IMPASSE DE LA LIBERTE ROMAN
224 pages
Français

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IMPASSE DE LA LIBERTE ROMAN , livre ebook

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224 pages
Français

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Description

L'image d'une femme à sa fenêtre, perdue dans ses renoncements, a donné naissance à ce roman intimiste, psychologique, qui s'enracine dans le Sud-Ouest de la France. Cette dérive va plonger Claire dans une recherche de sens sur son histoire, nous invitant au questionnement existentiel, amoureux, identitaire... Cette vie s'étiolant dans l'indifférence, le passé remonte à la surface, troublant les eaux d'un bonheur familial taillé sur mesure.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 19
EAN13 9782296465602
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55226-5
EAN : 9782296552265

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Impasse de la liberté
Du même auteur


Collection d’orthophonie


Le bégaiement, approche plurielle, Editions Masson (épuisé), Paris, 1997.

Histoire d’un bégaiement, Editions Masson (épuisé), Paris, 2001.
Josyane Rey-Lacoste


Impasse de la liberté


Roman


L’Harmattan
« Qu’on me laisse à mes nuages éteints, à mon immortelle impuissance, à mes déraisonnables espoirs. Mais qu’on sache bien que je n’abdique aucune de mes erreurs. »

Antonin Artaud, L’Ombilic des Limbes.
Avant-propos
D errière la vitre se tient, telle une ombre, un visage grave et pâle. Des cheveux châtains, mi-longs, relevés à la va-vite, donnent une certaine fantaisie à ce visage sans beauté particulière, mais avec ce charme touchant, en demi-teinte, des êtres qui se perdent dans leurs rêves. Claire est cette femme en attente de vie ; une sentinelle impassible, hors d’atteinte. Son silence envahit l’espace, gangrène cette vérité contenue, étouffée sous le poids des faux-semblants. Cette vérité qui s’abrite aujourd’hui derrière une fenêtre est comme un miroir : elle nous observe, questionne nos existences ; posée face à nous, telle une énigme, elle attend, elle nous attend.

L’histoire de Claire ressemble à ces vies déroutées de leur chemin familier, en attente de rédemption. Comme si une inquiétante étrangeté s’était peu à peu emparée de leur existence, elles basculent dans une forme de désespérance banale, terriblement ordinaire. Derrière ces dérives, tout un passé en ruine s’effrite de jour en jour. Un passé qui n’intéresse plus personne. Sauf moi, Jean-Philippe, et peut-être vous, qui allez me suivre dans cette aventure. Vous comprendrez au fil de ce récit que la vie nous amène à des choix étranges, à des rapprochements, à des éloignements qui semblent imprévisibles – qui semblent seulement, car derrière les apparences se cache une vie souterraine et puissante, une vie où la recherche de la vérité mêlée avec la réalité de nos mensonges mène parfois à cette impasse de la liberté, à ce travail en trompe-l’œil de la peur qui guide nos pas.

Mais revenons au début de cette histoire, laissons-la se dérouler sans chercher à savoir, devinons-la sous ses masques, embarquons avec elle les yeux ouverts.
Chapitre I
L e mois de mai laissait éclater toute la virtuosité d’un printemps à son apogée. Déjà les roses commençaient leurs ballets de couleurs délicates chaussées de massifs de buis. La glycine s’enroulait puissante autour des arceaux de la tonnelle, serpent géant à la recherche d’une lumière essentielle à sa survie ; ses grappes mauves aux jours comptés dégoulinaient le long des volutes en fer forgé, pesantes de tant d’abondance, et pourtant si fragiles qu’à la moindre pluie elles s’éparpilleraient sur le sol, puis finiraient dans l’oubli.

La lumière d’après-midi diffusait une clarté chatoyante dans le salon où Claire et Jean-Philippe prenaient place. Autour d’eux, la disposition fantaisiste mais néanmoins élégante des meubles, des livres, des objets, jouait de cette lumière ; une atmosphère apaisée s’en dégageait, semblant se diluer dans l’espace comme une invitation à la confidence.
De larges baies vitrées témoignaient du désir de se tenir à la lisière d’un dedans-dehors complice et un peu voyeur : une maison n’est-elle pas une sorte de théâtre de l’intime où la moindre parcelle de nos vies se joue dans une alternance de rôles ?
Tour à tour acteur et spectateur d’un monde familier. On y entre, on en sort, avec plus ou moins de conviction dans le choix de son rôle ; c’est ainsi que la maîtresse de maison voyait son monde, une amante des lieux où s’entrecroise le désir.

Claire possédait le souci de l’harmonie qui s’opposait à l’artificialité d’un décor. Elle détestait ces endroits où l’œil ne peut aller au delà de ce qu’il voit. Faire joli ne l’intéressait pas.
Le lieu dit « Au Capulet » abritait sa troisième maison. Dans chacune d’entre elles sommeillaient des correspondances singulières ; une filiation où régnait une espèce d’évidence. Ce goût sensible et créatif de Claire s’était essentiellement exercé dans l’espace clos de sa vie privée.
Son absence d’ambition avait-elle nui à son équilibre ?
Elle refusait de se morfondre dans des regrets. C’était ainsi. Une forme d’acceptation, peut-être de renoncement, avait peu à peu recouvert son choix de vie.

Venez vous asseoir près de moi.
Le ton calme et déterminé de la voix de Claire tranchait avec la fièvre de ses yeux.
Tous deux, ainsi livrés au face-à-face d’une conversation pourtant informelle, gardaient une rigidité étonnante. La profession de psychanalyste de Jean-Philippe participait sûrement à cette forme de gravité, de profondeur, qui émanaient de leurs entrevues.
Cela fait quelques semaines qu’on ne s’est pas vu, dit Claire en versant le thé.
Le manque de temps, les ponts du mois de mai… Et puis des patients qui appréhendent l’approche des vacances…
Cela semble paradoxal.
Ne croyez pas cela, pour beaucoup de personnes, le travail, les contraintes quotidiennes assurent, même si elles s’en plaignent, une forme de permanence qui les rassure.
On ne s’avoue jamais ce genre de choses, n’est-ce pas ? demanda Claire avec un petit sourire.
En général, on attend que le désordre envahisse tout l’espace, jusqu’au moment où on manque d’oxygène… jusqu’à la déprime… Mais on connaît tous ces moments de fuite !
J’ai besoin de bouger, rajouta-t-il tout en joignant l’acte à la parole. Toute la journée assis, c’est parfois insupportable. Je rêve de séances comme des promenades, avec de grandes enjambées, plutôt que ces micro réajustements d’un corps prisonnier de son fauteuil !
Pourquoi pas ? Vous avez peut-être raison, même si je vous soupçonne de ne pas vraiment croire à ce que vous dites !
Il y aurait des réfractaires avec des mots d’excuse comme à l’école ! Par contre, des actifs comme Thomas seraient de potentiels patients ! plaisanta Jean-Philippe tout en se rasseyant. Plus sérieusement, comment va-t-il ?
Bien je pense, se surprit-elle à répondre, comme si ni l’un ni l’autre ne prenaient plus la peine de s’enquérir de leurs états d’âme. Sa vie, comme vous venez de le dire, est un tourbillon de projets, d’activités…
Et vous Claire ?
Oh moi, je survis ! répliqua-t-elle dans un éclat de rire.
Jean-Philippe savait que derrière ce rire forcé se cachait un mal de vivre que son amie tentait de surmonter seule. Une solitude qui devenait au fil des mois, plus douloureuse, plus contraignante.
On est tous d’une certaine façon des survivants ! acquiesça-t-il d’un mouvement de bras qui exprimait cette fatalité incontournable. Mais, à part ce sort commun, comment vous sentez-vous ? Je ne veux pas être indiscret Claire, mais je vois bien que vous traversez une période difficile et…
Vous ne l’êtes pas, coupa-t-elle d’une voix aussi douce que ferme. Vous écoutez toute la journée des personnes déprimées, je ne veux pas vous importuner avec mes problèmes…
Est-ce une raison pour que nous ne parlions pas de vous ?
Peut-être que je me contente de ces conversations libres et spontanées que nous partageons.
Justement, insista-t-il, cette liberté de parole n’a de sens que si nous osons nous découvrir. Vous le savez bien.
Oui, je le sais, murmura-t-elle avec une pointe de docilité feinte. Mais n’oubliez pas que nous sommes des amis qui pratiquons un exercice périlleux, nous avons en commun une personne qui nous est chère à tous les deux : mon mari ! Dans ces conditions, fit-elle avec une moue espiègle, oser se découvrir devient un déshabillage qui dénude également l’autre !
Ne vous cachez pas derrière Thomas. Mon regard n

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