L échec des dieux
222 pages
Français

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L'échec des dieux , livre ebook

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Description

Cet ouvrage saisit les paradoxes de la société politique en Afrique préoccupée par la modernité, mais prisonnière des symboles. L'Eglise reste un symbole de piété et de partage. Ce roman nous introduit dans l'univers de l'émancipation des peuples. Dans la quête permanente d'un Etat meilleur doté d'un gouvernant responsable, se mêlent le visible et l'invisible où certains acteurs, confortés par leur statut voire l'influence de la tradition, s'apparentent à des dieux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2009
Nombre de lectures 38
EAN13 9782296681446
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’échec des Dieux
Léon KOUNGOU


L’échec des Dieux


L’H ARMATTAN
© L’H ARMATTAN, 2009
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-09540-3
EAN : 9782296095403

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À Monsieur le Maire J. M. Ndi Fouda dans son repos éternel…


À mon fidèle comité de lecture :
Angélique Malec, Isabelle Wagner
et Patricia Bourgoint


À Maeva, Olivier, Therèse Atangana,
L. Emerode Ndi et Laurent Ndacleu
Qui ne s’est jamais levé un matin sans apercevoir un oiseau dans sa fenêtre ou dans son jardin ? Qui n’a jamais vu une mouche tourner autour de sa tête ou une abeille s’intéresser au contenu de son verre ? Certes, ces signes sont ordinaires, mais ne relèvent pas toujours du hasard. Ces « bestioles », dont les unes délivrent des airs d’apaisement à travers leur battement d’ailes, peuvent également être des « chargés de missions, des espions voire des combattants défendant une cause »; elles peuvent alors nuire ou rendre service. Tout dépendrait de leur mandat.
I. Et enfin…
Depuis quelques années, Anne Okouama célébrait son anniversaire la mort dans l’âme. Elle avait de ses souvenirs d’une enfance passée chez sa grand-mère, souvent mesuré le poids énorme d’une vieillesse lorsqu’on n’avait pas d’enfants à même de supporter les caprices et les indélicatesses propres à une personne du troisième âge.
Pour cette quarante-neuvième année de son existence, la cérémonie se voulait intime. Aussi, toutes les mauvaises langues de la grande famille avaient été écartées. Seul, le notable Kodo avait été convié. Pour Anne Okouama, Kodo était quelqu’un de différent ; un sage parmi des paltoquets. Depuis son arrivée dans ce village, elle n’avait reçu de ce vieil homme que compliments et gratitudes. Toutefois, le notable n’était pas pour autant arrivé seul, sa délégation comportait deux autres personnes : Budou son cousin qui portait la canne de « commandement », pouvant également servir de support pour marcher. Le notable avait souvent eu besoin de ce « troisième pied », lorsqu’il avait ingurgité quelques verres de trop. Vep, le deuxième accompagnant, bien que notable lui aussi, s’occupait des provisions qui étaient remises à son vieux collègue.
Le repas était copieux et arrosé de bon vin. Kodo, en la circonstance avait vanté la main experte d’Anne Okouama et même, pour exprimer sa connaissance de l’art culinaire, avait évoqué d’autres sauces pouvant accompagner la morue qui était le plat principal de la soirée. Pour finir son propos, le notable avait tout simplement regretté l’absence d’un fils dans cette maison qui, en l’occasion aurait eu entre autres tâches : débarrasser les assiettes vides et veiller à remplir à flot les verres des convives. Se tournant vers le maître des lieux assis à sa droite, le notable avait dit : « franchement, il était temps de remédier à cette situation. Il aurait été inconcevable que le fils aîné d’un ancien tirailleur n’eût pas le même talent que son feu père. La technologie des armes est sans doute changeante, mais les cibles n’ont pas suivi ». Un silence traversa l’assemblée ; aussitôt perturbé par le bruit des cuillères au contact d’assiettes en aluminium. Car, si le notable comme à son habitude ne manifesta pas beaucoup d’appétit, ce ne fut pas le cas de ses accompagnateurs.
Le maître des lieux sollicita de sa femme une bouteille de « fort » pour le notable. Anne Okouama était revenue quelques instants après tenant en main, la bouteille de Suze que le cuisinier du presbytère avait offerte à son mari quelques jours auparavant ; à la grande stupéfaction de ce dernier. Cependant, le maître des lieux connaissait bien sa femme ; Anne Okouama n’était pas du genre à transgresser les consignes que lui donnerait son mari Ainsi, si elle avait apporté autre chose en lieu et place de ce qui avait été convenu, c’est sans aucun doute parce qu’elle était en pleine réflexion. Elle avait voulu décrypter les mots prononcés par le vieux notable. Elle était donc arrivée dans la petite chambre – le lieu des stocks de son mari – encore plongée dans sa réflexion. Mais, avait-elle pour autant réussi à décoder le message du vieil homme ? Rien n’était certain au moment où elle était réapparue devant ses invités. Le maître des lieux, face à cette erreur d’appréciation, avait compris que son épouse sur le moment était tourmentée. Il avait immédiatement voulu la rassurer puisqu’à l’instant même, elle s’en était rendu compte. « Cette bouteille n’était sûrement pas celle que nous avions voulu vous offrir, mais au regard de vos paroles, si sages et bienveillantes, nous avions reconsidéré notre choix initial et décidé de vous offrir la plus prestigieuse bouteille de nos réserves », souligna le maître des lieux. Des applaudissements se firent entendre.
Bien des détails rappelèrent à la petite assemblée que le temps avait passé. Le petit train d’utilité locale à deux wagons, reliant les deux agglomérations de Gumu et Byo, séparées l’une de l’autre d’une cinquantaine de kilomètres se fit entendre par son impressionnant brouhaha. À cette heure de la journée, l’horloge indiquait vraisemblablement six heures. Ce que confirmèrent, les cabris et autres volailles qui traversaient désormais la cour en direction des étables et des poulaillers. Dans ce village, les animaux et les hommes avaient sensiblement les mêmes habitudes ; ils se couchaient très tôt et se réveillaient dès le petit matin pour vaquer à leurs occupations respectives. Au moment de partir, le notable Vep se saisit de la bouteille de Suze qu’il plaça sous son aisselle gauche. Son collègue Kodo banda ses vieux muscles et se mit debout, aussitôt son « troisième » pied positionné par Budou, les trois hommes fondirent dans la pénombre qui commençait à tout envahir. Ainsi, le volet grand public du quarante-neuvième anniversaire était bouclé.
Anne Okouama avait pendant des jours, ressassé les paroles du vieux notable sans avoir posé une seule question à son mari. De même, le maître des lieux, n’avait en aucune circonstance, remis à l’ordre du jour de leurs échanges les propos du vieil homme. Toutefois, après maintes réflexions, il avait compris les propos du vieillard et remercia le Seigneur pour ce geste significatif à l’endroit de sa femme. Assise à l’extrême angle droit de sa propriété, sur un demi-tronc d’acajou, Anne Okouama regardai passer ses poules et ses canards, de retour d’une rude journée d’activité où survivre avait été le défi majeur à relever ; car, éperviers et renards constituaient des menaces réelles pour cette dernière population. De cette place assez stratégique, elle pouvait également apercevoir tous les passants convergeant vers la petite gare située à trois cents mètres plus bas. Elle s’y était souvent installée pour procéder à un inventaire de son cheptel vif.
Cependant, en cette fin d’après-midi, la maîtresse des lieux était apparue absente. Elle n’avait même pas comme d’habitude, jaugé l’état de santé de sa volaille à travers le lancé du mil. En effet, dans la stratégie de dame Okouama, les poules qui ne faisaient pas de grands efforts pour saisir au bond les grains de mil étaient à surveiller de près, leur état de santé pouvait être moins bon. Ce soir, elle avait tout simplement observé passer sa volaille. Plongée dans ses pensées, elle était aussi apparue plus fatiguée que certaines de ses poules qu’elle avait souvent estimées malade quand elle ne pouvait sauter plus haut. Elle s’était depuis trois mois sentie bizarre. Ses menstrues n’avaient guère réapparu, ce qui était presque normal ; c’est plutôt leur apparition à son âge qui aurait paru curieux. De même, ses seins s’étaient durcis et le ventre ballonné. Pis encore, elle avait des nausées et éprouvait beaucoup d’envie pour des sauces épicées ; elle s’était résolue faire un plat unique pour elle et son mari. Ce qui n’avait pas été le c

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