L (in)forme dans le roman africain
260 pages
Français

L'(in)forme dans le roman africain , livre ebook

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260 pages
Français

Description

L'informe est devenu l'une des identités remarquables du roman et s'impose comme la grille de (re)lecture de la création et de la critique. Les écrivains, en rançonnant l'impureté, en étirant infiniment le corps textuel, en recourant à des pratiques insolites et inédites, produisent une écriture informelle qui informe le roman africain, en raison de la normalisation du phénomène. L'identité des/dans les nouvelles africaines s'affranchit constamment de la tyrannie de la forme. Paradoxalement, une synonymie de fait entre la forme et l'informe s'installe.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2015
Nombre de lectures 278
EAN13 9782336376035
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

Sous la direction deRoger Tro Dého et Yao Louis Konan
L’(in)formedans le roman africain
Formes, stratégies et significations
L’(in)forme dans le roman africain Formes, stratégies et significations
Sous la direction de Roger Tro Dého et Yao Louis Konan L’(IN)FORME DANS LE ROMAN AFRICAIN
Formes, stratégies et significations *
© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-05547-3 EAN : 9782343055473
(In)former en amont…
(In)former en amont… la posture, sans véritablement introduire la présente étude est, sans doute, la stratégie la mieux indiquée pour soulever et poser un problème plus important, celui de la difficulté d’une lecture exhaustive et « formelle » (absolue et autoritaire) de la question de l’(in)forme. La raison en est que les romanciers africains s’émancipent, résolument, du modèle pour donner droit à la mode, s’ouvrir à des voi(e)x scripturales hétérogènes, à une diversité de formes qui explosent et s’imposent, de plus en plus, par la profusion, la protubérance et l’exubérance des recherches (in)formelles. L’enjeu de ce propos liminaire n’est donc pas d’engager, d’entrée de jeu, un débat qui s’entortillerait dans cette pluralité et cette complexité, dévoilant précocement les enjeux du livre (d’où le refus d’une introduction à proprement parler). Il s’agit, au contraire, de situer le cadre général pour justifier le projet, du moins d’informer en amont... Le procès (processus) de l’information, en principe, ne consiste pas à installer le lecteur dans le vif du sujet (comme le ferait l’introduction). Il le prépare plutôt à entrer, progressivement, en contact avec la problématique du livre et à aborder les pistes ouvertes et proposées par les contributeurs. Démarche bien scientifique qui permet de suivre les étapes du renouveau du roman africain, de présenter quelques résultats déjà obtenus et de situer le sujet dans une perspective plus originale, point à partir duquel il pourra, sansa priori,entamer un voyage heuristique au cœur des partis pris théoriques et critiques qui cernent les jeux et enjeux d’une esthétique africaine de l’(in)forme. L’ (in)formeest en passe de devenir la marque de fabrique du « nouveau » roman africain. Les contributions, réunies dans cette étude, tentent d’interroger, à nouveaux frais, ce paradigme. Plus simplement, il s’agit de définir une critériologie ou d’établir un ensemble de marqueurs qui, à défaut de balayer tous les traits 7
novateurs du roman africain, permettraient de re-visiter la 1 question de l’écrituresurfacielledans son arrimage au concept de l’(in)forme. Intéressons-nous au mot. En le posant à partir de son unité orthographique ou typographique (c’est-à-dire comme un mot non composé) et de sa réception auditive, l’informe relèverait simplement du 2 lieu commun. DansLes Armes secrètes (1963) , Julio Cortazar considère l’absence de règle comme facteur de lisibilité du 3 roman. Roland Barthes, dansLe Plaisir du texte (1975) , exhibe le « corps » romanesque comme un espace de jeu et de jouissance esthétique. Mikhaïl Bakhtine, dansEsthétique et 4 théorie du roman(1978) , est plus incisif. Pour lui, le roman est un genre hybride, protéiforme, poreux, malléable… Ce qui se dégage de ces approches est bien la prédisposition du genre romanesque à l’hétérogène, à l’exubérance, à l’ouverture…au dépassement puis à l’étouffement des canons ; autant de formes de l’informe (au sens d’absence de forme). Dans ce cas, une réflexion autour de la notion pourrait relever dudéjà vu, alors que s’observe, s’opère et prospère une certaine poétique romanesque brassant, dans un flot vertigineux, une variété de styles, de procédés et de formes qui privilégient le désordre, l’arbitraire, la spontanéité, l’irrégularité. Cette poétique déborde, de loin, le cadre général de l’hybridité pour devenir une véritable « esthétique expressionniste, qui ne craint pas l’expérimentation sauvage et qui mêle […] les procédés
1  Nous empruntons là l’expression à Adama Coulibaly qui l’employait justement pour désigner les configurations formelles ayant cours dans le roman africain postcolonial. C’est le cas de la carnavalisation littéraire, de la ludisation textuelle, du simulacre, de la métatextualisation… « L’Écriture des surfaces dans le nouveau roman africain postcolonial. Aspects théoriques »,Nouvelles Études Francophones, volume 27, numéro 2, automne 2012, p. 153. 2 Julio Cortazar,Les Armes secrètes, Paris, Gallimard, 1963. 3 Roland Barthes,Le Plaisir du texte, Paris, Seuil, 1975. 4 Mikhaïl Bakhtine,Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard, 1978. 8
5 d’avant-garde, le réel et l’imaginaire » . Elle s’ouvre, en définitive, sur un nouveau baroque. Si la paternité de ce changement de paradigme esthétique, mieux d’ « un foisonnement sans précédent et l’inauguration de voies nouvelles » était, jusque-là, attribuée àLes Soleils des indépendances (1968) d’Ahmadou Kourouma etLe Devoir de violence(1968) de Yambo Ouoleguem, Sewanou Dabla situeLe Soleil noir point(1962) de Charles Nokan comme une œuvre majeure et pionnière de cette rupture. Partant d’un tel postulat, Bazié et Bisanswa suggéraient en 2004, dans la présentation d’un numéro thématique de la revuePrésence africaine, 6 la mise en place d’ « un nouveau pacte de lecture » . Agissant par anticipation ou saisissant un tel appel au rebond, des critiques ont interrogé de façon plus systématique les nouvelles orientations scripturales et proposé des grilles de 7 lecture. Ainsi, Sémujanga conseille de lireLa Vie et demiede Sony Labou Tansi à la lumière de la surenchère des formes. Dans un article consacré à Maurice Bandaman, Pierre N’Da parle d’« écriture libérée et libérante », de « subversion courageuse de l’impérialisme générique », d’ « adaptation des techniques de 8 l’oralité » , etc. DansÉcritures et discours, Joseph Paré énumère un certain nombre de stratégies discursives à prendre en compte dans le décryptage du « nouveau » roman africain. Il s’agit, pêle-mêle, du « polémico fantastique », de la « parodisation », de la « métadiscursivisation », du « retour à des formes de
5  Jean Cléo Godin,Nouvelles écritures francophones : vers un nouveau baroque ?Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2001, (quatrième de couverture). Imprimé. 6  Isaac Bazié, Justin Bisanswa, « Présentation »,Présence Francophone 63(2004), p. 7, (5-11). Imprimé. 7  Josias Sémujanga,Dynamique des genres dans le roman africain : éléments de poétique transculturelle. Paris, L’Harmattan, 1999. 8  Pierre N’Da, « Le roman africain moderne : pratiques discursives et stratégies d’une écriture novatrice. L’exemple de Maurice Bandaman », En-Quête n°23,(En-Quête Spécial hommage au prof. N’Da), Université de Cocody-Abidjan, EDUCI, 2010, p. 48-66. 9
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