La cité des hauteurs
126 pages
Français

La cité des hauteurs , livre ebook

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126 pages
Français

Description

L'auteur nous invite à suivre le personnage de Blaise l'Albigeois, marchand d'objets d'art, qui découvre avec ses amis une communauté réfugiée dans la Cité des hauteurs. Cette fable futuriste riche de propositions se déroule à la manière des contes d'antan.

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Informations

Publié par
Date de parution 02 décembre 2014
Nombre de lectures 46
EAN13 9782336364612
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0550€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Hubert de l’Estourbeillon La Cité des hauteurs Roman
/ Romans
Rue des Écoles
La Cité des hauteurs
Rue des Écoles Le secteur « Rue des Écoles » est dédié à l’édition de travaux personnels, venus de tous horizons : historique, philosophique, politique, etc. Il accueille également des œuvres de fiction (romans) et des textes autobiographiques. Déjà parus Coutarel (Colette),Promenade romantique à Pôle Emploi, 2014. Baillet (Dominique),L’absence, 2014. Zelwer (Charles),Face au miroir sans reflet, 2014. Flouzat (Denise),Le journal d’E, 2014. Barraux (Roland),La bicyclette de Hong Kong, 2014. Lecomte (Emmanuelle),Lafi, récit de vie au Burkina, 2014. Cambona (Christophe),Apologie du grand âge, 2014. Girard (Marc),Ces géants qui m’ont précédé, 2014. Monteil (Pierre),Les mensonges de l’Histoire, Tome 2, 2014. Duflot (Patricia),La compagnie des ailes, 2014. Maen,Au cœur de l’Afrique, 2014. Merlin-Dhaine (Martine),Les masques sont silencieux, 2014. Ces douze derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Hubert de l’Estourbeillon La Cité des hauteurs roman
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Pariswww.harmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-04852-9 EAN : 9782343048529
À Jean, Jean-Yves, Arnaud et Valentine.
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L’homme reçut chez lui celui qui passait par là, alors qu’il ne le connaissait pas. La pièce était sombre, cimentée gris sale avec des taches d’humidité et de suie sur les murs. La poussière accumulée autour des pattes des meubles laissait un sentier sinueux entre le lit, la cheminée, la table, la cuisinière et l’évier. Pour entrer il fallait franchir poules et canards endormis sur le seuil. — Tu as faim, reste à manger, je suis seul. J’étais au bourg ce matin, personne ne sait qui a payé les tournées... Le mildiou s’est mis dans mes pommes de terre, je cherchais du produit. Y en a un qui m’a dit que si elles étaient noires, c’était trop tard. Il faudra que j’aille couper les feuilles cet après-midi, c’est la seule solution. Allez, assieds-toi… ah ! tu n’as pas de couteau, c’est toujours la même chose avec ceux qui viennent ici, ils n’ont jamais de couteau ! Prends le mien et coupe une tranche de pain. L’homme se leva de sa chaise et se dirigea vers la cuisinière, les jambes lourdes, les pieds glissant lentement sur le sol, les mains appuyées aux meubles pendant son déplacement. Il prit une fourchette posée sur le bord de la cuisinière et commença à retourner des pommes de terre qui rissolaient dans un plat à œufs en aluminium, mais une fois sur deux il piquait la fourchette à côté du plat et, en la relevant, manquait de retourner le plat lui-même. Il glissa la fourchette dans une oreille du plat, prit son mouchoir pour saisir l’autre oreille et déposa son fricot au milieu de la table
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avec des gestes lents, le laissant là sans y toucher parmi les assiettes qui ne devaient jamais quitter la table. — Je ne t’ai pas dit mon nom… C’est Paulin… oui, Paulin, dit l’homme en se rasseyant. — Si c’est votre prénom, il est rare. — En effet, je n’en ai vu qu’un, sur une tombe dans le Cher. C’est loin pourtant. — Vous n’avez pas toujours vécu ici ? — Ah non ! J’ai été parisien. Je transportais de la viande. Celui qui transporte de la viande c’est le conducteur du métro. Je n’ai pas fait que ça, j’ai été figurant dans les f ilms de Sacha Guitry… ah ! si Paris nous était conté… Michèle Morgan, je l’ai vue de près !… J’ai été huissier à l’Élysée, les chauffeurs me faisaient des confidences. — Je ne vous ai pas dit qui j’étais. Je voulais seulement me renseigner, savoir si… — Reste là, on a tout notre temps ! Allez sers-toi, prends la fourchette du plat ! Paulin se tut. Lorsqu’il ne parlait pas, son visage se figeait, les yeux mi-clos, le regard perdu dans le vague. Il avait quelques difficultés à retenir la salive qui lui coulait de la bouche. Tassé sur lui-même, il semblait porter sur ses épaules toute la fatigue du monde. Profitant de ce silence, l’inconnu de passage examinait ce qui l’entourait. Ses yeux s’habituaient à la pénombre, épaisse malgré l’été commençant. De minuscules gouttes d’eau perlaient à la partie inférieure des murs, sur une hauteur d’un mètre sans limite bien définie entre la zone sèche et la zone humide. Ce lambris misérable ressemblait à la croupe d’un cheval pommelé. Au fond de la pièce, une masse sombre barrait un coin. C’était une énorme armoire nantaise en merisier qui avait dû être blond. Les pieds s’enroulaient en lourdes volutes, de beaux escargots, comme disent les brocanteurs, qui donnent de la valeur aux meubles. Un lit à rouleaux occupait l’autre coin près de la
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cheminée. Le dessus-de-lit cachait mal une couette qui débordait jusqu’au sol. — Ah ! tu regardes les meubles… tu n’as pas l’air d’un anglais, toi ! Ici, les anglais prennent tout, les maisons avec ce qu’il y a dedans quand il y a quelque chose. Ils achètent et revendent. Y en a qui ne viennent même pas pendant les vacances, c’est les sous qui les intéressent. — Non, je ne suis pas anglais. Les gens m’appellent Blaise. — En breton,bleizça veut dire loup ! Mais tu n’es pas d’ici, chez toi ça doit vouloir dire autre chose. — Chez nous, Blaise est le patron des éleveurs... qui n’aiment pas trop les loups ! Dans les Pyrénées, à l’Hôpital-Saint-Blaise, il y a un pèlerinage en février. Devant l’église, le soir, les poils coupés aux queues des animaux sont jetés dans un feu pour répandre une odeur agréable au saint protecteur ! Paulin poussa un verre en riant et se mit à verser un affreux vin rouge violacé. Le goulot de la bouteille heurtait le bord du verre, mais miraculeusement pas une goutte ne tomba sur la toile cirée. Il ne remplit qu’à moitié son propre verre. — Juste un petit coup… la journée a déjà bien commencé ! Je n’ai pas de dessert, il n’y a qu’à se partager le saucisson. Coupe-le et prends ce que tu veux… Tu cherchais Hervé ? — Comment savez-vous ? — Ici, le seul qui a des visites, c’est Hervé. Hier, il est reparti à Paris. — Je n’ai pas de chance. Enfin… excusez-moi. — Dis-moi « tu ». Chez nous, le vous n’existe pas, on n’est pas habitués à vouvoyer. — J’ai rencontré Hervé à Paris à un vernissage, il m’a dit de venir le voir en Bretagne pour me vendre un tableau auquel il ne tient plus.
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