Irrésistible, ou l'autre désir

Valérie Demesse

Description

Écrivain à ses heures perdues, elle croit tenir la chance de sa vie en approchant Andersen, l’éditeur à la mode. Une soirée, une apparition, un sujet de roman: l’homme aux ballons, un enfant dans un corps d’homme. Hugo, un marginal, un rêveur… qui la laisse sous le charme. Et devient l’objet d’un pari stupide avec Segers, auteur à succès. Le premier qui en aura tiré un roman sera publié. La jeune femme se lance à cœur perdu dans sa quête d’Hugo. Apprendre à le connaître, à l’apprivoiser… Jongler entre cette vie dont elle veut abreuver ses pages et la sienne. Celle qu’elle partage avec Franz… à temps partiel, chacun chez soi. Entre son sujet, son copain, un ex-coup de foudre qui refait surface et un inconnu qui la met dans tous ses états, elle ne sait plus où donner de la tête. Elle pourrait succomber. Elle pourrait résister. Nul ne peut retenir le temps qui nous échappe inexorablement. Il passe trop vite, l’amour aussi… Le désir et la peur, la raison et la passion, l’engagement et la fuite en avant: moderne et intemporel à la fois, un savoureux portrait de la trentaine et de ses petits désordres amoureux. Une histoire de rencontres, de défis, de lâcher prise. Savoir ce que l’on veut et l’oublier la seconde d’après. Valérie Demesse compose une valse des sentiments pleine d’élans et d’hésitations. Juste, drôle, parfois amer: Irrésistible.

Informations

• Publié par: publibook
• Nombre de lectures: 51
• EAN13: 9782748360981
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Irrésistible, ou l’autre désir

Valérie Demesse Irrésistible, ou l’autre désir

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À nos actes manqués.

Prologue Nul ne peut retenir le temps qui nous échappe inexorablement… il passe trop vite, l’amour aussi. Les sentiments s’évanouissent tandis que défilent les secondes, mais les souvenirs, eux, demeurent à jamais. L’émotion véritable ne s’oublie pas, elle se refoule, se dissimule, se déguise sans cesser d’exister. Il faut croire que les plus belles rencontres nous prennent systématiquement par surprise. On est là, tranquillement, à errer sans but précis, et l’instant d’après, on comprend enfin pourquoi on passe tellement de temps à ne rien faire. Parce qu’on s’efforce de rester disponible, au cas où quelqu’un retiendrait notre attention, on veut avoir du temps à lui consacrer, avant qu’il ne manifeste le désir de s’en aller, parce que c’est là, maintenant que tout se joue, l’occasion est probablement inespérée et ne se représentera pas, alors si on le laisse filer, ou ne serait-ce que détourner les yeux, on ne saura jamais si oui ou non cela valait le coup de perdre un peu de temps en sa compagnie. C’est exactement ce qu’il s’est passé lorsque je l’ai aperçu, à quelques mètres de moi. Je ne distinguais qu’une silhouette, un visage dévoré par les ombres que projetaient les arbres environnants, pourtant j’ai immédiatement eu le sentiment de détenir enfin une bonne raison de me trouver assise dans l’herbe, à regarder passer les nuages. Il jouait de la guitare, et puisque j’étais justement en quête d’inspiration, je ne pouvais m’empêcher d’écouter d’une

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oreille distraite les quelques notes qu’il laissait s’échapper. Elles diffusaient en moi une délicieuse sensation de bien- être, et sans même m’en rendre compte, je me suis retrouvée à marmonner des paroles dénuées de sens mais qui s’harmonisaient parfaitement avec les accords de mon inconnu. Et c’est là, pendant cet instant de connivence, d’intimité volée, que je suis tombée amoureuse d’une chanson éphémère, puisque je savais pertinemment que même si mon inconnu reproduisait exactement les mêmes sons, je serais bien incapable de retrouver les mots adéquats, l’intonation qui leur sied. Tout cela m’avait échappé sans que je ne puisse rien contrôler, c’était une évidence et par après, je me suis sentie complètement vide, comme nostalgique, et persuadée d’avoir vécu le moment le plus fabuleux de mon existence. Le sentiment fugace de plénitude éprouvé lors de ce duo improvisé m’avait comblée pour me laisser désemparée dès qu’il m’a échappé. Et lorsque j’ai finalement voulu m’approcher de mon inconnu, lui adresser la parole sous n’importe quel prétexte, il a entrepris de se rouler soigneusement une cigarette avant de se relever, et j’ai détourné les yeux pour ne pas le voir s’éloigner. Parce qu’il emportait avec lui la mélodie qui m’avait un instant remplie d’espoir.

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