La boutique des fins heureuses
132 pages
Français

La boutique des fins heureuses , livre ebook

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132 pages
Français

Description

Une femme, la cinquantaine. Deux amants, frères jumeaux, au visage fendu en deux comme un cerveau droit et un cerveau gauche en équilibre parfait. Une flambée de hasards... la foire foraine, la baraque Mémoire du monde, un inconnu sur un banc, un libraire, une balançoire. Nous voilà emportés sur le carrousel des improbables avec sa part de magie, de poésie, de réenchantement autant que de désenchantement. Un roman léger et profond, drôle et caustique ; une écriture, nerveuse, incisive, au scalpel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 novembre 2018
Nombre de lectures 1
EAN13 9782806109866
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

9HSMIKG*baedci+
Franca Doura
La boutique des fins heureuses
Roman
La boutique des fins heureuses
Livres libres collection dirigée parMarc Bailly
Une collection où vivent plaisir, liberté, imaginaire et qualité. Leplaisirde la lecture.Trop souvent oublié dans un monde qui file à la vitesse du numérique, le plaisir de la lecture offre pourtant une fenêtre sans limites sur le monde qui nous entoure. Pour certains, synonyme d’apprentissage, d’élitisme, de difficulté, la lecture plaisir a trouvé sa collection. Laliberté.De ton,de style,de genre,d’écriture.Une collection qui se veut sans barrière,sans limite, sans étiquette. Les auteurs seront libres de développer leur univers, d’exploiter leurs idées, de faire naître aux détours des pages, des galeries de personnages fascinants… Pour des lecteurs qui pourront, en toute liberté se plonger dans des récits riches, joyeux, tristes, dangereux, excitants, bondissants, drôles, terrifiants… L’Imaginaireau pouvoir ! Qu’est-ce que l’Imaginaire ? Mais finalement, qu’est-ce qui n’est PAS Imaginaire. Une collection qui se permet tout, ne se refuse rien et qui ouvre grandes les portes d’une véritable aventure littéraire aux parfums exquis ! Laqualité. Livres Libres se veut une collection de qualité et exigeante, qui ne publiera que le meilleur, au service d’une littérature de qualité (mais accessible), et d’un lectorat tout aussi exigeant… Livres Libres propose des ouvrages inédits d’auteurs belges qui partagent une volonté tant de qualité que de divertissement. Livres Libres, finalement, n’est pas une collection ! C’est une expérience littéraire.
Déjà parus : • Hugo Poliart,Superflus, 2015. • Marc Bailly (sous la dir.),La Belgique imaginaire – Anthologie tome 1, 2016. • Marie-Paule Eskénazi,Walter ou Naïm, héros ou assassin, 2016. • Sophie et Jacques Mercier,Toute une vie d’amour, 2016. • Frédéric Livyns,L’obscur, 2016. • Pierre Mainguet,Le silence ne répond jamais, 2016. • Monique Bernier,La magie du frangipanier, 2016. • Marc Bailly (sous la dir.),La Belgique imaginaire – Anthologie tome 2, 2017. • Alain Dartevelle,TOY BOY et autres leurres, 2017. • Anne-Sophie Vanderbeck,Un mètre soixante-huit de chair rose, 2017. • Monique Bernier,Pardon Pauline, 2017. • Marianne Puttemans,Le scarabée et les étoiles, 2018. • Marie-Paule Eskénazi,40 ans, trop jeune pour mourir, 2018. • Maxence Valmont,Les baisers de l’horreur, 2018. • Hugo Poliart,Plume, 2018. • Christophe Kauffman,Les Chroniques du Champêtre, 2018. • Patrick Meurice,Khan Tengri. Un conte de la vie à l’endroit, 2018.
FRANCA DOURA
La boutique des fins heureuses
R O M A N
La collectionvivent plaisir, liberté et imaginaire.
D/2018/4910/54
© AcademiaL’Harmattan s.a. Grand’Place, 29 B-1348 LOUVAINLANEUVE
ISBN : 978-2-8061-0432-8
Tous droits de reproduction, d adaptation ou de traduction, par quelque procédé que ce ’ ’ soit, réservés pour tous pays sans l autorisation de l éditeur ou de ses ayants droit.
www.editions-academia.be
Dire bien des modes d’aimer Où l’enfoui se ré-abreuve.
Chaque automne, le boulevard Lauzax est assiégé tout un mois par la foire foraine, ses rumeurs, ses lumières extravagantes, ses carrousels, ses engins virevoltants, ses odeurs de barbes à papa et de fritures. À hauteur de l’Institut de la Passion, les scooters narguent toujours l’étroite ruelle menant à la porte cochère d’où autrefois surgissaient les collégiennes en uniforme bleu. À cette époque de l’année, à peine les filles quittaient-elles le bâtiment noir de pollution, que le bleu de leur chemisier se dissi-pait comme par enchantement, que leurs chaussures sages étaient troquées contre des chaussures à talon. Cette foire annuelle, répu-téelieu de perdition, était proscrite et y être aperçues en uniforme pouvait coûter des heures deretenue. Je réentends le froufrou des béguines dans les couloirs empres-sées à nous punir pour des broutilles, surtout quand l’autre sexe, quoique virtuel encore, se pâmait dans le regard de nos seize ans. Le mal venait de nos corps. Nous étions pourtant chastes encore et soumises.
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Octobre déjà et, d’un bout à l’autre du boulevard, la foire s’exhibe avec sa ponctualité coutumière. Mes doigts fouraillent dans le cornet chaud, les croustillons se hâtent dans ma bouche, ma tête pivote de contentement quand, soudain, mon œil sur-prend l’enseigne clignotante:Mémoire du monde. Comme sous l’effet d’un aimant, je m’approche de la double vitrine éclairée au néon. Ces photos vieillies et racornies… Cet homme, un prestidigitateur, un illusionniste ? Je regarde de plus près. On dirait… Non. Pas possible ! Ni une ni deux, je m’achète un billet pour le prochain spectacle et précipite le dernier crous-tillon dans ma bouche. Sur les gradins de la baraque, quelques spectateurs, des femmes seules comme moi. Un vieil homme seul lui aussi. Dix-huit heures précises, roulement de tambour, les tentures velours vieux rouge s’ouvrent sur l’homme en costume à paillettes des photos de l’entrée censées appâter les curieux. Il sautille, grimpe les deux marches de l’escabeau au milieu de la scène, s’installe en balayant d’un sourire son maigre public : « Mesdames et Messieurs, bienvenue ! » Silence… Puis il reprend : « Mesdames et Messieurs, je vous invite à m’interroger sur tout ce qui vous passe par la tête ! » D’un geste lent, circulaire, il insiste : « Tout, absolument tout ce qui vous passe par la tête ! » Ma parole, c’est bien lui, Diogène ! Mais que fait là mon poète fou ? Son sourire candide. Sa voix zébrée et zélée entre toutes reconnaissable. Diogène réapparut dans ma vie à peine un mois plus tôt. Comment y croire ? Une double vie… mais pourquoi s’en cacher ? Un sosie ? Les hypothèses valsent dans ma tête. Je l’écoute, je le sonde, je m’interroge :n’a-t-il pas grossi ?, tan-dis que les questions du public fusent tous azimuts :« Combien de kilomètres parcourt la terre à la seconde ? » « Quelle est l’histoire la plus ancienne du monde ? » « En quelle année est mort Galilée ? » « Quel est le poids de l’oiseau troglo-dyte, le record olympique saut en longueur 1988, le premier président des États-Unis, l’inventeur de l’imprimerie, de la poudre à canon ? », etc., etc.
Tout y passe. Et pas une seule fois l’homme n’est à court de réponse. Pourquoi douter encore ? Il n’y en a pas deux comme lui sur terre pour passer aussi brillamment ce type d’épreuves.
Ma première rencontre avec Diogène remontait à une dizaine d’années lors d’une conférence qu’il donnait surLes voies de la poésie. L’exposé terminé, les femmes l’encerclaient et j’avais renoncé à pousser des coudes pour lui dire mon admiration, lui poser une question. Quelques semaines plus tard, au premier rang d’une petite salle de province, je l’écoutais de nouveau parler cette fois de Rimbaud, l’énigme de sa précocité. Son regard sur ma bouche était si franc, si appuyé, qu’il m’avait semblé que tout l’auditoire devait forcément s’en apercevoir. J’avais fini par baisser la tête et croiser les bras à hauteur de la poitrine pour l’écouter ainsi recroquevillée sur moi-même. Je n’avais pas posé la question que je tenais pour le débat qui devait suivre. Mais je réussis cette fois à l’approcher. À ma grande consternation, il saisissait vivement ma main droite, y déposait un billet plié en quatre, la refermait avec une légère pression, puis pirouettait et s’éloignait d’un pas dansant vers un groupe de femmes. C’était un rendez-vous pour le mercredi suivant, 13 rue des Carmélites.Une blague de mauvais goût, pensai-je, à la lecture des deux lignes griffonnées à la hâte. Pour la première fois de ma vie, j’allais mettre le pied dans l’une de ces maisonsqui de l’extérieur ne laissent absolument rien soupçonner de leur vraie nature.Comment sait-on ? me deman-derais-je chaque fois que, pendant près de trois saisons, j’en fran-chirais le seuil en compagnie de Diogène.
Le spectacleMémoire du mondeterminé, l’homme aux pail-lettes m’accueille dans sa loge avec un large sourire. – Vous n’avez posé aucune question, pourquoi ? me reproche-t-il. Je hausse les épaules, je le dévisage avant de lui demander : – 13 rue des Carmélites… cela ne vous dit rien ?
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