De Jordanie en Flandre
298 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

De Jordanie en Flandre , livre ebook

-

298 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Un Belge d'origine jordanienne, propriétaire vieillissant d'un petit snack-bar dans la ville de Louvain, nous raconte le voyage que fut sa vie. Au travers d'un dialogue mystique et amusant avec son alter ego, Sna, il nous entraîne de la chaleur de son pays d'origine à la grisaille de la Flandre en passant par les mystères de l'Afrique.
Cet ouvrage, superbe témoignage, offre un considérable bol d'air frais dans une époque où les étrangers sont trop souvent considérés avec méfiance.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2010
Nombre de lectures 252
EAN13 9782296253445
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De Jordanie en Flandre
Lettres du monde arabe
Collection dirigèe par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan


Mustapha KHARMOUDI, La Saison des Figues, 2010.
Haytam ANDALOUSSY, Le pain de l’amertume, 2010.
Halima BEN HADDOU, L’Orgueil du pèe, 2010.
Amir TAGELSIR, Le Parfum français, 2010.
Ahmed ISMAÏLI, Dialogue au bout de la nuit , 2010.
Mohamed BOUKACI, Le Transfuge , 2009.
Hocéïn FARAJ, Les dauphins jouent et gagnent, 2009.
Mohammed TALBI, Rêves brûlés , 2009.
Karim JAAFAR, Le calame et l’esprit, 2009.
Mustapha KHARMOUDI, Ô Besançon . Une jeunesse 70, 2009.
Abubaker BAGADER, Par-delà les dunes , 2009.
Mounir FERRAM, Les Racines de l’espoir, 2009.


Dernières parutions dans la collection écritures arabes


N° 232 El Hassane AÏT MOH, Le thé n’aplus la même saveur, 2009.
N° 231 Falih Mahdi, Embrasser les fleurs de l'enfer, 2008.
N° 230 Bouthaïna AZAMI, Fiction d ’un deuil, 2008.
N° 229 Mohamed LAZGHAB, Le Bâton de Moïse, 2008.
N° 228 Walik RAOUF, Le prophète muet, 2008.
N° 227 Yanna DIMANE, La vallée des braves, 2008.
N° 226 Dahri HAMDAOUI, Si mon pays m’était conté, 2008.
N° 225 Falih MAHDI, Exode de lumière, 2007.
N° 224 Antonio ABAD, Quebdani, 2007.
N° 223 Raja SAKKA, La réunion de Famille, 2007.
Wajih Rayyan


De Jordanie en Flandre

Ombres et lumières d’une vie ailleurs
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11578-1
EAN : 9782296115781

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
A tous ceux qui sont loin de chez eux
PREFACE
Au numéro 31 de la rue Marie-Thérèse, dans la ville flamande de Louvain, se trouve un snack-bar à la devanture ordinaire. Dans un tablier vert et derrière un large sourire, le vendeur s’affaire à y servir ses clients, les abordant tantôt en français, tantôt en néerlandais, toujours avec un accent qui laisse deviner une riche histoire. Il est jordanien, explique-t-il à l’un, puis, abordant un autre par son prénom, entame une discussion sur le temps, l’économie ou les femmes, avant de partir d’un grand rire. La pièce est petite, avec un comptoir large et court, un grand frigo, quelques étagères. Sur l’une d’elles, parmi les verres, les couteaux, les fours à micro-ondes, se trouve un petit microscope. Il faut y prêter attention pour le voir. Cet endroit, et l’homme qui y officie, fascinent.

Un jour, le mystérieux vendeur, qui s’appelait Wajih Rayyan, me parla du livre qu’il était en train d’écrire, sur sa vie d’immigré en Belgique. Malgré la trivialité apparente du thème, ma curiosité fut aussitôt attisée. Ce livre, sans aucun doute, contenait la clé du mystère de l’origine du personnage, et du microscope sur son étagère. Je rêvai qu’il me proposât de le lire, mais il fit plus que cela. Au-delà de toutes mes espérances, il fit de moi son associé qui, en ma qualité de francophone, l’aiderait à peaufiner les derniers détails de cette œuvre qui l’occupait depuis si longtemps.

Avec enthousiasme et grand plaisir, je me mis au travail. Petit à petit, au fil des pages et de nos conversations, je fis la connaissance d’un homme merveilleux, riche de cœur et d’esprit. Son histoire me passionna ; les péripéties n’en étaient pas spécialement incroyables, ni extravagantes, mais l’essence du récit me toucha – et m’inspira.

Ce livre recèle en effet bien plus que de simples anecdotes ; il contient aussi une sorte de philosophie de la vie, témoignant de toute la force de la rencontre entre deux cultures. Au travers de ses réflexions, de sa manière de raconter, M. Rayyan apparait comme le résultat d’une rencontre heureuse entre deux mondes. Est-il belge d’origine arabe, ou arabe devenu belge ? Difficile à dire, même si en apparence il s’agit de la même chose. Car en effet, M. Rayyan semble s’être forgé une identité bien à lui, mariant pour le meilleur et pour le pire sa culture d’origine et celle de sa terre d’accueil. Plutôt qu’un immigré, c’est un « métèque », dans le sens renouvelé du terme, avec une vision du monde bien à lui, souvent fascinante, toujours amusante, et décrite de façon si simple, et agréable, qu’on ne peut manquer de s’attacher au personnage.

Dans un monde où les immigrés sont considérés avec méfiance, les récits qui suivent offrent un considérable bol d’air frais. Ils constituent l’admirable témoignage d’un être à la rencontre de l’Autre, simplement, sur un ton personnel et sans prétention, et dévoilent des facettes à la fois universelles et originales de la société et des relations entre les gens. Ils nous poussent à adapter notre regard, nous renvoyant sans cesse à notre propre vision. Si De Jordanie en Flandre se lit un peu comme un récit de voyage, qui nous mène des ruelles de Madaba aux déserts d’Arabie Saoudite en passant par Louvain et Bamako, il ne manquera jamais de nous ramener chez nous.

Timotheus Vermote (K. U. Leuven, Faculté des Lettres)
PROLOGUE
« Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort. »
Friedrich W. Nietzsche

Il n’y a rien de tel qu’un voyage pour fortifier l’âme, et l’attacher au corps. Mon voyage à moi a duré toute une vie, et est constitué de périples et d’escales, de différents moments où diverses émotions se sont emparées de moi. Souvent, elles étaient heureuses, comme après une plaisante découverte ou une agréable rencontre. J’étais alors radieux, comme un oisillon venant de prendre son premier envol par une belle journée de printemps et voltigeant de branche en branche, de jardin en jardin, tout en contemplant pour la première fois les paysages verdoyants et les fleurs colorées. A d’autres moments, par contre, je me suis laissé envahir par des sensations déplaisantes, par la mélancolie. A cause d’un échec, d’un rejet – non justifié ? – de la part d’autrui… Cependant, dans ces cas-là, je m’évertuais à chaque fois à retrouver le sourire, et à chasser l’impression désagréable, qui ne restait jamais bien longtemps.

« Il ne faut pas s’attarder sur les choses du passé qui font souffrir ou
abiment l’âme. Elle ne mérite pas un tel traitement, car sa présence
auprès de son partenaire n’est qu’éphémère. »
W. Rayyan

Ce n’est pas toujours moi qui ai décidé du chemin qu’a pris ma vie, des déplacements que j’ai effectués, des changements que j’ai subis. C’est plutôt un ensemble de circonstances qui m’ont continuellement incité, subtilement, sans me forcer, à chercher sans cesse la route vers une vie meilleure.

Je m’appelle Wajih, de la famille Rayyan, arabe de conviction chrétienne. Je suis le quatrième, dans l’ordre décroissant, d’une famille de dix enfants – sept garçons et trois filles. Mon père m’a dit que j’étais né le vendredi 11 février 1949, par une nuit enneigée. D’après la commune, par contre, je suis né le 7. Cette confusion est typique de mon pays d’origine, la Jordanie, et semble venir du manque de rigueur d’un employé communal responsable du registre de l’état civil. Je m’explique. En Jordanie, comme dans beaucoup de pays arabes, l’on écrit les nombres avec les chiffres indiens (et non avec les chiffres arabes, dont l’appellation ne reflète que l’origine). Dans ce système d’écriture, le « 11 » se note par deux petites lignes parallèles, tandis que le « 7 » s’écrit avec deux lignes se joignant à leurs extrémités inférieures. Or, lorsque l’on écrit le « 11 » avec un peu trop de négligence, il se peut que les deux traits sur la feuille soient un peu penchés, et se touchent. C’est comme ça que le chiffre « 11 » peut être réinterprété comme un « 7 ». C’est ce qui se passa dans mon cas.

C’est donc en Jordanie que je suis né. Cependant, c’est en Europe que je trouvai ma terre d’accueil. Je quittai ma terre natale à l’âge de 18 ans, six mois après la guerre de six jours de 1967, pour venir m’installer en Belgique. Très vite, je constatai que ce pays, ses habitants et sa culture étaient très différents de ce que je connaissais chez moi. Pour vivre en heureuse harmonie dans cette nouvelle société, où je débarquais sans consulter l’avis des autochtones, c’était à moi, l’intrus, de m’adapter – sans pour autant renier ma culture d’origine. Cette façon de penser me guida tout au long de mon intégration.

En Belgique, j’habitai, travaillai et étudiai dans plusieurs villes. J’étais comm

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents