L.S. Senghor - Francis Ponge
180 pages
Français

L.S. Senghor - Francis Ponge , livre ebook

-

180 pages
Français

Description

L'étude littéraire que propose Gloria Saravaya a pour thème l'image de la négritude dans la langue et la littérature françaises. L'écriture poétique de L.S. Senghor est examinée sous l'angle de la "relation" qui s'inaugure avec l'appropriation de la langue française. Francis Ponge, quant à lui, analyse les implications de ce fait littéraire dans l'institution littéraire. Est ainsi soulignée la portée du "geste" d'écrire chez l'Africain, assimilé culturel qui assimile à son tour par le recours à sa tradition orale. Ce renversement culturel parachève une alliance et un échange entre la Parole d'origine africaine et l'écriture française.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 349
EAN13 9782296237803
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Remerciements

A l’issue de notre expérience, nous avons trouvé une
conviction dans la pensée du Père Marie-Dominique
Philippe. Les écrits du grand philosophe décédé, ont été
une source de justification pour notre démarche, différente
de celle poursuivie par les critiques universitaires.
Les écrits du Père Marie-Dominique Philippe,
philosophe, ont contribué à élucider bien de nos doutes. Il
récuse en effet toute idéologie et entreprend de réhabiliter
la philosophie, non celle des idées ou du possible «mais
1
de cequi est,de l’hommeréel que nousexpérimentons» .
Délaissant Descartes au profit d’une configuration plus
apte à exprimer la vie contemporaine, il souligne
l’importance de la relation à l’Etre premier qu’il élabore
dans son livre intitulél’Etre. Le père Marie-Dominique
Philippe remet en cause la philosophie positiviste et la
course à l’efficacité qui caractérisent l’époque moderne et
il préconise le retour aux traditions anciennes. Dans son
livre intituléLeRetour aux sources, le philosophe qui est
aussi un théologien de renom, met en valeur l’importance
de l’intelligence analogique et de la relation à l’autre.
Le philosophe fonde toute sa démonstration sur le
«jugementd’existence»:
«Qu’est-ce que la réalité existante,qu’est-ce que
l’homme dans son être ? »
Cette question est pour le pèreMarie-Dominique
Philippe «primordiale etfondamentale»car
« ellese pose par rapport ànous-mêmes,par rapport
ànotreami,par rapport àl’autre:pourquoi et

1
Marie-Dominique Philippe,Leretour aux sources,Fayard, 2005,
p.75.

t

comment l’être est-il singulieren nous-mêmesetdans
l’autre ?Pourquoi est-il notre être etpourquoi est-il
l’autre, à tel pointque l’autre, considéré dupointde
vue de l’être, apparaîtcomme existantparlui-même
indépendammentde nous?Nouspouvonsdire:«Je
2
suis»,« l’autre est» .
Le théologien distingue ainsi deux périodes dans le
développement de la philosophie occidentale: l’une
commandée par l’affirmation «ceci est», l’autre qui la
suit et la prolonge, mais qui affirme avant tout: «Je suis »
3
(cogito cartésien) . Il s’engage à réhabiliter l’intelligence
par l’élaboration d’une «philosophie première». Partant
du constat que la distinction de la sagesse et de la science
n’est plus vivante dans une ère marquée par le positivisme,
Marie-Dominique Philippe affirme que seule
« laredécouverte d’uneauthentique philosophie
première dece qui est,découvrantlasubstance
(l’ousia) etl’être enacte (l’énergeia) et,grâceà ces
deuxprincipesdécouvrantle problème de lapersonne
humaineauniveaude l’être etde l’esprit,peutnous
aideràdépasserce positivisme et redonnerà
4
l’intelligence humainetoutesadimension» .
Science et technologie se combinent donc pour
étouffer l’être humain:
« l’être propre de l’homme et safinalité disparaissent
detoutescesconnaissances ;de même,l’être dans son
caractère propre d’être,l’âmecomme principe d’être
disparaissent,etonseretrouveuniquementen face de
5
ce qui estimmédiatementmesurable » .
D’où laquestion fondamentale du pèreMarie
DominiquePhilippe :

2
Marie-DominiquePhilippe,Leretouraux sources,Fayard, 2005,
p.72.
3
id.,ibid., p.73.
4
id.,ibid., voir avant-propos, p.9.
5
id., Ibid., p.17.

«commentfairesortirdesonsépulcre l’intelligence
6
humainecomme intelligence» .
Estimant que la raison mathématique arrête le
développement de l’intelligence, le philosophe examine
les obstacles parmi lesquels il relève l’art
« faussé quand ons’ensertpour se glorifieroupour
proclamer une idéologie ou uneconception fausse de
7
l’homme» .
Or, toutes les lectures critiques concernant Senghor,
semblent avoir adopté de manière opiniâtre cette position,
préservant l’idéologie positiviste qui gouverne
l’Université française.
Nousavons résolumentadopté laposition du père
Marie-DominiquePhilippe pour nous consacreràl’étude
de larelation de l’écrivainavec l’écriture poétique en
langue françaiseIl nousainsufflé foi et conviction dans
l’avenir et nous lui sommes très redevable.

6
ibidem.
7
id.,ibid., p.24.

+

Préface
par Bernard Mouralis

Gloria Saravaya a déjà publié deux études sur la
poésie africaine:Langage etpoésiechez SenghoretLe
thème du retourdansleCahierd’unretour aupaysnatal
(AiméCésaire), parus tousdeux à L’Harmattan,
respectivement en 1989 et 1996. Elle revient aujourd’hui
sur cette question avec un nouvel ouvrage centré sur ce
qu’elle appelle, en prenant appui sur l’œuvre de Senghor
et celle deFrancis Ponge, «l’Odyssée de la langue
française ».
L’ouvrage est organisé endeux grands moments.
Dans un premier temps,Gloria Saravaya consacre quatre
chapitres à l’étude de la relation que Senghor entretient
avec la langue française, ce qui laconduit en particulier à
mettre en évidence la question de la langue dans la genèse
et l’expression de la négritude, la langue comme «acte »
et la «langue-matière ».Puis, dans un deuxième moment
de sa réflexion, elle propose une lecture de l’aventure
senghorienne en opérant des rapprochements, d’une part
avecLe Grand Jeu, la célèbre revue animée par René
Daumal et RogerGilbert-Lecomte, entre 1927 et 1932, et
qui fut proche du mouvement surréaliste ; et, d’autre part,
avec l’œuvre deFrancis Ponge.Ces deux moments
correspondent ainsi à deux angles d’attaque distincts: le
premier renvoieàlaquestionde la langue dans laquelle se
dit ou s’écrit le poème; le second relève de l’histoire
littéraire et des relations existant, à telle ou telle époque de

22

l’histoire, entre des écrivains appartenant à des champs
culturels distincts.
L’analyse queGloria Saravaya consacre à la langue
repose sur une conception de la langue envisagée en
quelque sorte comme une «réalité »en soi,
indépendamment - du moins dans un premier temps - de
son contexte d’énonciation.Ainsi, ce que découvre
d’abord Senghor, ce n’est pas la «langue française »,
mais, tout simplement, lalangue, élément centrald’une
expérience sur soi et du rapport de soi au monde
extérieur: «Lalanguedevient un schème de la maîtrise
du temps, car elle combine le geste inconscient d’écrire
(geste sensori-moteur) à l’acte réflexe de parler
(dominante réflexe) ou vice-versa pour les fondre dans une
même image (représentation du temps).»Comme on le
voit, l’auteur se souvient de la remise en question par
Derrida du logocentrisme hérité de Saussure et de ses
réflexions sur l’antériorité de la «trace »,dansDe la
Grammatologie. Mais, parallèlement, elle l’articule avec
ce que Marcel Jousse a dit de la parole lorsqu’il soulignait
qu’elle était tout autant une opération intellectuelle qu’un
« geste ».
Ce qui est ainsi dessiné, c’est une sorte de préalable
à la poésie et à la pensée senghorienne. Mais un préalable
dont l’écrivain n’aurait pas été totalement conscient:
«Les explicationsde Senghor, pour être prolixes, ne sont
pas convaincantes. Senghor attribue son acte poétique
uniquement à la Parole et il ne considère pas son
expérience de l’écriture.» On pourra bien évidemment
discuter ce point de vue, mais il me paraît avoir l’intérêt de
tenter d’établir une temporalité dans le processus qui
constitue cette expérience poétique et de montrer
comment, c’est à partir du moment où il a commencé à
écrire des textes poétiques et probablement à les publier
que Senghor va pouvoir jeter les bases de la réflexion
développée dans ses essais en proseultérieures: «àl’acte

2=

de production poétique, les Libertés proposent une
interprétation qui dérive singulièrement d’une expérience
où l’objet et le sujet restent avant tout l’écriture. » D’où le
paradoxe fécond d’une œuvre qui fait du passé de
l’Afrique une réalité à la fois orale et écrite et qui, « par la
fusion Parole-langue-écriture», réinscrit le passé et le
présent de l’Afrique dans un espace de communicati

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