La caste supérieure
380 pages
Français

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La caste supérieure , livre ebook

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380 pages
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Description

César, fils de parents modestes, est contraint de fuir et d'émigrer au Koweït, victime d'une injustice provoquée par une dame de la haute société libanaise, lubrique et sans scrupules, qui convoitait le beau jeune homme. Obsédé par l'idée de vengeance, il pense que seule la fortune peut lui en ouvrir le chemin....

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2007
Nombre de lectures 41
EAN13 9782336255859
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Du même auteur
Le Prince des cyniques (Buchet-Chastel/FMA, 1999) Trésors (FMA, 2003) La Pierre m’a parlé (FMA, 2005)
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés à l’auteur pour tous pays
FMA, Beyrouth, 2007
La caste supérieure

Ramzi T. Salamé
© L’Harmattan, 2007 5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296042087
EAN : 9782296042087
Sommaire
Du même auteur Page de titre Page de Copyright
Contrairement aux conséquences sinistres du premier conflit mondial, le second eut une influence plutôt heureuse sur le Liban, pays encore sous mandat français. Cette étrange situation justifiait l’adage qui prétend : « Le malheur des uns fait le bonheur des autres ». Sous la poussée des forces anglo-gaullistes, l’éviction du haut-commissaire vichyste – le général Dentz – fut rapide et se déroula sans trop de dégâts.
En fait, les Anglais étaient les vrais maîtres de la région mais, pour ménager de Gaulle, ils faisaient mine de respecter sa tutelle de principe sur la Syrie et le Liban : ’affaiblissement de l’autorité française et les promesses faites de tous côtés poussaient les nations émergentes à réclamer et obtenir leur indépendance ; la diplomatie britannique étant ainsi satisfaite de les soustraire à l’emprise française. Le peuple ne subit pas de très grandes épreuves. En fait, il n’y eut que quelques bombardements sporadiques et les dommages tant matériels qu’humains furent insignifiants comparés aux dévastations en Europe.
Dans la montagne libanaise un vieil hôtel avait cessé depuis quelques décennies d’être le plus beau et le plus luxueux du pays, mais il conservait encore la grande allure que lui avait conférée son fondateur et qui avait fait sa célébrité à la fin du siècle précédent. La clientèle avait changé. Les riches originaires de la région et les visiteurs étrangers qui peuplaient l’établissement en toutes saisons furent peu à peu remplacés par de petits bourgeois en vacances d’été. D’ailleurs l’hôtel, froid et mal chauffé en hiver, ne retrouvait tout son attrait qu’à la belle saison. Hélas, les nouveaux hôtes n’étaient plus en quête de paix, de beauté et de nature vierge : ils avaient pris goût à la cohue, au bruit, au béton.
Quelques années après la guerre, l’hôtel avait commencé à péricliter. De temps à autre, il reprenait vie en abritant des exilés chassés par quelque conflit régional ou fuyant un coup d’Etat, mais dès que ceux-ci avaient regagné leur patrie ou s’étaient installés en ville, la décevante routine reprenait. Peu à peu, Véra, la propriétaire, dépensait toutes ses économies pour compenser les pertes subies par l’exploitation. Aussi, moins ébranlée par ces déboires que par l’usure des ans, la superbe bâtisse de pierre se maintenait, forteresse indestructible sur sa colline, attendant des jours meilleurs.
César, fils de deux employés de cet hôtel, Elias et Simone, était un enfant à l’esprit vif et de caractère ouvert qui avait hérité de la beauté de sa mère. Bien que de condition modeste, son père l’inscrivit au collège des missionnaires anglais voisins. Ayant jadis souhaité faire des études supérieures et ayant renoncé faute d’argent, il prenait sa revanche sur sa propre frustration en refusant de placer son fils dans une école publique – gratuite certes, mais manquant de sérieux et de discipline – et que les élèves abandonnaient à la fin du cycle primaire. L’enseignement des établissements privés était supérieur en qualité et l’on y apprenait au moins deux langues étrangères.
Elias souhaitait ardemment que son fils devienne médecin, profession qui promettait à celui qui la pratiquait une ascension sociale et qui le mettait à l’abri du besoin pour la vie. En outre, la médecine inspirait à tous un profond respect et exerçait une fascination d’ordre magique. Pour les villageois, le médecin, maître de la vie ou de la mort, jouissait d’une puissance presque divine. Les parents de César partageaient entièrement cette conviction et ne songeaient qu’à assurer l’avenir de leur enfant.
Ayant grandi en âge et en sagesse, César demanda très tôt à travailler à l’hôtel durant la saison d’été afin de gagner quelque argent de poche. Véra accepta bien volontiers. A douze ans, il aidait à entretenir le jardin et, quatre ans plus tard, il faisait office de réceptionniste. Cet emploi, au-delà du petit revenu qu’il lui assurait pour le reste de l’année, lui plaisait beaucoup car il lui permettait de continuer à côtoyer tout l’été Alexandra, l’arrière-petite-fille de Véra, sa cadette d’un an. Chaque jour, il l’accompagnait sur le chemin de l’école et il en était secrètement amoureux. Belle et intelligente, elle avait tout pour plaire. Quant à César, large d’épaules et bien bâti, il avait le visage d’un ange et ses professeurs le jugeaient promis à un brillant avenir. Déjà, ses collègues et son père le surnommaient « docteur » ; c’était une plaisanterie certes, mais elle cachait un profond respect à son égard.
Une complicité unissait les deux adolescents. César protégeait Alexandra et l’accompagnait le dimanche à l’ église. Elle l’estimait et suivait ses conseils, lui demandant de temps à autre son aide pour résoudre un problème ou commenter un texte, mais leur apparente intimité pouvait faire naître des soupçons. Pendant l’été, en revanche, la présence d’Alexandra auprès du réceptionniste ne surprenait personne. César coulait des jours heureux en attendant que se réalise son rêve d’obtenir son diplôme car, espérait-il, lorsqu’il serait médecin, la main de la jeune fille ne lui serait pas refusée.
En août 1958, il venait de fêter ses dix-huit ans et la vie lui souriait. Il avait obtenu son baccalauréat scientifique avec la mention bien et s’était inscrit au concours d’ admis - sion à la faculté de médecine. Les épreuves devaient avoir lieu en septembre et il se plongea aussitôt dans la préparation des examens tout en travaillant à l’hôtel. Entre deux appels téléphoniques ou réclamations de clients, il parcourait ses notes et ses livres. Seule la présence d’Alexandra pouvait l’arracher un instant à son travail.
Cette année-là, l’hôtel connaissait une saison faste car de nombreux clients y fuyaient le climat politique tendu de la capitale. Les factions favorables à l’Occident affrontaient le panarabisme nassérien dans un conflit que les intérêts opposés des divers leaders communautaires ou féodaux rendaient explosif. On en était encore aux mouvements de troupes et aux gesticulations guerrières et les rares échanges de tirs n’avaient fait qu’une dizaine de victimes. Cependant les rumeurs les plus catastrophiques circulaient et les bourgeois effrayés cherchaient refuge dans les hôtels de la montagne. L’intervention des marines américains, l’élection d’un nouveau président, la promesse de réformes et la confirmation du pacte national finirent toutefois par calmer le jeu et ce qu’on devait appeler « Les événements de 58 » s’acheva, selon la formule retenue par la suite, « sans vainqueur ni vaincu ». Hélas, à l’insu de toute la population, le conflit avait jeté les bases des guerres civiles à venir.
Un soir, peu avant l’heure du dîner qu’attendaient de nombreux clients prenant le frais dans le jardin, César, penché sur ses livres, entendit toussoter et leva la tête.
« Qu’y a-t-il pour votre service, madame Claire ? » s’empressa-t-il de demander.
Celle qui attirait ainsi son attention était une femme d’une quarantaine d’années qu’Alexandra et lui-même avaient surnommée « l’hippopotame », en raison de son imposante masse et de sa large bouche lourdement fardée.
« Beau jeune homme, mon mari est à Beyrouth et il ne rentrera pas de si tôt. Voudrais-tu me rejoindre dans ma chambre après ton service ? »
Par sa beauté, César suscitait le désir de beaucoup de femmes mais il était si sérieux et réservé qu’elles gardaient leur tentation secrète. Et voici que pour la première fois il ét

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