L observateur
119 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'observateur , livre ebook

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119 pages
Français

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Description

Directeur d'un groupe international, Evan est soudain licencié. Cette nuit-là, il a rendez-vous avec son avenir. Suspendu au bord d'un pont, il est interpellé par une voix. Celle-ci lui ouvre deux portes dans lesquelles Evan va s'engouffrer. S'ensuit une double quête : résoudre le mystère d'une montre particulière et découvrir sa propre voie intérieure. Ces deux routes vont conduire Evan de rencontres en aventures, de questionnements en découvertes pour l'amener à revoir sa perception de la vie. Un beau roman initiatique...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782806122117
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright






















D/2018/4910/30
EAN Epub : 978-2-8061-2211-7

© Academia – L’Harmattan s.a.
Grand’Place, 29
B-1348 Louvain-la-Neuve

Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce soit, réservés pour tous pays sans l’autorisation de l’éditeur ou de ses ayants droit.

www.editions-academia.be
Titre



Frank Gérard










L’observateur



Roman
Remerciements


Remerciements

L’écriture de ce premier roman était un savoureux parcours réalisé grâce au soutien de nombreux proches. Je tiens à remercier chacun de mes relecteurs et en particulier mon père et Marie pour leurs analyses attentives, ainsi que mes enfants, source d’inspiration permanente. Leurs précieux retours m’ont été essentiels pour faire évoluer le style, la cohérence, la fluidité et simplement l’attrait de cette histoire.
L'observateur


Un pendentif et son diamant brillent dans le noir évanescent. La lumière s’écoule, calme. L’horizon n’existe plus, absorbé par la densité du vide. Une onde traverse l’espace, je la sens. Comme un signe, un appel, un fil à prendre, une éternité qui bouge sans cesse. Un oiseau vert au long bec arrive au loin, porté avec grâce. Il s’empare du pendentif et se met à tournoyer, l’emportant dans une folle danse. Les éclats de lumière jaillissent, se fracassent comme des éclairs, déchirent les dernières toiles de protection. Au-delà de cette lumière, il y a ceux que j’aimais, à peine perceptibles. Les sourires et les trahisons, tout est lacéré à l’identique. Le grand rouleau compresseur de la vie fait son office. Mes pieds, mes jambes ont déjà disparu, écrasés. Le reste, ce qui se détache à l’intérieur, remonte et voudrait sortir. Ma tête est hystérique, la pression grandit, insupportable. Ma gorge étouffe. Mes oreilles et mes yeux voudraient encore parler au monde. Une dernière fois. L’animal me retient. Trop tard, le cisaillement est morbide. La résistance est vaine. Une dernière fois je regarde ma main. Il y a maldonne je n’avais que des as, aujourd’hui je me retrouve avec des deux et des trois. Perdu. Le matin et le soir partagent la même histoire, une même évidence. Devant, des millions de crochets attrapent et tirent toutes les cellules de mon corps. Derrière, un train arrivé trop vite en gare pousse un hurlement métallique. Me percute. L’oiseau est parti, le diamant est immobile au milieu de tout. De rien. À la fin de l’inspir, je vacille.


Je m’appelle Evan. Aujourd’hui j’ai perdu un empire. Cette nuit le monde me perd.
Comment en suis-je arrivé là ? Le vent chaud remonte du canyon, comme s’il voulait m’emporter pour la dernière fois. Mes jambes tremblent, doucement je continue à me pencher vers l’avant, me tenant encore fermement avec mes mains dans le dos. Le vide m’attire comme un chant de sirènes. Hier j’étais tout-puissant. Je me retrouve destitué. Quelle fin sinistre. Je n’ai plus la force de tout recommencer. Vais-je rejoindre des visages qui m’ont quitté, les voix qui m’étaient chères et que je n’entends plus depuis trop longtemps ? Mes doigts se desserrent, agrippés au froid de la balustrade. Je lâche prise lentement. Je ne vois rien à mes pieds, je sens les souffles, celui de la ville et celui du fleuve qui se croisent, qui ne sont qu’un seul. J’ai toujours cru que je pouvais programmer, prévoir les conséquences de mes actes. Je comprends à quel point cela n’a aucun sens.
– Faut jamais hésiter pour le grand plongeon !
Cette voix semble sortir de la rocaille. Elle me crispe, mes doigts se resserrent. Je suis abasourdi par cette intrusion violente qui m’arrache mon départ.
– Ils sont nombreux en bas.
Je continue à sonder le noir, le regard plongé dans le vide où la nature et l’humanité se rejoignent. Le gouffre avale les falaises et les immeubles. Avec moi tout s’en va. Les images continuent à défiler, tout ce que j’ai construit glisse vers le néant. J’ignore si je fais partie de ces pans de civilisation qui disparaissent.
– C’est pour une femme ?
Je cherche dans un coin de mon esprit les proches à qui je n’ai pas dit au revoir et qui pourraient me manquer. À qui je manquerai peut-être. Est-ce qu’il en existe encore ? Progressivement je me suis redressé, me recollant contre la balustrade, comme un ultime sauvetage inconscient. Je repars vers l’avant, les images continuent à défiler. Quand ai-je fait l’amour pour la dernière fois ? Aucun souvenir. Quand ai-je échangé un sourire avec un enfant ? Aucune trace. Quand ai-je serré un corps avec tendresse ? Je l’ignore. Quand ai-je pu dire à un ami « parle-moi, je t’écoute » ? Aucune idée. Aujourd’hui je disparais du système. Demain un gros titre dans les journaux, puis plus rien.
– Vous avez du mal à vous décider ? Vous n’êtes probablement pas prêt.
Ça suffit ! D’où viennent ces interpellations sadiques qui me retiennent depuis quelques secondes ou quelques minutes peut-être. Quel manque de respect. Je sors de mes pensées, perplexe et irrité.
– Qui êtes-vous ?
– J’étais à votre place il y a quinze ans. Mes doigts ne se sont jamais complètement desserrés.
– Que voulez-vous ?
– En général, mon truc fonctionne…
– VOTRE TRUC ? ne puis-je m’empêcher de hurler, excédé par cette désinvolture.
– Wow, désolé de vous avoir offensé. Venez me voir au bout du pont, au bord de la falaise. Je suis en contrebas du kiosque, il faut prendre le petit sentier à pic.
Intrigué, je commence docilement à m’intéresser à cet échange surréaliste. Moi, l’ex-directeur général débouté, je parle au vent et aux rochers.
Toute ma vie j’ai eu besoin de justifier mes décisions. Si mon intention de me lancer dans le vide était limpide, je n’avais pas pris la peine de la motiver. Peut-être cette rencontre m’obligera-t-elle à développer. Je n’ai pas l’habitude de suivre aveuglément. Pourtant, une force incompréhensible me contraint à aller voir. Lentement, je me redresse, me retourne et enjambe le garde-fou. Je suis sans filet, la moindre erreur me serait fatale. Un plongeon maintenant n’aurait pas la même saveur.
Épuisé par cette longue nuit de vagabondage, je finis la traversée du pont. Je gravis les marches qui me séparent du kiosque, oscillant de gauche à droite, comme un adolescent qui cherche son centre de gravité. Quelle rencontre m’attend ? Le kiosque est perché sur un promontoire, comme une sentinelle. J’arrive en haut des marches, plein et vide à la fois. Plein d’avoir ressassé cette existence en quelques instants. Vide car plus rien n’a de sens. Je me retourne. Le soleil timide se lève dans mon dos, croisant les derniers rayons de lune. La lumière rasante commence à déferler sur le centre des affaires, rive ouest. C’est l’heure des paumés du petit matin et des équipes de nettoyage. Les immeubles se penchent pour murmurer des histoires aux oreilles des maisons. Les photons courent sur les tuiles pour éclabousser d’une clarté timide les velux et les cheminées.
Je prends le petit sentier à droite, celui qui pique vers le canyon. Après quelques mètres dans la clarté encore tamisée du matin, je pénètre dans l’obscurité totale. Je ralentis et prends le temps de poser chaque pied avec précaution. Le bruit du vent dans les feuillages fait progressivement place au silence. Je n’entends plus que ma respiration et les brindilles qui se brisent sous mes chaussures italiennes. Aucun appui en vue. Le sol est glissant, je ralentis encore, cherchant du bout des orteils une assise. Je peux deviner les frêles rayons du soleil passant bien au-dessus de moi, à l’extérieur de cet espace dans lequel je m’enfonce. Ils se perdent dans une épaisse brume montant probablement du canyon à quelques mètres en contrebas. Je m’arrête, examine autour de moi, à la recherche de sons, à la recherche de vie. Le sentier amorce un virage sec vers la droite, je descends maintenant un escalier raide fait de vieilles pierres polies. J’arrive dans l’antre d’où devaient provenir les paroles qui m’ont harponné sur le pont. Le décor est nébuleux, enveloppé par le brouillard dans leq

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