L enfant de Balbala
162 pages
Français

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L'enfant de Balbala , livre ebook

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Description

Ce roman retrace l'enfance d'un garçon dans la banlieue de Djibouti ville. Une enfance partagée entre la misère et le combat pour réussir. A cela s'ajoutent des récits véridiques sur la guerre entre les deux grands voisins, l'Ethiopie et la Somalie. L'auteur s'engage également pour l'égalité sociale grâce au tableau, sans concessions, de la vie des Madibanes, ce petit peuple qui vit en corne d'Afrique et jusque-là marginalisé.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2007
Nombre de lectures 319
EAN13 9782336259369
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
L’enjeu du Siberia , roman de suspense
© L’HARMATTAN, 2007
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296027930
EAN : 9782296027930
Sommaire
Du même auteur Page de Copyright Page de titre Encres Noires - Collection dirigée par Maguy Albet Remerciements Dedicace Prologue Naissance Quarante jours plus tard… L’école coranique Balbala Le père Le voyage Djibouti L’école de La Salle Madame Ch. Les chauffeurs Une fille Le collège L’amour Épilogue
L'enfant de Balbala

Rachid Hachi
Encres Noires
Collection dirigée par Maguy Albet
N°283, Hélène KAZIENDÉ, Aydia , 2006.
N°282, DIBAKANA MANKESSI, On m’appelait Ascension Férié , 2006.
N°281, ABANDA à Djèm, Á contre-courant , 2006.
N°280, Semou MaMa DIOP, Le dépositaire ,2006.
N°279, Jacques SOM, Diké , 2006.
N°278, Marie Ange EVINDISSI, Les exilés de Douma, 2006.
N°277, Assitou NDINGA, Les marchands du développement durable , 2006.
N°276, Dominique M’FOUILOU, Le mythe d’Ange , 2006.
N°275, Guy V. AMOU, L’hyène et l’orfraie , 2006.
N°274, Bona MANGANGU, Kinshasa. Carnets nomades, 2006.
N°273, Eric Joël BEKALE, Le cheminement de Ngniamoto, 2006.
N°272, Justin Kpakpo AKUE, Les canons de Siku Mimondjan , 2006.
N°271, N’DO CISSE, Boomerang pour les exorcistes , 2006.
N°270, François BIKINDOU, Des rires sur une larme , 2005.
N°269, Bali De Yeimbérein, le « Baya », 2005.
N°268, Benoît KONGBO, Sous les tropiques du pays bafoué , 2005.
N°267, Frédéric FENKAM, Safari au paradis noir , 2005.
Remerciements
Je tiens à remercier en premier lieu le haut commandement militaire de l’armée djiboutienne qui a su m’entourer de leur compréhension, notamment le général de division Fathi Ahmed Houssein, le général de brigade Zakaria Cheik Ibrahim et le général Hassan Ali Kamil, sans oublier le capitaine Omar Ibrahim Halasse dont les directives ont été très utiles.

Je remercie tout particulièrement tous ceux qui m’ont aidé durant la correction du manuscrit ; Isnino, Issa Mohamed, Mohamed Youssouf pour ne citer qu’eux.
Pour tous les enfants de Balbala qui connurent la même misère, la même désolation…
Prologue
Des routes sinueuses, des maisons en planches et tôles, des enfants à demi vêtus qui s’ennuyaient. Des hommes oisifs, des femmes débordées. Des malades qui ne se plaignaient jamais et des bien portants ingrats. Des chômeurs qui n’avaient aucun espoir. Des filles en quête de mari. Des fonctionnaires incapables de joindre les deux bouts. Des commerçants escrocs. Une jeunesse rompue au vol.
Une vie débridée ; tout allait trop vite à Balbala . Trop vite pour que le présent soit vécu, trop vite pour entrevoir le futur. Trop vite pour faire un bilan et tirer des conclusions, trop vite pour des regrets, trop vite pour qu’une joie, aussi éphémère soit-elle, s’épanche. Trop vite pour se marier ou divorcer. Trop vite pour avoir un sentiment humain comme exprimer sa colère, laisser libre cours à son amour, secourir son prochain et se rendre utile à la communauté. Trop vite pour n’être, finalement, qu’un être fourbu par une fuite en avant, vers un univers irréel, des chimères.
L’idéal ne se trouvait que dans un mot : incha Allah. Les écoles et les hôpitaux seront bâtis incha Allah. L’eau et l’électricité seront pour tous incha Allah. Les emplois, une vie décente, la richesse et le bonheur qui n’avaient existé que dans les discours au fond des mabrazes …incha Allah.
Mot magique qu’était cet incha Allah. Incha Allah pour ne plus penser à rien, pour ne rien faire surtout. Il suffisait de dire incha Allah pour ne pas s’acquitter de la dette ou finir un travail qui traînait à longueur de mois. Incha Allah masquait l’incapacité et corrigeait bien des défauts qui minent la vie. Surtout il matait les revendications et calmait, jusqu’au Incha Allah prochain, la révolte qui couve sous l’aspect résigné des pauvres. Incha Allah…incha Allah.
Une conscience claquemurée dans la misère. Incapable de se défaire de lourdes chaînes de la dépendance pour enfin faire un retour en soi et s’adjuger une identité.
Balbala ne pourrait être décrite autrement. Samatalis l’imaginait comme telle, « sinon ce ne serait plus Balbala » disait-il en rigolant.
Balbala , celle qui brûlait. Elle brûlait de l’intérieur comme la poubelle qui avait constitué l’essentiel de sa terre. Elle couvait sa braise ; silencieuse, elle attendait son heure dans la fournaise.
Elle n’avait d’autres compagnons que la fumée âcre et les cendres chaudes. Pour ne pas sentir le mécontentement de ceux qui la foulaient, pour que le sentiment de désespoir latent ne la blesse davantage, elle brûlait doucement, d’une flamme imperceptible.
Naissance
Godoria , le restaurant chic de la ville. Un vieux bâtiment de deux étages, de style colonial. Des larges arcades en béton logeant des fenêtres en bois moisi défiguraient son front délabré. Pas de jardin. Aucune terrasse. Il se tenait là, dans la ville bruyante comme un navire fantôme sur une mer houleuse. Tout autour de lui des poubelles nauséabondes s’amoncelaient. Les passants ne daignaient guère jeter un coup d’œil vers cet amas de béton silencieux. Pourtant des voitures neuves stationnaient non loin de là. Des gens bien habillés entraient et sortaient sans cesse.
L’intérieur était tout autre chose. Le rez-de-chaussée était une longue salle croulant sous la tapisserie. Les murs étaient peints avec les couleurs nationales ; c’était la salle de monsieur tout le monde. Le novice se croyait dans une Moukbasa 1 ordinaire même si le matériel et le personnel sur son trente-et-un faisaient penser à un certain degré de raffinement.
Par contre l’étage ne recevait qu’une clientèle restreinte. Des gens bien connus, presque familiers à force de revenir chaque après-midi. Un vigile se tenait immobile au ras de l’escalier. Il ne parlait à personne ; il ne saluait pas non plus ni du regard ni à l’aide de son chapeau. Un bien étrange personnage aux yeux rouges qui laissait quand même choir les bakchichs dans sa poche ostensiblement ouverte. Son rôle était de filtrer les arrivants, dans la discrétion. S’il venait à rencontrer une tête inconnue, il consultait le propriétaire du lieu qui se trouvait en face de lui, tout au fond de la pièce, du regard. Un clin d’œil fixait le sort de cet intrus.
L’étage n’était qu’une succession de petites salles tenues au frais et fort sombres. Le personnel ne se composait que des filles en haillons. Le teint clair, le cheveu d’un beau noir corbeau, les dents blanches comme l’émail derrière un sourire d’enfant. Toute chose jugée gênante avait soigneusement été dissimulée ; le client ne devait pas être effarouché, encore moins froissé.
Samatalis jouissait des prérogatives de client modèle. Il arrivait toujours à la même heure, à seize heures, pour ne repartir que tard dans la soirée.
Il somnolait sur son divan, deux filles parfumées sous ses yeux. Ils se contemplaient ; il grimaçait et les filles, telles des poupées de cire, souriaient largement. La compréhension était là tout comme le doute.
Parfois il éprouvait de la pitié pour ces gamines sans but arrêté. Elles étaient ici, dans cette maison, errantes sur les routes de l’enivrement, parce qu’il fallait bien qu’elles soient quelque part. Dans ce qu’elles appellent une ambiance, avec « quelqu’un ». Son identité et son rang social importaient peu ; il pouvait être ivrogne, drogué de longue date, jeune ou vieillard, malfrat, mari infidèle, célibataire endurci, homosexuel ou tout simplement ces malheureux enfants du pays qui n’avaient aucun espoir.
Elles offraient tout ce qu’elles pouvaient mobiliser de joie, ce qu’elles avaient de plus cher, pour des instants éphémères de bonheur vain. Elles étaient demoiselles à tout faire, à faire sourire, à faire pleurer, à subjuguer son auditoire ou à le dorloter tel un enfant bruyant.
Aujourd’hui Samatalis s’intéressait peu à elles. Il avait énormément chaud, d’une chaleur un peu particulière. Il sentait une brûlure dans sa poitrine, du feu sourdre dans ses veines. Une douleur hurlait dans ses tempes. Il avait fum&

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