Eden.
256 pages
Français
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Description

Vint le dernier soir. " Voilà, mes enfants, je m'en vais. Je vous recommande de bien vous occuper d'Eden, dès ce matin car son réveil sera pénible. Par la suite, restez en contact avec lui autant que vous le pourrez, en sachant bien que sa mère ne vous facilitera pas la tâche .Peut-être pourrez-vous lui apporter ce que je n'ai pas pu lui donner. Je vous aime tous ,Le chauffeur de taxi me tendit une lettre. Tous, à leur manière, me disaient: " Papa, on t’aime et ce que tu fais, nous l'approuvons. " Des larmes me brouillaient la vue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 1998
Nombre de lectures 48
EAN13 9782296353671
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

EDEN
L'extrême tu éviterasDU MÊME AUTEUR
Essais
- STRATÈGE DE GROUPE.
Les Éditions Chotard - 1990.
- ÉCOUTER, HARMONISER, DIRIGER.
Les Presses du Management - 1992.
Roman
-BADAWI
L'Harmattan - 1994.
@ L'Harmattan, 1998
ISBN: 2-7384-6092-5Mohed ALTRAD
ÉDEN
L'extrême tu éviteras
Roman
Éditions L'Harmattan L'Harmattan Inc.
5-7, rue de l'École-Polytechnique 55, rue Saint-Jacques
75005 Paris Montréal (Qc) - CANADA H2Y IK9à Djena.J'en arrive à croire aujourd'hui de
temps en temps que l'amour ne
peut rien être d'autre qu'un droit
volontairement donné à l'objet que
l'on aime à nous tyraniser.
Dostoïevski
Carnets du sous-sol1
Après une semaine harassante, cette matinée du 19 mai
s'annonçait semblable aux autres. Les problèmes n'avaient pas
manqué dans les entreprises de mon groupe: on avait connu les
classiques arbitrages mais surtout, ces tensions entre certains de
mes directeurs qui m'affectent toujours davantage que les
problèmes purement professionnels. Pour m'éloigner de ces
soucis, je décidai, comme souvent le samedi, d'aller échanger
quelques balles à Neuilly.
Après la grisaille des jours écoulés, le ciel lumineux de mai
porteur d'heureux présages constituait déjà un réconfort. La ville
elle-l11~lTIe selTIlJlaitI'~t~Ilir s()nusguff1e, 4aIl~1'a.!!~l1t~ cleqll~lque
prodige. Dans l'après-midi, je devais retrouver mes deux enfants.
Comme toujours ce serait un moment de tranquille bonheur, d'où
malheureusement serait absente la complicité entre leurs parents,
puisque j'étais séparé de leur mère.
J'arrivai sur le court les jambes lourdes et m'assis pour
observer les joueurs: eux aussi semblaient marqués par le stress
et échangeaient sans entrain des balles privées d'âme. Je restai
longtemps ainsi, puis finis par me lasser de cette nonchalance et
dénichai un partenaire. Nos échanges ne furent guère plusvigoureux que ceux des autres joueurs. Il faut dire que ce
matinlà, étrangement, la lumière des feuillages, la douceur de l'air
caressant et rafraîchissant nos visages, invitaient à une vie plus
sensée, plus profonde, au-delà de l'activité mécanique routinière.
Lassé par le jeu, je m'accoudai au bar et pris un thé. Des
joueurs passaient, certains me saluaient, mais personne ne
souhaitait aller au-delà d'un simple rapport de courtoisie. Je me
préparai donc sereinement au plaisir de voir mes enfants, Rémy
et Lydia.
Comme à l'accoutumée, ce fut merveilleux. Chaque enfant,
audelà de sa propre personne, est à mes yeux partie d'un tout, le
membre d'un grand corps constituant la famille. Pour une fois,
mes deux chenapans étaient tombés d'accord sur le film qu'ils
désiraient voir et nous partîmes rapidement à destination de la
salle obscure. J'aurais préféré discuter avec eux, mais certains
instants partagés ne valent-ils pas beaucoup mieux que de
longues phrases?
Après le film, je les raccompagnai chez leur mère et partis
rejoindre des amis qui m'avaient convié à dîner, dans un
restaurant près de l'Étoile.
Le soleil commençait à décliner quand je me garai place
SaintFerdinand. Je restai un moment immobile, à observer la statue
qui se trouve au centre de la place, une allégorie consacrée à
l'automobile, datant des années où cette dernière inspirait encore
les artistes. Il y avait dans cette statue d'homme tenant
fermement le volant sous les yeux extasiés d'une femme, une
puissance et une force de sentiments qui me bouleversaient.
C'est alors que du fond d'une des rues aboutissant à la place, je
vis surgir à contre-jour deux silhouettes, qui lentement
grandirent. Tandis que s'estompait le jour, on aurait dit qu'une
lumière émergeait d'elles, une sorte de halo qui les enveloppait,
s'élargissant au rythme de leur venue.
-12-Le soleil passa brusquement derrière un immeuble proche.
Avant de disparaître, il avait fait flamboyer la silhouette de mon
ami Yves et de la femme qui se tenait à ses côtés.
À elle seule, elle avait retenu et absorbé le reflet du couchant.
Sa stature fine, élancée, offrait une image presque irréelle de la
grâce. C'est tout juste si ses pas touchaient le trottoir. Sa
démarche était comme dansante, et quelque chose dans son
allure me fit penser à une figure de proue...
Je sentis ma gorge se serrer et, en même temps, une certaine
gêne m'envahir: l'inconnue était sans doute la nouvelle
compagne d'Yves et notre vieille amitié m'interdisait toute pensée
déloyale. Je suis peut-être "vieux jeu", mais pour moi, les
valeurs morales constituent toujours des exigences de conduite.
Je descendis de ma voiture et Yves me présenta la jeune femme.
Son prénom me surprit: Priscillia. Nos regards se croisèrent, nos
mains se touchèrent, avec cette politesse un peu gênée, quelque
peu distante, qui marque souvent les premiers instants d'une
rencontre entre un homme et une femme. J'eus le temps de
remarquer ses yeux d'un bleu soutenu, ses cheveux noirs, l'ovale
presque parfait de son visage, son sourire aussi, difficile à
définir. Il semblait exprimer autre chose que la simple politesse.
Yves nous entraîna vers le restaurant marocain où il avait
réservé une table.
Nos amis Vanessa et Alain nous attendaient à l'intérieur, en
compagnie d'une jeune fille blonde, fort timide, que mon
ca.Il1é1.fa.de.Il1~PI~S~l1tauç()I11Il1e 1111ea.l.ltr~1ll'l1i<::AJlli._ ~l1egrit
place à ma gauche et rapidement, à sa curieuse façon de paraître
tout attendre de moi, de guetter la moindre de mes paroles, j'en
conclus qu'il l'avait fait venir pour qu'une aventure se noue entre
nous, certaines complicités d'étudiants se prolongent parfois la
vie durant. En fait, je crois me souvenir que pendant tout le
repas, la jeune fille blonde se contenta d'acquiescer poliment aux
propos de chacun sans avancer la moindre idée personnelle. Il
est vrai que je manquais à mes devoirs les plus élémentaires en
ne m'occupant absolument pas d'elle, la malheureuse...
-13-Yves se trouvait à ma droite. Je faisais face à Priscillia. Bien
des pensées se bousculaient dans ma tête, tandis que défilaient
les mets succulents et résonnait la musique excellente. En vérité,
tout cet environnement ne constituait pour moi qu'un vague
décor sans consistance réelle. Rien ne parvenait à me distraire de
ce visage fin, pâle, qui me faisait battre le cœur. Quand Priscillia
tendait son verre, j'observais ses mains. Quand elle souriait,
j'admirais la perfection de ses dents. Quand elle parlait... eh bien
quand elle parlait, je ne parvenais pas à lui donner la réplique,
me contentant d'acquiescer ou de me livrer à quelques banales
observations. J'étais comme paralysé. Ma vieille timidité avait
resurgI.
Dans le domaine des affaires, j'ai la réputation d'un "battant".
En public, sans réel désir de vouloir briller à toutes forces, je
sais fort honorablement tenir ma partition. En revanche, dès
qu'interviennent les sentiments, qu'il s'agisse de simple affection
ou d'amour, mes propos perdent de leur force et sont alors
comme assourdis par ce qui apparente, j'imagine, à une trop
grande pudeur.
Je remarquai soudain qu'Yves ne portait pas plus d'attention à
Priscillia qu'aux autres convives et me sentis alors beaucoup
plus léger, et même délivré: comme il était homme à afficher
ses droits sur ses conquêtes, voilà qui pouvait signifier que cette
jeune femme n'était pas réellement sa compagne ou du moins
pas encore. Mais à la pensée que peut-être, dans les jours qui
suivaient, elle pourrait succomber à ses charmes, je ressentis
aussitôt un petit pincement de déplaisir. Bref j'étais déjà jaloux
alors que je ne la connaissais même pas!
Sans se douter qu'elle soulevait en moi de telles tempêtes,
Priscillia parlait d'une voix mesurée, sans exagérer ni les
opinions qu'elle formulait ni le ton de ses propos. La
conversation roulait sur des questions générales qui avaient le
mérite de n'engager personne et donc, d'éviter toute
confrontation. Le dîner touchait à sa fin. Yves et Priscillia
étaient venus à pied, la voiture

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