HISTOIRES DE GRANDS
128 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

HISTOIRES DE GRANDS , livre ebook

-

128 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

A la croisée des chemins, il y a Nina, 20 ans, et lui qui pourrait être son père. Deux êtres que tout sépare mais qui décident, sans se connaître, de partir ensemble. Et ce qui devait être une fuite les rapproche d'eux-mêmes et de leur vérité. Dans un Maroc de tous les contrastes, chacun renoue avec un passé lourd de souvenirs et de secrets, et peu à peu les plaies se referment...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2011
Nombre de lectures 46
EAN13 9782296454217
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DES HISTOIRES DE GRANDS
Lettres du monde arabe
Collection dirigée par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan
 
Ahmed-Habib LARABA, L’Ange de feu , 2011.
Mohamed DIOURI, Chroniques du quartier , 2011.
Nadia BEDOREH FAR, Les aléas de ma destinée , 2010.
Sami Al Nasrawi, L'autre rive , 2010.
Lahsen BOUGDAL, La petite bonne de Casablanca , 2010. El Hassane A ?T MOH, Le Captif de Mabrouka, 2010.
Wajih RAYYAN, De Jordanie en Flandre. Ombres et lumières d'une vie ailleurs , 2010.
Mustapha KHARMOUDI, La Saison des Figues , 2010.
Haytam ANDALOUSSY, Le pain de l’amertume , 2010.
Halima BEN HADDOU, L’Orgueil du père , 2010.
Amir TAGELSIR, Le Parfum français , 2010.
Ahmed ISMA ?LI, Dialogue au bout de la nuit , 2010.
Mohamed BOUKACI, Le Transfuge , 2009.
Hocéïn FARAJ, Les dauphins jouent et gagnent , 2009.
Mohammed TALBI, Rêves brûlés , 2009.
Karim JAAFAR, Le calame et l’esprit , 2009.
Mustapha KHARMOUDI, Ô Besançon. Une jeunesse 70 , 2009. Abubaker BAGADER, Par-delà les dunes , 2009.
Mounir FERRAM, Les Racines de l’espoir , 2009.
 
Dernières parutions dans la collection écritures arabes
 
N° 233 Rachid OULESBIR, Le rêve des momies , 2011.
N° 232 El Hassane A ?T MOH, Le thé n’a plus la même saveur , 2009.
N° 231 Falih Mahdi, Embrasser les fleurs de l’enfer , 2008. N° 230
Bouthaïna AZAMI, Fiction d’un deuil , 2008.
N° 229 Mohamed LAZGHAB, Le Bâton de Moïse , 2008. N° 228 Walik RAOUF, Le prophète muet , 2008.
N° 227 Yanna DIMANE, La vallée des braves , 2008.
N° 226 Dahri HAMDAOUI, Si mon pays m’était conté , 2008. N° 225
Falih MAHDI, Exode de lumière , 2007.
N° 224 Antonio ABAD, Quebdani , 2007.
N° 223 Raja SAKKA, La réunion de Famille , 2007.
Myriam Jebbor
 
 
DES HISTOIRES DE GRANDS
 
 
 
 
 
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13864-3
EAN : 9782296138643
 
Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
 
A Ahmed, Fady et Chamsy, avec mon amour de toute éternité…
Je lui ai dit : « On a parlé de tout mais pas de l’essentiel. On n’a jamais parlé d’elle. Il n’y en a eu que pour nous, mais que veux-tu, quelque part elle en fait partie, de notre histoire ! »
Il a lancé avec un drôle de sourire :
- Parce qu’elle est l’essentiel, maintenant ?
Ça semblait l’amuser, ou alors il ne comprenait pas, mais je n’ai pas aimé qu’il sourie à ce moment-là, comme on se moque. Je l’ai regardé bien en face. Ses yeux m’ont fixée, la prunelle s’est agrandie au milieu des deux perles vertes, et il a essayé de voir plus loin, à l’intérieur de moi.
- Je croyais que tu la détestais et que tu ne voulais pas que je t’en parle, tu me l’avais bien dit : on fera comme si elle n’existe pas.
Oui, je m’en souvenais, mais c’était lâche de ma part, et c’était avant, au début, quand il était beau, parfait, qu’on était les gentils et elle la méchante. Maintenant les choses avaient changé, et je voulais savoir qui elle était. Il a répété :
- Tu voulais qu’on fasse comme si elle n’existait pas.
- Oui, mais elle existe. Elle est bien vivante, et même si ça ne m’arrange pas, je suis obligée de le reconnaître. Elle est bien vivante puisque tu la rejoins tous les soirs, puisque tu dois lui rendre des comptes, lui mentir et lui inventer des tas d’histoires auxquelles même une gamine de douze ans ne croirait pas. Elle est bien vivante puisqu’elle souffre. Moi je sais que je suis vivante quand je sens que j’ai mal, et elle, elle a certainement mal tout le temps.
Il a reculé d’un pas. On est restés immobiles.
Il y avait deux mètres entre nous, et le silence… Et ça flottait là comme quelque chose d’énorme qui ne voulait pas s’éloigner. On continuait à s’observer avec une espèce de méfiance. Il a dit : « Mais enfin c’est ridicule… Pourquoi veux-tu parler d’elle ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi ce soir ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
J’ai répété après lui : « Ce qui s’est passé ? »
On ne pourra jamais dire exactement ce qui s’est passé ce mercredi. C’était il y a trois mois. Ce n’était pas la première fois que je voyais Nassim B. parce qu’ici nous avons grandi avec son visage sur le petit écran et sa photo dans les journaux. Et quand ce jour-là je l’ai rejoint dans le petit café, quand j’ai serré sa main et vu son regard plein de soleil, je n’étais pas impressionnée. Je lui ai même dit : « Vous avez quelque chose de familier ».
Je me suis assise en face de lui et j’ai sorti le bloc-notes de mon sac, l’ai posé sur la table. J’ai tourné les pages jusqu’à trouver les questions que j’avais rédigées au stylo rouge. Il a bougé un peu puis a lâché en souriant :
- Maintenant, je vous vois mieux. Dites, vous écrivez avec des stylos de toutes les couleurs, n’est-ce pas ? Et avant, vous étiez première de la classe, toujours assise au premier rang.
- Non, jamais première, et jamais au premier rang. Ça déconcentre quand on rêve.
J’ai relevé la tête en lâchant ces mots. Il a souri et j’ai trouvé qu’il était beau.
J’aurais aimé parler de cette première fois d’une autre manière. J’aurais aimé dire qu’en voyant Nassim ce jour-là, j’ai senti dans mon cœur quelque chose bouger et qu’à partir de là, tout a été bouleversé. Cela aurait justifié la suite : notre histoire, mon égoïsme, mon attitude… mais je l’ai juste trouvé beau. Et pendant qu’il parlait, je regardais ses mains larges, les doigts fins, la bague à l’annulaire, la chaîne à son cou, la petite cicatrice au coin de son œil, et je riais parce qu’il ne me parlait plus du tout de ce pourquoi j’étais venue. Parce qu’il disait : « Vous êtes belle, pas seulement belle, en fait vous avez quelque chose de différent des autres filles. Vous n’êtes pas maquillée, n’est-ce pas ? Vous relevez toujours vos cheveux comme ça, avec un crayon à papier ? Et puis vous n’êtes pas impressionnée. Les gens, quand ils me voient, sont souvent impressionnés et ils s’excusent de me retenir, de prendre un peu de mon temps. Ils disent excusez-moi, excusez-moi tout le temps, et tant qu’ils ne disent pas excusez-moi, ils ne me gênent pas. C’est après que je les trouve franchement lourds… »
Me voir rire l’amusait, et il riait avec moi. Il a tenu à régler le café et le chocolat chaud, et quand il a ouvert son portefeuille, il me l’a tendu pour que je voie la fille et le petit garçon qui souriaient. Il a dit :
- Voilà mon petit prince, et elle, elle a déjà treize ans. Elle les a eus hier, ça m’a fait une drôle de sensation. Je me suis vu très vieux, et puis ce matin, les choses sont revenues à leur place et ça allait mieux…
Le serveur est venu, reparti. Puis Nassim s’est levé. Je l’ai imité. Il a dit : « Demain je pars pour trois jours, peut-être quatre dans un endroit où il n’y a que du vent et de la mer. On pourrait prendre la route très tôt, à six heures. Il faudra emporter avec vous une grosse veste parce que les nuits sont fraîches, rien à voir avec Casablanca. » Il a dit ça et puis il s’est tu. On s’est observés un instant en silence puis il a ajouté : « On pourrait se retrouver ici demain à six heures… » J’ai regardé encore ses yeux qui attendaient. J’ai fait oui avec la tête. Il a tendu vers moi sa main, avec l’alliance à son doigt, et il a lancé : « A demain ».
Le lendemain, il pleuvait. C’était une pluie fine qui hésitait. Nassim conduisait, et de temps en temps je tournais la tête de son côté pour le regarder. J’aimais son profil, son sourire quand nos yeux se croisaient, et puis nos longs silences, le sommeil qui m’enveloppait. Il avait pris

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents