L éclipse
160 pages
Français

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L'éclipse , livre ebook

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Description

"L'atmosphère était très triste dans la salle du conseil des ministres du nayiri. Tout le monde était là sauf le naba Sonré, chef de l'Etat, chef du gouvernement, chef du conseil des ministres, chef suprême des forces armées. Ce n'était donc pas un conseil de ministres ordinaire mais extraordinaire, réuni et dirigé par le premier ministre Rébré, obligé par la situation : si le porc-épic n'est pas à la maison, c'est le herisson qui fait les libations aux ancêtres. En effet, l'heure était grave... depuis plusieurs jours, le naba Sonré luttait contre la Parque fatale qui avait fini par l'emporter."

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 59
EAN13 9782296714564
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Harmattan en Afrique

Harmattan Burkina Faso
Av. Mohamar Kadhafi
12 BP 226 – Ouagadougou / harmattanburkina@yahoo.fr
Harmattan Cameroun
BP 11486 – Yaoundé / harmattancam@yahoo.fr
Harmattan Congo
67 Av. E. Patrice Lumumba
BP 2874 – Brazzaville / harmattan. congo@yahoo.fr
Harmattan Côte-d’Ivoire
Rés. Karl – Cité des Art
03 BP 1588 – Abidjan / etien_nda@yahoo.fr
Harmattan Guinée
Almamya Rue Ka 028
BP 3470 – Conakry / harmattanguinee@yahoo.fr
Harmattan Rép. Démocratique du Congo
c/o Faculté des sciences sociales, pol. et admin.
BP 243 – Université de Kinshasa (XI) / matangilamusadila@yahoo.fr
Harmattan Mali
Rue 58, Porte 203 (face au Palais de la Culture)
Badalabougou-Bamako / poudiougopaul@yahoo.fr
Harmattan Mauritanie
Espace El Kettab – 472 Av. Palais des Congrès
BP 316 – Nouakchott / mdlemkettab@yahoo.com
Harmattan Sénégal
Ville Rose – Rue Diourbel X Rue G, Point E
BP 45034 – Dakar-Fann / senharmattan@gmail.com
Kouka OUÉDRAOGO


L’ÉCLIPSE

(roman burkinabé)

L’Harmattan Italia
via Degli Artisti 15
10124 Torino

L’Harmattan
5-7 me de L’École Polytechnique
75005 Paris
collana / collection "Africultura"


E se l’Africa rifiutasse lo sviluppo ? , Axelle Kabou
Introduzione alle letterature africane : le origini
della negritndine , Pius Ngandu Nkashama
Il pensiero politico dei movimenti religiosi in Africa , Pius Ngandu Nkashama
Jean-Marc Ela sociologo e teologo africano con il boubou , Yao Assogba
Il grido dell’uomo africano. Domande ai cristiani e alle Chiese
dell’Africa, Jean-Marc Ela
Cheikh Anta Diop e l’Africa nella storia del mondo , Pathé Diagne
Partiti politici, elezioni e gestione del potere in Africa. Racconto
togolese , Sosthène de Vogan
Parlare cantando. Edizione bilingue francese-italiano delle opere
« La Vedova Diyilèm (dilemma) » , « Il Bambino Mbénè »,
Werewere-Liking Gnepo (ediz. ital. a cura di N. Raschi)
L’arte contemporanea africana , Joëlle Busca
Istruzione, educazione familiare e condizione giovanile in Africa , Pierre Erny
Il cinema africano. Lo sguardo in questione , Olivier Barlet
Le radici del pensiero africano. Il dialogo tra la filosofia della storia
e la teologia in Engelbert Mveng , Filomeno Lopes
Il Magistero della Chies a in Africa e il ruolo dei laici. Dal processo
di Kisubi (1953) ad oggi , Philippe Ezin Dantodji
Inculturation et évangélisation dans le Code
de droit canonique , Paul Mambe Shamba Y’Okasa
L’albero che nasconde la foresta : i segreti della (nuova crisi) nella Repubblica
Democratica del Congo , Mughanda Muhindo
L’evangelizzazione in Kä Mana, teologo congolese. Luogo e fermento per
la costruzione di un’Africa nuova , Sébastien Sasa Nganomo Babisayone
La dignité humaine. La réinsertion socio-juridique des "démunis" au Togo.
Une contribution des Sœurs Missionnaires de la Miséricorde Divine
à la lumière du Magister de l’Église , Akouawavi Mbonè Agnon
L’éclipse (roman burkinabé), Kouka Ouédraogo


***


www.editions-harmattan.fr

harmattan.italia@agora.it


© L’Harmattan Italia srl, 2011

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
1. À vouloir laisser le « sagbo » se refroidir avant de le manger, on finit par le laisser à celui qui en a le plus besoin
L’atmosphère était très triste dans la salle du conseil des ministres du nayiri. Tout le monde était là sauf le naba Sonré, chef de l’Etat, chef du gouvernement, chef du conseil des ministres, chef suprême des forces armées. Ce n’était donc pas un conseil de ministres ordinaire mais extraordinaire, réuni et dirigé par le premier ministre Rébré, obligé par la situation : si le porc-épic n’est pas à la maison, c’est le hérisson qui fait les libations aux ancêtres.
En effet, l’heure était grave. L’heure était plus que grave. La nouvelle tant redoutée par toute la République de Tênga était enfin tombée, venue directement de l’hôpital militaire de Paris où, depuis plusieurs jours, le naba Sonré luttait contre la Parque fatale qui avait fini par l’emporter.
La peau d’un éléphant est trop grande pour qu’on en fasse une outre. Le naba Sonré n’était pas un homme vulgaire ; ni un homme quelconque ni un homme de petite condition. C’était le naba , c’est-à-dire le président de la République de Tênga, le chef de l’Etat et du gouvernement, le chef du conseil des ministres, le chef suprême des forces armées.
Le naba Sonré n’était pas non plus descendant d’une petite lignée et cela tout le monde le savait bien à Tênga, du plus petit enfant qui venait de voir le jour dans le plus petit village du pays, au plus ancien qui se mourait dans sa case. A Tênga, l’on savait que Sonré descendait de la grande et toute puissante lignée de nanga le scorpion, le scorpion aux mamelles abondantes : malheur à celui qui veut en traire et en boire le lait !
Sonré, dont le nom signifie soleil dans la langue des Tênga-nites, était scorpion. Il était un vrai scorpion ; un scorpion authentique et un scorpion incontestable. Sonré était né scorpion et avait pour totem scorpion. Son père était scorpion ; sa mère était scorpion ; ses grands-parents étaient des scorpions ; ses arrière-grands-parents étaient des scorpions.
Oui, la peau d’un éléphant est trop grande pour qu’on en fasse une outre : la disparition d’une personne comme Sonré n’était pas à annoncer comme la mort d’un bandit de grand chemin ou d’un simple citoyen. Mais comment la donner ? Qui allait la donner ? Quand fallait-il la donner ? Le conseil extraordinaire convoqué par le premier ministre Rébré avait pour but de répondre à ces trois grandes questions.

A Kangrin (village natal du naba Sonré), l’on n’avait pas attendu l’information venue de la France pour être mis au courant du grand malheur qui venait de s’abattre sur toute la République de Tênga et surtout sur le clan nanga. De fait, les ancêtres et les esprits, les animaux et la nature avaient pris les devants en annonçant la triste nouvelle à travers de nombreux signes prémonitoires.
Ainsi, trois jours avant que Sonré n’aille ad patres , Laoga s’était levé très tôt, comme à l’accoutumée, pour le sacrifice rituel qu’il devait (en sa qualité d’aîné de tous les descendants encore vivants du clan nanga ) tuer tous les sept jours, pour la protection de toute la lignée en général et pour la guérison de son neveu Sonré en particulier. Il s’était levé tôt et avait marché longtemps sur le chemin menant à la colline Tansablega, lieu du sacrifice. En cours de route, il avait entendu des pas marcher derrière lui et une voix lui parler confusément plusieurs fois, tantôt mêlée à des rires, tantôt à des pleurs étouffés. Il s’était arrêté pour voir qui le suivait et qui lui parlait, mais n’avait vu personne. Il avait repris sa marche, proférant des incantations, crachant devant et derrière lui, puis à droite et à gauche, pour conjurer l’éventuel mauvais sort qui planait sur lui.
Au fur et à mesure qu’il s’approchait de la colline, les choses devenaient claires dans sa tête. Il avait tout compris mais n’y croyait toujours pas : c’était le fantôme de son neveu Sonré qui marchait derrière lui ; c’était le fantôme du naba Sonré qui lui parlait tantôt en riant, tantôt en gémissant. A quelques mètres de la colline il s’était même fait voir clairement de lui et il l’avait vu de ses propres yeux. Oui, il avait vu le fantôme de son neveu Sonré et celui-ci avait la tête entièrement rasée.
A cette vision, Laoga avait jeté le poulet noir destiné au sacrifice, puis s’était jeté sur Sonré à bras raccourcis pour le retenir et l’empêcher de rejoindre les ancêtres mais n’y avait pas réussi. La peur et l’amour paternel l’avaient poussé à faire cela. Ç’eût été quelqu’un d’autre il ne le ferait pas, et pour cause, c’était trop tard ; il ne pouvait rien faire pour son neveu dont le fantôme avait la tête entièrement rasée. S’il avait la tête à moitié rasée, c’était encore

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