LA BAS LES ADVERSAIRES DU TEMPS   ROMAN
120 pages
Français

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LA BAS LES ADVERSAIRES DU TEMPS ROMAN , livre ebook

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120 pages
Français

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Description

Ici, tour à tour, s'affrontent, dans un décor dramatique, le souverain créateur et le luciférien agent destructeur; la folie du pouvoir monstrueux et la sagesse des damnés de la terre. Cet ouvrage vient boucler une trilogie romanesque qui essaie d'explorer l'univers énigmatique de la mort dans le quotidien des humains.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 52
EAN13 9782296464209
Langue Français
Poids de l'ouvrage 19 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Là-bas,
les adversaires du temps
Paul Akogni


Là-bas,
les adversaires du temps

Roman
Copright


Du même auteur

La Silhouette de la nuit , Edilivre, Paris, 2010
(recueil de poèmes)

Morticide , Edilivre, Paris, 2009
(roman)


© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.hannattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-54776-6
EAN : 9782296547766

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
À ma mère
CHAPITRE I
Le jour venait à peine de se lever. Comme annoncé depuis des semaines à grand renfort médiatique, Amiral devait se rendre au Palais des conférences à neuf heures. Amiral était un bel homme, coutumier des bacchanales ; du haut de sa soixantaine, il respirait l’aisance : ses joues illustraient à merveille le bonheur qui pouvait caractériser ses jours. Il était parvenu au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat exécuté dans les règles de l’art : sans heurt majeur ni bain de sang particulier, quelques anéantissements sommaires, de petits et rapides coups de pistolet et l’emprisonnement d’une vingtaine de ministres de la République. Une fois au pouvoir, Amiral avait légitimé son règne par des referendums successifs aux résultats réglés à l’avance comme une horloge. Après quelques années passées à la cime de la puissance publique, il s’était mué en un véritable patriote, un guide éclairé, un messie somme toute, du moins comme le chantaient ses discours-fleuves stéréotypés diffusés à temps et à contretemps par des organes de presse éternellement placés sous le drapeau.
Amiral venait de faire son entrée au Palais des conférences. La séance terminée, il entreprit, comme à l’accoutumée, de prendre un bain de foule, en bon populiste.
Quelques mètres après le palais, aux abords du grand marché, une foule impressionnante, faite plus de curieux que de supporteurs véritables, s’était amassée le long de l’artère principale, acclamant son timonier démiurge. Au rang des citoyens en transe, un personnage (disons !) bizarre ricanait et gesticulait tel un macaque d’entre-deux-générations. C’était Alenon, un homme aux facultés mentales en dérangement certain ; sous d’autres cieux, on le désignerait par le signifiant « fou », vocable vide de sens en psychologie. Un cache-sexe bien sale, en lambeaux irréguliers, protégeait asymptotiquement son capital d’homme sensible dont l’élément central pendant était pris en otage par de minuscules parasites qui semblaient y trouver un milieu de monoculture expérimentale assez favorable. Alenon était donc de la partie. De temps en temps, il maugréait, invitant, sans grand soin, son voisin, un monsieur au « col blanc », à lui céder le passage. Sur une de ses insistances sans doute malvenue, survint une altercation pour le moins anodine. Fait banal aux conséquences lourdes. L’homme au "col blanc" lui asséna une gifle bien dosée. Mais, qui était cet « éducateur » en vérité ? Achégbé, ainsi l’appelait-on, était un homme de la droite obligatoire, un profiteur qui vivait bien de son métier d’encenseur du régime en place, lequel pourtant grugeait et faisait souffrir le peuple.
Victime de ce triste et odieux traitement, Alenon dut battre en retraite en disant :
- Privez-moi de tout ce qu’il y a de bon dans le marché.
Par cette parabole, il exprimait ne pas vouloir continuer à regarder ce spectacle auquel il devait avoir droit contre sa joue si violemment martyrisée par un vampire du régime d’Amiral. Il se retira, alla s’asseoir bien loin de la foule qu’il tint en aversion, la lorgnant de temps à autre.
Dame Ayato avait suivi cet événement malheureux ; elle accourut alerter Pastor, un homme de Dieu, un évangéliste ; mais, cet apôtre de la Bonne Nouvelle avait une particularité : il était amoureux et très friand de la chose politique, au point d’apporter un soutien ostentatoire au pouvoir d’Amiral. Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement puisqu’il appartenait à cette classe de marchands de la foi qui prônaient leur soutien au pouvoir ; bien plus, il n’hésitait guère à transformer son assemblée de prière en tribune politique où il devait déclamer et louer la divinité d’Amiral, haranguer la foule et l’inviter à soutenir bon an mal an, bon gré mal gré, les actions du régime despotique régnant. Il était l’auteur célèbre de ce slogan idéologique et dithyrambique que toute la population maîtrisait tel un cours d’histoire-géographie : le pouvoir est d’essence divine, parlant d’Amiral. De plus, il était sorti de la cuisse de Jupiter.
Pastor intervint donc, sur invitation de dame Ayato, pour demander des comptes au quidam qui avait osé offenser Alenon. Comme si ce dernier avait besoin d’un certain secours ! Il constata que l’offenseur n’était nul autre qu’un compère de la même écurie présidentielle que lui. Sans doute, les loups ne se mangent pas entre eux ! Pendant que Dame Ayato, compatissante, s’échinait à consoler Alenon - apparemment insensible à ses gestes d’amour -, elle entendit Pastor, le sauveur sollicité, déclarer à Achégbé :
- Ah ! C’est toi ? Bon ! Vas-y vite.
Ayato venait d’essuyer une sueur de déception froide. Comment, lui, grand pasteur, n’était-il pas parvenu à défendre le pauvre en punissant cet offenseur qu’il avait laissé filer telle une carpe d’eau douce ? Cette interrogation récurrente fit monter le taux d’adrénaline en la pauvre dame. Curieusement, face à ce tableau désolant, Alenon, lui, paraissait imperturbable, comme si de rien n’était.
Dame Ayato n’était qu’une pauvre paysanne qui vivait aux crochets de son petit commerce de boules d’akassa qu’elle allait vendre de hangar en hangar, de quartier en quartier. Elle était donc de ces femmes qui ne savaient ni ne se préoccupaient de ce qui se passait dans les arcanes du pouvoir ou dans les arènes de la politique. Elle devait son salut et ses pauvres jours à ce modeste commerce dont les maigres retombées faisaient vivre au quotidien ses trois enfants et son mari abattu par le poids des difficiles jours de dur labeur.
Dans le souci de voir laver l’affront fait à la vulnérable personne d’Alenon, elle continua sa quête de secours. Dans sa randonnée, elle tomba sur Olowun, le Grand fabricant, à qui elle exposa les faits. Olowun était un homme patient, doux, humble, tolérant, tendre, compatissant, profondément épris de justice et de paix, d’harmonie et d’unité entre les hommes. Il jouissait d’un respect total et obséquieux de la part de tous les êtres vivants. Il prit le dossier à cœur, fit patienter la plaignante et invita les protagonistes à le suivre vers un endroit plus calme où ils apprécieraient la pomme de discorde.
Le groupe constitué de fait comprenait Olowun lui-même, Dame Ayato, Pastor, Achégbé et Alenon. Avant de se laisser enrôler dans cette unité détachée, Achégbé sortit de sa poche un téléphone portable. Il appela directement son mentor, son chef adoré, le Président Amiral ; celui-ci vint aussitôt, au milieu d’un cortège militaire et policier d’élite. Sur demande d’Olowun qui le rassura, Amiral se sépara de sa pseudo-sécurité et se joignit à la délégation. Pour une fois, il accepta d’aller donc à pied, comme l’individu lambda, loin de ses voitures "dernier cri". Tout se passait comme si personne ne pouvait se dérober à l’appel d’Olowun.
En chemin, Olowun fit signe à Yovo de le suivre aussi. Yovo, lui, était un expatrié de la famille des bailleurs de fonds, les fameux partenaires au développement. Il se fit donc membre de la délégation composée désormais de sept personnes.
Après quelques petits hectomètres linéaires, loin du grand tintamarre de la ville, le chef d’équipe fit arrêter le peloton et dit, d’un ton très affectueux : « Mes chers amis, je propose que nous taisions nos querelles ; apprenons à semer la paix et vivre en parfaite harmonie. Pour régler ce différend, je souhaite nous conduire au village Gbeffa, au bord de la rivière du temps, pour nous ressourcer. » L’équipage accepta sa proposition, non sans maugréer bien entendu. Le spectre d’un long périple aux pérégrinations sans doute diverses commençait ainsi à se dessiner, étant donné que Gbeffa en question se trouvait à plusieurs centaines de kilomètres du périmètre urbain.
Juste au moment où le cortège allait s’ébranler, un personnage inattendu se pointa derrière Olowun et, sans se faire prier, se disposa voyageur lui aussi. C’était Djessou, vêtu d’une tunique noire maculée de petits points blancs ; cet homme avait très mauvaise réputat

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