Fils de prélat
251 pages
Français
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Description

Ouvrage des éditions Clé en coédition avec NENA

En 1986, Armand Claude Abanda, élève en classe de terminale, poussé par sa passion de l'écriture, rédige Fils de Prélat.

Dans cet ouvrage, il aborde le thème très sensible de la paternité des hommes d'Église, phénomène réel dans nos sociétés africaines contemporaines et objet de nombreuses polémiques. L'auteur a su capter notre attention par une simplicité dans le langage. Mais, c'est surtout son habileté à conduire une intrigue qui n'arrive à son dénouement qu'à la fin du roman qui suscite en nous la plus grande admiration. Nombreux sont les problèmes sociaux que pose ce livre attrayant, captivant et plein de suspense. Nous citerons entre autres le problème récurrent de la délinquance juvénile causé par le chômage et celui des enfants illégitimes, fruit d'unions impossibles ou d'amours de jeunesse, qui ne pourront jamais véritablement bénéficier d'une présence paternelle nécessaire à une bonne évolution psychologique.

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Nombre de lectures 1 029
EAN13 9782370152145
Langue Français

Extrait

Extrait
Première Partie
Amour de jeunesse

Chapitre I : Rencontre mystérieuse


Midi moins le quart !

Le soleil et la chaleur étouffante de cette fin de matinée semblaient absorber la vie dans cette petite ville d’Obala, bourgade située à la périphérie de Yaoundé. Obala était réputée pour le caractère profondément religieux de ses habitants. Au centre de la ville se trouvait un établissement scolaire privé catholique d’enseignement général : le collège Saint Joseph.

Midi avait sonné. Erico Kamga, dix-neuf ans, brillant élève en classe de philosophie, sort de sa classe comme tous ses camarades. Dans la bousculade, une jeune collégienne le heurte et le contenu de son sac se renverse à trois mètres de ses pieds.

- Oh ! Pardonnez-moi. Je m’excuse, dit poliment la jeune fille en allant ramasser le matériel scolaire d’Erico.

D’abord en proie à une vive colère, Erico sentit tout à coup cette hargne céder la place à une grande magnanimité.

- Ne vous excusez pas, ce n’est pas de votre faute, la rassura-t-il.
- Si, c’est ma faute. J’ai heurté votre bras, répliqua la demoiselle.
- Arrêtez donc de vous attarder sur cette maladresse. La faute ne vous revient pas entièrement, continua Erico.

Les deux jeunes gens poursuivirent en silence leur chemin au milieu de la fourmilière de collégiens qui, tenaillés par la faim, pressaient le pas. Quelques instants après, Erico décida de rompre le silence embarrassant qui s’était instauré entre sa camarade et lui.

- Ah ! Mademoiselle, je ne connais même pas encore votre nom, s’exclama Erico.
- Mon nom ? Il est tout simple : Juliana Bella.
- Moi, c’est ...
- ... Erico Kamga, répliqua Juliana Bella.
- Oh ! Bien deviné.

- C’est pas deviné, c’est connu. Je vous connais en effet très bien, Kamga. Vous êtes un brillant élève.
- Vous ... enfin, il est temps pour nous de commencer à nous tutoyer, tu ne trouves pas que ce serait mieux, Juliana ?
- En effet.

Les deux jeunes gens se regardèrent dans les yeux pendant une fraction de seconde en esquissant chacun un léger sourire. Juliana baissa les yeux la première, mais Erico s’attarda un peu sur son visage et, soudain, il se sentit déboussolé. Il aurait juré que Juliana était du Nord-Cameroun. Pourtant, son nom infirmait cette hypothèse. Il décida alors de satisfaire sa curiosité.


- Dis-moi, Juliana, es-tu étrangère dans le pays ?
- Mes parents sont nés ici. Moi aussi. Mon père est Foulbé, ma mère Eton. Par conséquent, je suis Foulbé.
- Je l’avais bien deviné, tu n’as pas tout à fait les traits d’une Eton.
- Ah bon ?
- N’importe qui te le dira. Au fait, Juliana, quel âge as-tu ?
- Dix-huit ans. Et toi ?
- Un an de plus que toi, répondit Erico.


Quelques secondes s’écoulèrent. Puis, machinalement, Erico jeta un coup d’œil à sa montre et dit :

- Il est douze heures trente, Juliana. J’aimerais beaucoup poursuivre notre conversation, mais il faut que je rentre. On se revoit demain. Je n’aurai pas cours dans l’après-midi.
- Moi non plus, enjoignit Juliana.
- Que prévoit ton programme cet après-midi ?
- Rien de particulier. Et toi ?
- Pas grand chose non plus, répondit Erico, après une brève réflexion.

Un silence très embarrassant s’instaura à nouveau entre les deux jeunes gens. Après une brève hésitation, Erico reprit ...

- Tu peux m’indiquer ta maison. Ainsi, je pourrai y venir vers seize heures.
- Pourquoi ?
- Simple visite de courtoisie … Et j’ai très envie de te revoir.
- Moi aussi, Erico. Mais je regrette, mes parents sont particulièrement antipathiques vis-à-vis des garçons. Et même, ils ne tolèrent que très peu mes copines. Et puis, selon eux, je suis encore...
- J’ai parfaitement compris le problème de tes parents. Ils ont peur que tu ne sois troublée par une quelconque compagnie masculine.
- Exactement, Erico.
- Dans ce cas, Juliana, nous pouvons au moins aller au cinéma, n’est-ce pas ?
- Que dirais-je à mes parents ?
- Il ne manque pas de raisons, Juliana. Tu pourrais leur dire que tu vas à l’école.

- Dans ce cas, je serais obligée de sortir en uniforme, Erico. Et tu sais, aller au cinéma en tenue de classe est très risqué et on aura tôt fait de me repérer.
- Je te l’accorde Juliana. Mais, je n’ai rien d’autre à te proposer.
- Je peux venir chez toi, alors.
- Hein ! tu veux que la colère de mes parents s’abatte sur nous ?
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