L homme qui voulait être directeur de théâtre...
198 pages
Français

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L'homme qui voulait être directeur de théâtre... , livre ebook

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Français

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Description

Un intermittent preneur d'otages, un spectateur pas comme les autres, un directeur tyrannique, un auteur jamais joué... Jean-Paul Farré déborde ici d'imagination pour nous raconter les tribulations tragi-comiques de tous ces travailleurs de la scène, sans qui l'Art n'existerait plus depuis longtemps. Peut-être que à la fin du livre tous ces personnages viendront saluer les lecteurs, comme les acteurs face au public à l'issue du spectacle.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 décembre 2010
Nombre de lectures 222
EAN13 9782336250274
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'homme qui voulait être directeur de théâtre...

Jean-Paul Farre
© L’HARMATTAN, 2010 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296138285
EAN : 9782296138285
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Remerciements à PRÉFACE L’HOMME QUI VOULAIT ÊTRE DIRECTEUR DE THÉÂTRE LA FABULEUSE HISTOIRE DE MONSIEUR BRAVO DIRECTEUR À L’ANCIENNE LONG VOYAGE VERS L’ENNUI TANT VA LA CRITIQUE QU’À LA FIN ELLE SE CASSE AUTANT EN EMPORTE LE PERSONNAGE
Remerciements à
Valérie Pouteau pour sa précieuse collaboration artistique ainsi qu’à Colette Derigny et Alexandra Feuillie
PRÉFACE
J’ai rencontré Jean-Paul en 1982, il répétait Les Possédés au Centre Dramatique National de Franche-Comté, sous la direction de Denis Llorca, je jouais Phèdre sous la direction de Jean-Luc Lagarce avec qui je co-dirigeais le Théâtre de La Roulotte installé à Besançon et qui venait de démarrer en professionnel.
J’avoue que ce fut un grand étonnement de voir un des comédiens du Centre se déplacer pour nous voir, nous, jeune compagnie inconnue. Cet étonnement fut encore plus grand quand je compris la passion qui habitait cet homme ! Je me pensais possédée par le théâtre, je me trouvais en présence d’un homme envoûté par le théâtre, ne vivant que pour le théâtre et par le théâtre. Jean-Paul est un boulimique ; un peu de temps libre, hop ! il va au spectacle, voir une pièce, une chorégraphie, écouter un concert. Sa curiosité n’a pas de limites ! C’est un homme qui prend des risques, inclassable dans l’univers de la scène. Il aurait pu être showman musical, avec son piano et ses cheveux à la Beethoven, mais Jean-Paul a besoin de l’équipe, de travailler dans d’autres univers, de voyager incessamment avec les auteurs et les metteurs en scène.
Comment ne pas être séduit par ce petit homme toujours en mouvement, passionné de musique, d’Histoire (il en retient toutes les dates), de train et de lecture ? Il aime la vie, la possède, l’analyse et la sublime dans des histoires. Il aurait pu écrire le sketch « Théâtre Obligatoire » de Karl Valentin.
Ici, il nous livre ses nouvelles, toutes sur le théâtre, tellement il veut rendre hommage à cet art qui lui a tant appris. Mais il ne nous parle pas de cette mini société comme d’un milieu mythique où tout brille, où tout le monde se comprend, s’entraide… au contraire il nous en parle comme d’une famille banale avec ses peurs , comme ce monsieur Bravo qui aborde l’existence par la fin, ses lâchetés , comme ce comédien qui se retourne contre son personnage, avec aussi ses envies de pouvoir absolu, comme ce directeur tyrannique ou cet acteur preneur d’otages qui préfère embarquer ses zélateurs sur le radeau de la méduse plutôt que de se remettre en question, avec encore ses vengeances , comme ce critique que l’on sent aigri et jaloux, avec enfin son désespoir et sa solitude , comme cet auteur qui ne trouve aucun écho à son travail d’écriture.
À travers ces « idiots du théâtre », il nous parle de la société en général avec ce décalage comique mais qui nous fait frémir aussi de savoir que nous n’applaudissons pas toujours les plus talentueux, les plus sincères et les plus engagés.
Laissez-vous donc porter dans cette dérision sérieuse d’un grand faiseur de théâtre !
Ghislaine Lenoir
L’HOMME QUI VOULAIT ÊTRE DIRECTEUR DE THÉÂTRE
« Claudel c’est du music-hall pour archevêque »
– Graffiti de Mai 68 –
« Moi quand je serai grand je serai directeur de théâtre, répondait l’enfant à son interlocuteur adulte.
– Où ça ?
– Je n’sais pas, à Paris, à Londres ou à Berlin. Non, à Paris je crois.
– Tu as déjà été au théâtre ?
– Non mais un jour j’irai !
– Quand ?
– Demain !
– Avec qui ?
– Mes parents ! »

En attendant que le souhait de l’enfant se réalise un jour, il s’en est joué des pièces de théâtre en un, trois et cinq actes ; il s’en est passé des folles journées d’art dramatique ; il s’en est représenté des trilogies, des tétralogies et des intégrales de Shakespeare, de Molière et de tous les autres. Sans compter les festivals et les nuits ininterrompues où comédies et tragédies se disputent la ferveur du public.
Bref, il s’en est prononcé des répliques sur les scènes durant des années, des décennies, un changement de siècle cumulé à un changement de millénaire… et nous voilà ce soir à Paris au théâtre du Châtelet à la X e cérémonie des Molières.
Notre petit garçon a grandi, vieilli et il est là, caché. Non, pas caché, assis dans un fauteuil d’orchestre, comme les mille huit cents privilégiés qui assistent à cette autocongratulation collective dont tout le monde se fout, sauf les mille huit cents spectateurs de la salle. Bien calé sur son siège, il applaudit bêtement les vainqueurs et les vaincus… Mais il rage.
Dans ce genre de soirée où tout le monde il est content, tout le monde il est gentil, on n’arrête pas d’applaudir et de tout tenter pour que l’œil de la caméra immortalise, dans un gros plan d’une demi-seconde, votre sourire de circonstance.
Bouillant intérieurement sur son siège, notre vieux petit garçon attend en fait le moment propice de bondir sur la scène pour interrompre cette ridicule mascarade.
Mais qui va donner le signal du départ de cette action plus que symbolique ? Toi, lui glisse dans l’oreille interne une voix intérieure. Monte sur la scène, vas-y, c’est le moment propice ! Quitte ton fauteuil de velours rouge et bondis sur le plateau en direct !
Tout à coup, il se retrouve sur la scène, arrache le micro de la présentatrice pétasse de la chaîne qui retransmet ces Molières, cérémonie d’une nullité, d’une tristesse, d’un poussiéreux et d’une gérontologie à faire zapper même les téléspectateurs les plus amoureux des beaux textes.
Coup d’éclat de sa part ou coup d’état? Ce soir-là, le 18 brumaire du théâtre venait de commencer sans que personne ne le sache.
Au moment où il prit sa respiration pour expliquer son geste et sa présence qui visait à interrompre l’émission, il se produisit un véritable coup de théâtre, comme l’art dramatique n’en avait pas représenté sur une scène depuis très longtemps. Venant à la fois des coulisses, des dessous, des cintres et de la salle, plusieurs personnages masqués et déguisés de la tête aux pieds, le rejoignirent et exigèrent par leur attitude de parler au micro.
Il n’était plus tout seul. En un instant, comme par magie, tous les personnages de la Commedia dell’arte s’étaient joints à lui, Arlequin, Pierrot, Colombine et les autres. Combien étaient-ils ? Une douzaine pas plus. Il n’eut pas le temps de les compter, car il comprit qu’il devait absolument parler dans le micro, et devenir ainsi, sans l’avoir sollicité, le porte-parole de tous ces masques qui le regardaient avidement.
« Je déclare nulle et non avenue cette X e cérémonie des Molières », voilà la première phrase qu’il prononça au micro.
Les comédiens masqués qui l’entouraient, pour lui il n’y avait aucun doute sur leur profession, applaudirent ces premiers mots. Encouragé par ces applaudissements, il continua :
« Ne croyez pas que notre intervention soit prévue dans le programme de la soirée… »
Les mille huit cents spectateurs se mirent à applaudir, mieux même, à battre des mains en cadence.
Il reprit la parole :
« Ce n’est pas une blague, un canular ni même une alerte à la bombe. Ce soir les Molières c’est fini. »
Un éclat de rire général secoua le public, de l’orchestre aux balcons. Dans un mouvement spontané tous les spectateurs se levèrent de leur siège pour une standing ovation. Décontenancé par cette attitude plus que bienveillante de la salle, il essaya de reprendre la parole :
« Puisque je vous dis que mon intervention… »
À ce moment-là, il sentit le regard des masques tourné vers lui, il reprit :
« …Que notre i

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