Haïti délibérée
178 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Haïti délibérée , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
178 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Chronique de Jean Morisset sur Haïti. Il s’agit de récits de voyage qui, de 1986 à 1990, nous décrivent des manières éclatée Haïti.
1986 : Chute de la dictature des Duvalier et balbutiements de la démocratie en Haïti. Suite de coups d’État suivis d’éclaicies démocratiques. Ce livre, dans sa manière surréaliste, présente une chronique du pays dans sa marche vers la démocratie. Tantôt illusion et espoir. Tantôt déception et tragédie.
Une histoire de l’Amérique, dans les yeux tourmentés du pays d’Haïti, est racontée ici. Pour la première fois est évoquée la double relation Haïti-Québec. Tajectoire de deux peuples d’Amérique que tout rassemble et divise à la fois. Jean Morisset en est le témoin et l’acteur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 février 2014
Nombre de lectures 5
EAN13 9782897120009
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Haïti délibérée
Essai de voyage
Jean Morisset
Collection Essai
Mise en page : Virginie Turcotte
Maquette de couverture : Étienne Bienvenu
Photographies et traductions : Jean Morisset
Suivi éditorial et iconographique : Angéline Vallet
Dépôt légal : 3 e trimestre 2011
© Éditions Mémoire d’encrier, 2011

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Morisset, Jean, 1940-
Haïti délibérée
(Collection Chronique)
ISBN 978-2-923713-39-7 (Papier)
ISBN 978-2-89712-165-5 (PDF)
ISBN 978-2-89712-000-9 (ePub)
1. Morisset, Jean, 1940- - Voyages - Haïti. 2. Haïti - Descriptions et voyages. 3. Démocratie - Haïti. 4. Haïti - Histoire - 1986- . I. Titre. II. Collection : Collection Chronique.

F1917.M67 2011 917.29404'73 C2010-942047-0


Nous reconnaissons, pour nos activités d’édition, l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Conseil des Arts du Canada et du Fonds du livre du Canada.

Pour la poursuite de ses pérégrinations et la réalisation de ses travaux, l’auteur à bénéficié de diverses subventions, dont une bourse du Conseil des Arts du Canada et des fonds de l’Université du Québec à Montréal.


Mémoire d’encrier
1260, rue Bélanger, bureau 201
Montréal, Québec,
H2S 1H9
Tél. : (514) 989-1491
Télec. : (514) 928-9217
info@memoiredencrier.com
www.memoiredencrier.com


Réalisation du fichier ePub : Éditions Prise de parole
Dans la même collection :
Transpoétique. Éloge du nomadisme , Hédi Bouraoui
Archipels littéraires , Paola Ghinelli
L’Afrique fait son cinéma. Regards et perspectives sur le cinéma africain francophone , Françoise Naudillon, Janusz Przychodzen et Sathya Rao (dir.)
Frédéric Marcellin. Un Haïtien se penche sur son pays , Léon-François Hoffman
Théâtre et Vodou : pour un théâtre populaire , Franck Fouché
Rira bien... Humour et ironie dans les littératures et le cinéma francophones , Françoise Naudillon, Christiane Ndiaye et Sathya Rao (dir.)
La carte. Point de vue sur le monde , Rachel Bouvet, Hélène Guy et Éric Waddell (dir.)
Ainsi parla l'Oncle suivi de Revisiter l'Oncle , Jean Price-Mars
Les chiens s'entre-dévorent... Indiens, Métis et Blancs dans le Grand Nord canadien , Jean Morisset
Aimé Césaire. Une saison en Haïti , Lilian Pestre de Almeida
Afrique. Paroles d'écrivains, Éloïse Brezault
Littératures autochtones , Maurizio Gatti et Louis-Jacques Dorais (dir.)
Refonder Haïti , Pierre Buteau, Rodney Saint-Éloi et Lyonel Trouillot (dir.)
Entre savoir et démocratie. Les luttes de l'Union nationale des étudiants haïtiens (uneh) sous le gouvernement de François Duvalier , Leslie Péan (dir.)
Images et mirages des migrations dans les littératures et les cinémas d'Afrique francophone , Françoise Naudillon et Jean Ouédraogo (dir.)
Para Eugênia
et à la mémoire de Jean-Richard Laforest
Sans commentaires
En 1774, mille cinq cents nègres d’Haïti, sans sourciller, avec enthousiasme même, suivirent le Comte d’Estaing dans la guerre d’Indépendance des États-Unis de l’Amérique du Nord. Ils luttèrent en héros et moururent pour la plupart à la bataille de Savannah. 1
*
En 1981, durant le seul mois de juillet, quatre mille réfugiés haïtiens, venus chercher la liberté et l’indépendance aux États-Unis d’Amérique, sont [sic] débarqués sur les côtes de Floride. Le gouvernement les a aussitôt saisis pour les jeter en prison et dans des camps d’internement. 2


1 Roussan Camille, « Cent cinquante ans d’indépendance », Formes et Couleurs , numéro consacré au Tricinquantenaire de l'indépendance d'Haïti, Genève, 1954.

2 Jean-Claude Charles, De si jolies petites plages... , Paris, Stock, 1982.
Avant-propos
Compagnon des Amériques
je parle avec les mots noueux de nos endurances
nous avons soif de toutes les eaux du monde
nous avons faim de toutes les terres du monde
mais cargue-moi en toi pays, cargue-moi
et marche au rompt le cœur de tes écorces tendres
mais donne la main à toutes les rencontres,
pays ô toi qui apparais par tous les chemins
défoncés de ton histoire
aux hommes debout dans l’horizon de la justice
Gaston Miron, L’homme rapaillé
Haïti libérée... Haïti délibérée!
Québec en sursis... Québec inachevé!
Dans l’avion qui me ramène à Montréal, je réfléchis à la double relation Haïti-Québec avec tout l’espoir du monde.
Comment atteindre la porte de sortie à deux battants qui puisse nous permettre de franchir le seuil de l’encerclement dont nous sommes tributaires? Et réaliser l’un par l’autre la pleine libération dont l’histoire nous a prémunis jusqu’à ce jour?
Et voilà que j’aborde ces lignes dans un va-et-vient incessant entre l’exaltation et l’appréhension, partagé entre doutes, interrogations, implorations et rêves de libération suspendue.
Je sais que je sais des choses qu’on ne veut pas, qu’on refuse de savoir. Mille confidences m’ont été faites sous promesse implicite de n’en rien transmettre. Des événements dont je n’arrive pas à cerner la nature m’ont atteint jusqu’à la moelle. Mais cela n’a guère d’importance. Car je sais aussi autre chose...
Au sein de la trajectoire des Amériques, j’ai beau être issu d’une des dernières instances qui refuse de franchir le cap de la souveraineté, me voyant ainsi forcé d’en assumer tous les handicaps politiques et ontologiques qui encombrent la voie, je sais aussi que je procède de la liberté du Grand Nord et de la mer océane. De la liberté du coureur de bois et du coureur de mer, nos ancêtres réciproques. Certes l’appel romantique est quelque peu limité dans un bateau négrier ; et l’appel de l’espace quelque peu contraint dans le canot de ceux qui prétendent être tes maîtres. Mais des nègres marrons ont échappé au majordome de l’histoire et des engagés ensauvagés ont gagné le fond des bois, hors d’atteinte des garnisons impériales. Mais les temps ont changé, dira-t-on, et tous les espaces sont ratissés par l’œil du cyclope transnational.
Faut-il pour autant refuser le dessein d’une double Amérique québécoise et haïtienne? Et s’empêcher de poursuivre la quête d’une transcendance réciproque, sous prétexte qu’un héritage de désastres nous taraude et qu’un manque insondable nous traverse? Ou saisir à bras-le-corps la perspective insoupçonnée qui se dégage d’une rencontre imprévue par l’histoire... la nôtre?
*
Tout observateur qui débarque en pays d’Haïti se sent autorisé d’office à s’inscrire dans la lignée d’une analyse rédigée à l’avance où il convient de traiter de misère, dévastation, corruption, érosion, analphabétisme, autocratie, etc., et où seul le recours à l’aide internationale, aux prélats de la Banque mondiale et aux stratèges de la moralité, permettent « de s’en sortir »!
C’est là un exercice auquel il est abusif de souscrire quand on appartient à un pays qui ne s’appartient pas et qui n’a, de ce fait, aucune leçon à donner à qui que ce soit.
C’est là également un recours heurtant de front la liberté de rêver qui nourrit l’humanité que de se voir sans cesse acculé à une gymnastique morale pour fonder ses rapports. Comme si on ne pouvait plus aborder Haïti que par le biais de l’aide et la prohibition du désir. Comme si le plaisir de rencontrer un pays-frère devenait illicite selon des critères imposés par de nouveaux Conquérants revêtus de la chape humanitaire.
S’il apparaît par ailleurs des plus accrédité de parler d’un pays appelé Québec qui serait librement inféodé à une fédération lui octroyant autonomie et pleine marge de manœuvre identitaire, c’est là un mensonge tout aussi abusif. Tandis qu’Haïti procède d’une appartenance où survivent des loas échappant aux impératifs internationaux et des dieux ancestraux n’ayant jamais abdiqué, puis-je prétendre connaître mes propres dieux? Et fréquenter les manitous, les glosscaps et les wendigos répudiés de ma propre histoire? Sinon, qu’ai-je à dire?
Parler d’Haïti et du Québec au miroir l’un de l’autre tient moins d’un impossible défi que d’un pari de libération inéluctable. Interroger, sur fond autochtone lointain s’agitant dans nos veines sans pouvoir répondre, les deux pôles historiques d’une Amérique franco-créole n’ayant guère réussi à ce jour à concilier ses trajectoires devient alors la seule voie possible.
Si c’est là prise de position illégitime sur le plan mémoriel, c’est fort d’une telle illégitimité que j’ai voulu chercher en Haïti le chaînon manquant à l’origine et au devenir des Amériques.
*
Entre luminescence et opacité, rumeur et fiction, violence et détournement, j’ai vécu comme beaucoup d’autres en Haïti toute la gamme des émotions. Mais toujours survenait, au détour de l’impromptu, la magie d’une fleur incandescente au milieu du fatras ou l’invitation d’un sourire nimbé d’une sensualité sacrée. Faisant alors tout basculer, à l’aval d’un morne érodé ou au coin d’une ruelle sordide.
Et ainsi, au plus fort de l’alarme et des fusillades, il y avait toujours cette cloche, cette merveilleuse cloche sonnant et résonnant dans la nuit avec une telle sensibilité que le bruit des balles s’épuisait pour bientôt s’éteindre dans la rondeur d’un oratorio tropical.
Je m’accrochais à son carillon comme à un baume pacifiant aux fragrances parfumées... odeur de jasmin émanant des membranes de l’obscurité. Et je me disais que le pays d’Haïti avait beau poursuivre contre lui-même une guerre inavouée aux tenants identitaires diffus, une telle cloche ne saurait subsister sans que tous les espoirs soient permis.
Tellement de cloches se sont tues de par le monde.
Quand je me retrouve à Montréal, je me rends compte jusqu’à quel point les clochers abattus comme des arbres par la spéculation foncière répondent à un autre type de guérilla. Et que je reçois à travers l’écho de mon enfance un vague angélus au détour des glaces de Pâques et des battures du printemps.
Ruisselantes de réverbération et de gélivure printanière, les glaces de débâcle s’amusaient à n’en plus finir au jusant des battures répandant une inondation de lumière à

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents