Je ne sifflerai pas deux fois
210 pages
Français

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Je ne sifflerai pas deux fois , livre ebook

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Description

Le corps policier reste à coup sûr, de nos jours, l'une des plus grandes curiosités des Etats postcoloniaux africains.
Dans ce roman, un sifflet de flic décrit le quotidien hallucinant de son "patron". Il fait aussi le procès de Françafrique, de la corruption et des dirigeants africains qui abandonnent leur peuple pour servir les intérêts occidentaux. Une histoire pleine de poésie, d'humour et de suspense... Un merveilleux poème d'amour.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2010
Nombre de lectures 284
EAN13 9782296253216
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Je ne sifflerai pas deux fois
Encres Noires
Collection dirigée par Maguy Albet
et Emmanuelle Moysan

Dernières parutions
N° 333, Aboubacar Eros SISSOKO, Suicide collectif. Roman, 2010.
N° 332, Aristote KAVUNGU, Une petite saison au Congo, 2009.
N° 331, François BINGONO BINGONO, Evu sorcier. Nouvelles , 2009.
N° 330, Sa’ah François GUIMATSIA, Maghegha’a Temi ou le tourbillon sans fin , 2009.
N° 329, Georges MAVOUBA-SOKATE, De la bouche de ma mère, 2009.
N° 328, Sadjina NADJIADOUM Athanase, Djass, le destin unique, 2009.
N° 327, Brice Patrick NGABELLET, Le totem du roi, 2009.
N° 326, Myriam TADESSÉ, L’instant d’un regard, 2009.
N° 325, Masegabio NZANZU, Le jour de l’éternel. Chants et méditations, 2009.
N° 324, Marcel NOUAGO NJEUKAM, Poto-poto phénix , 2009.
N° 323, Abdi Ismaïl ABDI, Vents et semelles de sang, 2009.
N° 322, Marcel MANGWANDA, Le porte-parole du président, 2009.
N° 321, Matondo KUBU Turé, Vous êtes bien de ce pays. Un conte fou, 2009.
N° 320, Oumou Cathy BEYE, Dakar des insurgés, 2009.
N° 319, Kolyang Dina TAÏWE, Wanré le ressuscité, 2008.
N° 318, Auguy MAKEY, Gabao news. Nouvelles, 2008.
N° 317, Aurore COSTA, Perles de verre et cauris brisés, 2008.
N° 316, Ouaga-Ballé DANAÏ, Pour qui souffle le Moutouki, 2008.
N° 315, Rachid HACHI, La couronne de Négus, 2008.
N° 314 Daniel MENGARA, Le chant des chimpanzés, 2008.
N° 313 Chehem WATTA, Amours nomades. Bruxelles, Brumes et Brouillards , 2008.
N° 312 Gabriel DANZI, Le bal des vampires , 2008.
N° 311, AHOMF, Les impostures , 2008.
N° 310, Issiaka DIAKITE-KABA, Sisyphe… l’Africain, 2008.
N° 309, S.-P. MOUSSOUNDA, L’Ombre des tropiques, 2008.
N° 308, Loro MAZONO, Massa Djembéfola ou le dictateur et le djembé, 2008.
N° 307, Massamba DIADHIOU, Œdipe , le bâtard des deux mondes, 2008.
N° 306, Barly LOUBOTA, Le Nid des corbeaux, 2008.
N° 305, S. -P. MOUSSOUNDA, Le paradis de la griffure, 2008.
N° 304, Bona MANGANGU, Carnets d’ailleurs, 2008.
Lottin Wekape


Je ne sifflerai pas deux fois
Roman
Du même auteur


Le Perroquet d’Afrique. Roman
« Écrire l’Afrique », L’Harmattan, Paris, 2005
htpp://www.romeœtjidiette.unis.com Nouvelles
« Écrire l’Afrique », L’Harmattan, Paris, 2007
Chasse à l’étranger. Nouvelles
« Encres noires », L’Harmattan, Paris, 2008


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11559-0
EAN : 9782296115590

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
Pour Perle Imelda, ma fille ;
Pour Aymeric Cameroun.
Dors, mon frère africain à l’air insouciant
Car le pétrole, comme une source généreuse, coule encore
L’or et le diamant adoucissent l’oreiller de tes nuits
Les vautours, aux aguets, te nourrissent de flagorneries
Les victimes innocentes, par milliers, bercent ta tyrannie
Alors, dors mon frère, pourquoi t’éreinter ?
Dors, dors, en attendant l’impitoyable jugement du futur.
Roland Lowe

Ceux qui sèment avec larmes
Moissonneront avec chants d’allégresse.
Ps. 126 :5
CHAPITRE I
Pppip ! Pppip ! Silence tout le monde, je vais enfin parler. Taisez-vous donc un instant, tas de perroquets oisifs, pour écouter l’histoire d’un pauvre petit sifflet d’Afrique. Pppip ! À la bonne heure, vous m’écoutez. Je sais combien c’est difficile pour vous, humains, de vous taire un instant afin de donner la chance aux autres de parler. Pinailler à longueur de journée pour ne rien dire, ergoter, aboyer et miauler dans tous les sens : tels sont vos passe-temps favoris. Voilà pourquoi je vous dis merci d’avance, chers humains, pour votre illustre attention. Dans mon gosier agressé depuis la prime enfance, de simples lettres alphabétiques se sont muées, au fil du temps, en constellations de mots étouffés, puis en blocs de phrases censurées, et après, en redoutables paragraphes bruyants heureusement réduits au silence provisoire. Aujourd’hui que les paragraphes sont devenus texte, aujourd’hui qu’enfin, cette parole longtemps étouffée a accouché d’un livre, il faut s’armer de tous les farouches tortionnaires de Kadhafi, de Denis Sassou Nguesso, d’Obiang Nguema, d’Idriss Deby et de Paul Biya, pour continuer à maintenir le silence des mots. Mission impossible, malheureusement ! Le train est désormais en marche. Les orifices de mon sifflet sont à présent ouverts, et pour parler comme Ayolo, rien ne peut arrêter la course folle d’un vrai pet. Pppip ! Il en va de même d’une parole longtemps embastillée qui obtient un beau matin le droit à la parole. Il est enfin temps que les sifflets parlent après tous ces siècles de monopole du verbe par l’espèce humaine.
Je m’appelle Sifflet de Flic, à ne pas confondre avec Sifflet de Cheminot, Sifflet de Griot, Sifflet d’Arbitre de football ou Sifflet de Marin. La précision vaut bien la peine, mesdames et messieurs. J’appartiens au flic Athanase Ngoulouré, un brave gardien de la paix camerounais devenu inspecteur de police, grâce aux nombreuses magouilles dont s’inspire l’administration post-coloniale africaine. Mon nom c’est Sifflet de Flic, vous dis-je, tas d’oiseaux plaintifs, même si pour Ngoulouré, mon maître, je m’appelle Sifflet de merde, Pppip ! Encore une sottise des humains ! Autrement dit, je suis la propriété de la merde, des excréments. Pppip ! Le plus souvent, les humains parlent pour ne rien dire. Ils parlent pour le seul plaisir de combiner des mots creux, comme des enfants qui laissent éclater leur joie quand ils collectionnent des jouets bruyants. Non, plutôt comme des oiseaux-gendarmes qui blablatent stupidement à longueur de journée, sans jamais avoir la moindre occasion de se comprendre. Pppip ! Appelez-moi, je vous en prie, comme vous le commande votre imagination. Je sais au moins dans le fond de mon sifflet ce qui est bon pour moi. Toutefois, chers lecteurs, je tiens sincèrement à préciser que comme tous les frères de mon espèce, je n’ai pas choisi mon nom. Quand je suis venu au monde, j’ai juste été surpris de m’entendre appeler unilatéralement « sifflet » par les humains. Ils ont décidé de mon nom sans en aucun moment chercher à savoir quel était mon point de vue. Sûrement, aucun frère de mon espèce n’aurait accepté un nom si affreux, si pauvre en poésie et en fantaisie, si banal. Pppip !
Toutes les fois où Ngoulouré n’a pas d’argent, toutes les fois qu’il est fauché comme un vrai catéchiste, il se dirige en courant dans des grandes artères noyées d’automobiles, intercepte tous les chauffeurs de taxi et les rançonne sans ménagement. Vu que les sifflets n’aiment ni la corruption, ni l’injustice, je me révolte le plus souvent en nouant ma gorge tandis que le flic souffle rageusement dans ma bouche. Au lieu du terrible Pppip ! tant redouté des automobilistes, on entend plutôt le pitoyable chuchotis produit par les pets étouffés que lâchent mes orifices en colère : chiiiiiiiiii ! chiiiiiiiiii ! Une pétarade aussi lamentable que le pet d’un vieil âne agonisant. Pppip ! Ulcéré, Ngoulouré m’étrangle presque dans sa main en hurlant : « Sifflet de merde ! Ahidjo de merde ! Biya de merde ! Mitterrand de merde ! Cameroun de merde ! Afrique de merde ! France de merde ! Françafrique de merde ! Vie de merde ! Merde ! »
Je suis né le 30 octobre 1982 à Bakassi, une presqu’île riche en poisson et en pétrole, convoitée avec acharnement par le Nigeria et le Cameroun. Les sages dirigeants des deux pays ont d’ailleurs déjà offert de dizaines de pauvres diables pour conquérir ces arpents de terre. Zut ! Je commence à déconner et à pérorer comme les humains sans inspiration qui discourent pendant des heures pour ne rien dire. J’ai plutôt été fabriqué le 30 octobre 1982 à Bakassi, je ne suis pas né. Pppip ! Putain de sifflet ! Je ne suis pas sorti des cuisses sanglantes d’une femme en vagissant au point de troubler la tranquillité d’une maternité ; j’ai plutôt vu le jour…et la nuit, c’est ce que je devrais dire, enfin. J’ai vu le jour et la nuit grâce aux doigts magiques du célèbre Ayolo Odepanu, un forgeron de quarante-deux ans, né à Bakassi, d’un père nig

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