Dieu à 12 heures
240 pages
Français

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Dieu à 12 heures , livre ebook

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Description

Une fresque contemporaine formidablement documentée... qui s'adresse aussi bien aux passionnés d'aviation, d'histoire et de religions, qu'aux amateurs de bons romans théologiques.


Rien ne prédestinait Aaron, gamin d'une cité lyonnaise, à devenir pilote d'élite dans l'armée israélienne, et à côtoyer kabbalistes, évangélistes, messianistes et autres prophètes exaltés. Rien ne prédestinait cet homme rationnel et équilibré à franchir les limites de l'impossible, en quête de son créateur. Pourtant, tout arrive à ce héros tragique et néanmoins attachant, qui aux commandes de son avion de chasse s'interroge sur le déclin moral de la société israélienne - et le sien, en empruntant les voies célestes de la mystique juive, les couloirs de l'Église, les sous-sols du Temple, les méandres du fanatisme, et parfois aussi, les sentiers de l'amour.

Informations

Publié par
Date de parution 20 novembre 2015
Nombre de lectures 25
EAN13 9782374530925
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Extrait
PROLOGUE


Las Vegas. Mardi 4 novembre 2008

Ike était maître tatoueur et exerçait bien avant que cet art issu de la nuit des temps ne ressurgisse en force à la fin du vingtième siècle. En quelques années seulement, Las Vegas s’était emplie d’une multitude de studios plus ou moins salubres où se peignaient, se perçaient et se mutilaient les corps au gré de la fantaisie humaine. Celui d’Ike, situé dans un quartier résidentiel calme et où rien ne rappelait la cité des casinos et des néons, comptait néanmoins parmi les plus prestigieux. Sa clientèle était constituée essentiellement d’originaux nantis et de personnalités ? rock stars et hommes politiques confondus. La discrétion évidemment était de rigueur dans la profession – et Ike était extrêmement professionnel – c’est pourquoi lorsqu’apparut ce soir-là cet homme à l’accent étrange, il ne posa aucune question. Son instinct et son expérience l’avertirent toutefois que ce type n’avait rien à voir avec ses clients habituels, mais que sa présence ici n’était pas fortuite. Sans même le saluer ni tenir compte du fait qu’Ike s’apprêtait à fermer boutique, l’homme lui présenta un document : « Êtes-vous capable de tatouer ça ? Il y a en tout cinq mille quarante signes identiques à ceux-ci et chaque millimètre de ma peau, y compris crâne et visage, doit en être recouvert. Seules les paumes de mes mains resteront intactes… »

En parlant, l’homme avait ouvert une mallette qui révéla, outre une pile de feuilles semblables à celle qu’il avait tendue à Ike, une épaisse liasse de billets verts. Très épaisse.
Ike, qui en avait vu d’autres, reporta vite son attention sur le manuscrit en question. Il s’agissait d’un parchemin ancien et tavelé, couvert d’une calligraphie inconnue – une écriture ancienne, manifestement. Après quelques minutes d’observation à la loupe et de calculs précis, Ike qui pouvait s’enorgueillir d’être l’un des rares artistes occidentaux à porter le titre de Irezumi-Shi – acquiesça. Spécialiste du tatouage traditionnel japonais, une pratique intimement liée au folklore de la Yakuza (1), il avait souvent accompli des commandes semblables. Véritable code d’honneur, signe de pouvoir et de richesse, selon la coutume ancestrale le corps devait être uniformément couvert de motifs chamarrés et de symboles occultes censés préserver des mauvais esprits. Certes ici la graphie était différente, mais Ike était rompu à la retranscription.

— C’est faisable, il me faudra environ deux semaines.
— Vous avez deux jours – tout doit être terminé jeudi avant seize heures. Jeudi – le choix de cette date n’était sans doute pas anodin, se dit Ike, qui songea aussitôt qu’il ne pourrait pas participer aux élections présidentielles – de toute façon, les sondages étaient unanimes : le gars l’emporterait, même sans la précieuse voix d’Ike ; les États-Unis ne rateraient pas l’occasion d’élire pour la première fois de leur histoire un président noir…
Enfin, Ike aimait les paris extrêmes, ainsi que les liasses de billets et surtout, son client ne semblait pas apprécier qu’on le contredît. Bref, c’était Las Vegas, il fallait jouer…
— OK, mais il me faudra de l’aide. Laissez-moi un jour pour préparer mon équipe et revenez mercredi matin à six heures ; nous terminerons à temps.
L’homme sortit sans un mot et Ike s’empressa d’appeler trois de ses meilleurs collaborateurs. Il était effectivement indispensable de se familiariser à l’écriture et de préparer stencils et parcellisation du corps.
Lorsque l’individu reparut mercredi à six heures précises, les quatre tatoueurs étaient fin prêts et se mirent immédiatement à l’œuvre. Quoiqu’habitués aux requêtes extravagantes et aux excentriques en tous genres, ils étaient conscients de vivre une expérience peu ordinaire. Ils travaillèrent sans relâche, ne s’accordant que de courtes pauses pour avaler quelques sandwichs, tandis que leur « patient » resta prostré pendant les trente-cinq heures que dura l’opération.
Ce qui n’empêcha pas ce dernier, dès son tatouage achevé, de sauter lestement à bas du lit, sans manifester le moindre signe de faiblesse ou de douleur. Son corps et son visage saignaient, sa peau n’était plus qu’une immense plaie laissant apparaître çà et là un entrelacs de lettres noires. Il s’observa longuement dans le miroir qui occupait un mur entier du studio, mais Ike ne put discerner chez lui aucune expression de satisfaction ou autre sentiment. Renonçant, il se contenta de désigner le canapé :
— Hé mec, tu pisses le sang comme un cochon, tu ne voudrais pas te reposer un peu, le temps que ça coagule ?
L’homme le fustigea du regard. Il n’avait pas apprécié la comparaison, ou le conseil, ou les deux, manifestement.
— OK, cool. C’est comme tu veux, mec, c’est toi qui décides… lui lança-t-il avant de rejoindre ses confrères, installés dans le coin-bar du studio.
Bières et cigarettes à la main, ils assistèrent alors à un spectacle surprenant.
L’homme se tourna vers son havresac d’où il tira une combinaison gris argent, d’inspiration plutôt futuriste, bardée de poches, de sangles et de tuyaux. Il l’enfila prestement à même sa peau sanguinolente avant de retourner à sa sacoche et d’en sortir un pistolet automatique équipé d’un silencieux. Sans qu’ils aient eu la moindre chance de comprendre ce qui leur arrivait, il logea à chacun d’eux une balle dans la tête et quitta les lieux sans un regard en arrière.
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