Délivre-moi
123 pages
Français

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Délivre-moi , livre ebook

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Description

Depuis sa naissance, Clotilde est assaillie par des images de guerres, de meurtres, de violences, associées à un visage de femme dont elle ne sait que le nom : Sétima.
Quand les bulldozers du Mans mettent au jour un charnier datant des guerres de Vendée, la vie de Clotilde bascule. Car ce sont bien des images de cette nuit atroce du 13 au 14 décembre 1793 qui ravagent sa mémoire depuis sa naissance. Cette nuit où, après la déroute des armées vendéennes, les hussards et les patriotes se livrèrent au pillage, tuant et violant tous ceux et toutes celles qu'ils jugeaient suspects d'avoir partie liée avec les Vendéens.
Contre l'avis de ses proches, Clotilde part au Mans, déterminée à découvrir toute la vérité sur cette femme qui la hante.
Dans quelle aventure inouïe se lance-t-elle pour se libérer de ses fantômes ? Jusqu'où suivra-t-elle Sétima ?






RÉSUMÉ







Clotilde, jeune photographe vendéenne, est hantée depuis sa naissance par le visage de son ancêtre Setima, qu'elle associe aux événements tragiques de la nuit du 13 au 14 décembre 1793. Cette nuit où la ville du Mans fut mise à feu et à sang. Cette nuit où, après la déroute des armées vendéennes, les hussards et les patriotes se livrèrent au pillage, tuant et violant tous ceux et toutes celles qu'ils jugeaient suspects d'avoir partie liée avec les Vendéens.
Contre l'avis de ses proches, Clotilde part au Mans et, en fouillant les archives, réussit à reconstituer l'étonnante histoire de son aïeule.
Setima était vendéenne. Elle se trouvait au Mans, cette nuit-là. Croyant son mari mort à la bataille de Clisson, séparée de ses amies, elle errait dans la ville en feu sans savoir où se réfugier. Un homme, soudain, l'attira dans sa maison et la viola. Le lendemain, accablé par l'horreur de son acte, il lui proposa de l'épouser sous une fausse identité. Elle accepta mais la justice républicaine veillait. Dénoncée, elle fut arrêtée et condamnée à mort pour usurpation d'identité et bigamie. Le jour de la sentence, elle annonça à ses juges qu'elle était enceinte. Le tribunal républicain, après en avoir délibéré, décida que si la mère était coupable, l'enfant n'y était pour rien et qu'on attendrait l'accouchement pour infliger le châtiment. Ces quelques mois de sursis et les soubresauts de l'Histoire sauveront la mère et l'enfant.
La quête obstinée de Clotilde réussira-t-elle à la délivrer de son obsession ou, au contraire, va-t-elle définitivement la détruire ?






Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 juin 2011
Nombre de lectures 42
EAN13 9782221123317
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couverture
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Yves Viollier
DÉLIVRE-MOI

ROBERT LAFFONT
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Copyright
© Éditions Robert Laffont, S.A., Paris 2010
ISBN: 978-2-221-12331-7
«En couverture : © Daniel Murtagh / Trevillion Images»
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À tous les héros anonymes de Château-Fromage
qui m’ont aidé à grandir.
Je connais leurs noms.
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Écoutez. Une femme au profil décharné,
Maigre, blême, portant un enfant étonné,
Est là qui se lamente au milieu de la rue.
VICTOR HUGO,
Melancholia
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Lundi 16 février
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— Tue! Tue!
Les hussards aux insignes de tibias et de crânes déferlent sur la place de l’Éperon. Les deux ou trois cents squelettes ambulants qui faisaient encore feu derrière les fenêtres matelassées de la rue du Puits-des-Quatre-Roues et du quartier des Halles ont été abattus et réduits au silence. Et c’est la panique, la déroute, la boucherie.
Plusieurs dizaines de milliers d’hommes, femmes, enfants, se sont précipités en même temps dans les rues qui descendent vers le pont sur la rivière. Ils poussent des cris épouvantables, hurlent, se bousculent, s’écrasent. Les obus éclatent. Des charrettes attelées se renversent en travers de la rue, des caissons de canons. Des bœufs liés meuglent, les quatre fers en l’air. Ils donnent des coups de patte dangereux. Ça sent la poudre. Il pleut. Une fumée épaisse monte de la terre.
Et Sétima court avec eux. Depuis combien de temps, elle court, Sétima? Elle n’a pas cessé de courir, depuis des jours, des semaines, des mois. Elle a toujours couru. Elle court sous la pluie, portée par le flot du désastre, bousculée, bouche ouverte, les joues maigres à faire peur, le regard de folle, elle cherche un passage parmi les autres, le trou d’une aiguille, une issue. Sétima.
Clotilde la voit en conduisant sur l’autoroute. Sa Sétima, son visage graissé de pluie sous un fichu de laine sans couleur.
Sa figure épouvantée s’atténue et disparaît. Les clameurs s’évanouissent dans les derniers cris des hussards aux sabres dressés:
— Tue! Tue!
Clotilde ne s’est jamais habituée à ces fulgurants flash-backs qui la laissent chaque fois sidérée comme si elle débarquait d’une autre planète. Elle a eu beau consulter des psychothérapeutes, des psy chiatres (certains des sommités), des gourous, des acupuncteurs, le même phénomène s’est reproduit, quelquefois aux moments et dans les lieux les plus surprenants.
Quand elle a lu, dans le journal de ce matin, Des charniers de Vendéens découverts au Mans , et quand elle a vu la photo des squelettes alignés au fond de la fosse devant les archéologues affairés à démonter les derniers ossements , elle a saisi son téléphone.
— Marc, il faut que j’y aille!
— Pourquoi? Qu’est-ce qui t’arrive?
Il est informaticien-développeur à Nantes. Elle parle calmement mais elle se connaît, les fines perles de sueur froide qui s’accumulent sur son front, ses tempes et même le dos de ses mains sont un signe.
— Je suis sûre que ça peut être important.
— Tu crois?
— Je l’ai senti dès que j’ai ouvert le journal. Le Mans, je n’avais pas pensé au Mans…
Marc soupire. Elle sait qu’elle le dérange. Il doit être devant les formules mystérieuses de son ordinateur.
— Tu me crois?
Oui, il la croit mais il la connaît. Elle s’est emballée d’autres fois, pour rien.
— Ils écrivent des charniers , dit-il, mais plus de deux cents ans après j’imagine qu’il ne doit rester qu’un tas d’os. Qu’est-ce que tu…?
Elle comprend qu’il a failli dire: «Qu’est-ce que tu veux en tirer?»
— Tu ne peux pas attendre un jour ou deux, que je m’organise? Nous irions ensemble.
— D’ici là, ils auront tout emporté ou recouvert! Il faudra que tu ailles chercher Ernest à l’école.
— J’ai des rendez-vous! Ta mère ne peut pas…?
Clotilde a appelé sa mère.
Elle a pris son matériel dans son laboratoire, l’a chargé dans le Kangoo. Elle est redescendue de la voiture pour décrocher sa parka de la patère derrière la porte. Elle a démarré en faisant gicler les pierres de la cour.
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10 heures. Il faut au moins deux heures pour aller au Mans. Elle devrait y être à midi.
Elle n’a pas apporté à manger. Elle dévisse le bouchon de sa bouteille de Coca aux trois quarts pleine entre les deux sièges, tète une gorgée. Une bruine sale de mi-février barbouille le pare-brise que l’essuie-glace a du mal à dégraisser. Le souffle d’air du poids lourd qu’elle double la déporte au ras de la glissière. Elle va mettre plus longtemps que prévu à cause de ce temps pourri. Elle serre les doigts sur le volant.
Elle revoit le visage de Sétima, ses grands yeux fluo, vert-de-gris, effrayés, ses joues creusées par la faim, sous l’averse battante. Ce n’est plus la vision fulgurante où elle ne vit plus l’instant présent. C’est seulement le rappel d’un souvenir. Elle refoule cette image qui l’encombre, de crainte de basculer encore.
Elle a toujours vécu avec, depuis toute petite, aussi loin qu’elle remonte dans sa mémoire. Elle l’a répété à tous les psys en consultation.
— Je suis habitée.
À d’autres, elle a dit:
— Je suis hantée.
Ça a commencé avant qu’elle ait conscience des choses, sa mère et son père le lui ont raconté. Elle n’avait pas deux ans. Comme tous les enfants, elle appuyait son petit index sur sa poitrine quand on lui demandait où était Clotilde.
— Comment tu t’appelles?
— Titi.
Un jour, elle a répondu:
— Sétima.
— Qu’est-ce que tu dis? C’est Clotilde, ton nom!
Elle a hoché la tête, le sourire charmeur aux paupières pleines de petits plis gracieux.
— Titi.
Mais elle a répété, deux jours plus tard:
— Sétima.
— Qu’est-ce que c’est que ça? Où a-t-elle entendu ça? À la télé? Comment tu t’appelles?
— Sé-ti-ma.
— Qui c’est, Sétima? Ça n’existe pas.
Ils se sont renseignés. Ils ont appris qu’on donnait ce nom, autrefois, dans les vieilles familles poitevines, au septième enfant, si c’était une «drôlesse». Sétima, la septième. Personne à la maison ou autour d’elle n’avait jamais prononcé ce nom-là. Ils ont supposé qu’elle l’avait capté au vol, ici ou là, comme le font les enfants qui ont l’air occupés à leurs jeux et gardent les oreilles grandes ouvertes.
La pluie redouble. Des rivières d’eau ruissellent sur la chaussée. Tous les véhicules ont ralenti, sauf les k

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