Jules Verne et ses héros
130 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Jules Verne et ses héros , livre ebook

-

130 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Sans quitter le vert paradis des lectures enfantines, Jules Verne montre aujourd'hui un second visage : celui d'un écrivain pour tous les âges de l'homme. Objet de colloques et de thèses, scruté par Foucault ou Butor, Deleuze, Serres ou Derrida en France comme à l'étranger, il paraît être un témoin de la modernité et sa mythologie fait revivre notre imaginaire d'une façon à la fois profonde et chatoyante.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 75
EAN13 9782296470545
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JULES VERNE ET SES HÉROS

Une leçon d’abîmes
Espaces Littéraires
Collection dirigée par Maguy Albet


Dernières parutions


Samuel ROVINSKI, Cérémonie de caste (traduit de l’espagnol par Roland Faye), 2011.
Mirta YANEZ, Blessure ouverte , 2011.
Jean-Michel LOU, Le Japon d’Amélie Nothomb , 2011.
Serge BOURJEA, Paul Valéry , la Grèce, l’Europe , 2011.
Masha ITZHAKI, Aharon Appelfeld. Le réel et l’imaginaire , 2011.
Frantz-Antoine LECONTE (sous la dir.), Jacques Roumain et Haïti, la mission du poète dans la cité , 2011.
Juan Manuel MARCOS, L’hiver de Gunter, 2011
Alexandre EYRIES, Passage du traduire , Henri Meschonnic et la Bible , 2011.
Charles WEINSTEIN, Pouchkine. Choix de poésies , 2011.
Manuel GARRIDO PALACIOS, Le Faiseur de pluie. Roman , 2011.
Lucile DESBLACHE, La plume des bêtes. Les animaux dans le roman , 2011.
Elizabeth LEGROS CHAPUIS, Le Mexique, un cas de fascination littéraire au pays des chiens morts , 2011.
Claude FRIOUX, Le Chantier russe. Littérature , société et politique. Tome 2 : Écrits 1969-1980 , 2011.
Najib REDOUANE, Yvette BENAYOUN-SZMIDT (dir);° L’œuvre romanesque de Gérard Etienne. E(cri)ts d’un révolutionnaire , 2011.
Fabrice BONARDI (sous la dir. de), La nouvelle Georges Sand , 2011.
MD. SHELTON, La révolution imaginée. Haïti et les autres, 2011.
Mireille NICOLAS, Henri Bosco, Le Mas Théotime , 2011.
Nathalie DE COURSON, Nathalie Sarraute, la ¨Peau de maman , 2010.
René AGOSTINI, Théâtre poétique et/ou politique ? , 2010.
Joëlle BONNIN-PONNIER, Les Goncourt à table , 2010.
Jacques Pezeu-Massabuau


JULES VERNE ET SES HÉROS

Une leçon d’abîmes
© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.ibrairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-56315-5
EAN : 9782296563155

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Regarde, et regarde bien !
Il faut prendre des leçons d’abîme !

Voyage au centre de la Terre
PROLOGUE UN VOYAGE EN TROIS AILLEURS
D’un exil séculaire au vert paradis des lectures enfantines, Jules Verne revient aujourd’hui avec son véritable visage : celui d’un écrivain pour tous les âges de l’homme. Scruté, analysé, psychanalysé, objet en maints pays de colloques et d’exégèses, il surgit parmi nous porteur de charmes neufs, sans que les anciens aient perdu leurs pouvoirs. Nés de l’union merveilleusement réussie de l’imaginaire et de la science, ils continuent d’opérer, sa magie de séduire. Toujours maître de ses charmes, le romancier nous y garde plus de cent ans après sa mort, ce qui introduit le véritable problème des Voyages extraordinaires : pourquoi et comment opèrent cet attrait et ce persistant intérêt ? De plusieurs manières assurément mais, à n’en retenir ici qu’une seule, cette capture s’exerce toujours en nous invitant "autre part". Des trois ailleurs – l’exotisme, la poésie, l’aventure – dont Verne entretient subtilement la nostalgie chez son lecteur, seul le dernier et sa figure héroïque feront l’objet de cet essai. Mais ils ne se révèlent vraiment qu’à la lumière des deux autres.
Cette emprise, Verne l’assure d’abord en nous dépaysant : dès les premières pages de chaque récit, les Voyages déroutent de plusieurs façons. Et d’abord la plus simple : les véhicules parfois étranges qui transportent ses héros, ainsi l’éléphant mécanique de La Maison à vapeur ou l’obus qui va vers la lune. Mais même réels ou du moins réalisables, l’art du conteur ajoute à leur merveilleuse efficacité une dimension nouvelle. Tels sont le ballon des Cinq semaines , le sous-matin de Nemo, L’Île à hélice , le radeau de La Jangada et les appareils volants de l’ingénieur Robur.
Non moins extraordinaires sont les lieux de l’action, presque toujours véridiques mais "surréalisés". Verne ici se montre optimiste : existent bien des lieux inhabités mais point d’inaccessibles ; aussi promène-t-il ses héros dans les endroits les moins attendus. Ainsi le fond des océans (dans Vingt mille lieues sous les mers ), les volcans par où on pénètre dans la Terre et on en ressort, et toutes les maisons de glace où se réfugient ses explorateurs, tels les compagnons du Capitaine Hatteras dans leur course obstinée vers le Pôle nord. Les grottes sont nombreuses, parfois refuges ou même habitations : dans L’Île mystérieuse , outre celle qui abrite les cinq rescapés, la cavité sous-marine où Nemo et son submersible se trouvent emprisonnés, l’immense excavation de Voyage au centre de la Terre avec une mer, un ciel, des nuages et même des êtres vivants, et encore celle de L’Étoile du Sud , tout en diamants, rubis et émeraudes.
Car cet ailleurs exotique du merveilleux vernien gît surtout dans une aura particulière, à mi-chemin du rêve et de l’illusion. Ainsi dans Le Château des Carpathes , un des derniers grands récits, auquel le Surréalisme et la réhabilitation du roman gothique ont ajouté une aura de modernité. Mais l’insolite se glisse même dans des endroits aussi prosaïques qu’une mine abandonnée ( Les Indes noires ), ou les vastes espaces des continents lointains, assurément dangereux mais déjà connus et acquis à l’emprise de l’homme, ainsi la Sibérie de Michel Strogoff . Il règne enfin en maître dans les lieux ignorés, tel encore Voyage au centre de la Terre où se rencontrent fort naturellement tous les mythes de l’imaginaire occidental et sur lequel je reviendrai longuement.
Extraordinaires les Voyages le sont aussi dans l’univers du langage. On tracerait sans peine un parallèle avec Sade, dont le monde est tout aussi irréel, voire irréalisable au plan du comportement normal de l’être humain. Comme chez l’auteur de Justine , la seule réalité possible est celle des mots, même si les héros verniens se gardent bien de mettre en pratique certains d’entre eux, tandis que ceux du divin marquis ne s’expriment et ne vivent que pour cela. Les lecteurs de Verne perçoivent ses surhommes à travers une prose abondante mais point hâtive (on l’a soutenu), empreinte au contraire d’une vaste culture et d’un immense bonheur d’écriture. C’est par ce médium de nature foncièrement poétique qu’ils hantent notre imagination, et il n’est pas étranger à leur compréhension d’en examiner les secrets. J’en donnerai trois exemples.
Hors même du style, la technique du récit est exceptionnellement habile. À ce titre, le premier chapitre de Michel Strogoff constitue un modèle d’exposition. Durant les quinze premières pages, le romancier plonge son lecteur au centre d’une immense réception dans un palais non moins vaste, au cours de laquelle les principaux personnages nous sont présentés quoique toujours dans un semi-anonymat propre à faire "monter" la curiosité du lecteur. Ce qui permet à Verne de la satisfaire avec éclat dans les cinq dernières lignes de ce chapitre : Cette rivière, c’était la Moscowa, cette ville c’était Moscou, cette enceinte fortifiée c’était le Kremlin, et l’officier des chasseurs de la garde qui écoutait vaguement le bruit jeté par le Palais-Neuf sur la vieille cité moscovite, c’était le czar. Ensuite de quoi, l’aventure peut commencer et son héros entrer en action.
Mais l’invention verbale n’est pas moins d’un grand écrivain ; plus exactement d’un écrivain de cette époque : c’est celle où Rimbaud mêle à ses vers des vocables imaginaires et Mallarmé proclame : j’invente une langue pour peindre non la chose, mais l’effet qu’elle produit. Grand amateur de jeux de mots, Verne utilise fréquemment anagrammes et autres acrobaties linguistiques : qui ne sait que Servadac , héros du roman qui porte son nom, est le palindrome de cadavres ? Ailleurs, il n’hésite pas à inventer des termes dont la sonorité lui plaît. Ainsi dans Frritt-Flacc : C omme un phare d’une portée de cinquante kertses, le Vanglor signale le port de Luktrop aux felzanes, verliches ou balances, dont l’étrave scie les eaux de la Mégalocride… De l’autre côté s’entassent quelques ruines de l’époque crimmérienne .
Enfin on retrouve ce goût des belles sonorités dans l’art de la liste que le romancier pratique en virtuose. Il s’agit d’un g

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents