Fictions coloniales du XVIIIe siècle
354 pages
Français

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Fictions coloniales du XVIIIe siècle , livre ebook

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Description

Ce volume permet d'observer au fil des textes la formation d'une série de romans dont l'action, située dans les Antilles, offre une image des relations problématiques entre esclaves noirs et propriétaires des plantations. Les trois récits intègrent des réalités historiques différentes et chacun formule des interrogations politiques qui lui sont propres; ils présentent pourtant des similitudes dans le scénario qui autorisent à rechercher entre eux des rapports d'imitation et de réécriture. Ils constituent aussi les sources du premier roman de Victor Hugo, Bug-Jargal.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2005
Nombre de lectures 286
EAN13 9782336268347
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747582773
EAN : 9782747582773
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Espaces Littéraires INTRODUCTION Note sur la présente édition JEAN-FRANÇOIS DE SAINT-LAMBERT - ZIMÉO (1769)
Introduction ZIMÉO
JEAN-FRANÇOIS BUTINI - LETTRES AFRICAINES, OU HISTOIRE DE PHÉDIMA ET D’ABENSAR (1771 )
Introduction LETTRES AFRICAINES, OU HISTOIRE DE PHÉDIMA ET D’ABENSAR.
JEAN-BAPTISTE PICQUENARD - ADONIS, OU LE BON NÈGRE, ANECDOTE COLONIALE ( 1798 )
Introduction ADONIS, OU LE BON NÈGRE, ANECDOTE COLONIALE ADONIS, OU LE BON NÈGRE VARIANTES
ANNEXE I ANNEXE II - NOTE BIBLIOGRAPHIE
Fictions coloniales du XVIIIe siècle
Ziméo Lettres africaines Adonis, ou le bon nègre, anecdote coloniale

Youmna Charara
Espaces Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet
Déjà parus
Bernard-Marie GARREAU, Le Terroir de Margeurite Audoux, 2005.
Collectif, Regards croisés sur l’oeuvre poétique et narrative de Ezza Agha Malak , 2005.
Roland ERNOULD, Claude Seignolle. Du sacré à l’étrange, 2005.
Michel CASSAC (sous la dir.), Littérature et cinéma néoréalistes, 2004.
Aleksandra KROH, Jean Potocki , 2004.
Chantal LACOIN (Textes réunis par), ZAZA (1907-1929), amie de Simone de Beauvoir , 2004.
Philippe NIOGRET, La revue EUROPE et les romans de l’entre-deux-guerres (1923-1939) , 2004.
Richard Laurent OMGBA, La littérature anticolonialiste en France de 1914 à 1960. Formes d’expression et fondements théoriques , 2004.
Bernard FOURNIER, L’imaginaire dans la poésie de Marc Alyn. Les grands infinis , 2004.
Lisa BLOCK DE BEHAR, Juleps Laforgue ou les métaphores du déplacement , 2004.
Sylvain BRIENS, Technique et littérature, train, téléphone et génie littéraire suédois suivi d’une anthologie de la poésie suédoise du train et du téléphone , 2004.
Claudine GIACCHETTI, Delphine de Girardin, la muse de Juillet , 2004.
Tania BRASSEUR WIBAUT, La gourmandise de Colette , 2004.
Christophe CHABBERT, F. Parcheminier, poète du dedans , 2003.
Louis AGUETTANT, Nos lettres du Sinaï, 2003.
Frédérique MALAVAL, Les Figures d’Eros et de Thanatos , 2003.
Eliane TONNET-LACROIX, La littérature française et francophone de 1945 à l’an 2000 , 2003.
INTRODUCTION
Nommer « fïctions coloniales » des récits dont l’organisation complexe met en concurrence des structures narratives multiples, irréductibles à une désignation exclusive, comporte sans doute une part d’arbitraire ; l’œuvre même qui revendique dans un sous-titre, « anecdote coloniale », une forme de cohérence générique, appelle une remise en question de son unité prétendue. Sans doute faut-il prêter attention à la manière dont se croisent, se concilient, ou se chevauchent dans un même texte le roman colonial, le roman historique, le roman d’amour, le roman sur le roman etc. L’appellation proposée mérite d’être privilégiée, toutefois, dans la mesure où le scénario de la fiction coloniale assure aux différents récits une lisibilité immédiate ; il mérite d’autant plus l’attention qu’il fait l’objet d’un travail de réécriture de la part des trois écrivains présentés ici qui suppose une confiance dans sa fécondité et sa « puissance ». Le volume permet d’observer au fil des textes la formation d’une série de romans dont l’action, située dans les Antilles, offre une image des relations problématiques entre esclaves noirs et propriétaires des plantations
Contemporain du développement de l’esclavage dans les colonies françaises, et de la faillite partielle du système colonial en 1791, suite au soulèvement des noirs de Saint-Domingue, le roman du dix-huitième siècle élabore des représentations singulières de ces mouvements historiques fondamentaux, malgré les obstacles qui auraient pu contrarier son entreprise de fictionnalisation. L’éloignement géographique raréfie, de fait, les informations relatives aux territoires exotiques. L’héritage romanesque classique offre peu de modèles de personnages d’esclaves. La coalition des forces politiques et économiques intéressées au maintien de l’institution esclavagiste est de nature à décourager le romancier qui ambitionne de traiter un tel sujet. Aussi l’apparition des fictions coloniales suppose-t-elle de la part des écrivains l’opération de choix très personnels dans les ressources offertes par la tradition.
Saint-Lambert publie Ziméo en 1769 ; Jean-François Butini compose les Lettres africaines en 1771 ; les deux auteurs, qui n’ont pas fait le voyage aux îles, sont les témoins indirects de l’expansion des colonies et des problèmes éthiques, politiques, économiques que pose le mode d’exploitation esclavagiste. Auteur d’ Adonis , paru en 1798, Jean-Baptiste Picquenard a séjourné à Saint-Domingue ; la plus prospère des îles à sucre, qui recourt à la traite de manière intensive, et compte cinq cent mille esclaves noirs pour soixante mille Européens ou « libres », devient le théâtre d’une insurrection qui débouche sur l’abolition de l’esclavage et sur l’indépendance politique de Saint-Domingue, nommée depuis Haïti ; le roman prend pour sujet central les commencements de cette révolution.

Les textes historiques
Le référent colonial impose le recours à des sources documentaires : descriptions géographiques, histoires des colonies, tableaux de la population et des mœurs. Avec ces documents, les romans entretiennent deux types de relations intertextuelles, l’une « utilitaire », l’autre critique. Les ouvrages sur l’Afrique et les Antilles sont des réservoirs d’informations relatives à l’esclavage. La fiction adopte toutefois à l’égard des textes-sources une distance qui se manifeste, à un premier niveau, dans le choix thématique de l’esclavage des noirs : l’évocation des esclaves occupe une place proportionnellement réduite dans des sommes sur l’univers colonial consacrées principalement à la présentation de la topographie, du climat, des richesses naturelles, et à l’histoire de l’expansion européenne. Les romans abandonnent dans les livres sur les Antilles le discours « monumental » sur les guerres coloniales entre pays européens, ou sur les conflits entre gouvernement et colons, pour ne retenir que le discours sur les révoltes d’esclaves, en marge de la grande Histoire, auquel la plupart des textes sur les Antilles confèrent un statut anecdotique.
En second lieu, le parti pris critique des romanciers se traduit dans des choix axiologiques relatifs aux populations noires, différents, en règle générale, de ceux des textes-sources. Trois types de représentation du noir se dégagent des œuvres historiques. La représentation politique, tout d’abord, met l’accent sur le statut d’esclave du noir, assujetti au pouvoir européen. Les descriptions de la première moitié du siècle s’inscrivent dans un cadre axiologique conservateur, et considèrent l’esclavage comme une institution éternelle, qui se passe de justification, et se soustrait à la critique. Le changement se manifeste dans un texte de 1751, l’Histoire de la Jamaïque de Charles Leslie (1739 pour l’original anglais) : héritier de deux révolutions, l’auteur anglais regarde l’esclavage civil des noirs, victimes des planteurs, comme l’équivalent réduit de l’esclavage politique d’un peuple soumis à un tyran ; il accorde une place unique dans les récits de voyages au marronnage 1 , qu’il traite comme un problème politique, nécessitant un remède autrement plus radical que la chasse aux fugitifs (voir Annexe II, texte 5). La critique des rapports de domination entre colons et esclaves tend à se développer dans les textes historiques des années 1770-1780, comme en témoigne l‘ Histoire des deux Indes de l’abbé Raynal (1770, diffusée en 1772) qui tient, cependant, des discours politiques contradictoires, selon qu’elle s’adresse au public colonial ou au public philosophique : le noir est l’esclave par nature dans les pages consacrées à la Martinique, qui préconisent l’importation de trois mille Africains supplémentaires par an, pour conjurer le déclin de la production agricole de l’île ; mais les noirs sont aussi les victimes d’un système inhumain ; l’ Histoire élabore un projet d’abolition progressive de l’esclavage, et appelle simultanément les noirs à se révolter en vue de reconquérir leur liberté n

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