est animiste et chamanique. Les dieux, les es-prits et autres êtres surnaturels jouent un rôle important dans la mythologie same. Ils varient selon les régions et les époques et
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peuvent avoir plusieurs noms. Les princi-pales divinités sont : Ipmel / Ibmil / Jubmel / Jupmele, aussi appelé Raedieaehtjie. Il est considéré comme le plus puissant des dieux. Au temps de la christianisation, les missionnaires ont adop-té le nom Ibmel/Ipmel, et c’est sous ce nom aussi que les Sames désignent le Dieu des chrétiens. Tiermes / Átjek : dieu du tonnerre, pré-side à la vie et à la mort de tous les humains. Il est symbolisé par un marteau ou par un arc, l’arc-en-ciel. Il peut susciter le tonnerre, tuer les trolls, aider aux vengeances. Liejbålmaj, littéralement « homme des aulnes », c’est le dieu de la chasse, qui règne sur les animaux sauvages. C’est à lui que l’on fait des sacrices avant la chasse à l’ours pour qu’il protège les chasseurs. L’aulne est considéré comme un arbre sacré. C’est avec la teinture extraite de son écorce rouge que l’on décorait le tambour rituel des chamanes, et les femmes enduisaient les chasseurs de sa sève au retour de la chasse. Máhtáráhkká, « arrière-grand-mère » ou « mère originelle », est la mère des trois déesses Sáhráhkká, Juksáhkká et Uksáhkká. Elle in-tervient dans la création des enfants à naître. Serge-edni : épouse de Raedieaehtjie ou Ipmel. C’est elle qui crée l’esprit ou le soufe des humains et l’amène à sa mère Mátháráhkká quand un enfant est conçu. Sáhráhkká : déesse résidant sous l’âtre. On lui fait libation de tous les liquides consommés. Elle joue un rôle important lors de la conception et de la naissance, et aide les femmes pendant la menstruation et l’ac-
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couchement. Juksáhkká : déesse qui réside dans le boassu. Elle joue un rôle dans la conception des enfants et peut transformer un fœtus en dieu. Uksáhkká, « déesse de la porte », qui réside sous le seuil de la porte d’entrée et protège l’habitation contre tous les maux. Elle protège les enfants au cours de leur première année, surtout quand ils apprennent à marcher. Jábmiidáhkká : déesse qui règne sur le royaume des morts. On pouvait faire revenir les morts sur terre, par exemple pour veiller sur les troupeaux de rennes. Les morts pou-vaient aussi rendre visite aux vivants, et in-diquer aux femmes enceintes quel nom don-ner à l’enfant à naître. Si un mort s’ennuyait d’un parent, il pouvait attirer son âme au royaume des morts, ce qui le rendait malade. C’était alors la tâche du chamane de faire re-venir l’âme du malade parmi les vivants. Lenoaide(chamane) joue un rôle impor-tant comme conseiller, médecin et person-nage religieux. C’est un intermédiaire entre le monde des hommes et le monde surnaturel. Au cours d’une transe extatique, favorisée par l’usage du tambour rituel, le chamane entre en communication avec le monde spirituel peuplé de dieux et d’esprits, dont il sollicite le savoir et la bienveillance. Il voyage dans les autres mondes, prédit l’avenir et soigne les maladies. Plusieurs sources indiquent que les femmes aussi pouvaient devenir cha-manes, guérir et susciter le mauvais temps, à l’aide de pierres, ou de ceintures. Certaines sources ajoutent qu’elles se servaient aussi du tambour rituel, d’autres au contraire qu’il
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leur était interdit. Coutumes et traditions ont sans doute varié selon les contrées et les époques. Depuis 1960, on assiste à un re-nouveau d’intérêt pour le chamanisme. Le christianisme, introduit au Moyen Âge, e e fut imposé au XVII siècle ; au XIX siècle, le nord de la Suède connut un mouvement de piété populaire animé par le pasteur mi-Same mi-Suédois Lars Levi Læstadius, et désor -mais le luthérianisme est majoritaire. Mais les légendes sames, même celles recueillies e au XX siècle, amalgament croyances tradi-tionnelles et notions chrétiennes. L’univers spirituel same est magique : certains êtres humains, hommes ou femmes, ont des pouvoirs surnaturels, qu’ils utilisent soit pour le bien, soit pour le mal. Les mala-dies sont conçues comme des esprits qui ont forme humaine et peuvent interagir avec les humains. Les nombreux gobelins sont des esprits surnaturels vivant sous terre, comme l’indique leur nom same les « souterrains ». À en croire Læstadius, ils étaient encore ob-e jets de croyance au XIX siècle. Lui-même n’aurait pas juré n’avoir jamais senti leur présence ! Selon certains récits c’est de ces gobelins que les Sames tiennent tous leurs biens culturels. Le climat de la Laponie est très rigou-reux, l’hiver long, et le soleil ne se montre pas pendant plus de deux mois. Il n’est donc pas étonnant que la nature et les animaux jouent un grand rôle dans la vie et les récits sames. Les mythes enseignent le respect des forces de la nature. Certains mythes, comme « Le Déluge » ou « La Fin de l’âge d’or », ont des parallèles dans la mythologie de nom-
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