L amant arabe de Miss Anne
218 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'amant arabe de Miss Anne , livre ebook

-

218 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Rien a priori ne présageait la rencontre de Miss Anne, jeune femme issue de la noblesse anglaise et Mohamad Ben Moussa, richissime playboy d'origine égyptienne. Sur fond des malentendus socioculturels qui semblent envenimer, depuis le 11 septembre surtout, les rapports entre les sociétés chrétiennes blanches de l'Occident et le monde arabo-islamique en effervescence religieuse, l'auteur dresse, avec sensibilité et pudeur, un portrait attachant de ces deux enfants terribles de la jet set cosmopolite.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2008
Nombre de lectures 86
EAN13 9782336257525
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2008 5-7, rue de l’Ecole polytechnique; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com harmattan1@wanadoo.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr
9782296065222
EAN : 9782296066632
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Dedicace AVANT-PROPOS PREMIERE PARTIE
I II III IV V VI VII VIII
DEUXIEME PARTIE
I II III IV V
TROISIEME PARTIE
I II III IV V VI VII VIII IX X
QUATRIEME PARTIE
I II III IV V VI VII VIII
CINQUIEME PARTIE
I II III IV V
SIXIEME PARTIE
I II III IV V VI VII
L'amant arabe de Miss Anne

Fateh Emam
A Hiidegard Avec amour et reconnaissance
AVANT-PROPOS
On ne choisit pas son lieu de naissance. Pas plus qu’on ne choisit le ventre de sa mère. « L’Histoire surprend l’homme là où on veut bien le mettre au monde. »
Miss Anne était née anglaise. Bien née, elle avait du sang bleu dans les veines et beaucoup de biens en héritage. Miss Anne avait des cheveux blonds et des yeux bleus. Deux énigmes morphologiques apanages de la race blanche, longtemps supposée supérieure.
Parce qu’à l’âge d’or du colonialisme, des Français, des Anglais, des Belges, des Allemands, des Italiens, des Espagnols, des Portugais, des Néerlandais, peuples entrepreneurs et pragmatiques, puissances hégémoniques ou civilisatrices, avaient réussi à bâtir sur les terres et sur les mers du globe des empires sur lesquels le soleil ne se couchait parfois jamais. Deux signes particuliers susceptibles de vous mettre, encore de nos jours, à l’abri du délit de faciès lors d’un contrôle policier dans la rue. Ou face à un sbire de frontière à l’œil torve.
Depuis surtout la tragédie du 11 septembre et pour le moins l’imprudent verdict de George W. Bush scindant la planète en deux : les démocraties blanches et chrétiennes du monde occidental, et les états voyous de l’Empire du Mal. Deux préjugés raciaux au nom desquels les caciques du nazisme transformeront des êtres humains en fumée. Ou en savon.
Issue d’une longue lignée de familles célèbres qui ont fait la gloire de l’Empire Britannique, Miss Anne pouvait être, un jour duchesse, sinon princesse. Des oncles et des tantes, lords et ladies de leur état, veillaient au grain, avec une vigilance aussi affectueuse qu’intéressée. Mais le sort a ses caprices, la nature humaine ses mystères. Encore très jeune, on voulait la petite Anne sage comme une image. Brisant le carcan d’une éducation victorienne, elle avait tendance à n’en faire déjà qu’à sa tête.
Plus tard, on aurait voulu Miss Anne digne représentante d’une noblesse quelque peu en déliquescence. Avec des velléités égalitaires, la demoiselle se sentait quelquefois plus proche du petit peuple que des dignitaires de la Cour. Plus tard encore, alors qu’on la voulait incarner la distinction aristocratique, Miss Anne s’ingéniait à malmener l’étiquette en se présentant en jeans devant les invités qui venaient à la maison en habits. Ou en s’exhibant dans des établissements populaires où aucune R oyal ne mettrait jamais les pieds.
Indépendante de nature, Miss Anne aimait les voyages et les aventures, la nature et les couchers du soleil au-dessus de la mer. Epicurienne, elle cachait mal une prédilection presque vicieuse pour le vin rouge, les pâtes alimentaires et les petits flirts. En attendant l’Amour, la plus belle chose au monde.
« Comment peut-on être Persan », s’exclamaient autrefois des Messieurs en jaquette et des Dames en crinoline dans les salons parisiens, un petit four coincé entre le pouce et l’index. Comment peut-on être Arabe, s’obstinait-on à paraphraser encore de nos jours dans l’immédiat entourage de Miss Anne.
De son côté, Anglais de cœur, Anglais de passeport, Mohamad Ben Moussa n’en était pas moins Egyptien d’origine. Le sort en avait décidé ainsi. Avec des yeux de braise et des cheveux de jais, il était beau comme peuvent être beaux les seigneurs du désert. Riche comme peuvent être riches les magnats du pétrole qui ont le négoce dans le sang. Et les kleptocrates assez sages pour avoir amassé un magot Sur un compte à numéro dans un paradis fiscal. Mohamad Ben Moussa aimait les femmes, seulement les blanches, les palaces, toujours à plusieurs étoiles, les croisières en mer, de préférence en galante compagnie.
Rien a priori ne laissait présager la rencontre de ces deux produits de la société libérale et libertaire d’un XX e siècle finissant. On ne leur connaissait qu’un seul dénominateur commun : le hasard les avait fait naître dans la même ville, du très bon côté de la barrière.
Leur histoire d’amour aurait pu ressembler à toutes les histoires d’amour. Sans la fortune de l’un et sans la célébrité de l’autre, ils auraient pu vivre heureux et avoir beaucoup d’enfants. Mais, dans un monde où se croisent les races sans s’accepter vraiment, et se mêlent les cultures sans se diluer dans leurs essences, c’était mélanger l’eau et l’huile, le sang bleu d’une noble chrétienne et la modestie généalogique d’un fils de négociant musulman.
C’était mettre sur pied d’égalité deux êtres de civilisations dissemblables et de confessions antagonistes, représentant les deux facettes d’un monde que des siècles dutant on a cru inconciliables. L’Orient et l’Occident. Rudyard Kipling l’avait dit. East is East. West is West . Jamais ils ne se rencontreront.
PREMIERE PARTIE
I
L’histoire de l’amant arabe de Miss Anne restera intimement liée à celle de son père, un certain Ahmed Ben Moussa. Elle commence bien loin des intrigues de la Cour d’Angleterre sporadiquement secouée par les indiscrétions d’une presse libre et indépendante. Eclaboussant quelquefois de façon peu cavalière certains membres de la famille royale, symbole de l’attachement et du respect que le peuple anglais a de tout temps réservés à ses souverains. Elle prend sa source loin des agitations de la City de Londres et des bâtiments cossus de Regent Street où un ancien employé égyptien de la Compagnie du Canal de Suez d’Ismailia réussira un jour à implanter son empire financier.
Ahmed Ben Moussa était venu au monde sur les rives du Nil, dans le pays des pharaons. Plus précisément à Ismailia, « entrepôt entre l’Orient et l’Occident » promu port pétrolier et siège de la Compagnie du Canal de Suez, en 1863.
Le petit Ahmed était encore très jeune lorsque, l’Histoire s’emballant du côté du Caire, il fut témoin des événements qui allaient transformer la vie politique et sociale égyptienne. Tout en dessinant le nouveau paysage d’un Moyen-Orient qui, sorti de la domination ottomane, basculait dans le giron de ses protecteurs-mandataires européens. Des faiseurs d’empires qui, peu enclins à abandonner les acquis de la colonisation, entendaient préserver dans la région, qui puits de pétrole, qui zones d’influence stratégiques, qui des débouchés pour l’écoulement des produits de leurs usines tournant à plein rendement. Alors même que s’effritaient les empires. Que se libéraient les peuples. Qu’apparaissait sur la scène de la politique mondiale un magma de pays disparates et hétéroclites n’ayant en commun que leur marasme et qu’Alfred Sauvy appellera un jour le Tiers-Monde.
Pour son bonheur, ou pour son malheur, en plus du Nil nourricier, l’Egypte possédait sur son territoire une bande de terre désertique s’étendant entre la Méditerranée et la Mer Rouge. Autant dire d’une importance capitale sur la route des Indes le jour où y serait creusée une voie d’eau reliant l’Orient et l’Occident.
Or, au jeu de monopoly des lotisseurs des terres d’autrui, que représentait à l’époque l’indépendance d’un pays d’Afrique regorgeant de richesses minières ? Ou la souveraineté d’un roitelet d’Asie susceptible de servir de base militaire ? Quoi d’étonnant donc si, avant même que ne soient établis les plans de construction d’un canal, l’on se mette à se quereller dans les chancelleries des puissances rivales et des administrateurs de comptoirs farouchement concut-rents, pour en avoir le contrôle.
L’engouement de l’Occident pour l’Orient, pour ses épices, son coton, son pétrole, ses diamants, son phosphate ne date pas d’hier. Depuis Louis XIV cherchant des avantages commerciaux en Turquie, en Egypte et en Perse, depuis surtout la Campagne d’Egypte de Napoléon qui, repu de conquêtes et de victoires en Europe, s’écria un jour : &#

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents