Eridani

Lydie Blaizot

Description

Le chef des vampires de Chicago a décidé de faire appel à Eridani, sorcière de son état, pour le débarrasser d'Abernaker. Pour la convaincre du bien-fondé de sa requête, il n'hésite pas à mentir, arguant que son aïeul projette d'attaquer les sorciers. Eridani se met donc en chasse mais va vite découvrir que, malgré la puissance de sa magie, le vieux vampire s'avère un adversaire hors de sa portée. La situation se complique davantage pour elle lorsque son employeur lui joue un mauvais tour.

Sujets

• Littérature
• Vampire
• Fiction
• Nouvelles
• Gangster
• Roman policier

Informations

• Publié par: Editions du Petit Caveau
• Date de parution: 13 mars 2015
• Nombre de lectures: 6
• EAN13: 9782373420036
• Langue: Français

Extrait

— LadainianAbernakerEridani Lydie Blaizot

É é ditions du Petit Caveau - Collection Sang%Num rique

Avertissement

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When that ev'nin? sun goes down, Yeah, you'll find me hangin? around Because the night life, It ain't no good life but it's my life Yeah, yeah, yeah listen to the blues, Listen to what they're sayin? Oh, please listen to the blues,

Listen to the blues they're playin?

B.B. King Night life

Eridani

é Chicago, 18 d cembre 2009

Eridani lâchait un juron à chaque pas. Les mains calées au fond des poches de son jean, le nez au ras de son écharpe, elle levait bien haut les genoux sans s'émerveiller le moins du monde du bruit produit par ses Dr. Martens à chaque fois qu'elle transperçait l'épais manteau neigeux. Les rires des enfants qui descendaient Franklin Street sur leurs luges lancées à pleine vitesse n'amélioraient en rien son humeur. Elle aurait donné n'importe quoi pour profiter à nouveau du soleil californien. Heureusement, elle n’eut aucun mal à trouver le bâtiment qu’elle cherchait : l’enseigne jaune canari, la Statue de la Liberté et l’Empire State Building en carton-pâte ne passaient pas inaperçus. Sans s’attarder sur cette décoration plus que douteuse, elle se précipita vers les promesses de chaleur qui lui tendaient les bras. La jeune fille poussa la porte duN.Y Wayet s'immobilisa sur le seuil pour se secouer. Elle sautilla un peu sur place et laissa son regard traîner dans le restaurant. Aucun client. Juste deux types plutôt baraqués, installés au bar, qui l'observaient avec une expression étrange. Un savoureux mélange de peur et d'envie. Eridani les ignora et se dirigea vers le fond de la salle. Attablé seul, les mains croisées devant lui, Cayden Monrow l'attendait. Elle s'avança d'un pas tranquille, le temps de repérer les différentes opportunités de fuite. Le chef des vampires de Chicago contempla sa visiteuse avec une grimace de dédain. La môme ne devait pas avoir vingt ans et ressemblait trop à une camée en manque pour paraître sérieuse. Longiligne, le visage taillé à coups de serpe, elle arborait une peau diaphane outrageusement relevée d'un maquillage noir du plus mauvais goût, assorti à sa chevelure plus désordonnée qu'un champ de bataille. Un piercing dans l'arcade sourcilière gauche, un jean usé et une veste de cuir à l'effigie d'un obscur groupe de rock complétaient ce triste tableau. Elle tremblait des pieds à la tête et le Duc craignit de la voir s'effondrer d’un instant à l’autre sur son linoléum immaculé. — Tu devrais peut-être prendre un truc, suggéra-t-il d'une voix dure. — Je ne suis pas une camée, pauvre cloche, répliqua Eridani sur le même ton. J'ai froid, c'est tout. Cayden fit un effort pour ignorer l’insolence de la gamine. Il avait trop besoin d’elle. Il se contenta d’un sourire carnassier. — Et une tenue plus chaude ? se moqua-t-il. — Fallait pas me faire venir de L.A en urgence si tu voulais que je commence par faire les boutiques, siffla-t-elle. Eridani paraissait sur le point de vouloir faire demi-tour, le Duc décida donc de changer de ton. — On se calme. Allez, un vin chaud te remettra les idées en place. » Il fit un geste de la main et l'un de ses hommes apporta un mug fumant dans la seconde. « Assieds-toi. Eridani obtempéra et porta aussitôt ses mains en coupe autour du mug. Elle soupira d'aise, les yeux mi-clos, et en profita pour étudier son voisin. Il symbolisait parfaitement le vampire bellâtre, bien fait de sa personne et sûr de plaire, qui attirait tant le sexe opposé. Grand, costaud, les muscles finement

ciselés, mis en valeur par une tenue près du corps et une chemise ouverte sur une poitrine attirante ; de longs cheveux noirs ondulés, des yeux bleus dignes d'un racoleur des plages... Tout y était. La panoplie complète. L'argent ne paraissait pas lui manquer non plus, quant à l'intelligence, rien n'était moins sûr. Eridani sourit à cette pensée. — Un voyage tous frais payés en première classe, ça n'a rien d'habituel, releva-t-elle avec malice. — Qu'est-ce que Lance t'a dit, au juste ? — Pas grand-chose. Vous avez un problème avec un vampire, apparemment. — Exact. Je veux que tu le butes. — C'est tout ? » Elle étudia le visage placide du Duc. « Il y a forcément un truc. Toi et tes copains, vous pourriez très bien vous charger d'un cas de ce genre. Alors, où est l'arnaque ? — La personne en question est plus vieille que tous mes hommes réunis, moi y compris. — Oh... Eridani plongea dans la contemplation de son vin chaud, les mains toujours crispées autour du récipient. Elle devait se rendre à l'évidence : si Cayden ne tenait pas à affronter cet adversaire lui-même, elle risquait de se casser les dents dessus, elle aussi. Ce combat la mènerait tout droit à sa perte, elle pouvait parier là-dessus. Cette analyse limpide de la situation se heurtait à un écueil de taille : le choix ne lui appartenait pas vraiment. Comme toutes les sorcières, elle obéissait à un organe dirigeant, composé de trois personnes, qui régissait sa vie avec la délicatesse d'un dictateur à l'esprit aussi étriqué que le chas d'une aiguille. Néanmoins, dans l'organigramme de leur organisation, juste sous cet ensemble rigide, venaient des personnes qui, en règle générale, s'avéraient moins obtuses et plus souples dans leur jugement. Chacune avait sous sa responsabilité directe une sorcière. Ces dernières les surnommaient affectueusement lesPoteaux. Le sien s'appelait Lance. Un garçon lunatique, plutôt discret, qui détestait par-dessus tout les anicroches dans son quotidien bien huilé. Si Eridani doutait, ou voulait une instruction supplémentaire, c'était à lui qu'elle devait s'adresser. Des doutes, justement, se bousculaient dans son esprit. Les motivations de Cayden lui semblaient obscures et elle préféra pousser son interrogatoire plus avant. — Pourquoi faire appel à nous en particulier ? demanda-t-elle sans cacher son scepticisme. — L'homme en question a une dent contre vous, et je sais qu'il se prépare à une petite razzia dans vos rangs. L'aplomb de cette affirmation laissa la sorcière sans voix durant un moment. Personne ne pouvait être assez fou pour s'en prendre ainsi aux sorciers. Impensable, songea-t-elle. Et...