L écolo, le pollueur et le paysan
218 pages
Français

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L'écolo, le pollueur et le paysan , livre ebook

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Français

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Description

L'écolo, le pollueur et le paysan suit le périple d'un agriculteur devenu, presque par hasard, président d'une cave coopérative à la dérive. Dans le même temps, celui-ci se convertit en partie à l'agriculture biologique sans renier son ancien métier d'agriculteur conventionnel. Il subit un contrôle de la PAC, participe à une manifestation OGM, affronte des écologistes... Il doute, sème, braconne, se trompe, tombe amoureux, vendange, s'étonne et s'émerveille.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2011
Nombre de lectures 140
EAN13 9782296464872
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ÉCOLO, LE POLLUEUR
ET LE PAYSAN
Du même auteur :


Les Gens de Serves, Éditions Lattès, prix du Cabri d’or 2000.
Le Chardon rouge, Éditions Gabriandre, 2003.
Fauché par erreur, Éditions Gabriandre, 2008.

« Corrida transgénique », nouvelle parue dans le recueil Arequipa, Au Diable Vauvert, 2008.


En couverture : Dessin de Pierre de la Soujeole (padls).


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-55097-1
EAN : 9782296550971

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
L ouis G IVELET


L’ÉCOLO, LE POLLUEUR
ET LE PAYSAN
Graveurs de mémoire

Yves JEGOUZO, Madeleine dite Betty, déportée résistante à Auschwitz-Birkenau, 2011.
Lucien LEYSSIEUX, Parcours d’un Français libre ou le récit d’un sauvageon des montagnes du Dauphiné, combattant sur le front tunisien avec les Forces françaises libres en 1943, 2011.
Sylvie TEPER, Un autre monde, 2011.
Nathalie MASSOU FONTENEL, Abdenour SI HADJ MOHAND, Tinfouchy (Algérie 1958-1960), Lucien Fontenel, un Français torturé par les Français, 2011.
André ROBINET, Larzac-Millau-Grands Causses, Elevage et partage des savoirs, 2011.
Dmoh BACHA, Palestro. Lakhdaria, Réflexions sur des souvenirs d’enfance pendant la guerre d’Algérie, 2011.
Robert PINAUD, Dans la gueule du loup, 2011.
Lina BATAMI, Algérie, mon enfance v(i)olée, 2011.
Jean-Paul FOSSET, Histoire d’amour, histoire de guerres ordinaires. 1939 -1945… Évian 1962, 2011.
Oruno D. LARA, La magie du politique. Mes années de proscrit, 2011.
Jean Michel HALLEZ, 40 boulevard Haussmann, 2011.
Yvon CHATELIN, Recherche scientifique en terre africaine, 2011.
Pierre REGENET, Ma dernière pomme. De PRETY à Bissey, Chroniques en culotte courte, 2011.
Jean-Paul KORZEC, Dans l’ombre du père, 2011.
Rachel SAMUEL, On m’appelait Jeannine, 2011.
Michel LAPRAS, Culottes courtes et bottes de cheval, « C’était comment la guerre ? », 2011.
Béatrice COURRAUD, Non je n’ai rien oublié… Mes années 60, 2011.
Christine BELSŒUR, Une vie ouvrière. Un demi-siècle de parcours militant, 2011.
Jean-René LALANNE, Le canard à bascule, 2011.
A Véronique, qui colore le quotidien de si belle façon.
L’essentiel est de faire l’expérience de ce petit frisson dans quelques régions de la pensée ou de l’émotion. On court le risque de rater ce qu’il y a de meilleur dans la vie si l’on ne sait pas trouver d’occasion de vibrer, si l’on n’apprend pas à se hisser un peu au-dessus de là où l’on se situe ordinairement, afin de goûter les fruits les plus beaux et les plus rares que peut nous offrir la pensée humaine.

Vladimir Nabokov.


Travailler moins et vivre mieux.
Olivier Gréau, émérite correcteur.
1
Août s’efforce de se faire regretter. La nuit est d’une limpidité scintillante. Durant la journée, j’ai ramassé des melons, les ai calibrés puis emballés. Les cours sont bas, on travaille à perte, c’est une douloureuse habitude. Ensuite Bérangère est arrivée, en colère contre son mari et contre la terre entière. Nous avons bu quelques rosés pour que le rire reprenne le dessus puis partagé des tomates du jardin avec un filet d’huile de mes oliviers, un pélardon des chèvres de la voisine et deux tranches de melon. Depuis trente ans, j’écris tous les soirs, dans l’espoir d’une discussion autour d’un verre avec Keith Richards, ce genre d’ineptie ! Elle préfèrerait me voir cuisiner et m’intéresser à ses histoires, alors elle boude devant la télé. Elle a raison, certes, je doute de découvrir enfin la reconnaissance avec mon écriture. Ecartelé entre le besoin d’écrire et le plaisir de la satisfaire, je ne peux aligner deux phrases cohérentes. Je refuse de la rejoindre trop tôt et m’éclipse dehors par la porte de derrière.
Pisser dehors quand la nuit est si belle me console de mes désillusions. Le chêne blanc à l’entrée du potager devient un parfait réceptacle. Selon un vieil oncle original, les branches permettaient de pendre les brigands, un peu avant la révolution. Un ancêtre se serait balancé au bout d’une corde. Transformé en héros légendaire, ce pendu m’a toujours fasciné. Le chêne ancestral me cache des regards. La nuit, les renards et les fouines vadrouillent en quête d’aventures. Les poules et les bourgeois stupides dorment. Le ciel étincelle. Pas un nuage, une lune triomphante, une myriade d’étoiles, une légère brise, il manque juste l’odeur du varech pour me combler totalement. Je cherche l’inspiration dans l’immensité de la nuit tandis que j’arrose le chêne. Soudain un bruissement me sort de ma quiétude. Sans doute s’agit-il d’un chat. Ils sont légion dans les parages. Ils dorment dans la paille, au-dessus des vaches. Des souris viennent boulotter le fourrage et la farine. Les chats jouent les agents exterminateurs. Le bruissement de pas ne ressemble en rien à celui d’un chat mais rappelle plutôt celui d’un chien, d’un gros chien ou d’un blaireau. Sympathiques, les blaireaux, avec leur long museau et leur corps en virgule. Je regarde vers le potager, un sanglier s’amuse à déterrer les quelques pommes de terre que Maman cultive à ses heures perdues. Avec précaution, je m’éloigne du chêne et cours vers la maison. Bérengère dort dans le canapé, devant une télévision qui mouline dans le vide. Elle sursaute quand j’entre dans la salle à manger. Elle me regarde avec stupeur chercher la carabine dans la grande armoire et la garnir de balles de gros calibre. Romantique, elle s’imagine que je vais nous supprimer, pour immortaliser notre amour. Elle se passionne pour un bouquin sur Mayerling et me le résume pendant les repas. Malgré un mari et plusieurs amants, elle s’enthousiasme pour les histoires à l’eau de rose, Barbara Cartland reste pour elle l’écrivain le plus important du siècle passé. Pour la taquiner, je l’appelle Emma, elle ne comprend pas pourquoi.
Un sanglier fait ses courses dans le potager, je vais lui taquiner un jambon !
T’es trop con ! Et elle réprime un bâillement avec difficulté.
Appelle Ferdinand, il m’aidera à le découper.
Tu vas finir par avoir des ennuis…
Mais non !
Et j’attrape dans le tiroir de la commode une lampe frontale. Puis, dans la nuit, je m’élance vers le potager. Le sanglier, prudent, est reparti. Selon les traces dans le potager, je déduis son hypothétique trajet. Je dévale le chemin pour me poster près d’un pont en bois qui enjambe un ruisseau. Les sangliers passent la journée, tranquilles, dans l’inextricable garrigue. La nuit, ils descendent dans la plaine pour se restaurer, le maïs et les melons font leur régal. L’agriculteur est contraint d’entourer ses cultures avec du fil électrique pour espérer une récolte. Les sangliers se régalent avec mes cultures, il est juste qu’ils finissent dans mon congélateur. Les chasseurs râlent, les fédéraux me traquent, le maire me conseille la prudence. On passe son temps à se conformer, pour former les cons ? J’ai tenté d’écrire un livre sur la Résistance. Pour imaginer mon comportement pendant la guerre, j’éprouve mes nerfs dans l’illégalité. En poursuivant le sanglier, je m’imagine combattre l’occupant nazi. Dans l’obscurité, j’entre dans les habits du maquisard, soldat de la liberté, refusant l’évidence. Peut-être que lorsqu’ils sabotaient dans la nuit un entrepôt ou une voie de chemin de fer, ils s’imaginaient dans la peau de simples braconniers risquant une remontrance ou la confiscation de leur fusil, pour échapper à la peur. Toujours s’illusionner, par refus de se confronter à la réalité. D’autres préfèrent l’alcool et les hallucinogènes, ou la poésie, les arts. J’ai refusé le sérieux des adultes.
Une bonne vingtaine de minutes se sont écoulées, je commence à me demander si j’ai bien calculé son parcours quand le lascar se présente sur le pont. Une belle bête, un mâle, un solitaire d’environ quatre-vingts kilos. Je me suis organisé une filière pour vendre la viande. J’allume la lampe torche. L’éclairage paralyse la bête sur place. Je vise le défaut de l’épaule de l’an

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