En route pour la gloire
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Description

Récemment diplômé, Alexandre recherche un emploi.
Rêvant de vie parisienne et d’une situation professionnelle à la hauteur de ses études, il aborde cet exercice avec un optimisme déconcertant. Alexandre affiche ses objectifs, et ceux-ci sont sérieux.
Depuis sa campagne normande, Alexandre va prendre conscience de la difficulté de la tâche, face à un système intransigeant mais curieusement bipolaire.
Dans un monde en crise, il se trouve rapidement condamné à sous évaluer ses qualités pour entrer dans le monde du travail.
Toutefois, le jeune homme n’a pas dit son dernier mot…

Informations

Publié par
Date de parution 03 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782312065847
Langue Français

Extrait

En route pour la gloire
Vincent Darlème
En route pour la gloire
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2019
ISBN : 978-2-312-06584-7
Première partie
Un stage de fin d’étude aboutit souvent, quand on s’y prend bien, sur une offre d’emploi.
On me l’avait rappelé lors de mon entretien final chez Storm & Spray, entreprise leader de l’insecticide : « Ici on ne recrute pas en pensant que vous nous quitterez dans six mois. Vous faites partie de ce qu’on appelle les jeunes talents et nous souhaitons construire quelque chose avec vous. »
En tant qu’analyste marketing, je réalisais des études de consommation sur les produits destinés aux insectes volants. Je m’occupais uniquement de la gamme guêpes, mouches et moustiques. Les « volants », comme on les appelait, c’était le summum pour un stage chez Storm & Spray. Car les volants sont majoritairement perçus comme plus dangereux et moins répugnants que les rampants. Des insectes nobles, presque. Annoncer que l’on travaillait dans la division des volants était la meilleure manière d’attirer à soi un apriori positif. À l’inverse, ceux qui œuvraient pour les rampants évitaient de le mentionner directement dans la conversation.
J’adorais ce métier d’analyste et en l’espace de quelques mois j’étais devenu relativement compétent sur les tendances de marché, pour ne pas dire incollable. Quelles ventes pour les attrape-mouches au mois de Juin ? Dans quels magasins se vendaient le mieux les anti-moustiques ? Quelles innovations sur le marché des aérosols 600mL ? Aussi insolites que pouvaient être les questions, j’apportais clarté et précision dans mes réponses. J’étudiais les problématiques de A à Z et vérifiais à deux fois avant d’avancer quoi que ce soit. Je commençais à être estimé pour la qualité de mon travail. En quelques semaines j’avais obtenu confiance et légitimité auprès de toute l’équipe.
Cela me valut le droit d’élaborer des recommandations, de creuser des investigations sur les différents leviers de développement. Je réfléchissais à l’avenir de notre gamme, à ce que nous pouvions améliorer l’année suivante et l’année d’après encore. De simple stagiaire censé assurer du reporting de base j’étais devenu un maillon de la division marketing, statut impensable avant de commencer. J’eus même l’honneur de présenter au comité stratégique une analyse sur le potentiel des anti-guêpes en présaison. Pour tout cela je redoublais d’efforts. C’était pour mon bien, je progressais, je le sentais. Je ne comptais plus mon temps passé dans l’entreprise. Je dépassais allégrement les 35 heures dans l’optique d’achever mon travail dans les délais. Je restais plus longtemps au bureau que certains employés. J’avais tous les atouts pour rester à mon poste.
Trois semaines avant la fin, la responsable RH de Storm & Spray me convoqua à son bureau :
– Vous avez des qualités indéniables pour ce poste, m’avança-t-elle, malheureusement nous ne recrutons pas en ce moment.
Storm & Spray n’avait plus envie de « construire quelque chose » avec moi. Les plans de l’entreprise avaient changé.
– Nous allons utiliser les ressources de l’entreprise autrement m’avait –elle confié, au cas où je m’inquiétais.
Traduction : on s’était rendu compte qu’embaucher un nouveau stagiaire pour accomplir des tâches identiques n’était pas une si mauvaise idée.
J’aurais pu être touché par cette nouvelle ; je ne le fus pas. J’étais optimiste. On nous l’avait assez répété depuis la classe primaire : avec la génération du baby-boom qui part à la retraite, c’est mathématique, on n’aurait pas à s’inquiéter. D’une année sur l’autre, au collège, au lycée, à l’université, nos professeurs qui n’avaient jamais mis un pied dans le privé nous le resservaient ce discours. Je n’avais aucune raison de m’inquiéter.
Mon maître de stage, Thierry, un cadre taciturne de quarante-deux ans, décida une fois la nouvelle de mon départ répandue de ne plus s’occuper de moi. Il fut subitement pris par des réunions auxquelles je n’étais plus convié. Il était comme ça Thierry, un peu fumier. Du jour au lendemain je n’étais plus bon à servir des recommandations, à exprimer mon point de vue, à partager mes idées sur les améliorations des produits anti-guêpe. Il s’attela à me trouver un remplaçant afin de procéder à une « passation » dans les règles de l’art. Ce fut là son unique préoccupation. J’étais redevenu un jeune, immature et jetable. Je ne méritais plus de bonjour en arrivant le matin. Je n’avais été qu’une parenthèse de plus dans sa carrière de chef de marque. Des stagiaires, il en avait connu des dizaines, je complétais la série.
Peu importe. Ce qui comptait, c’était de me relever le plus vite possible de cette expérience. Thierry en réunion, aucune passation en vue, cela signifiait avoir du temps libre sans être surveillé. Du temps libre à convertir… J’en profitais dès lors pour initier ma recherche d’emploi depuis mon poste de travail. Je n’allais pas me gêner. Avec un accès Internet non bridé je pouvais postuler à plusieurs offres d’emplois par jour. Je prenais le temps de peaufiner mon CV . Tout ce qui était susceptible d’accroître la curiosité du recruteur avait été rajouté. J’avais mis en gras les termes les plus prisés dans mon secteur d’activité, un chef d’œuvre. Si je m’écoutais à ce moment-là, en l’espace de quelques semaines j’étais embauché. Tout serait vite bouclé.
J’étais confiant. Confiant dans le marché, confiant en mon diplôme, confiant dans le monde.
On s’était fixé plusieurs objectifs avec Juliette.
Tout d’abord si je voulais la rejoindre, il fallait trouver à Paris. Elle habitait Paris, comme toute Parisienne. Paris intramuros. Naturellement, il était plus simple qu’autre chose pour elle de me voir habiter Paris. Hors de question de quitter la capitale… ! Paris me plaisait pour le weekend, mais y travailler, je n’y avais jamais songé. Pourquoi pas je me disais… pourquoi pas… Je focalisais mes recherches sur Paris et sa banlieue.
Le salaire devait être justifié pour un bac et cinq ans d’études. Il serait également suffisant pour vivre dans la capitale. Mon université se trouvant des complexes d’école de commerce nous avait prescrit les fourchettes de salaires en vigueur dans le monde du travail. Sur la brochure en papier glacé on retrouve toutes les statistiques par filière. Avant de spéculer sur ce que j’allais gagner, je regardais surtout ce que j’allais avoir à dépenser. Pour un Bac +5 non assisté par des parents riches et généreux, il convient de retirer des contraintes comme celles d’un prêt étudiant (500 € par mois) et celle d’un loyer. Grosso modo, on atteint 1000 € de dépenses par mois, en supposant (petit miracle) qu’on arrive à louer pour moins de 500 € à Paris . 1000 € net, on est d’accord. J’estimais ainsi qu’avec quelque chose comme deux mille euros par mois net, je devrais en avoir assez pour vivre à Paris et tenir le rang de mon université.
Notre doyen, un sexagénaire tout à fait respectable l’avait dit lors de la remise de diplômes :
– Le salaire sera une passionnante affaire à négocier.
On en avait les yeux qui brillaient…
Enfin j’étais à la recherche d’un métier, pas d’un job. Un véritable emploi qui me permettrait de vivre en toute décence. Ma vie étudiante officiellement enterrée, les jobs de subsistance pour payer les petites factures étaient de l’histoire ancienne, j’allais goûter à la liberté. Pour la première fois je ressentais l’intérêt des sacrifices effectués au fil de mes années d’études. Je n’avais pas étudié par hasard. Sans parler du besoin soudain de convertir cet investissement en quelque chose de concret. J’allais pouvoir avancer.
***
Premier email. Premier coup de téléphone.
– Je suis encore en stage, Madame, mais je suis disponible !
J’avais décroché du bureau…
– Très bien, Monsieur, nous vous enverrons l’offre par email. Il s’agit d’un poste de business developper. Nous avons trouvé votre CV sur la Halle du CV , et celui-ci

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