Eros Automaton
125 pages
Français

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Description

Quand le Palais des Expositions de Parisore accueille le Salon Galien d’Automatie, c’est toute la capitale qui vit à l’heure des automates, quitte à chambouler quelques destins au passage. Un attentat en plein concours de modélisation met l’inspecteur Balthazar Bouquet sur la piste d’une mystérieuse organisation pro-humaine alors même que sa sœur Adélaïde devient une célébrité dans le monde de l’automatie. Quant à Agathe Lepique, couturière timide et amie de toujours des Bouquet, elle voit sa vie transformée lorsqu’elle est embauchée dans l'atelier d'Edgar Weyland, un ingénieur de génie aussi énigmatique que séduisant. Son projet: créer la femme parfaite pour jouer le premier rôle dans un opéra romantique... Des salles de bal étincelantes aux bas-fonds de la ville, Balthazar et Agathe vont découvrir à leurs dépens que l’amour, la vengeance et la haine ne sont pas réservés qu’aux êtres de chair et de sang.

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Publié par
Nombre de lectures 24
EAN13 9782375680056
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Clémence Godefroy

Eros Automaton

Editions du Chat Noir
À toutes les femmes qui ont ouvert la voie en prenant la plume, et à toutes les filles qui la prendront dans le futur.
I.

« Mademoiselle, je regrette, mais les coulisses sont strictement réservées aux membres de l’Institut. »
Agathe serra son paquet contre sa poitrine et se hissa sur la pointe des pieds pour tenter de voir par-dessus l’épaule du vigile, mais n’aperçut qu’un lourd rideau rouge qui masquait entièrement la scène principale du Palais des Expositions. Elle se mordit la lèvre, confondue. Adélaïde lui avait pourtant dit qu’il n’y aurait pas de problèmes pour entrer, et en aucun cas ne pouvait-elle être en retard. Du résultat du concours d’aujourd’hui dépendait leur futur à toutes les deux.
« Je vous assure, Monsieur, insista-t-elle pour la troisième fois, je travaille avec l’une des exposantes.
Avez-vous votre carte de l’Institut Supérieur d’Automatie ?
Pas exactement, mais…
Les consignes sont claires : seuls les détenteurs d’une carte sont autorisés à entrer, hors dérogation écrite. Vous n’avez donc rien à faire ici. Ne m’obligez pas à vous escorter dehors, Mademoiselle. »
Agathe rougit jusqu’à la racine de ses cheveux sombres. Des visiteurs curieux commençaient à s’attarder autour d’eux. N’y avait-il donc pas de choses plus intéressantes à voir au Salon Galien des Arts Automatiques que ses malheureux déboires avec les autorités ?
L’agent ne bougeait pas d’un pouce. Il n’y avait rien d’autre à faire que de s’éloigner et d’essayer de trouver un autre moyen de rejoindre Adélaïde. Cependant, alors qu’elle s’apprêtait à faire demi-tour, une main se posa sur l’épaule de l’homme.
« Allons, mon vieux, quel est le problème ? Manqueriez-vous de galanterie à l’égard de Mademoiselle Lepique ? »
Des boucles noires en bataille, des yeux rieurs, un sourire espiègle : Blaise Orloff n’avait guère changé depuis la dernière fois qu’Agathe l’avait vu, plus d’un an auparavant. Si elle n’était pas particulièrement surprise de le voir au Salon, elle ne s’était sûrement pas attendue à ce qu’il lui vienne en aide, ni qu’il se souvienne de son nom d’ailleurs.
« Je connais cette jeune femme, dit-il. Elle est l’assistante de l’une des finalistes du concours de modélisation appliquée, auquel je participe également, et je pense que les organisateurs seraient fort contrariés de devoir retarder l’événement pour une simple question de paperasse.
J’ai eu des ordres très stricts, Monsieur, et…
Personne ne pourra dire que vous ne faites pas bien votre travail, mais pensez-vous franchement que cette demoiselle est une terroriste ?
Là n’est pas la question, je...
Je m’engage sur mon honneur à ce que sa présence ne cause aucun problème. Vous n’allez tout de même pas mettre ma parole en doute ? » Il contourna l’agent et offrit son bras à Agathe. « Allons, Mademoiselle Lepique, je vais vous accompagner jusqu’aux coulisses. »
Agathe lui sourit timidement et se laissa guider vers le rideau sous les grommellements offusqués de l’homme.
« Je vous remercie, dit-elle à Blaise d’une petite voix, je ne sais pas comment je m’en serais sortie, si vous n’étiez pas venu à mon secours. »
Il la regarda avec surprise. « Tu n’as pas besoin de me vouvoyer, Agathe. Nous nous connaissons depuis longtemps, n’est-ce pas ?
Enfin, vous… je veux dire, tu connais surtout Adélaïde. À vrai dire, je suis étonnée que tu te rappelles de moi.
Comment pourrais-je oublier ? Tu as toujours été là avec elle, aux bals, aux courses… et tous les ans au Salon. Vous êtes comme deux sœurs jumelles, jamais l’une sans l’autre. »
Une comparaison plutôt flatteuse, songea Agathe, mais qui était loin de refléter la vérité. Lorsqu’ils entrèrent dans la coulisse grouillante de monde et de bruit, ils virent tout de suite Adélaïde qui s’affairait auprès de Béatrice II, ses longs cheveux fauves hâtivement noués en un chignon lâche et sa mine renfrognée par la concentration. Les hommes aux alentours, bien qu’occupés aux derniers réglages de leurs automates avant la compétition, ne cessaient de lui jeter des regards plus ou moins insistants, espérant sans doute obtenir un sourire de cette belle plante élancée, aux yeux vert d’eau. Mais leur attention glissait sans s’arrêter sur Agathe, petite et brune, avec son visage rond et pâle. Non, en effet, elles n’auraient pas pu être plus différentes toutes les deux.
« Eh bien, je pense que tu n’as plus besoin de moi, dit Blaise en lâchant son bras. Je vais aller préparer mon automate.
Ne veux-tu pas saluer Adélaïde ? Cela lui fera sûrement plaisir.
Tu es gentille, Agathe, mais je pense qu’elle serait loin de se réjouir de ma présence, dit-il avec un air narquois. Bonne chance à toutes les deux. »
À ce moment-là, Adélaïde les aperçut et se leva brusquement. Blaise porta deux doigts au bord de son chapeau pour saluer Agathe et s’éloigna aussitôt vers l’autre bout de la coulisse.
« Te voilà enfin ! dit-elle à Agathe en lui faisant une bise distraite. Je commençais à être franchement inquiète !
J’ai bien failli ne pas pouvoir entrer, la faute à un garde un peu trop pointilleux, mais heureusement, Blaise Orloff est intervenu. »
Adélaïde fronça légèrement le nez et tourna la tête vers l’endroit où Blaise s’était dirigé.
« Il me semblait bien avoir lu son nom sur la liste des finalistes… Mais cet acte de galanterie ne lui ressemble pas.
N’es-tu pas trop dure avec lui ? Il me paraît être tout à fait courtois.
Ce n’est qu’un leurre. Je te l’ai déjà dit, c’est un goujat de premier ordre. Tout le monde à l’Institut était au courant de ses conquêtes et pour cause, il ne manquait pas de s’en vanter à la moindre occasion. Si j’étais toi, je ferais attention.
Moi ? » s’étrangla Agathe.
L’idée que quelqu’un comme Blaise Orloff puisse lui porter le moindre intérêt était aussi absurde que terrifiante.
« Je t’assure, il n’y avait là aucune arrière-pensée de sa part. Et puis, vous n’êtes plus des étudiants désormais, peut-être a-t-il changé ? Enfin, ce n’est pas le moment de parler de ça. Tiens, j’y ai passé toute la nuit mais elle est enfin prête. »
Elle prit le paquet qu’elle tenait toujours contre sa poitrine et le tendit à Adélaïde.
« Formidable, tu as eu le temps de finir ! s’exclama son amie. Je ne sais pas comment te remercier. Béa II ne serait pas complète sans la pièce maîtresse de son costume. »
Adélaïde posa le paquet sur une petite table basse, enleva soigneusement le couvercle et poussa un soupir émerveillé.
« C’est splendide, Agathe. Vraiment, je pense que tu n’as jamais rien fait d’aussi beau. »
Elle souleva avec précaution la capeline noire qu’Agathe avait réalisée au crochet et passa sa paume sous le maillage fluide et délicat qui laissa entrevoir par endroits fleurs et arabesques.
« Tu sais ce qui se passera si nous obtenons une médaille. Le classement sera dans tous les journaux de Parisore et tu pourras intégrer un atelier un peu plus digne de tes talents que celui de Madame Suchaux. Quant à moi, je pourrai enfin soumettre mes propres modèles chez Larchet et je n’aurai plus à repiquer les cheveux sur des crânes, toute la journée.
Dieu t’entende. Je suis certaine que tu vas gagner.
Viens, il est temps d’enfiler ça à Béa II. La présentation commence dans dix minutes. »
Agathe suivit Adélaïde au côté de l’automate qu’elle avait modélisé seule pendant de longs mois pour le concours. Sur le visage de Béatrice II, Agathe retrouvait certains traits d’un modèle plus ancien, la première Béatrice, sur lequel Adélaïde avait travaillé lorsqu’elle étudiait à l’Institut. Elle avait également les mêmes yeux vairons réglementaires chez tous les automates Larchet, l’un bleu clair et l’autre bleu nuit. Cependant, malgré les quelques fantaisies qu’Adélaïde s’était permises pour montrer l’étendue de son talent, comme donner à son automate des cheveux d’une jolie couleur violette, ce mod

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