Hiên le Maboul
208 pages
Français

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Hiên le Maboul , livre ebook

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208 pages
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Description

Drame dépouillé de toute surcharge exotique, désencombré d'un engagement idéologique trop appuyé, resserré sur une analyse psychologique fine des deux protagonistes, ce roman d'Emile Nolly, paru en 1909 et depuis longtemps indisponible, méritait de renaître. Indochine coloniale, début du XX siècle : Hiên, un tirailleur annamite fruste, privé de son contact primordial avec la nature sauvage, endure le difficile apprentissage de la vie militaire, et souffre plus encore d'être repoussé par une jeune congaï coquette et cruelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 mars 2011
Nombre de lectures 52
EAN13 9782296803060
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

HIÊN LE MABOUL
COLLECTIO
AUTREMENT MÊMES
conçue et dirigée par Roger Little
Professeur émérite de Trinity College Dublin,
Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française,
Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc.
Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établissements d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contemporaine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte.

« Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur,
les autres, c’est la prolongation de notre intérieur. »
Sony Labou Tansi
Titres parus et en préparation :
voir en f n de volume
Émile Nolly


HIÊN LE MABOUL


Présentation de Jean-Claude Blachère
avec la collaboration de Roger Little


L’HARMATTAN
En couverture :
Photo du capitaine Émile Détanger (vers 1910-1914 ?)
aimablement fournie par l’Amicale des Anciens de Saint-Cyr.


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54363-8
EAN : 9782296543638

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
INTRODUCTION

par Jean-Claude Blachère
Ouvrages de Jean-Claude Blachère

Le Modèle nègre : aspects littéraires du mythe primitiviste au XX e siècle chez Apollinaire, Cendrars, Tzara , Dakar : Les Nouvelles Éditions africaines, 1981
Négritures : les écrivains d’Afrique noire et la langue française , Paris : L’Harmattan, 1993
Les Totems d’André Breton : surréalisme et primitivisme littéraire , Paris : L’Harmattan, 1996
Sony Labou Tansi : le sens du désordre , textes réunis par J.-Cl. B., Montpellier : Centre d’études du XX e siècle : Axe francophone et méditerranéen, Université Paul Valéry, Montpellier III, 2001
Amadou Kourouma , textes réunis et présentés par J.-Cl. B., n°spécial d’ Interculturel Francophonies [Lecce, Italie], n° 6 (nov.-déc. 2004)
Roland Lebel, Le Livre du pays noir : anthologie de littérature africaine , avec une préface de Maurice Delafosse et 14 bois gravés de Jean Hainaut, réédition présentée par J.-Cl. B., avec la collaboration de Roger Little, coll. Autrement Mêmes 16, Paris : L’Harmattan, 2005
Eugène Pujamiscle, Philoxène, ou De la littérature coloniale , réédition présentée par J.-Cl. B., avec la collaboration de Roger Little, coll. Autrement Mêmes 61, Paris : L’Harmattan, 2010
Jean Sermaye, Barga, maître de la brousse , réédition présentée par J.-Cl. B., avec la collaboration de Roger Little, coll. Autrement Mêmes 64, Paris : L’Harmattan, 2010
Jean Sermaye, Barga l’invincible , réédition présentée par J.-Cl. B., avec la collaboration de Roger Little, coll. Autrement Mêmes 65, Paris : L’Harmattan, 2010
INTRODUCTION : UN ROMAN COLONIAL ATYPIQUE ?
Lorsqu’Émile Nolly fait paraître dans La Revue de Paris en 1908 son roman, Hiên le Maboul , il est encore un novice. La revue qui l’accueille {1} est, parmi les innombrables publications plus ou moins météoriques ou intermittentes qui marquent la vie littéraire de l’immédiate avant-guerre, plutôt de bonne tenue : en 1908, elle donne à lire, par exemple, Romain Rolland, Henri de Régnier ou Victor Bérard. Elle a publié, ou elle publiera, Édouard Estaunié, un des maîtres du roman psychologique, Marcel Prévost, auréolé de ses succès et reçu à l’Académie française en 1909, ainsi que des auteurs de littérature coloniale comme Kipling, Loti, Foa ou Pierre Mille.
Ce débutant si bien entouré enrichit dans les années suivantes sa bibliographie : en 1910, il fait éditer La Barque annamite {2} , en 1913, Le Chemin de la victoire {3} ; jusqu’en 1914, il garnit ses tiroirs de manuscrits qui verront le jour après sa mort prématurée dans les premiers jours de la guerre – car Émile Nolly est en réalité le capitaine Détanger, off cier de l’infanterie Coloniale, saint-cyrien né en 1880 dans une famille de militaires, qui a servi en Indochine puis au Maroc. La Revue de Paris livre en 1915 Le Conquérant, prolonge la fortune de Nolly en 1916 en publiant un long poème de Pierre de Bouchaud, « La France étemelle » qui célèbre en vers (très) plats « la mémoire d’Émile Détanger ». L’Académie française lui décerne un de ses prix prestigieux, à titre posthume, en 1915. Dans les années suivantes, l’écrivain ne disparaît pas encore complètement des rayonnages : La Barque annamite est republiée en 1921 et 1926, tandis qu’un inédit, Le Mariage de Bep-Mao , voit le jour en 1925 et renaît en 1929.
Décidément enrôlé sous la bannière des écrivains coloniaux, Détanger-Nolly est salué de loin en loin par des confrères du club étroit des spécialistes, tels Pujamiscle, qui le juge comme un de ceux qui « ont parlé de l’Indochine avec le plus d’objectivité » {4} . Segalen ne voit en lui qu’un écrivain exotique, ce qui n’est pas sous sa plume un vrai compliment. Pierre Mille, dans son Barnavaux aux colonies , ne le mentionne apparemment pas lorsqu’il mentionne les auteurs de cette littérature « plus intérieure », « plus psychologique » qui s’est substituée à « l’ancienne littérature coloniale, surtout exotique » {5} .
Le long silence d’oubli qui va suivre – ostracisme partagé, on le sait, par la littérature coloniale en général – a pourtant été rompu, à plusieurs reprises, et non d’une moindre manière, par des critiques dont les avis et la notoriété eussent pu alerter le lectorat sur la vraie valeur des romans de Nolly, et de Hiên le Maboul en particulier. Dans une correspondance adressée à Alan Locke en 1924, René Maran lui recommande vivement la lecture du roman de Nolly, qu’il cite d’ailleurs à nouveau en 1957 {6} . On ignore si Maran avait fait état publiquement de son admiration pour Nolly. En revanche, l’article que lui consacre Marcel Prévost dans La Revue de Paris dès la f n de 1914 disait clairement que les mérites de Nolly ne devaient pas seulement se mesurer à l’aune du piment exotique ou de l’exactitude documentaire : « Le ton résigné du récit accompagne […] en une parfaite harmonie la médiocrité des événements », disait le critique, qui ajoutait que le « principal mérite du romancier » tenait à la pénétration psychologique, celle qui permet de « voir les êtres à fond » {7} .
De fait, Hiên le Maboul, si l’action se déroule bien en Indochine, au Cap Saint-Jacques, au moment – vers 1900 – de l’affermissement de l’implantation coloniale ; si le roman met en scène ce qu’il faut d’Annamites, de congaïs, de sampans et de jonques ; s’il y est question de tirailleurs et d’infanterie coloniale, ce roman ne se réduit pas complètement au genre auquel il semble appartenir. Il n’est que de lire l’étude de Jennifer Yee sur les « littératures de l’ère coloniale : l’Indochine » {8} : elle y répertorie certains des thèmes les plus fréquemment rencontrés. Pas de mandarins incarnant la sagesse bouddhique ; pas de réflexion désabusée sur les mystères déroutants de l’âme asiatique : Nolly renouvelle ces topoï, prend même le contre-pied de l’opinion courante, répandue par la littérature coloniale, sur « l’impénétrabilité p

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