Gouverneurs de la rosée
141 pages
Français

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Gouverneurs de la rosée , livre ebook

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Description

Beaucoup a été écrit sur Gouverneurs de la rosée de Jacques Roumain : à sa gloire et à sa charge. En essayant de pister le pourquoi de la magie qu'a exercée et qu'exerce ce roman de lutte et d'espoir, il souhaite donner quelques clefs pour décupler le plaisir que donne le texte, une oeuvre littéraire ayant les moyens de faire advenir dans notre imaginaire des figures et des voix inaudibles jusque-là.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2010
Nombre de lectures 82
EAN13 9782296709881
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Gouverneurs de la rosée

de Jacques Roumain
Du même auteur :
Publications récentes

- Dictionnaire littéraire des écrivains francophones classiques
(Afrique sub-saharienne, Caraïbe, Machrek, Maghreb,
Océan indien) - C. Chaulet Achour (Dir.), Paris,
Champion, Les Essentiels, 2010, 464 p.

- Itinéraires intellectuels entre la France et les rives sud
de la Méditerranée , C. Chaulet Achour (Dir.),
Paris, Karthala, 2010, 364 p.

– Malika Mokeddem – Métissages , éd. du Tell, Blida
(Algérie), coll. « Auteurs d’hier et d’aujourd’hui »,
2007, 178 p.

- Présences Haïtiennes , collectif, (en collaboration
avec le CICC de l’UCP), Encrage Edition/ Amiens
et CRTF-UCP, diffusion Les Belles Lettres,
2005, 458 p.

- Jamel-Eddine Bencheikh – polygraphies , éd. du Tell,
Blida (Algérie), coll. « Auteurs d’hier et
d’aujourd’hui », 2006, 183p.

- Les Mille et une nuits et leurs réécritures au XX e
siècle , collectif, Paris, L’Harmattan, 2005.

– Nouvelles d’Algérie – 1974-2004, [présentation,
et choix de textes], Paris, éd. Métailié,
2005, 346 p.

– Albert Camus et l’Algérie, tensions et fraternités ,
éditions Barzakh, coll « Parlons-en ! », Alger, avril
2004, 188 p.
Christiane Chaulet-Achour


Gouverneurs de la rosée

de Jacques Roumain


La pérennité d’un chef-d’œuvre
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-13152-1
EAN : 9782296131521

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
AVANT-PROPOS
Il est bien délicat de proposer l’étude de ce roman si célèbre et tellement commenté. Ce qui m’y encourage, dans cette collection de « Classiques francophones » dont l’objectif est une transmission élargie de ces œuvres méconnues ou peu connues, c’est que, malgré une riche bibliographie critique et trois « classiques » proposés mais peu disponibles {1} , l’œuvre majeure de Jacques Roumain, Gouverneurs de la rosée , ne bénéficie pas d’une médiatisation critique et de documents d’exploitation accessibles en France. {2}
Ce qui justifie de traiter de Gouverneurs de la rosée comme un « classique » dans cette collection, c’est de bénéficier et d’être le relais de la passionnante édition critique de l’œuvre de Jacques Roumain, publiée dans la collection Archivos, l’Agence Universitaire de la francophonie en 2003 {3} et qui offre par la richesse et la diversité des textes de l’écrivain – journaliste, nouvelliste, poète et romancier –, une approche où le roman étudié prend sa pleine dimension. Cette édition recense aussi les lectures et textes critiques consacrés à l’écrivain haïtien auxquels on peut ajouter d’autres recensions qui, depuis soixante ans, jalonnent la lecture du roman sans être accessibles aux étudiants, enseignants de littérature et public de lecteurs intéressés par les littératures francophones d’aires et de pays divers.
Enfin, plus de cent ans après la naissance de son créateur, c’est un hommage que je rends à ce roman dont la lecture m’a bouleversée il y a plus de trente ans et que j’ai eu à cœur d’enseigner dans différents cursus universitaires en Algérie et en France ; c’est ainsi un écho, décalé par rapport à eux, aux hommages qui lui furent rendus en Haïti et à Cuba, en 2007. Hommage, à travers lui, au peuple haïtien, dont il fut l’un des chantres les plus prestigieux, en ces mois qui suivent l’épreuve traversée avec le séisme de janvier 2010… « encore une mer à traverser »…
Beaucoup a été écrit sur Gouverneurs de la rosée : à sa gloire et à sa charge. Cet ouvrage, le traitant comme un « classique », souhaite le faire lire en tant que tel puisque ses effets de lecture continuent à donner du plaisir, du rêve, de l’inquiétude et un vrai questionnement sur Haïti aux lecteurs haïtiens – mais eux n’ont guère besoin de nous pour connaître leurs classiques –, et surtout aux lecteurs non haïtiens. En le contextualisant et en l’étudiant, en essayant de pister le pourquoi de la magie qu’a exercée et qu’exerce ce roman de lutte et d’espoir, je souhaiterais donner quelques clefs pour le faire résonner et pour décupler le plaisir que donne le texte. Car une œuvre littéraire n’a ni les certitudes ni les arguments d’un ouvrage sociologique ou historique, mais elle a les moyens de faire advenir dans notre imaginaire des figures et des voix inaudibles jusque là. Admirateurs ou détracteurs de Gouverneurs de la rosée peuvent s’accorder sur ce point : le roman a été et reste l’un de ceux qui inscrit durablement dans la sensibilité du lecteur la terre d’Haïti et la partie dominante de sa population, la paysannerie.
Ulrich Fleischmann rappelle les résultats de son enquête, en 1965, sur l’état des connaissances, par les élèves haïtiens, de leur littérature nationale :
« Gouverneurs de la rosée était le seul connu et lu par tous les informateurs. Certes, ce choix n’était pas volontaire car la lecture en était obligatoire dans les lycées mais les réponses laissaient entrevoir que pour les Haïtiens l’importance de Jacques Roumain allait plus loin : "Avec lui j’ai découvert mon pays", ou, "Je me retrouve en tant qu’Haïtien". Ce genre de réponses montre que pour la plupart des lecteurs haïtiens, Gouverneurs de la rosée était – et reste – l’incarnation de la littérature nationale ; cette consécration a sans doute peu à voir avec le contenu idéologique du roman mais davantage avec sa qualité épique qui lui attribue une place à part dans une littérature trop souvent enlisée dans les intérêts et querelles du jour. {4} »
Plus près de nous, lors du centenaire de sa naissance, un ouvrage avec une trentaine de textes divers d’écrivains a été édité aux Presses nationales d’Haïti, sous le titre, Mon Roumain à moi {5} . Le texte de J.-J.Dominique vient redimensionner l’obligation de lecture dont fait état l’enquête précédente. La petite fille qui est une dévoreuse de livres entend des propos de ses parents sans les comprendre avec des mots qui reviennent : écrivains et intellectuels arrêtés, morts, malédiction du pays. A ses questions pas de réponse jusqu’au jour où son père lui a parlé « des deux Jacques. Elle entendait pour la première fois les mots socialisme, communisme, marxisme ; même si elle ne comprenait pas la différence, le père voulait simplement qu’elle sache que ce n’étaient ni des insultes ni des vocables obscènes. Il expliquait pourquoi Jacques Soleil avait disparu et le lien avec Jacques Roumain, qui avait tracé la voie » :
« Une nuit, elle découvrit tout en haut de la bibliothèque, un exemplaire de Gouverneurs de la rosée. Elle ouvrit le volume et eut juste le temps de voir les premières phrases, avant l’arrivée du père.
- Qu’est ce que tu lis ?
- J’ai pris celui-là, dit-elle en lui montrant la couverture.
- Ah ! dit le père. Tu peux le lire, mais il ne faudra pas en parler avec tes amis, ni faire de compte-rendu de lecture pour ton cours de littérature. Il n’est pas interdit, comme d’autres. Mais… tu comprends ?
Elle comprenait. C’était les années 1970, l’époque où les livres étaient toujours censurés, où même les idées étaient forcées de se cacher dans le recoin des mémoires. {6} »
Plus loin, elle précise :
« Durant mes années de formation, je n’avais eu qu’un accès limité aux écrivains haïtiens du 19 e et du début du 20 e siècle. Comme tous les élèves, je pouvais lire d’eux quelques lignes, de courts extraits, cités dans les manuels d’histoire littéraire. […] Aujourd’hui, vingt ans après la fin de la dictature des Duvalier, alors que les livres ont refleuri, Roumain est-il mieux connu, convenablement présenté aux jeunes, aux étudiants ? {7} »
Evelyne Trouillot, pour sa part, donne la mesure de ce que l’enseignement transmettait :
« Même les discours moralisants du manuel d’histoire litt

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