Juste un reflet...
154 pages
Français

Juste un reflet... , livre ebook

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154 pages
Français

Description

Paroles croisées de quatre femmes, dont la narratrice : se dévoile l'itinéraire d'une Allemande, rencontrée par hasard dans un village maghrébin. Elle y a suivi son mari. Son exil coïncide avec la rencontre d'un pays et d'une langue. Situation paradoxale que son insertion et son exclusion. Remontent les traumatismes de l'adolescence, d'une maternité refusée, tandis que, peu à peu, la relation avec son époux se délite. Sublimant ces déchirements, le personnage de ce récit ira jusqu'à pourvoir son mari d'une deuxième épouse.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2008
Nombre de lectures 64
EAN13 9782296206922
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Juste un reflet. ..Écritures
Collection/ondée par Maguy Albet
Directeur: Daniel Cohen
Dernières parutions
Jean-François LOPEZ, La rivière de pierre. Nouvelles, 2008
Dominique LEMAIRE, Saltimbanques, 2008.
Bernard FELIX, Fiona, 2008.
Marcel BARAFFE, Comme une vague inquiétude, 2008.
Ray COSPEREC, L'artiste inconnue, 2008.
Gianfranco STROPPINI DE FOCARA, Farahmonde, 2008.
Noël GUILLARD, Sur la route de Kiev, 2008.
Alain DULOT, Les remparts de Dubrovnik, 2008.
Jean PERDIJON, La solitude du cosmologiste, 2008.
Daniel BERNARD, Les Magayantes, 2008.
Hüseyin LA TIF, La mort bleue, 2008.
AICHETOU, Cette légendaire année verte, 2007.
Mireille KLEMENTZ, Le maître allemand, 2007.
Anne-Marie LARA, Les bellezêveries, 2007.
Antoine de VIAL, Prendre corps ou l'envers des mots, 2007. de VIAL, NY 9/11 911. Édition bilingue, 2007.
Urbano TAVARES RODRIGUES, Lajleur d'utopie Ajlor da
utopia. Nouvelles traduites du portugais par Joào Carlos
Vitorino Pereira. Edition bilingue, 2007.
Collectif (concours de la nouvelle George Sand), Dernières
nouvelles du Berry, 2007.
Jaunay CLAN, Milosz ou L'idiot magnifique, 2007.
Jean BENSIMON, Récits de l'autre rive, 2007.
Anne MOUNIC, Jusqu'à l'excès, 2007.
Manuel GARRIDO PALACIOS, L 'Abandonnoir, 2007.
Pierre MARTIN, La beauté de Ghephra, 2007.
François AUGE, Lumière cachée, 2007.
Derri BERKANI, Le retourné, 2007.
Alain LORE, À travers les orties, 2007.
Nicole Victoire TRIVIDIC, Pleure, 2007.
Liliane ATLAN, Même les oiseaux ne peuvent pas toujours
planer, 2007.Jane El Kolli
Juste un reflet...
roman
L'Harmattan@ L'Harmattan, 2008
5-7, rue de l'Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.Iibrairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan 1@wanadoo. fr
ISBN: 978-2-296-06420-1
EAN : 9782296064201Chapitre l
La commande
e matin, j'avais rendez-vous avec Johannah et Katha-Crina, mes complices attitrées pour les
balades-découvertes dans la zone montagneuse éloignée de la ville où
nous résidions. C'était toujours avec la même sensation de
légèreté que nous laissions derrière nous les enfants, les
hommes, les collègues, le regard de l'autre et celui de
l'épicier pour le seul plaisir de nous faire plaisir. Au bout d'une
demi-heure, on y ajoutait la rage des embouteillages,
l'ombre grisâtre des barres d'habitations, les détritus rabattus au
pied de leurs murs, accrochés aux arbustes effeuillés,
souffreteux, poussiéreux de leurs espaces gris. La vue des
premiers arbres alignés au bord de la route et, entre leurs
troncs, celle des champs de céréales ou de la géométrie
variable des vignobles décrispait enfin nos mâchoires. A
nous les rencontres insolites, les émotions esthétiques, la
chasse à 1'authentique ou l'amertume des mésaventures!8 JANE EL KOLLI
Aujourd'hui, nous avions projeté de nous rendre
dans un petit village de tisserandes où mes amies espéraient
pouvoir se faire confectionner une couverture de laine.
Elles la voulaient filée et tissée selon les traditions de la
région, mais sans motifs décoratifs, leur préférence allant à
l'austérité rugueuse de la laine écrue. C'est un ami de
Katharina, dont les parents vivaient dans un village voisin, qui
leur avait signalé ce lieu où certaines femmes, une fois
exécutées les pièces nécessaires à leur foyer, acceptaient les
commandes de quelques citadines aisées.
A mesure que l'auto s'éloignait de la ville,
l'environnement se faisait plus amène. C'était le printemps,
période la plus favorable aux déplacements, sans la poussière
de l'automne, les boues de l'hiver ou les suffocations de
l'été. Dans les plaines défilaient des camaïeux de verts
nouveaux, lustrés, joyeux, à l'exubérance encore contenue. Des
cubes d'habitations, certains à un et deux étages,
s'égrenaient sans charme en bordure des routes. Nous traversions
des villages toujours très encombrés, qui se coloraient de
plus en plus à mesure que nous nous rapprochions du pied
des montagnes, enchaînées les unes aux autres au bout de
la dernière ligne droite. La première montée amorcée nous
laissa dans le regret des senteurs d'orangers en fleurs, qui
nous avaient fait baisser les vitres. Le long des premières
pentes, de vieux oliviers, vert cendré et argent frémissant,
s'accrochaient aux parcelles de terre épargnées par les
rochers. TIs disparaissaient un peu plus haut, remplacés par
des conifères que rehaussaient par endroits quelques vieux
cèdres. La lueur du soleil, que filtrait le sombre vert de
leurs branches, paraissait froide. Des tronçons de sentierJUSTEUNREFLET... 9
vides d'hommes s'intercalaient entre leurs troncs.
Quelquefois on apercevait de petites maisons trapues, plus basses
que celles des plaines, mais moins impersonnelles. Les
pierres prélevées dans les torrents asséchés se retrouvaient sur
leurs murs cerclés de haies épineuses.
Notre arrivée au village, un de ceux qui surlignaient
la crête de moyenne montagne où nous étions, ne passa pas
inaperçue. D'abord surpris, les enfants qui nous avaient
repérées les premiers nous avaient accueillies bruyamment,
bien vite rejoints par d'autres, alertés par l'écho de leur
excitation. Décontenancées, mais jouant l'assurance, nous
nous étions dirigées vers une petite maison, dont on nous
avait indiqué l'emplacement, à l'entrée du village, escortées
par une troupe de gamins réjouis, curieux et plutôt
insolents. Un vieil homme très voûté, un employé de la mairie
d'un village de la plaine, maintenant à la retraite, nous avait
reçues sur le pas de sa porte. Informé de notre venue, il
devait guetter notre arrivée. Après avoir chassé les enfants
par quelques imprécations énergiquement assenées, il avait
proposé de nous accompagner immédiatement chez les
tisserandes.
Soulagées, nous lui avions emboîté le pas dans le
dédale empierré des ruelles qui montaient vers le haut du
village. Son attitude très réservée et son visage plutôt fermé
nous avaient donné à entendre qu'il ne souhaitait pas
converser avec nous, en tous les cas pas en public. Nous
l'avions donc suivi en silence, dévisagées sans vergogne par
quelques demi-regards féminins glissés dans
l'entrebâillement furtif des portes ou ostensiblement ignorées par des
hommes qui descendaient, drapés dans leur dignité, vers le10 JANE EL KOLLI
bas du village. Une fillette, assise sur la marche d'une porte,
serrait dans ses bras un chaton sur le point d'étouffer. Elle
souriait, ravie du spectacle de ces étranges visiteuses qui
suivaient le vieil homme bougon, qu'elle n'avait jamais vu
en telle compagnie. Les gamins goguenards, intrigués et
réjouis de cette diversion qui relevait leur ordinaire,
maintenus à distance par la seule présence du vieil homme, ne
nous perdaient pas de vue. TIs guettèrent vainement la
moindre opportunité de se rapprocher de nous, pour
satisfaire leur bruyante curiosité.
Arrivé à destination, notre guide avait frappé
vigoureusement du plat de la main une lourde porte de bois, tout
en annonçant à voix haute sa présence ou peut-être la
nôtre. Après quelques échanges avec la femme d'âge
respectable qui avait entrebâillé la porte, le vieil homme prit
congé de nous, sobrement, sans écouter nos remerciements.
A la demande de la maîtresse des lieux et à sa suite, nous
avions franchi un petit passage coudé obscur, qui
débouchait dans une cour intérieure lumineuse, tapissée de
plantes vertes qui commençaient à fleurir. Elle était entourée de
plusieurs pièces distribuées sur deux étages. Un petit
groupe coloré de villageoises nous attendait tout en bavardant
avec animation. On nous dirigea vers la plus vaste des
pièces, au premier étage.
Très vite, il fut clair que nous avions basculé dans
un autre univers, celui des femmes et celui des difficultés de
communication, que notre méconnaissance de la langue
locale rendait inévitable. La débauche de sourires et de
gestes amicaux partagés ne suffiraient pas à nous faire
entendre de celle, qui visiblement exerçait son autorité sur laJUSTE UN REFLET. . . Il
petite assemblée qui nous entourait.

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