Essais et documentaires des Africaines francophones
204 pages
Français

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Essais et documentaires des Africaines francophones , livre ebook

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Description

Il y a presque un demi-siècle, les Africaines entraient dans la littérature afin de prendre publiquement la parole. Aujourd'hui, membres de l'intelligentsia et citoyennes à part entière de leur continent, elles se sont approprié l'essai et le film documentaire. Dans cet ouvrage novateur, les auteures nous font découvrir le dynamisme de la pensée des essayistes et l'acuité du regard des documentaristes africaines qui se portent, par la parole et l'image, en témoins éclairés de l'Afrique des Indépendances.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2015
Nombre de lectures 28
EAN13 9782336382296
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Écrire l’Afrique

Écrire l’Afrique Collection dirigée par Denis Pryen
Romans, récits, témoignages littéraires et sociologiques, cette collection reflète les multiples aspects du quotidien des Africains.
Dernières parutions
Jean-Pierre EYANGA EKUMELOKO, Enfin éclos d’un vase clos , 2015.
Jules ERNOUX, La Précarité quotidienne en Afrique de l’Ouest. Culture et développement , 2015.
Éric BOUVERESSE, Celui qui voulait être roi. L’Afrique, terre des esprits , 2015.
Joseph Marie NOMO, L’envers de l’argent, 2015.
Françoise UGOCHUKWU, Bribes d’une vie nigériane. Mémoires d’une transformation identitaire , 2015.
Athanase RWAMO, La rue, refuge et calvaire , 2015.
Judicaël-Ulrich BOUKANGA SERPENDE, Et si brillait le soleil…, 2015.
Abdoulaye MAMANI, À l’ombre du manguier en pleurs, suivi de Une faim sans fin , 2014.
Baba HAMA, Les amants de Lerbou , 2014.
Parfait DE THOM ILBOUDO, L’Amante religieuse , 2014. Mamady
KOULIBALY, Le miraculé des bords du fleuve Mano : Souga , 2014.
Jean-Célestin EDJANGUÉ, La République des sans-souci , 2014.
Casimir Alain NDHONG MBA, Au dire de mes aïeux. Une facette du passé des Fang du Gabon, 2014.
Darouiche CHAM et Jean EYOUM, Mon continent À Fric, Un essai à deux voix sur l’attractivité du continent Africain et de sa jeunesse , 2014.
Marie-Françoise MOULADY-IBOVI, Étonnant ! Kokamwa !, 2014.
Réjean CÔTÉ, Un sorcier africain à Saint-Pie-de-Guire , 2014.
Mamadou DIOP, Rahma, l’école d’une vie , 2014.
Titre
Irène ASSIBA d’ALMEIDA et Sonia LEE






Essais et documentaires des Africaines francophones

Un autre regard sur l’Afrique
Copyright


















© L’Harmattan, 2015
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-343-05967-9
Dédicace

à mes petits-enfants
à Senami
AVANT-PROPOS
Aujourd’hui, les femmes africaines ne se limitent plus à la fiction ou à la poésie mais s’intéressent de plus en plus à l’essai et à son dernier avatar : le documentaire. Intriguées par les rapports étroits qui existent entre l’essai et le documentaire, il nous semble que ces deux genres appartiennent à une même dynamique artistique qui échappe ou défie la classification habituelle. L’essai et le documentaire ne se prêtent pas à une définition traditionnelle précise, mais, comme nous le verrons partagent, en plus de l’évidente responsabilité envers le référent, un certain nombre de traits communs qui les distinguent de ce qu’on appelle communément la fiction. Nous avons décidé d’analyser cette expression artistique dans sa dualité.
Devant l’ampleur du sujet, nous avons choisi de nous limiter aux essais et documentaires portant sur certaines questions sociales et politiques soulignant ainsi la prise de position citoyenne des femmes africaines aux débats du moment. Notre étude qui se veut un diptyque éclairera à la fois par le verbe et par l’image ces problèmes de société qui préoccupent les intellectuelles de l’Afrique des Indépendances.
Il convient de préciser que notre champ d’exploration sera restreint à certains pays africains. Cependant un choix judicieux de la production des femmes, dans le domaine de l’essai et du documentaire, laisse apparaître que des femmes de tous pays, du sénégal au Cameroun, choisissent désormais, et cela non sans risques, d’exposer, de réfuter ou de contester, soit par le mot soit par l’image, les abus et les dérives des pouvoirs en place.
Écrite à quatre mains, notre étude Essais et documentaires des Africaines francophones : un autre regard sur l’Afrique, se propose d’analyser ces nouvelles formes d’intervention des femmes dans les sphères politique et sociale. De plus, il nous paraît important de rendre compte de la diversité qui caractérise l’essor et la floraison de l’essai et du documentaire chez les Africaines francophones. Ainsi, même si certains chapitres ont été écrits individuellement, le résultat final est le fruit d’une longue collaboration, l’aboutissement de nombreuses discussions concernant les concepts et les analyses.
INTRODUCTION
L’essai
« La parole est moitié à celui qui parle, moitié à celui qui l’écoute. »
Montaigne (III, 13, 1694)
« L’essai est un genre civique : il a pour but la mise en activité du destinataire. »
Pierre Glaudes et Jean-François Louette.
Ce qui nous attire dans l’essai, c’est sa nature protéiforme et paradoxale 1 . Échappant à toute définition, il est néanmoins responsable de son contenu. Même si des critiques littéraires tels que Théodore Adorno, Georg Lukàcs, Gérard Genette et Roland Barthes ne peuvent se mettre d’accord sur les composantes de l’essai, ils reconnaissent tous la nature changeante et fluide de sa forme, ainsi que la paternité de Montaigne dont les Essais sont à la genèse de ce genre littéraire. Dans sa remarquable étude, The Essayistic Spirit 2 , Claire de obaldia soutient que les Essais de Montaigne, bien qu’uniques et sans héritiers, ont cependant réussi à donner naissance à un genre anarchique qui a marqué à jamais la littérature française et mondiale.
À l’instar de Dudley Marchi, nous réfutons l’idée selon laquelle Montaigne serait resté sans héritiers 3 . Il nous semble au contraire que l’influence des Essais pourrait être retracée dans plusieurs essais écrits en Afrique francophone. Il est peut-être vrai qu’en inventant un genre « anarchique », Montaigne n’a laissé aucune précision quant à la forme de l’essai. Par contre en décrivant l’esprit de son ouvrage, il a donné des indications précises sur sa démarche, indications tenant lieu de véritables directives dont on pourrait se servir aujourd’hui pour qualifier d’essais toute une diversité de textes contemporains qui pourtant n’en portent pas le nom. En déclarant « Je suis moi-même la matière de mon livre », Montaigne caractérise son texte comme autoréférentiel. Il est évident que l’auteur et le narrateur ont une seule et même voix, qu’ils expriment le même point de vue et qu’ils s’en portent garants. Face à un monde en perpétuelle mutation, l’auteur-narrateur appréhende sa réalité aussi bien par le biais de l’intellect que par celui des émotions. Par conséquent, le sujet de sa prospection n’est jamais totalement défini. Il n’y a pas d’absolu chez Montaigne mais un perpétuel questionnement qui, de ce fait, pluralise la voix de l’auteur. Nous verrons plus tard, à quel point ce questionnement est central à la démarche des femmes essayistes et des documentaristes africaines. Quand tout est dit, c’est précisément le « Je » humaniste et subjectif de Montaigne, ce « Je » assumant toute sa responsabilité, qui émerge aujourd’hui des différents textes des auteures africaines francophones. Mais ajoutons, néanmoins, que nous ne sommes pas dans l’imitation de Montaigne mais en présence d’un « Je-rhizome » comme l’entend Édouard Glissant, une bouture venue d’ailleurs pour s’enraciner dans une autre vision du monde.
Dans son article Les écrivains africains francophones et l’essai : littérature d’idées ou prise de position ? Bernard Mouralis dresse une typologie de l’essai africain dans son contexte historique. Il souligne que le pouvoir colonial, soucieux de mieux connaître les cultures africaines afin d’ancrer fermement le projet colonisateur, encourage dès 1920 une activité d’écriture qui, au fil du temps et en particulier à partir de 1946, deviendra ce que l’on pourrait appeler la littérature d’idées ou l’essai 4 . Remarquons cependant qu’il s’agit exclusivement de l’essai au masculin, les femmes de l’Afrique de l’ouest n’étant généralement pas encore scolarisées à cette époque.
Presque tous les grands écrivains fondateurs de la littérature africaine francophone, tels Léopold senghor, Mongo Béti, Amadou Hampaté Bâ, paul Hazoumé, seydou Badian, pour n’en citer que quelques-uns, ont écrit de remarquables essais exposant les multiples difficultés sociopolitiques qui assiègent leur continent, et les relations ambiguës qu’il entretient avec l’occident.
Contrairement aux écrivains occidentaux, la grande majorité des écrivains africains ont d’abord écrit des œuvres de fiction avant de s’engager dans l’essai. Dans la tradition littéraire occidentale, il est communément accepté que l’essai a précédé le roman et qu’en réalité, ce dernier existe dans « l’essai de façon latente » (p. 16). Claire de obaldia avance que le concept du Bildungsroman, qui explore la relation entre le Moi et le mond

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