L Afrique occidentale dans la littérature française (depuis 1870)
345 pages
Français

L'Afrique occidentale dans la littérature française (depuis 1870) , livre ebook

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345 pages
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Description

L'Afrique occidentale, ainsi que Roland Lebel la concevait, est avant tout une création française. Au gré de cette thèse présentée à la Sorbonne en 1925, Lebel rend hommage à plusieurs générations de lettrés qui mirent leur talent, et surtout leur patriotisme, au service de la cause coloniale. Le présent ouvrage atteste cet effort de mettre la chose littéraire au service d'une idéologie républicaine encore très cocardière et exclusive. Plus subrepticement, son récit dit aussi l'avènement d'une littérature africaine en français.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2014
Nombre de lectures 28
EAN13 9782336345239
Langue Français
Poids de l'ouvrage 20 Mo

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Extrait

et îction. Il est aussi l’auteur de plusieurs livres dont un récent
ROlaNd LEbEl L’AFRIQUE OCCIDENTALE DANS LA LITTÉRATURE FRANÇAISE (DEpUIS 1870)
AUTREMEPNrTéSEMNÊtatMiOENSdE PiErrE-PhilippE fraiturE
L’AFRIQUE OCCIDENTALEDANS LA LITTÉRATURE FRANÇAISE
COLLECTIONAUTREMENT MÊMES conçue et dirigée par Roger Little Professeur émérite de Trinity College Dublin, Chevalier dans l’ordre national du mérite, Prix de l’Académie française, Grand Prix de la Francophonie en Irlande etc. Cette collection présente en réédition des textes introuvables en dehors des bibliothèques spécialisées, tombés dans le domaine public et qui traitent, dans des écrits de tous genres normalement rédigés par un écrivain blanc, des Noirs ou, plus généralement, de l’Autre. Exceptionnellement, avec le gracieux accord des ayants droit, elle accueille des textes protégés par copyright, voire inédits. Des textes étrangers traduits en français ne sont évidemment pas exclus. Il s’agit donc de mettre à la disposition du public un volet plutôt négligé du discours postcolonial (au sens large de ce terme : celui qui recouvre la période depuis l’installation des établisse-ments d’outre-mer). Le choix des textes se fait d’abord selon les qualités intrinsèques et historiques de l’ouvrage, mais tient compte aussi de l’importance à lui accorder dans la perspective contem-poraine. Chaque volume est présenté par un spécialiste qui, tout en privilégiant une optique libérale, met en valeur l’intérêt historique, sociologique, psychologique et littéraire du texte. « Tout se passe dedans, les autres, c’est notre dedans extérieur,les autres, c’est la prolongation de notre intérieur.»Sony Labou TansiTitres parus et en préparation : voir enfin de volume
Roland Lebel L’AFRIQUE OCCIDENTALEDANS LA LITTÉRATURE FRANÇAISE (DEPUIS 1870) Présentation de Pierre-Philippe Fraiture L’HARMATTAN
En couverture : Timbre-poste dA.O.F. : « Entraide »,1944 © L’Harmattan, 20145-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03177-4 EAN : 9782343031774
INTRODUCTION par Pierre-Philippe Fraiture
Du même auteur V. Y. Mudimbe : Undisciplined Africanism, coll. Contemporary French and Francophone Cultures 29, Liverpool : Liverpool University Press, 2013La Mesure de l’autre: Afrique subsaharienne et roman ethno-graphique de Belgique et de France (1918-1940), Paris, Honoré Champion, 2007 La Belgique entre deux siècles : laboratoire de la modernité, 1880-1914, s.l.d. de P.-P. F., Nathalie Aubert et Patrick McGuinness, coll. Romanticism and after in France, Oxford/Bern : Peter Lang, 2007 From Art Nouveau to Surrealism. Belgian Modernity in the Making, s.l.d. de P.-P. F., Nathalie Aubert et Patrick McGuinness, Oxford, Legenda, 2007 Le Congo belge et son récit francophone à la veille des indépen-dances : sous l'empire du royaume, Paris, L’Harmattan 2003
INTRODUCTION L’Afrique occidentale dans la littérature française (depuis 1870): manifeste pour une littératureafricaineen français ? C’est une époque où le blanc des cartes fond comme neige au soleil. On les imagine impatients de fuirl’Europe, de courir les mers et les continents, de noircir d’encre ce blanc rétrécissant, ces jeunes gens qui intègrent en 1868 l’École navale de Brest. Il leur faudra pourtant demeurer quatre ans dans ses murs humides, partager le soir leurs méditations adolescentes. L’un des condis-ciples de Savorgnan di Brazzà à l’internat est Julien Viaud. Bientôt ces deux-là changeront leur nom et choisiront le même prénom. L’un sera Pierre Loti et l’autre Pierre de Brazza. 1 (Patrick Deville ) « Nous » et « nous »Roland Lebel (1893-1964), publiciste colonial prolifique, n’est pas un inconnu. À preuve cette étude que lui consacra Jean-Claude Blachère en 2005 dans les pages de cette même collection à l’occasion de la réédition de l’anthologieLe Livre du pays noir, orilège de littérature coloniale que Lebel avait fait paraître en 2 1927 . Lebel est auteur, certes, mais son écriture demeure très 3 marquée par une époque et, surtout, par une idéologie . Que le présent ouvrage ait d’abord été une thèse de doctoratlaisse pantois. Tout le paradoxe deL’Afrique occidentale dans la littérature française (depuis 1870)réside dans le fait que son auteur, incons-ciemment exposé aux chausse-trapes d’un discours tyrannique, soit 1 P. Deville,Équatoria, Paris : Seuil, 2009, p. 16. 2  Lebel,Le Livre du pays noir. Anthologie de littérature africaine, préface de Maurice Delafosse, Paris : Éditions du Monde moderne, 1927 ; présentation et étude de Jean-Claude Blachère avec la collaboration de Roger Little, Paris : L’Harmattan, 2005.3  Voir : Abdeljlil Lahjomri,Le Maroc des heures françaises: Édition, Rabat Marsam, 1999. Lahjomri souligne le caractère très partial et mythiant de l’œuvre: « [Lebel]fut de son temps et son temps fut celui de l’erreur» mais il ajoute aussi l’intérêt «bibliographique » de ses propos et sa capacité à relever «les œuvres que ses contemporains ont appréciées» (pp. 37-38).vii
par ailleurs le défenseur d’un direvrai,d’une littérature qui se devrait de restituer objectivement le vécu d’une Afrique désormais française. Rarement science et propagande auront tenté de faire si bon ménage. Respectueux des exigences stylistiques universitaires, Lebel ponctue son exposé d’un« nous» qui se veut garantie d’une objectivité scientinousque mais qui est aussi le « » de l’ex-pansion territoriale française en Afrique de l’ouest:
L’Afrique occidentale offre un exemple saisissant de la grandeur de la tâche accomplie. Sousnotrele monde noir est sorti domination du chaos […]. Dans le domaine scientifique: la science française s’est accrue des travaux et des découvertes des savants coloniaux ; la connaissance de l’Afrique noire est un fait important qui augmente le patrimoine humain ;nousavons annexé l’Afrique ànotre culture générale. (p. 282 ; je souligne) Cette idée d’annexion est intéressante. Le texte, et ce n’est certainement pas un hasard, accorde une part importante à la chose militaire et à l’action décisive menée par les généraux de la Troisième République dans cette partie de l’empire. Si l’immédiate après-guerre s’ouvre sur une ère de recueillement et donne lieu à un climatoù, comme le remarquait l’historien Antoine Prost, 1 prévaut un fort sentiment pacique , le milieu des années dix-neuf cent vingt coïncide avec une recrudescenced’une conception plus musclée de la nation. Il faut souligner que Lebel achève son 2 ouvrage dans un pays, le Maroc, dont l’annexion –lapacication s’est vue quelque peu retardée par la Guerre du Rif, conflit violent, et même chimique, auquel la France participe aux côtés de 3 l’Espagne à partir de 1925 . Le propos de Lebel pour l’avènement d’une nouvelle littérature coloniale s’alimente de ce climat martial et en emprunte aussi le ton et lesgures. Dans cette thèse très française, Lebel n’a de cesse de comparer l’expansion coloniale à
1 Antoine Prost, « Les monuments aux morts. Culte républicain ? Culte civique ? Culte patriotique ? » inLes Lieux de mémoire, sous la direction de Pierre Nora, collection « Quarto », 3 tomes, Paris :Gallimard, 1997, I, p. 199-223. 2  Àpropos du Dahomey, Lebel, qui n’hésite pas à recourir aux euphémismes, annonce que «l’organisation rationnelle» put être mise enœuvre «après l’apaisement des esprits» (p. 164, note 1). 3  V.C.R. Pennell,A Country with a Government and a Flag : the Rif War in Morocco, 1921-1926, Wisbech, G.B. : Middle East and North African Studies Press, 1986. viii
une « pénétration », vocable lourd en connotations qui, sous sa plume, revient plus de cinquante fois. Cette pénétration est, selon notre auteur, la preuve la plus manifeste que cette terre africaine nouvellement conquise représente un «puissant exemple d’énergie française » (19), «une belle leçon d’énergie française» (70), « les qualités d’énergie de la race » (92) et «une école d’énergie, d’action virile » (283).C’est que l’entreprise est essentiellement affaire d’hommes et c’est surtout du côté d’auteurs virilissimes ettrès « Blut und Boden» tels qu’Ernest Psichari –le petit-ls de Renan ! ou Robert Randau, dont l’œuvre serait «gonée de sève » (253), que Lebel va puiser pour composer cette ode à la force, cet éloge d’une énergie native qui, en outre-mer, gagnera en puissance et engendrera… d’autres énergies.Lebel s’inscrit dans une tradition critique pour laquelle il est important d’afficher sonintention de rupture avec l’exotisme des générations précédentes. Àl’instar de Louis Cario et Charles 1 2 3 Régismanset , de Marius-Ary Leblondet, d’Eugène Pujarnisclepour ne citer que quelques noms représentatifs de cette mouvance, il s’applique à déterminer les critères d’un renouveau littéraire qu’il conçoit aussi comme raffermissement de la fameuse mise en valeur. En substance, il considère que la recevabilité d’un texte littéraire se mesure à l’aune de son aptitude à refléter, le plus fidèlement possible, une réalité africaine vécue de l’intérieur. Ainsi, il rejette le spectacle (d’un Loti, d’un Chateaubriand) et exige que la vie africaine soit restituée dans son intimité la plus authentique. L’écrivain colonial, pour donner «la sensation de choses vues» (253), doit mettre son acuité visuelle au service de ce programme littéraire sur lequel, au gré des pages et des chapitres, Lebel revient avec insistance : 1  L. Cario et C. Régismanset,L’Exotisme. La Littérature coloniale:, Paris Mercure de France, 1911. Une réédition de cet ouvrage, avec une présentation de Patrick Crowley, est prévue dans la collection « Autrement Mêmes ». 2  M.-A. Leblond,Après l’exotisme de Loti, le roman colonial, Paris : Vald-Rasmussen, 1926. Réédité dansÉcrits sur la littérature coloniale, textes choisis et présentés par Vladimir Kapor, Paris: L’Harmattan, collection « Autrement Mêmes », 2012. 3 E. Pujarniscle,Philoxène ou de la littérature coloniale, Préface de Pierre Mille, Paris : Firmin-Didot, 1931. Réédité dans la collection « Autrement Mêmes » en 2010 : présentation de Jean-Claude Blachère avec la collaboration de Roger Little.ix
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