Éloge du paladin
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Éloge du paladin , livre ebook

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Description

Livre de haute exigence donnant à lire une passion poétique, et aussi une passion de l’humain. Raymond Chassagne est debout derrière chacun de ses vers pour que la poésie et le poète résistent à l’air du temps.
Selon le poète Chassagne, « ce sont les poètes qui prennent la place des troubadours et des trouvères d’autrefois. Ce sont eux qui fondent les valeurs du paladin, malgré l’extrême industrialisation des choses et des sentiments. Tel est le message qui domine ma poésie. »
Le recueil Éloge du paladin est éloge aux poètes et à la poésie. Célébration de la parole, adossée à un projet humaniste auquel s’associe nécessairement la poésie, qui n’est pas souvent à l’honneur selon le mot de Saint-John Perse.
Il est un devoir, selon Chassagne, de célébrer la poésie afin d’éviter le « graduel épuisement de l’espoir ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 juin 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782897120399
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ÉLOGE DU PALADIN
Mise en page : Virginie Turcotte Maquette de couverture : Étienne Bienvenu Dépôt légal : 3 e trimestre 2012 © Éditions Mémoire d’encrier

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Chassagne, Raymond,
Éloge du paladin
(Poésie ; 39)
ISBN 978-2-89712-039-9
I. Titre.
PS8555.H434E46 2012 C841’.54 C2012-941674-6
PS9555.H434E46 2012

Nous reconnaissons, pour nos activités d'édition, l'aide financière du gouvernement du Canada par l'entremise du Conseil des Arts du Canada et du Fonds du livre du Canada.

Nous reconnaissons également l’aide financière du Gouvernement du Québec par le Programme de créditd’impôt pour l’édition de livres, Gestion Sodec.

Mémoire d'encrier
1260, rue Bélanger, bureau 201
Montréal, Québec,
H2S 1H9
Tél. : (514) 989-1491
Téléc. : (514) 928-9217
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www.memoiredencrier.com

Version ePub réalisée par :
www.Amomis.com
Raymond Chassagne
ÉLOGE DU PALADIN
Du même auteur
Recueils de poésie
Carnet de bord , Montréal, Mémoire d’encrier, 2004.
Incantatoire (illustrations de Patrick Vilaire), Port-au-Prince, Éditions Regain, 1996.
Mots de passe , Sherbrooke, Naaman, 1976.

Essais
Petit manuel du citoyen / Yon ti liv pou tout sitwayen (bilingue), Port-au-Prince, Raymond Chassagne et Fonds des Droits Humains (Fon Dwa Moun), 1999.
Le gré de force (manifeste solitaire) , Port-au-Prince, Raymond Chassagne, 1998 ; Port-au-Prince, Éditions Reed, 1999.

Livres-disque
Incantatoire , poèmes dits par Anthony Phelps et Boris Chassagne, musique d’Oswald Durand, Montréal/Port-au-Prince, Productions Caliban, 2003.
Raymond Chassagne, dit par Anthony Phelps, disque 33 tours, poèmes tirés de Mots de passe , musique de transition de Claude Dauphin, Montréal, Éditions Naaman, 1976.
Avant-dire
« La poésie n’est pas souvent à l’honneur », rappelait Saint-John Perse en début de discours de réception du prix Nobel. Triste rappel !
Pourtant, de toutes les voies d’expression de l’aventure humaine – descriptives, dénonciatrices, scientifiques, ou simplement contemplatives –, la poésie, plaque sensible par excellence, a longtemps été convoyeuse première. Et que de combats perdus en vagues destins, que de langages pour le dire !
La récente modernité des années quarante a vu les poètes défendre l’humain jusque dans le forcené de la guerre (le poème « Liberté » de Paul Éluard galvanisant la Résistance française en Deuxième guerre mondiale), on a vu aussi trois poètes, philosophes de la Négritude, accueillir en un projet tout à fait humaniste aussi bien l’exploité blanc que l’exploité noir (Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor et Léon Gontran Damas, dans les salons de madame Paulette Nerdal, à Paris).
Aujourd’hui que l’équation sociale semble avoir changé pour le pire, en vain chercherions-nous dans la cité la voix des troubadours de jadis ou des paladins poètes, lesquels persistent à proposer des voies un peu moins industrialisées, plus claires, plus accessibles, plus humaines en tout cas, et grâce auxquelles l’homme pourrait enfin retrouver sa juste mesure.
Et de ce graduel épuisement de l’espoir, de cette débâcle votive, dites-nous, quelles armes souveraines survivront ?
Et, c’est assez, pour le poète, d’être la mauvaise conscience de son temps.
Saint-John Perse
L’envers du vrai
(Ode à la saltimbanque)

Venez voir, je ne sais plus qui tu es, qui vous êtes.
Votre nom ou ton nom ? Dalila, Minerve, lune, fée, fausse lucarne ? Tutoyer, vouvoyer ? Ah ! où furent vos airs de bacchante débordée de chaleurs laides, de serments délavés, promis à ferveurs amoureuses épousant leurs justes brassées du corps ? Viens vivre la parole moribonde et ce qu’elle dit :
« Ci-gisent serments, aube, guerre et tendresse, croyance,
impossible moisson qui mourut faute de pluie,
devenue ordalie de rédemptions acculées. »
... Tel ce long poème qui saigne

D’où viendra la survie de l’homme en chemin
cherchant croisée ?
Quel cri sortira de nos morts hors tombeaux,
révoltés, révulsés devant désastre déferlé
de hasard ?
De quoi rêver ?
De veilles d’exécution, massacres spontanés,
de cadavres en fossé, de dénis, d’orphelins
d’innocences pleurardes et pourtant légitimes
devant l’affaissement de nos joies ?
Hier, c’était cordées tombées
d’un Nordé poétique d’enfance
aujourd’hui cendrées éparses ;
hier, c’était faits de gloire, printemps de province
aujourd’hui dires désincarnés
paroles démises fuyant la lèvre
et vœux pour sirènes glissant un merveilleux
faiseur d’absences.
Car un présage a pris forme, voici deux siècles,
au gré de cliquetis semeurs de râles,
au gré de gorges ouvertes fêtant le sang
Une marée humaine chevauchant houles, crêtes et montagnes – marée à dents de mousquets, de viols en Pariade, d’entreponts négriers – a mis au monde un semblant de patrie aigre
multiforme, multi-haine
entre chant d’oiseau et coutelas
entre pensée vacante et indolente aisance
entre balancier et forme démise.

J’écoute choir ce mâchicoulis sur têtes rêveuses rêvant d’aube ; sur timides reproches, sur questions interpellant l’inaccompli, l’étire de la faim, et sur famines brûlant l’avidité de la lèvre,
toutes assises où logeaient autrefois le pain,
le Livre et la pensée,
seul triomphe de visions à naître
et pourtant lovées.

Voici fanaux qui s’éteignent,
davantage nos quinquets livrés au vent.
Voici que les mangroves ne disent plus l’ondoiement du poisson : trop de cadavres ramenés par marée haute, trop de bourrasques porteuses d’appels solitaires, depuis la perversion du lien entre fort et dimanche.
Quel dimanche, de Pâques ou d’arrêt
quand le départ n’a pas le temps du cri ?

D’où nous vient cette clameur de plasma d’égorgé ? Les musiques du monde échouent, notes et paroles, devant portes de prison ; et c’est dans les canaux fétides que l’homme traîne le pas vers l’incertain des chemins.

L’amour qui en nous s’entête trébuche
sur détresses quotidiennes sorties de doigts satrapes ;
nous voilà mordus de dents de transe
et de temps,
autant d’ecchymoses que d’étoiles ;
le ciel qui nous devait rêverie
n’est plus que caban d’histoire
et point d’orgue veuf de sa musique.

J’appelle subséquence cet étrange goulot
par quoi s’étrangle le plus bel espoir,
je m’arrête à ce funeste passage
où s’épuise le songe :
je dis chance et c’est refus
je dis ouvert et c’est faussé
promesse et c’est tombeau
frère et c’est bourreau
bras en croix et c’est croix de bois.

Entre valeurs, parcours, croisées,
haltes d’exil et de congères jadis,
sans fin je parenthèse,
rêve ou lucifère, hésite, avance, recule,
plonge, refais surface, semble renaître ;
je pieds-à-l’étrier, étrille mes joies phlegmons ;
je sans-sourcille, bravant faune politique,
combats, déplore, rejette,
regrette, saigne, me repens,
maudis et pourtant adore ;
je sans malice, mais dissimule rancoeurs,
me soustrais, me dérobe et pourtant m’offre même,
avec espoirs d’échafauds,
à toutes fleurs saltimbanques en plein déchets
de rue ;
essoufflé, je lis miroir
m’accepte, me refuse, m’assume,
virevolte, gémis, n’y crois pas tellement ;
y retourne, finis par y croire, regrette encor, me sens différent,
reste marqué, renais
puis souffre de douloureuse sagesse
acquise entre épreuve qui brûle
et spasme qui dément.

Plus mûr, plus mur de verre ou béton,
je flageole, tremble ma vie
me soûle de promesses, brèche,
m’écoute m’effraie me compte
courbe échine me redresse
égrène l&

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