Fantômette se pacse
252 pages
Français

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Description

« J’ai regardé une dernière fois la jeune morte inconnue puis lui ai tourné le dos pour voir qui me parlait. C’était Fantômette. Pantalon collant, cape noire, tunique jaune, bonnet et loup de carnaval. Je l’ai reconnue tout de suite. Enfant, j’avais adoré ses livres. Elle a dû le sentir, car elle me gratifia d’un sourire généreux et me répéta avec douceur :— File d’ici tout de suite. »
"On ne ""pitche"" pas cette vraie déclaration d'amour à la fiction et à la lecture, ce détournement d'auto-fiction, ce faux-vrai lesbopolar, cette confession autobiographique loufoque, sincère et émouvante." Josyane Savigneau – Le Monde des livres
"Il y a un vif plaisir à voir un écrivain manifester une telle liberté, un tel irrespect des conventions, sans jamais tomber dans le relâchement ou la facilité."Jean-Claude Lebrun – L’Humanité

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 janvier 2014
Nombre de lectures 192
EAN13 9782846263337
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0005€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Fantômette se pacse
AU DIABLE VAUVERT
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Cécile Vargaftig
Fantômette se pacse
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Du même auteur
FRÉDÉRIQUE,roman,Éditions Jai lu LRAISSER FRÉMI ,roman,Éditions Julliard
© Éditions Au diable vauvert, 2006
Au diable vauvert La Laune 30600 Vauvert www.audiable.com contact@audiable.com
Catalogue disponible sur demande
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Chapitre 1
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Mes deux précédents livres nétaient pas autobio graphiques mais tout le mondey a cru quand même. Aussi, cette foisci, je décide de faire léconomie des masques et de la fiction et de me livrer toute nue et toute honte bue, au risque de nêtre pas crue. Cette histoire mest arrivée durant lhiver 20002001. À cette époque, je vivais encore seule, mais déjà à la Goutte dOr. Jétais vaguement amoureuse de plein de filles (je dis vaguement car il sagissait littéralement de se laisser bercer par la vague de ces désirs affleu rants), mais surtout de Reine, qui était cuisi nière et semblait sourde à mon amour
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inavoué. Je travaillais trop. Jétais scénariste depuis 1989 et, comme ça marchait bien et que javais peur que ça ne marche plus, jac ceptais tout. Le métier de scénariste est assez ingrat. Il consiste à écrire des histoires dont la matière première vous est donnée par un réalisateur qui a aussi le pouvoir (et le devoir, puisque cest son film) de vous relire et de changer ce qui ne lui plaît pas. Le scénariste na donc que les sales côtés de lécriture : être assis toute la journée, chercher les mots exacts, avoir peur de déplaire, et aucun des bons : sentir naître la nécessité dune histoire en lui, écrire ce quil pense, et lassumer, quoi quil arrive. Quand jétais à la Femis, un prof nous avait dit quil fallait être masochiste pour être scé nariste. Je lavais mal pris parce que je naime pas recevoir des coups. Mais aujourdhui je Fantômette se pacse 8comprends. Cest sur le papier que jaimais être corrigée. La correction. Un mot parfait. Il désigne tout ce qui mimportait à cette époque. Bien se tenir, avoir raison, être courtois, et, telle la maison du même nom, être remis sur le droit chemin quand il le fallait.
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Je ne vais pas raconter mon enfance, mais on va dire que certaines expériences trop tôt faites de lincorrection ont pu me laisser des mauvais souvenirs. Dans les films sur la guerre, on fusillait allègrement juifs, communistes, et homosexuels. Ma mère était communiste, mon père juif, et moi homosexuelle. À nous trois, on faisait un beau charnier. Javais peur. Cest pourquoi jétais fascinée par la correction qui, avec tout ce quelle contenait de bonnes inten tions, me promettait la fin de lextravagance et du danger. Cest pourquoi jétais scénariste, une des rares professions permettant dêtre cor rigé quotidiennement. Cest pourquoi jaccep tais tout, condition première de lobéissance, qualité nécessaire à celui qui sait la nécessité dêtre corrigé. Jaimais lobéissance. Ça me permettait de ne pas réfléchir à mes actes, et ce faisant, de pen ser à autre chose. Jaimais penser à autre chose. À cette époque, le rêve était ma seconde vie. Jinventais des histoires à tirelarigot. Je ne voyais plus les murs de ma chambre. Jétais ailleurs tout le temps et partout. Jétais la prisonnière consentante de mon imaginaire
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formidable. Je naurais recouvré ma liberté pour rien au monde. Elle maurait privée de tous mes possibles. Cest alors que le téléphone sonna. Cétait une femme, elle demandait à me par ler. Jai dit que cétait moi. Elle avait une très belle voix, chaude, grave, un peu rauque, fabri quée pour séduire les filles. Elle a dit quelle cherchait un scénariste, quelle avait lu un article sur moi dans Synopsis, et quelle avait trouvé mon numéro de téléphone dans lan nuaire. Je lui ai demandé si elle avait un texte ou une histoire de départ, elle ma dit une idée, et je lui ai proposé quon se voie. Vous connais sez les Oiseaux ? À Anvers ?OK, va pour les Oiseaux. Ce soir à 5 heures. Elle ma dit son nom. Longtemps je me suis demandé si jallais le donner ou en inven ter un autre. Pourquoi mentir ? Il y a mort Fantômette se pacse dhomme quand même, et même mort de 10 femme. Mais jai peur des représailles. Ceux qui sont en sursis me comprendront. En plus, maintenant que je suis heureuse, je tiens à ma peau. Cest pour ça que je ne te dénonce pas. Tu es sûrement loin à lheure quil est. À moins
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