L impossible choix
218 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'impossible choix , livre ebook

-

218 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Fuyant la pauvreté, espérant vivre des jours meilleurs en France, les parents de Mezziane quittent l'Algérie. Mezziane, un de leur trois enfants, est né en Grande Kabylie. En 1958, à l'heure de l'appel sous les drapeaux, Mezziane fera son service militaire chez les Chasseurs alpins, il sera appelé à combattre en Algérie. Par un coup du sort, son cantonnement se situera à quelques dizaines de mètres du village d'Iferhounène, le village qui l'a vu naître...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2008
Nombre de lectures 311
EAN13 9782336279169
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'impossible choix
Un Kabyle pendant la guerre d'Algérie

Jean Boulanger
Toute ressemblance avec des personnages ayant existé serait fortuite. Cependant certains événements décrits dans ce livre ont une multitude de témoins.
© L’HARMATTAN, 2008 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296066120
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE I - La fin de l’adolescence CHAPITRE II - La vie de caserne, les classes CHAPITRE III - Le Camp de transit Voyage en terre algérienne
DEUXIEME PARTIE
CHAPITRE IV - L’Algérie CHAPITRE V - Compagnie opérationnelle, une nouvelle vie CHAPITRE VI - Je découvre les horreurs de cette guerre CHAPITRE VII - Le lieutenant de la première section CHAPITRE VIII - Quand l’horreur est à son comble
TROISIEME PARTIE
CHAPITRE IX - Dans les rangs du FLN CHAPITRE X - Je retrouve la même sauvagerie dans les rangs du FLN CHAPITRE XI - Enfin libre
Épilogue - La fin du cauchemar Notes de l’auteur
Qu’il est cruel de veiller le corps sans vie d’un ami,
Le matin même, nous plaisantions ensemble. Il avait vingt ans ! Dans son village, il sera dit lors d’une cérémonie officielle, « Mort pour la France »,
Moi, je sais qu’il est mort pour rien.
Je dédie ce livre à toutes les victimes de cette guerre qui, comme bien d’autres, aurait pu être évitée sans la bêtise des hommes.
Il est dédié en particulier à mes copains qui n’ont pas revu leurs parents.
A mon épouse,
Qui m’a servi de thérapeute pour effacer les images qui ont trop longtemps hanté mes nuits.
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE I
La fin de l’adolescence
La convocation était attendue, cependant lorsque le facteur m’apporta la lettre m’indiquant de rejoindre le 6 e bataillon de chasseurs alpins cantonné à Grenoble, je reçus un choc. Ainsi, il me faudrait rompre avec mes habitudes, quitter ma famille, mes copains et mes copines et aussi la grande entreprise qui m’employait comme dessinateur en mécanique. Très souvent, le soir, j’aidais mon père pour servir les clients de notre petite épicerie qu’il tenait depuis près de 10 ans dans ce quartier populaire du 18 e arrondissement. Ma mère en profitait pour se rendre dans sa cuisine préparer le dîner. Parfois ma grande sœur palliait mon absence prévisible, cependant assez rarement, car elle se destinait au métier de juge pour enfants.

Ces études de droit lui prenaient beaucoup de temps ; nous ne pouvions compter sur l’aide du grand frère qui avait quitté la maison pour vivre sa vie. De plus, son métier de conducteur de bus lui imposait des horaires par trop irréguliers

Mes parents étaient algériens, partis de ce coin de Kabylie où j’étais né ; ils fuyaient une existence terne dans cette région complètement désindustrialisée et délaissée par l’Administration Française. Malgré son grand désir de sortir de sa condition, mon père nous faisait vivre de petits boulots trouvés çà et là avec des lendemains incertains et un salaire de misère : journalier dans une ferme ou manœuvre dans une usine, très loin du domicile où il ne revenait que tous les quinze jours.

A Iferhounène, ce village de Kabylie où j’étais né, nous vivions comme il y a trois siècles, rien n’avait changé. En économisant sur tout et vivant chichement, mes parents avaient réussi à mettre quelques sous de côté et ils s’étaient lancés dans la grande aventure en traversant la Méditerranée.

Après trois ans d’un travail à la chaîne dans une grande usine du 15 e arrondissement, mon père quitta l’entreprise qui construisait des automobiles. Une opportunité s’était présentée, consistant à reprendre une épicerie dans la rue où nous habitions dans ce quartier ouvrier de Paris ; la place était laissée vacante par le propriétaire devenu trop âgé pour gérer convenablement sa modeste entreprise.

Le brave homme avait pensé proposer sa succession à mes parents, ceux-ci étant de bons clients de son magasin. Il avait accepté le petit capital proposé par mon père, le solde étant versé sous forme de mensualités ; il était stipulé chez le notaire que mes parents deviendraient propriétaires en cas de décès du grand-père, celui-ci n’ayant pas d’héritier. En fait, c’était une forme de viager.

En cette année 1949, nous étions devenus les nouveaux épiciers de ce quartier populaire de la rue Ordener. Mon père avait fait la dernière guerre mondiale, il n’avait pas manqué d’en parler aux premiers clients et la réticence de faire travailler un étranger s’était vite estompée, les manifestations d’hostilité ou de racisme envers mes parents étaient quasiment inexistants.

Nous avions une clientèle fidèle et le magasin s’était assez rapidement révélé trop petit ; mais nous ne pouvions pas pousser les murs. Il avait fallu attendre une occasion pour s’agrandir : celle-ci se présenta quand le dépanneur radio qui tenait le magasin jouxtant le nôtre prit sa retraite, au moment où les postes de TSF commençaient à être remplacés par des téléviseurs.

Je fréquentais l’école laïque et j’avais de nombreux copains qui n’avaient jamais manifesté le moindre racisme à mon égard ; je découvrirais cela beaucoup plus tard et dans d’autres circonstances. Si les gens disaient familièrement qu’ils allaient faire leurs courses « chez l’Arabe », il n’y avait aucune connotation raciste ou xénophobe dans cette indication.

Des années plus tard, malgré les événements d’Algérie que les commentateurs radio, peu avares d’euphémismes, présentaient comme des « troubles », mes parents avaient gardé une bonne clientèle. Cependant, certains s’étaient détournés du magasin au prétexte qu’ils avaient un fils en Algérie et qu’ils n’allaient pas donner leur argent dont une partie irait garnir les caisses du FLN. Pouvait-on le leur reprocher ? Il est bien vrai que nous voyions de temps en temps un collecteur du FLN passer dans le magasin et je comprenais mon père qui n’avait aucun moyen de se soustraire à cet impôt appelé révolutionnaire ; il fallait participer à cette collecte sous peine de mort, ou à moindre mal la destruction du magasin.

Mon père m’avait élevé dans la plus grande tradition française, il n’avait pas renié sa religion, mais il ne me l’avait jamais imposée. J’avais fait deux voyages depuis mon enfance dans le pays de mes racines et j’avais découvert, en plus de mes nombreux cousins, cousines, oncles et tantes une merveilleuse région : la Grande Kabylie avec ses villages accrochés au flanc des montagnes dans des décors qu’enjolivaient les grands champs d’oliviers, quelques orangers çà et là colorant le paysage.

Ces merveilleux levers et couchers de soleil sur les montagnes du Djurdjura sont un enchantement, les promenades dans les fonds d’oued vers Tikilsa où même au plus fort de l’été, la nature vous propose un écrin de verdure enveloppé d’une bienfaitrice fraîcheur ; et ces jolies femmes habillées de couleurs chatoyantes, la taille soulignée par la traditionnelle « fouta » sont un enchantement, un régal pour les yeux. J’avais retrouvé mes origines, ma famille et souvent je rêvais de ces paysages d’une exceptionnelle beauté qui font de la Kabylie un pays extrêmement attachant. Je me disais que, plus tard, j’y retournerais en vacances, peut-être avec mon épouse.

Nous avions parfois abordé le délicat sujet de la guerre d’Algérie avec mon père, même si, à cette époque, il ne s’agissait selon la radio que d’un maintien de l’ordre. Dans quelques temps, la réalité du terrain me révèlerait les éditoriaux mensongers de certains journaux. Ces troubles d’Afrique du Nord commencés depuis 1954, avec au début, quelques victimes par mois, se traduisaient maintenant par plusieurs morts par jour.

Était-ce la guerre? Ou comme le disaient les politiciens en place, un maintien de l’ordre voire une simple opération de police visant à empêcher les troubles fomentés par quelques agitateurs indépendantistes ? A ce sujet, je serais bientôt fixé sur le goût immodéré du mensonge chez certains hommes ou femmes politiques. Ce que l’on appelle maintenant, pour rester politiquement correct « langue de bois » ne sont que des moyens détournés évitant le mensonge, mais n’apportant aucune réponse aux questions posées. Je me considérais comme un français à part entière, mais cet appel sous les drapeaux, avec les événements d’Afrique du Nord, me g

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents