La démocratie humiliée
172 pages
Français

La démocratie humiliée , livre ebook

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172 pages
Français

Description

Dans ce récit, l'auteur relate les pratiques frauduleuses qui permettent au pouvoir de gagner les élections, même quand il est honni.

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Date de parution 01 octobre 2011
Nombre de lectures 56
EAN13 9782296471559
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA DÉMOCRATIE HUMILIÉE
POURMIEUXCONNAÎTRE LETCHAD
C O L L E C T I O N D I R I G É E P A R M A R I E - J O S É T U B I A N A
Le but de notre collection est de contribuer à l’édification du Tchad moderne en permettant aux Tchadiens de mieux connaître leur pays dans toute sa diversité et sa richesse. Nous avons publié des travaux inédits, des documents d’archives, des traductions françaises d’ouvrages étrangers et réimprimé des textes devenus introuvables.
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D E R N I E R S O U V R A G E S P A R U S
Baba Moustapha.Le souffle de l’harmattan.(PRIXALBERTBERNARD DE L’ACADÉMIE DESSCIENCES D’OUTRE-MER) Gérard Serre.Une nomadisation d’hivernage dans l’Ouadi Rimé (Tchad 1956). Géraud Magrin.Le sud du Tchad en mutation : des champs de coton aux sirènes de l’or noir. (PRIXALBERTBERNARD DE L’ACADÉMIE DESSCIENCES D’OUTRE-MER) Victor-Emmanuel Largeau.À la naissance du Tchad 1903-1913(Documents présentés par Louis Caron). Claude Durand.Les anciennes coutumes pénales du Tchad. Les grandes enquêtes de 1937 et 1938. Joël Rim-Assbé Oulatar.Tchad. Le poison et l’antidote.Essai. Le Tchad au temps de Largeau 1900-1915(photographies, dessins). Al-Hadj Garondé Djarma.Témoignage d’un militant du Frolinat. Bichara Idriss Haggar.Tchad. Témoignage et combat politique d’un exilé. Marie-José Tubiana.Parcours de femmes. Les nouvelles élites : entretiens. Les contes oubliés des Hadjeray du Tchadrecueillis et édités par Peter Fuchs, traduits de l’allemand par Hille Fuchs. Alain Vivien.N’djaména naguère Fort-Lamy, histoire d’une capitale africaine. Zakaria Fadoul Khidir.Le chef, le forgeron et le faki. Lidwien Kapteijns.Mahdisme et tradition au Dar For. Histoire des Massalit 1870-1930, traduit de l’anglais par Geneviève d’Avout et Joseph Tubiana. Mahmat Hassan Abakar.Chronique d’un enquête criminelle nationale. Oumar Djimadoum.Un vétérinaire tchadien au Congo. Contes Toubou du Sahararecueillis au Niger et au Tchad par Jérôme Tubiana. Antoine BANGUI-ROMBAYE.Taporndal. Petites chroniques du pays gor et d’ailleurs. BICHARAIDRISSHAGGAR.François Tombalbaye 1960-1975. Déja, le Tchad était mal parti. Arnaud D .Ngarta Tombalbaye. Parcours et rôle dans la vie politique du Tchad INGAMMADJI (1959-1975). Hommes sans voix.Forgerons du nord-est du Tchad et de l’est du Niger.Textes réunis par Marie-José TUBIANA. Louis C .Au Sahara tchadien. L’administration militaire au moment de ARON l’Indépendance. Borkou - Ennedi - Tibesti 1955-1963. Jean LAOUKOLÉ.Les rebelles selon Monsieur le préfet. François BESNIER.Moussoro. Cent ans déjà.
D A N S L A C O L L E C T I O N B I B L I O T H È Q U E P E I R E S C ( e n c o l l a b o r a t i o n a v e c l ’ A R E S A E )
Marie-José Tubiana.Carnets de route au Dar For 1965-1970.
POURMIEUXCONNAÎTRE LETCHAD
JEANLAOUKOLÉ
LA DÉMOCRATIE HUMILIÉE
Le référendum de la République de Békoï dans le canton Hillé Chingnaka
récit
Publié avec le concours de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales
L’Harmattan
Le présent ouvrage
a été soumis à l’Association
« POUR MIEUX CONNAÎTRE LE TCHAD »
qui en a confié la révision à Annette CARAYON et Claude MASQUART CONCEPTION GRAPHIQUE & MISE EN PAGE – ANNE LEBOSSÉ © PMCT - L’HARMATTAN, 2011 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-56595-1 EAN : 9782296565951
À tous ceux qui servent la démocratie sans songer à s’en servir pour le malheur des peuples déjà si meurtris.
LES PROTAGONISTES
Les personnalités du Canton – l’instituteur – le maître communautaire – le chef du canton – l’imam – « le fou » – le militaire à la retraite
Les membres du bureau de l’associationADSCECHC – le président – le secrétaire général – le secrétaire général adjoint – le trésorier – la trésorière adjointe – le chargé des relations extérieures – le chargé de l’information – le chargé des actions sociales
Les personnages de la délégation officielle – l’ex-ministre – le député – divers accompagnateurs : fonctionnaires, politiciens, députés, militaires
Les chauffeurs
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Un canton chez les Békoïens
Un canton chez les Békoïens ? Un regroupement de plusieurs villages dirigé par un chef de canton, la courroie de transmission entre la population et l’administration. Très souvent le canton et son chef-lieu portent le même nom. La République de Békoï, soumise à une catastrophique tyrannie, compte mille et un cantons. Parmi eux, Hillé Chingnaka, situé au nord, à plus de mille kilomètres de la capitale. Chercher dans les archives des informations sur son histoire, sa géographie ou sa démographie, c’est à s’arracher les cheveux ! On y apprend quand même que ce canton était très vaste, fort d’une quarantaine de villages. A partir de 1990, il a subi plusieurs découpages si bien que le 2 juin 2005 il ne comptait que dix-sept villages. Sa population ? « Quinze mille âmes », selon Hussein Moussa, le garant des traditions, un vieil administrateur à la retraite. « Non, quelle exagération ! » s’écrient ses opposants. « Un chiffre gonflé par calcul politique », murmurent-ils ensuite. Et ce débat se transforme en passe d’armes entre les protagonistes. Les opposants au chef avancent les données des campagnes de vaccination de masse selon lesquelles le personnel de santé ne touche pas plus de la moitié de quinze mille âmes. Cette
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affirmation irrite le gardien des traditions : « Mes chers contestataires, n’oubliez pas que notre région est très vaste et, de plus, couverte de champs de mines ! Craignant pour leur vie, les vaccinateurs ne visitent jamais tous les villages. Sans parler des nombreuses localités difficilement accessibles où personne ne met les pieds, et le fait que, dans un même village, les vaccinateurs oublient plusieurs foyers. Enfin, beaucoup de parents ont des préjugés sur la vaccination et sont nombreux à refuser que leurs enfants soient immunisés. » Il sourit, arrivera-t-il à faire accepter ses chiffres ? Ses adversaires répliquent : « Chef, si tu prends en compte la guerre et les sécheresses, ces catastrophes ont obligé les tiens à partir au sud ou en exil ». Le vieil homme se tait. Est-il désarmé ? Sa mine change, il fuit les regards. « Seul un recensement en bonne et due forme pourrait nous apporter une information sûre », répètent ses contradicteurs. Cet appel à une intervention des pouvoirs publics, à l’intervention du gouvernement lui convient tout à fait ; il approuve avec des hochements de tête. Nous sommes le 2 juin 2005. Il fait nuit. Le chef-lieu de canton est paisible, le ciel dégagé, les étoiles scintillantes. A vingt-deux heures passées, la chaleur reste accablante. Plus une seule voix humaine. Seuls les braillements tonitruants des ânes recouvrent tout ; on a l’impression que le village leur appartient. Bien que la nuit soit calme, Monsieur M’Béré ne dort pas. Couché sur le dos, les pieds relevés, il transpire comme un lépreux. Il paraît pensif, l’instituteur. Voilà six mois qu’il est ici, en qualité de directeur de l’école officielle, et il n’a toujours pas perçu son premier salaire ! Pis, il ne sait où se trouvent ses papiers administratifs qui lui permettraient de revendiquer ce salaire. Est-ce cela qui le préoccupe cette nuit ? Dans son esprit, passe et repasse la discussion entre deux amis entendue dans un bar de la capitale, par une nuit fraîche de décembre 2004. Dans
UN CANTON CHEZ LES BÉKOÏENS
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la conversation revenaient les mots Maradona, Soumaoro Kanté, République de Sosso et Sosso-city, qui, respectivement, renvoyaient à une personnalité, à un pays et à sa capitale ! Ils avaient bien identifié les deux derniers : leur nation et sa capitale, c’est-à-dire la République de Békoï et son chef-lieu. Quant au premier, ils n’en avaient rien dit, sinon qu’il allait encore dribbler le monde ! Attablé à deux pas, M’Béré s’était efforcé de deviner qui pouvait être ce « dribbleur » exceptionnel. En vain. En tout cas, un redoutable… Cette nuit du 2 juin 2005, il continue encore à chercher ! Qui peut bien être ce dribbleur ? Comment un footballeur talentueux peut-il se transformer en Soumaoro Kanté ? Connaîtrait-il ce Soumaoro Kanté ? Il est bien décidé à tirer tout cela au clair. Qui est ce Maradona Soumaoro Kanté ? M’Béré connaît bien Maradona, l’ancienne gloire du football argentin, un fabuleux joueur, l’artisan de la victoire de son pays à la coupe du monde en 1986. Pendant ses heures de gloire, il dribblait tous les joueurs sur le terrain. Balle au pied, il était insaisissable et imbattable. Il était applaudi, vénéré dans le monde entier, et sur son passage il mobilisait des foules. Il connaît aussi Soumaoro Kanté, un des personnages du roman de Djibril Tamsir Niane,Soundjata ou l’épopée Mandingue.Ce roman traîne dans ses affaires. Il se lève soudain, prend sa lampe torche et se dirige vers son sac qu’il entreprend de fouiller. Le roman est là. Il le dépoussière et le regarde avec des yeux pleins d’étonnement. Puis il scrute attentivement sa couverture comme si elle contenait l’information qu’il recherchait. Il pousse un soupir et commence sa lecture. Après quelques pages, il s’arrête. Il prend sa tête dans ses mains et se replonge dans ses idées. Cette nuit, il voudrait enfin tout comprendre. Pour dénouer cette énigme, il
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s’appuie sur le mot « dribble » et, tout d’un coup, il sursaute : Tiens, s’écrie-t-il, ici, un dribbleur est celui qui roule les autres dans la farine ! Ce surnom, Maradona, doit caractériser un menteur, un homme qui, sous d’autres cieux, est appelé « le boulanger ». Puis, il se concentre sur le deuxième surnom. Les quelques pages qu’il vient de lire l’éclairent : Il doit désigner un boucher, un grand va-t-en-guerre ; un délinquant puissamment armé qui règne dans le sang ; un auteur de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité ; un avide de domination ; un affameur du peuple qu’il noie dans une misère noire ; un haineux qui déteste être contrarié et qui met à mal les pays autour de son royaume ; un dirigeant qui rêve d’un grand royaume et qui, pour arriver à ses fins, liquide ses opposants et asservit les intellectuels ; un habile à mener ses courtisans qui lui lèchent les bottes pour un strapontin ; un autocrate qui a muselé la presse qu’il mène comme un cheval sans mors ; un violent qui aime les femmes et plus encore l’alcool… Ainsi vont ses pensées… 1 Serait-il sous le parapluie des émules de Djoul Kara Naïni , se demande-t-il ; serait-il le protégé de nos conquérants 2 civilisateurs ? Leurs « sofas » bien équipés doivent alors être à ses côtés. Ils doivent l’encadrer, lui fournir renseignements et informations sur ses ennemis. Ils doivent combattre pour lui et tuer ses opposants. Mais pourquoi y a-t-il des rebelles chez lui ? Ah ! parce qu’ils pensent que leur pays va mal, et qu’il va mal parce que les richesses sont la propriété des membres de son clan. Leur pays va mal et les opposants parlent de césarisme et non d’État de droit et de démocratie. Les alliés du
1 Djoul Kara Naïni est cité par Djibril Tamsir Niane dans son livre lorsqu’il parle de l’ancêtre du grand Mandingue qui par ses exploits surpassa Djoul Kara Naïni confondu avec Alexandre le grand. 2 Hommes en armes dans l’armée du conquérant Samory.
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