L Enfant Bamiléké et autres nouvelles
164 pages
Français

L'Enfant Bamiléké et autres nouvelles , livre ebook

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164 pages
Français

Description

Cette anthologie des écrivains Bamougoum du début du XXIe siècle est ce qu'un petit groupe de révoltés devenus révolutionnaires a produit de mieux pour donner à penser et à imiter à ceux qui croient que la littérature est morte, sagement supplantée par le cinéma et le DVD. L'Enfant Bamiléké, qui est la nouvelle éponyme, est la toute première oeuvre jamais écrite par un Bamougoum. L'auteur a ainsi voulu lui rendre l'hommage qu'il mérite.


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Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2014
Nombre de lectures 80
EAN13 9782336355627
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la coordination de Gabriel DEEH SEGALLO
L’Enfant Bamiléké et autres nouvelles
Anthologie des écrivains Bamougoum
Lettres camerounaises
19/07/14 17:56
L’Enfant Bamiléké et autres nouvelles
Lettres camerounaises Collection dirigée par Gérard-Marie MessinaLa collectionLettres camerounaises présente l’avantage du positionnement international d’une parole autochtone camerounaise miraculeusement entendue de tous, par le moyen d’un dialogue dynamique entre la culture regardante – celle du Nord – et la culture regardée – celle du Sud, qui devient de plus en plus regardante. Pour une meilleure perception et une gestion plus efficace des richesses culturelles du terroir véhiculées dans un rendu littéraire propre, la collectionLettres camerounaises s’intéresse particulièrement à tout ce qui relève des œuvres de l’esprit en matière de littérature. Il s’agit de la fiction littéraire dans ses multiples formes : poésie, roman, théâtre, nouvelles, etc. Parce que la littérature se veut le reflet de l’identité des peuples, elle alimente la conception de la vision stratégique. Déjà parus ÉPINGLÉ,La poubelle ou Les mystères de la vie, 2014. Moussa MBOUÉ,La démocratie de la Calmantie, 2014. Paul BITOUK,Les mots de mon silence, 2014.Paul BITOUK,La lune d’or, 2014. Romuald Marie AVINA,Souffle des aurores, 2014. Floréal Serge ADIÉMÉ,Miroir du monde, 2014. Christiane OKANG DYEMMA,Éclats de soleil nocturne, 2014. Edmond OSSOKO,Symphonies, 2014. Merveiline TAPI,Éva. Tranche de vie, 2014. Madjirébaye Hervé,Le prix du pardon, 2014. Pierre BEDEL MBELLA,Le cordon ombilical, 2014. Djhamidi BOND,Amour et préjugés, 2014. Pierre BEDEL MBELLA,La veuve blanche, 2014. Ginette MINTOOGUE,Renaître. Regard vers le passé d’une adolescente, 2014. Patricia NOUMI,Aimer sans réserve, 2014.
Sous la coordination de Gabriel DEEH SEGALLO
L’Enfant Bamiléké et autres nouvelles Anthologie des écrivains Bamougoum
Autres ouvrages du coordinateur AUX ÉDITIONS DE KAMKWOP Chants pour demander / Shynndó(poèmes) 200 Proverbesŋgmbà(proverbes et devinettes) AUX ÉDITIONS DE LA S.I.L. Alphabetŋgmbà(en collaboration) AUX ÉDITIONS L’HARMATTAN L’Affaire d’un amisuivi deQue pouvez-vous me faire ?(nouvelles)Lire «Ville cruelle» d’ÉZA BOTO(essai critique) Nostalgiaques,collectif Affo Akkom (poèmes)À PARAITRE 1000 Proverbes et devinettes en langueŋgmbàÉdition trilingueŋgmbà-français-anglais Articles1. «Afrika-ba’a: un hymne à la révolution verte »,Cameroon Tribunen° 704 des dimanche 24 et lundi 25 octobre 1976, p. 2 ; 2. «Gros planetAfrika ba’a: le procès de la ville » dansL’Afrique littéraire et artistiqueè N° 56, 2 trimestre 1980, pp. 60-64 ; 3. « L’impression de la littérature au Cameroun : un fléau à enrayer »,Cameroon Tribune s n° 1911 et 1917 des Dimanches et Lundis 26 et 27 oct., et 2 et 3 nov. 1980, Yaoundé, p. 2 ; 4. « Le Pessimisme comme fil conducteur deMassa Nécoula», inde J.B. Nkwetche www.afrikibouge.cometCodem Infon°3, Juil. 2010, p. 15 ; 5. « Rêve, révolte et révolution dansJe vois du soleil dan tes yeuxde Nathalie Etoke »,in www.afrikibouge.comdu 2 juin 2008;6. « Lisières scripturales de l’amour dansLisières Enchantéesde Marie Julie Nguetse », in www.afrikibouge.comde décembre 2009; 7. « L’envers du bonheur dansLe Bonheur immédiatDavid Fongang  de », in www.afrikibouge.com;8. « Le rêve comme fin dansMoi taximan», in de Gabriel Kuitche Fonkou www.afrikibouge.com;9. « Le temps contre le temps dans « Kilomètre 30 » de David Nde mû Fopinn »,in www.afrikibouge.com;10. « Du vin aigre au vinaigre, ou de la déchéance sociale dansLes Vins aigresde Gabriel Kuitche Fonkou », inMondesFrancophones,2011 ; 11. « Fleurs en larmes etLarmes en fleurs, ou de la duplicité vitale chez Rose Djoumessi Jokeng », inMondesFrancophones,2011 ; 12. « Cinquante années de littérature camerounaise… cinquante années de progrès ? », in MondesFrancophones, 2012…. © L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03576-5 EAN : 9782343035765
 À la mémoire du pasteur Porret, qui aurait été fier de voir ce travail.  En hommage à Jean-Bosco NKWETCHE, Pour qu’il y vive à jamais.
1 L’ENFANT BAMILÉKÉpar Jean MBA LENOU Int r o d u c t i o n Né le 14 février 1951, candidat au baccalauréat, l’auteur des pages qui suivent, Jean Mba Lenou, a vingt ans. Il est élève de première au lycée de Bafoussam, o ù je l’ai ren-contré. Je n’ai fait aucune retouche à son récit. À travers les aventures vécues de ce garçon qui, avec une obstina-tion rare à son âge, veut absolument se rendre à l’école, malgré tous les obstacles que dressent devant lui sa famille et la coutume, vous allez découvrir, entre le golfe de Gui-née et le lac Tchad, une région pittoresque du Cameroun, le pays bamiléké, aux collines souriantes et aux mœurs originales, habité par une population montagnarde très dense, une des plus actives de l Afrique noire. En partant de Douala, port animé qui s’étend le long d’un large fleuve presque jusqu’à l’océan, on quitte une ville hétéroclite, où les immeubles modernes à multiples étages voisinent avec les cases sommairement construites des quartiers populaires, pour monter insensiblement vers de hauts plateaux d’accès difficile autrefois. On traverse tout d’abord des plantations de palmiers, de caféiers, de bananiers et de goyaviers, sans p a r l e r des ’ ’ cultures d ananas, parmi lesquelles s allongent des villages et même des villes d une certaine importance, dont les maisons basses, en bois, uniformes, bordent la route gou-dronnée. Bientôt, le paysage change d’aspect et la chaleur humide de la côte disparaît. On sent quelque fraîcheur, car 1 Tout premier texte jamais publié par un Bamougoum,L’Enfant bamiléképarut en Suisse dans la série Clartés, à L’Agence d Éducation Chré-tienne, rue de 1’Ale 31, Lausanne, en 1971, par les soins du pasteur Eugène Porret.7
' on prend de l’altitude. Des montagnes s élèvent de toutes parts et la route franchit des crêtes escarpées. Alors que dans le sud il y a beaucoup de terrains en friche, ici aucune parcelle n’est négligée. Des clôtures soigneusement entre-tenues entourent les champs de maïs. Les maisons bâties en brique rouge et couvertes de tôles sont éloignées de la route et dispersées dans la campagne. Nous arrivons chez les Bamiléké, paysans depuis des siècles, c o m m e r ç a n t s r é p a n d u s a u j o u r d ’ h u i dans tout le Cameroun, mais toujours très attachés à leurs villages et à leurs coutumes. Voici Bandjoun, commune peuplée de 50 000 âmes, avec une densité de 300 habitants au kilomètre carré ! Qui le croirait en passant à travers une agglomération enfouie dans la verdure ? On ne voit, au centre, que quelques ca-banes qui abritent des boutiques. Il faut encore s’enfoncer dans la brousse pour aboutir à la chefferie où réside le roi. Deux cases coniques, semblables à d’immenses morilles, ' en forment l’entrée. D autres, disposées de chaque côté de l’avenue qui mène à la case centrale, sont habitées par les femmes du chef. Roi et chef sont ici synonymes. En réali-té, on appelle ce monarque le Fô, et sa véritable autorité provient de la puissance magique qu’on lui attribue. Pour les gens du lieu, il est avant tout le juge, le réconciliateur, mais aussi le gardien de la religion traditionnelle, le grand prêtre du culte des ancêtres. Il y a certaines manières de traiter les morts qui subsistent toujours. Quand quelqu’un est décédé, on ne le laisse pas tranquille dans sa tombe. Deux ans après, on retire son crâne, car on croit que, si on ne le fait pas, l’esprit du défunt viendra causer des malheurs dans la famille. Les survivants mourront peut-être d'accident ou de maladie ; ils pourront subir des pertes, les calamités ne cesseront qu’au moment où le sorcier aura déterré le crâne qui sera déposé dans une case spéciale. On aura soin de mettre une calebasse d’eau près de ce crâne, pour que le défunt n’ait jamais soif. C’est le premier acte du culte des ancêtres. Il faudra aussi lui offrir des sacri-
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fices de même qu’aux grands-parents et arrière-grands-parents dont les crânes sont exposés là depuis longtemps. On égorgera un bouc, une chèvre que l’on cuira dans de l’huile salée ; on se contentera parfois d’un poulet et de pis-taches écrasées. Tout cela est nécessaire pour demander aux ancêtres de protéger les vivants du mal, de leur apporter la chance et le bonheur. Les enfants se régaleraient volontiers des vivres ainsi répandus autour des crânes, mais ils com-mettraient un sacrilège. Seules les fourmis s en repaissent. On prétend alors que ce sont les ancêtres qui ont pris cette forme-là pour manger les offrandes. Jean Mba Lenou a souvent été témoin de scènes sem-blables, car son père est un notable, membre de plusieurs sociétés que préside le Fô. Il a vécu à l’ombre d’une chef-ferie et tout ce qu’il raconte est authentique. D’autres élèves du même lycée m’ont parlé de ces coutumes mêlées de croyances bizarres. Par exemple, une danse appelée « kouga » commence autour d’un rejeton de bananier planté par un sorcier. On affirme qu’au cours de leurs ébats, les danseurs voient le bananier pousser, grandir, fleurir et donner du fruit. Les bananes grossissent et mû-rissent. Finalement, ils les épluchent et les mangent. Puissance de l’imagination sinon de la magie ! Il est in-terdit aux enfants de participer à certaines danses, car ils pourraient en mourir, soit en vomissant du sang, soit en maigrissant r a p i d e m e n t . La civilisation, avec tout le bon et tout le mauvais qu’elle charrie après elle, a pénétré récemment dans ce ' pays bamiléké qui s accroche encore si fortement à ses traditions, où il y a aussi d’excellentes choses à côté d’autres néfastes. La construction de la route qui traverse la région a été un événement pour la population plus familiarisée avec la magie qu’avec la technique. C’était pendant les dernières années de l’administration fran-çaise. Quand les gens de Bandjoun ont vu pour la pre-mière fois un Caterpillar s’avancer sur le terrain comme
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